mardi 30 septembre 2014

Top Ten Tuesday #68


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 livres les plus difficiles à lire pour nous (à cause de la difficulté en elle-même, du sujet, de l'intérêt que nous leur portons... À nous d’interpréter comme nous le voulons !)

1) "Si c'est un homme" de Primo Levi : à cause du sujet;
2) "Les bienveillantes" de Jonathan Littell : à cause du sujet;
3) "Voyage au bout de la nuit" de Céline : à cause du style bien particulier de l'auteur;
4) "Le choix de Sophie" de William Styron : à cause du sujet;
5) "Le journal d'Anne Frank" d'Anne Frank : partiellement à cause du sujet mais surtout parce que lorsque je l'ai lu j'avais le même âge qu'Anne;
6) "La peau de chagrin" de Honoré de Balzac : à cause du style de l'auteur;
7) "Notre Dame de Paris" de Victor Hugo : là aussi peur que le style de l'auteur soit trop "vieillot" et difficile à lire;
8) "Rouge Brésil" de Jean-Christophe Ruffin : je me faisais tout un plat de l'histoire, j'ai décidé de franchir le pas et de le lire désormais que je sais de quoi ça parle;
9) "Le lys dans la vallée" de Honoré de Balzac : à cause du style;
10) "Huis clos" de Jean-Paul Sartre : à cause du style de l'auteur.

dimanche 28 septembre 2014

Le livre de Dina Tome 1 Les limons vides de Herbjørg Wassmo


Sur les glaces sauvages de l'extrême Norvège, dans le clair de lune, une jeune femme trône en déesse obscure. Enfant recluse, responsable de l'accident qui emporta sa mère sous ses yeux, elle grandit loin de tous, poursuivie par le cri des ombres. Elle est Dina, Ève brûlante, éternelle indomptée qui chevauche à travers vents et livre au monde sa litanie furieuse. (10/18)

En Norvège, dans la contrée extrême du Nordland qui a des allures de fin du monde, vit Dina, la sauvage, l'indomptée, la maudite.
Enfant, Dina a été jugée comme responsable du meurtre de sa mère.
Elle s'est élevée seule, hors des vivants dans un monde bien à elle où vient régulièrement la visiter le fantôme de sa mère, loin de l'amour de son père qui ne sait s'il doit se réjouir ou non du mariage de sa fille avec son meilleur ami, veuf depuis plusieurs années.
Dina possède les gens, elle n'est pas possédée : "Ce qu'elle voulait, c'était posséder les autres sans être elle-même possédée.".
Elle est une personnalité qu'aucun humain n'arrive à saisir : "Elle n'avait aucune pudeur, ni dans la manière de s'habiller, ni dans la manière de parler.", et quand elle sombre dans la folie ou la colère, gare à celui ou celle qui se trouve sur son chemin : "Un halo de folie encerclait la jeune femme dépenaillée, la chevelure en désordre et les yeux hagards.".
Dina n'est pas une femme de compromis, avec elle tout est tout blanc ou tout noir mais il ne peut y avoir de gris, elle a un caractère entier qui la fait aimer aussi bien que détester ainsi que s'octroyer la propriété de biens matériels ou de personnes.
Dina est un personnage atypique, difficile de dire que l'on s'y attache, la demoiselle est sauvage et indomptable aux yeux du lecteur; mais tout aussi difficile de dire qu'elle révulse, elle s'attache le lecteur par ses silences et son attitude.
Avare de mots, elle ne parle pas à tort et à travers, elle n'ouvre la bouche que lorsque cela devient nécessaire.
Avec des chapitres illustrés par une phrase de la Bible (Livre de Jacob, Genèse, etc.), Herbjørg Wassmo dresse le destin de sa flamboyante héroïne dans une Norvège glaciale et crépusculaire.
A l'image de ce personnage, Herbjørg Wassmo ne palabre pas inutilement mais sa plume est de toute beauté et dompte les paysages, les sens, et la formidable Dina.
Dire que j'ai été séduite par son style est un euphémisme, j'ai été littéralement transportée par l'histoire et ce, dès le premier chapitre.
Et c'est là que réside l'un des paradoxes de ce roman, rarement j'ai vu un livre aussi court contenir une histoire aussi dense.
Quant au premier chapitre, il m'avait à lui seul déjà scotchée à ma chaise, à tel point que j'ai dû le relire deux fois pour être sûre d'y avoir bien compris ce que je venais de lire.
Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu une entrée en matière aussi bien travaillée et intrigante.
Loin des polars nordiques, ce roman de Herbjørg Wassmo est une parfaite démonstration de ce que la littérature nordique fait de mieux et mérite bien tous les compliments qui m'ont été faits sur cette saga littéraire.

Dina est-elle Dieu ou Diable ?
Sans répondre à cette question, "Le livre de Dina - Les limons vides" s'affiche comme un long requiem, une ode à la douleur et à la solitude, où les passions de Dina sont à la hauteur de ses colères : vertigineuses.

Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2014 pour PAL en danger / Chute de PAL



Livre lu dans le cadre du Challenge Destination PAL

mercredi 24 septembre 2014

Lucy de Luc Besson



A la suite de circonstances indépendantes de sa volonté, une jeune étudiante voit ses capacités intellectuelles se développer à l’infini. Elle « colonise » son cerveau, et acquiert des pouvoirs illimités. (AlloCiné)


Il faut bien être clair et ne pas aller voir ce film en ayant des idées préconçues sous peine d'être déçu.
Personnellement, j'y allais sans a priori et surtout sans rien en attendre, au final j'ai passé un bon moment de cinéma et il faut bien avouer que cela fait chaud au cœur de pouvoir se dire que ce film d'action est français, un genre plutôt méprisé par le cinéma Français.
J'en profite pour préciser que ce film a été tourné majoritairement en France, plus particulièrement dans les studios de la Cité du Cinéma à Saint-Denis, petit message non subliminal à tous les détracteurs de cette Cité créée par Luc Besson puisque soi-disant qu'elle ne servirait jamais, que la plupart des plateaux ne serait pas utilisé, et j'en passe des meilleures.


Lucy, c'est donc la jeune femme sympathique, fêtarde, étudiante mais plus branchée par la vie nocturne que diurne.
Bien évidemment, elle a de mauvaises fréquentations, à commencer par son copain du moment qui l'oblige si gentiment à entrer dans un building remettre une mallette à une personne qu'elle ne connaît ni d’Ève ni d'Adam.
Là, ça sent très vite le coup fourré, ça l'est d'autant plus lorsque Lucy se retrouve escortée par des malabars pour prendre l'ascenseur tandis que son copain se fait descendre dehors.
Elle est menée à un drôle de bonhomme qui vient de terminer une petite séance de tirs sur cible vivante, son accoutrement rappelant celui de Dexter dans ses meilleurs jours, qui décide de l'utiliser comme cobaye et lui implante dans le ventre un gros sachet d'une nouvelle drogue.
Lucy se retrouve malgré elle à faire la mule, elle se fait bastonner par un gars qui la trouvait à son goût (elle pas), le sachet se perce et hop, la drogue se répand dans son organisme, décuplant de plus en plus ses facultés mentales et la perception du monde qui l'entoure.
Lucy devient alors trop géniale : elle anticipe les mouvements, elle joue de la gâchette mieux que Calamity Jane, elle cogne, elle modifie son apparence, et surtout, elle a pris la décision de rejoindre un éminent spécialiste du cerveau en France, le seul capable de l'aider à comprendre ce qui lui arrive.


L'idée de départ était loin d'être mauvaise, d'autant plus que Luc Besson a demandé conseils auprès de scientifiques pour baser la trame de son histoire sur du concret.
La phrase d'ouverture du film donne la question centrale du film : le monde existe depuis des milliards d'années, l'Homme a évolué mais au final qu'a-t-il fait du temps et des capacités qui lui sont offerts ?
Lucy va se retrouver contre sa volonté à développer de plus en plus l'utilisation de son cerveau jusqu'à atteindre le 100%, c'est un phénomène qui la dépasse complètement, qui la panique pendant un temps puis pour lequel elle va prendre ça avec philosophie et finir par accepter l'inéluctable.
Si les trois quart du film sont bien faits et prenants, la fin est quelque peu décevante, avec une envie du réalisateur de placer à tout prix la fameuse Lucy, l'australopithèque, histoire de faire croire au spectateur que la boucle est bouclée.
Je suis très partagée sur la fin, le scénario se détériore et c'est quelque peu dommage.
Durant la première partie du film, la vie mouvementée de Lucy est agrémentée des cours du personnage de Morgan Freeman sur le cerveau, c'est bien mais il faut savoir ce que l'on veut : un film philosophique ou d'action ?
Je n'ai pas toujours bien apprécié le mariage des deux, sans doute que j'étais plus dans l'envie de voir un film d'action que de réflexion.
Car il faut bien le reconnaître, c'est du Luc Besson, il y a donc des scènes d'action comme le réalisateur les affectionne et c'est un côté que j'apprécie chez lui : il aime ça et il ose, il se fait plaisir en faisant ses films et cela se ressent à l'image.
Même si la course de voiture dans Paris est plus qu'improbable, c'est fait jusqu'au bout et assumé par le réalisateur, c'est sans doute ce que je reproche à beaucoup de réalisateurs Français aujourd'hui : de ne pas assumer leurs envies à l'écran.
Qui dit Luc Besson dit évidemment personnage féminin fort.
Ici il ne s'est pas trompé en créant le personnage de Lucy et encore moins en prenant Scarlett Johansson pour le rôle (ne nous voilons pas la face, il était sûr de s'assurer un bon public masculin pour aller voir son film).
Contrairement à la période du "5ème élément", Luc Besson a pu ici bénéficier des technologies les plus modernes pour réaliser son film, il s'est fait plaisir et cela se voit à l'écran, d'un point de vue technique il n'y a rien à dire, le rendu visuel est magnifique.
Quant à la musique, elle est signée, comme d'ordinaire, par Eric Serra qui sait décidément coller à la perfection aux images et aux univers des films de Luc Besson.


Sans aller jusqu'à dire que c'est du grand Luc Besson, "Lucy" reste un film tout à fait honorable et un bon moment de divertissement au cinéma, avec des scènes d'action et un personnage féminin qui s'attire très vite l'empathie des spectateurs.
Son succès au box office est justifié.







mardi 23 septembre 2014

Un ciel radieux de Jirô Taniguchi


Une nuit d'été, un terrible accident a lieu dans une rue de la banlieue de Tokyo, entre un motard et une fourgonnette. 10 jours plus tard, le conducteur de la fourgonnette, Kazuhiro Kubota, 42 ans, meurt sans avoir repris connaissance. Au même instant, l'encéphalogramme du motard, Takuya Onodera, 17 ans, en état de mort cérébrale, montre à nouveau des signes d'activité. En une vingtaine de jours, il a repris connaissance et semble en voie de guérison totale : un vrai miracle. Mais celui qui se réveille dans le corps de Takuya, c'est Kazuhiro. Après un instant de surprise, il admet ce qui lui arrive et comprend qu'une deuxième chance lui a été donnée. Mais cette chance est temporaire : en effet, la mémoire du vrai Takuya lui revient petit à petit. Avant de rendre le corps de Takuya à son légitime propriétaire, Kazuhiro décide de transmettre coûte que coûte à sa femme et sa petite fille de 8 ans qu'il les aime et qu'il regrette de les avoir trop souvent négligées jusqu'à sa mort. Mais qui pourra croire son histoire ? (Casterman)

Tout commence lors de l'accident entre Kazuhiro Kubota, père de famille et employé surmené, et Takuya Onodéra, jeune motard.
Si le premier meurt, le second est dans le coma avant de se réveiller, sauf que c'est le corps de Takuya Onodéra mais avec l'esprit de Kazuhiro Kubota : "C'est ainsi que je fis la rencontre de mon autre moi-même.", bien décidé à dire à sa femme et à sa fille ce qu'il n'a pas eu le temps de leur dire : "Disons que c'est peut-être une chance que Dieu me donne.".
C'est ainsi que la famille du jeune Takuya Onodera récupère un garçon complètement différent et que Kazuhiro Kubota redécouvre ce qu'est une vraie famille aimante : "Ce Takuya Onodéra avait bien de la chance. Une famille aisée, la liberté, des parents pas trop répressifs j'ai l'impression, des parents aimants ... des gens bien, quoi. Par contre, moi qu'est-ce que j'ai fait ? J'ai tellement honte ... Qu'est-ce que j'ai fait pour ma femme et ma fille, moi ? J'ai bossé. J'ai bossé tout le temps et pendant ce temps-là je les délaissais. Un vrai père indigne, oui !"
Dans cette histoire, Jirô Taniguchi aborde la cohabitation de deux âmes en un seul corps et de la chance incroyable offerte à un homme de dire adieu à sa famille et combien il l'a aimée.
Cette histoire est clairement ancrée dans le fantastique, mais au-delà de cette dimension, il y a dedans une grande sensibilité et beaucoup d'émotions.
Le maître mot est de ne pas avoir de regrets, mais par ricochet, Kazuhiro Kubota cherche aussi à changer le comportement de Takuya Onodéra envers sa famille, particulièrement ses parents : "Je ne voudrais pas que tu rendes ta famille malheureuse comme moi je l'ai fait !".
Takuya Onodéra se comporte comme beaucoup d'adolescents, bien que son histoire familiale soit un peu différente, il pourrait devenir en vieillissant un Kazuhiro Kubota et c'est justement ce que ce dernier cherche à empêcher.
Il est aussi question du deuil et de la façon de surmonter la mort d'un être cher.
Les messages diffusés par Jirô Taniguchi peuvent paraître simplistes et enfoncer des portes ouvertes, mais ils sont présentés ici de manière fantastique et trouvent forcément un écho chez chaque lecteur.
Jirô Taniguchi exprime par la bande dessinée ce que bien souvent nous avons ressenti lors de la mort d'un proche : les tiraillements du cœur et de l'âme, la façon de surmonter cette perte, les regrets parfois.
C'est non seulement très touchant mais aussi particulièrement juste dans le ressenti et les sentiments.
Quant aux dessins, cela fait longtemps que j'ai été séduite par le coup de crayon de Jirô Taniguchi et cette bande dessinée ne fait pas exception à la règle.

Sous couvert d'une histoire fantastique et de son coup de crayon gracieux, le magicien Jirô Taniguchi livre avec "Un ciel radieux" un très beau roman graphique tout en émotions et en grâce, à savourer de toute urgence.

Top Ten Tuesday #67


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 livres à lire cet automne (votre PAL pour cet automne)

1) "Le choeur des femmes" de Martin Winckler;
2) "Le livre des nuits" de Sylvie Germain;
3) "Vie et mort de Lili Riviera" de Carole Zalberg;
4) "Ellen Foster" de Kaye Gibbons;
5) "Les saisons de la nuit" de Colum McCann;
6) "Le coeur est un chasseur solitaire" de Carson McCullers;
7) "Enchantement" d'Orson Scott Card;
8) "Le livre de Dina T3 Mon bien aimé est à moi" de Herbjørg Wassmo;
9) "Seule Venise" de Claudie Gallay;
10) "Train de nuit pour Lisbonne" de Pascal Mercier.

lundi 22 septembre 2014

Hôtel particulier de Guillaume Sorel


Émilie, jeune suicidée mélancolique, explore ses nouvelles limites fantomatiques dans son immeuble, habité de personnes étranges : magicien, petite fille prisonnière d?un sortilège, artiste mélancolique? Dont elle fut autrefois la muse et dont elle ne tarde pas à tomber amoureuse. (Casterman)

Emilie est une jeune femme sans histoire, habitant un immeuble au premier abord banal, et dont le seul souci est d'être délaissée par son amoureux.
Sauf que désormais, son souci est d'être morte, revenue à l'état de fantôme hantant l'immeuble : "Ni chaud, ni froid, pas faim, pas sommeil ... Réfléchir ... Seule, stérile pour l'éternité.", et dont le seul compagnon qui la voit et avec qui elle peut échanger est un chat.
Emilie observe les gens de l'immeuble, découvre ses secrets et tombe amoureuse d'un peintre fauché venu s'y installer et possédant un miroir aux drôles de pouvoir.
Ici point de doute, l'histoire bascule très vite dans le fantastique avec des fantômes, une sorcière, et un immeuble hanté par des personnages étranges, au sens propre comme au figuré.
Il y a du Charles Baudelaire dans cette histoire, avec une ambiance qui s'y prête et de la poésie d'Arthur Rimbaud qui vient se greffer au scénario.
Emilie aurait pu s'appeler Ophélie sans souci, elle devient cette noyée imaginaire et y est associée comme tel : "La "morte amoureuse", me voilà dans de beaux draps.".
Tandis que le peintre devient obsédé par elle, ne cessant de la représenter sur ses toiles et finissant même par en tomber amoureux : "Fixer une émotion sur la toile, c'est comme donner un nom à une maladie, après, on en a moins peur.", apprivoisant ainsi ce sentiment qu'il ressent.
"Les miroirs nous renvoient une réalité bien plate pour ceux qui ne savent pas voir la magie du monde.", ici quelques personnes finissent par voir la magie du monde, mais malheureusement pour elles, il leur faut d'abord passer par la mort.
L'auteur joue à la fois sur la poésie, le fantastique, et des croyances populaires, notamment celle des chats pouvant voir les fantômes.
Il se dégage une ambiance de cette bande dessinée, les tons gris des dessins y étant pour beaucoup et donnant une impression de noirceur et un côté glauque à l'histoire, aux personnages et à cet immeuble.
Elle pourrait rebuter au premier abord mais il ne faut pas hésiter à pousser la porte et à y pénétrer, tel un fantôme passant entre les murs d'un appartement à l'autre.
Malgré une quasi absence de couleurs le graphisme est intéressant et j'aime beaucoup le trait de plume de Guillaume Sorel, c'est d'ailleurs la couverture qui m'a tout d'abord séduite et donné envie de découvrir cet auteur.

Je n'irai très certainement pas habité cet immeuble, mais en tant que lectrice, "Hôtel particulier" de Guillaume Sorel est un plaisir d'y jouer les passe-murailles et les voyeurs, la plume est belle et l'histoire à la fois triste et magique, une belle découverte.

Les années douces de Hiromi Kawakami


Tsukiko croise par hasard, dans le café où elle va boire un verre tous les soirs après son travail, son ancien professeur de japonais. Et c'est insensiblement, presque à leur cœur défendant, qu'au fil des rencontres les liens se resserrent entre eux. La cueillette des champignons. Les poussins achetés au marché. La fête des fleurs. Les vingt-deux étoiles d'une nuit d'automne... Ces histoires sont tellement simples qu'il est difficile de dire pourquoi on ne peut les quitter. Peut-être est-ce l'air du bonheur qu'on y respire, celui des choses non pas ordinaires, mais si ténues qu'elles se volatilisent quand on essaie de les toucher. Ce livre agit comme un charme, il capte en plein vol la douceur de la vie avant qu'elle ne s'enfuie. (Philippe Picquier)

"Oui, un vide infini s'étend sur toutes choses, le vide de l'absence.", ce sont sur ces mots que s'achève "Les années douces" mais ils reflètent également l'esprit des premiers mots du début de ce roman.
Tsukiko est une jeune femme plus proche de la quarantaine que de la trentaine, célibataire, aimant la bonne chère et le bon saké.
Gourmande et gourmet, cela lui permet de rencontrer un soir l'un de ses anciens professeur de japonais, Matsumoto Harutsuna qu'elle appelle "le maître" tout au long de l'histoire : "Pendant que je reste confondue par la similitude de mes goûts avec ceux de ce digne vieillard, je me souviens vaguement de sa silhouette dressée sur l'estrade de la salle de classe de mon lycée.".
Entre ces deux-là se noue une relation, au début basée sur la nourriture et le plaisir d'être ensemble, mais qui va dériver au fil des mois vers un amour tel qu'aucun des deux n'aura jamais connu : "J'aime autant vous dire que moi, depuis tout à l'heure, j'ai tout à fait l'impression que nous sommes amoureux l'un de l'autre !".
Ils ont tous les deux passés l'âge des disputes, des relations non sérieuses, l'un et l'autre étant marqués par la vie mais pas pour les mêmes raisons : "Nous étions graves. Nous l'étions toujours. Même quand nous plaisantions. D'ailleurs, les thons aussi étaient graves. Les bonites aussi étaient graves. En fait, tous les êtres vivants, pour la plupart, sont sérieux et appliqués.".
Pour Tsukiko, c'est une double révélation : elle rencontre un amour grave et profond mais aussi un home qui la respecte et ne cesse de la mettre en valeur et de la faire progresser sur un plan personnel : "Il me semblait que la douceur du maître venait d'un profond désir de se montrer impartial et juste. Cette gentillesse ne s'adressait pas à moi en particulier, elle découlait d'une attitude "pédagogique" qui lui faisait écouter mon avis sans idée préconçue. C'était incomparablement plus agréable que d'être traitée avec une gentillesse ordinaire.".
A travers les deux personnages de ce roman, le mot "amour" prend tout son sens : aimer c'est donner et recevoir.
C'est une histoire toute en subtilité que livre Hiromi Kawakami, brossant l'évolution des personnages et de leur histoire à travers des chapitres représentant un moment bien précis du passé : la fête des fleurs, le marché etc.
Le style est à la fois beau et léger, j'ai énormément pris de plaisir à lire ce livre bien que j'en ai déjà lu l'adaptation en bande dessinée par l'auteur et par le dessinateur Jirô Taniguchi (je confirme par la même occasion que cette adaptation est très fidèle à l'histoire et à l'esprit du livre).
J'ai été touchée par la délicatesse de l'histoire ainsi que par sa beauté.
Il y a un côté très japonais et zen avec le maître philosophant sur la vie, j'ai senti qu'une atmosphère se dégageait des mots et que le Japon n'était jamais loin.
En prime, ce roman met l'eau à la bouche avec tous les mets dont il est question, donnant ainsi envie de partir au Japon pour y vérifier si l'on y mange et boit aussi bien que cela est décrit et s'il s'y dégage autant de douceur de vivre.

"Les années douces" est un roman japonais pudique décrivant une belle relation entre deux êtres que rien ne prédestinait à se retrouver.
Une fois le livre refermé la magie des mots opère encore et laisse à chacun le soin de ne pas fuir le bonheur par peur qu'il ne se sauve.

Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2014 pour PAL en danger / Chute de PAL




Livre lu dans le cadre du Challenge Destination PAL 

dimanche 21 septembre 2014

Cassio Tome 7 Le réveil d'une déesse de Henri-Joseph Reculé et Stephen Desberg


Ils pensaient l'avoir tué ! Quatre assassins, et autant de coups de couteau ! Mais les preuves découvertes par l'archéologue Ornella Grazzi indiquent formellement qu'un mois après son décès, Cassio est revenu d'entre les morts, promettant l'enfer à ses bourreaux. La vengeance continue... (Le Lombard)

Avec ce septième tome, c'est un nouveau cycle de "Cassio" qui s'ouvre et s'annonce à la hauteur du précédent.
Si le lecteur avait quitté Cassio, Alva, Oasis et Coriandre plutôt optimistes sur l'avenir, il faut noter que Coriandre a tout simplement disparu ici, qu'Alva semble être retournée de femme libre à esclave.
Hormis ces petites incohérences qui sont sans doute liées au fait que plusieurs années séparent la rédaction de chaque tome, ce nouveau cycle s'annonce des plus palpitants, aussi bien pour Cassio avec le retour de Reptah que pour Ornella qui rencontre son mystérieux ange gardien, le richissime Jon Vegham.
Qui dit Reptah dit bien entendu qu'il est question de la mère de Cassio, et ceci sera source de conflit entre Oasis et Cassio, celle-ci lui ayant délibérément caché un message de Reptah : "En voulant te protéger, je t'ai au contraire montré toute la force de mon amour. Ta vie m'est trop précieuse !".
Ce tome nous montre un Cassio qui commence à perdre pied, ne sachant plus qui croire et en qui avoir confiance : "Ma vie ou ma fortune ? Mon amour ou les faveurs de l'empereur ? Tu n'as pensé qu'à toi, à me garder pour toi ! Si c'est là ta manière de m'aimer, alors je n'ai que faire de tes sentiments !".
Quant à Ornella, elle rencontre Vegham et accepte sa proposition de reprendre les travaux de sa mère.
Cela permet de découvrir la genèse de son intérêt pour Cassio, transmis par sa mère, et l'interrogation qui plane de savoir s'il ne serait pas toujours vivant : "Sans doute serait-il extraordinaire de l'entendre raconter tout cela. Mais pour rien au monde, je ne voudrais partager ses secrets, et ses peurs !".
A noter qu'un mystérieux personnage de peintre à tendance morbide fait son apparition.
Ce tome dévoile une partie de l'intrigue et aurait même tendance à confirmer des soupçons que je nourris depuis quelques temps maintenant.
Des détails n'échapperont pas à des yeux avertis car certains dessins des personnages sont assez parlants.
L'intrigue qui paraissait simple au début s'est bien complexifiée et tend à rendre cette série de plus en plus passionnante.
Encore un nouveau cycle certainement pour connaître le fin mot de l'histoire.

Cassio est-il mort ou vivant ? Immortel qui aurait traversé 2 000 ans d'histoire dans une quête non plus de vengeance mais qui aurait trait à sa mère ?
"Le réveil d'une déesse" ouvre de façon haletante ce nouveau cycle où de nombreuses questions restent encore en suspens.
"Cassio" confirme être une très bonne série historique en bande dessinée mêlant passé et présent dans une intrigue dense, à découvrir !

Livre lu dans le cadre du Challenge Il Viaggio


Cassio Tome 6 L'appel de la souffrance de Henri-Joseph Reculé et Stephen Desberg


Dix-huit siècles après le règne de l'empereur Antonin, Ornella Grazzi cherche encore et toujours à percer les secrets qui entouraient la vie de son médecin personnel, le très jalousé Cassio. Si l'assassinat de ce dernier par ses quatre ennemis les plus acharnés est à présent connu, sa vie est loin d'avoir livré tous ses mystères. A commencer par ses luttes secrètes contre le sénateur Livion et son père, comploteurs avides de ce joyau qu'est la ville de Rome. Mais Cassio possède un atout : ses mystérieuses poudres médicinales, qui lui ont supposément permis de tromper la mort, et continuent de susciter les convoitises à travers les siècles. Pour comprendre, Ornella devra prendre les bonnes décisions et, surtout, choisir ses alliés ! (Le Lombard)

"Avocat à Antioche, médecin à Rome. Amant ou solitaire. C'est vrai, je t'ai souvent observé. En me demandant : qui est ce mystérieux Cassio ? As-tu seulement commencé à le découvrir ?", il est vrai que Cassio est un personnage complexe et qu'il n'a pas fini de se chercher.
Dans ce sicième tome, son chemin croise celui de la belle Oasis, prêtresse déchue du culte d'Apis, qui met en garde Cassio : Prends garde à toi, Cassio. Je n'ai pas besoin de mes pouvoirs pour voir que tu te fais des ennemis plus vite que si tu lançais ton cheval au galop.".
Oasis apparaît ici sous un jour nouveau, plus femme et moins dure que précédemment, mais plus avertie : "J'ai toujours accordé beaucoup d'importance aux signes. Je suis une femme de présages. N'est-ce pas un paradoxe ? L'avenir est par nature imprévisible, alors que les hommes le sont si peu.", elle envisage même une alliance avec Cassio : "Ensemble, nous pouvons trouver notre chemin entre les jalousies, les ambitions et les trahisons !".
Il est vrai qu'à eux deux Rome leur appartient, tout comme il appartient à une Ornella manipulée de découvrir la vérité sur Cassio : "Il va vous utiliser pour remonter dans le passé. Et quand il n'aura plus besoin de vous ... .".
L'intrigue non seulement se complexifie mais devient aussi plus dense, mêlant à la fois la quête d'Ornella, l'ascension de Cassio ainsi que sa vengeance après sa mort supposée.
Je me demande comment les auteurs vont réussir à démêler tout cela et à trouver une conclusion à cette série tant il y a désormais de nœuds à défaire.
Ce n'est pas pour me déplaire mais je crains toujours un peu les intrigues à tiroir qui peuvent perdre le lecteur et même les créateurs.
Je m'interroge d'autant plus que le titre fait explicitement référence à cette nouvelle intrigue qui n'est finalement qu'évoquée au début.
Je ne vais pas plus loin dans mes interrogations et je verrai par la suite le traitement qu'en feront les auteurs.
Le plaisir de retrouver cette série est intact, j'aime décidément beaucoup l'ambiance qui s'en dégage, les personnages, ainsi que cette plongée dans la Rome Antique et moderne, l'envie d'y retourner n'en est que plus grande.

"L'appel de la souffrance" conclue un nouveau cycle de la série "Cassio" qui s'inscrit comme une valeur sûre de la bande dessinée servie par Stephen Desberg, officiant pour "Le scorpion", et Henri Reculé.
A découvrir si ce n'est déjà fait.

Livre lu dans le cadre du Challenge Il Viaggio


Cassio Tome 5 Le chemin de Rome de Henri-Joseph Reculé et Stephen Desberg


Ils l'avaient pourtant tué ! Quatre assassins, et autant de coups de couteau ! Mais les preuves découvertes par l'archéologue Ornella Grazzi indiquent formellement qu'un mois après son décès, Cassio est revenu d'entre les morts, promettant l'enfer à ses bourreaux. Ce miracle ne peut avoir été dû qu'à une chose : ses mystérieuses poudres, qui lui permirent de faire sensation à Rome, nonobstant les nombreuses jalousies. Ses poudres, qui suscitent toujours autant de convoitise, vingt siècles plus tard... (Le Lombard)

Si les quatre assassins de Cassio pensaient dormir tranquilles il n'en est rien : l'empereur Antonin recherche activement les meurtriers de son médecin, les quatre conjurés ont la mauvaise surprise de trouver en plus une lettre signée de Cassio et les informant de sa vengeance : "Oui, nous avons tué Cassio, tous ensemble. Cela fera un mois demain soir. Alors pourquoi ai-je trouvé ceci sur mon lit ?".
L'intrigue se complexifie pour celle se déroulant 2 000 ans en arrière et ne laisse filtrer que peu de clés, elle sert surtout à débloquer celle actuelle avec l'archéologue Ornella Grazzi qui dénoue petit à petit le passé de Cassio et les circonstances de son arrivée à Rome.
La ville de Rome est d'ailleurs au cœur de ce volume, à notre époque ou bien dans le passé, et devient un personnage à part entière, avec ses mystères et son côté envoûtant : "Il y a de l'or, de l'argent. Des putains, des voleurs, des esclaves, les uns sur les autres. On se bat, mais on n'est jamais seul dans cette ville. Ou alors, c'est qu'on est mort !".
J'ai pris beaucoup de plaisir à redécouvrir des endroits visités il y a peu de temps, j'ai retrouvé à la lecture de cette bande dessinée le paradoxe de cette ville à la fois moderne et où le passé est omniprésent, à chaque coin de rue ou dans son sous-sol.
Il se dégage beaucoup de noirceur de ce tome, la majorité des scènes d'action se déroulent de nuit et les couleurs employées sont à dominance sombres.
Je suis agréablement surprise par la qualité du scénario qui a su prendre de l'envergure et je ne m'attendais pas à une telle série lorsque je l'ai commencée.
Les auteurs semblent avoir trouvé leur rythme de croisière et publient de façon plus régulière désormais.
J'ai aussi l'impression qu'ils savent où ils vont, ce qui n'était peut-être pas frocément le cas au tout début.
Je suis définitivement conquise par cette série que j'imagine très bien être adaptée à la télévision par exemple, tous les ingrédients du succès étant là.
De plus, on sent à la lecture qu'il y a eu une recherche documentaire pour coller au plus près de la réalité, les scènes de la vie quotidienne au temps de l'antiquité romaine sont réalistes et un soin particulier a été apporté aux décors et aux costumes des personnages.

"Le chemin de Rome" entame un nouveau cycle plein de promesses de la série "Cassio", à mon avis trop méconnue et qui gagnerait à l'être.
A découvrir également pour tous les amateurs ou les curieux que la ville de Rome fascine ainsi que dans la vie dans l'antiquité romaine.

Livre lu dans le cadre du Challenge Il Viaggio


Cassio Tome 4 Le dernier sang de Henri-Joseph Reculé et Stephen Desberg


Cassio est mort assassiné et nous connaissons maintenant l'identité des meurtriers. Mais, une question demeure: d'où lui venait son fabuleux pouvoir ? Le préfet chargé de l'enquête par l'empereur se posait la question. Dans le présent, Ornella Grazzi se la pose également. Et si le dernier des conjurés avait la réponse ? Reptah, dernier serviteur d'un dieu égyptien disparu, semble en savoir beaucoup sur les origines de ce don de guérison qui a fait couler tant de sang... (Le Lombard)

Deux ans que j'attendais de connaître la suite et fin de la série "Cassio", autant dire que je n'ai pas été déçue !
En 145 de notre ère, sous le règne d'Antonin, Cassio, avocat et médecin de l'empereur, meurt sous les coups de couteau de quatre adversaires.
Si les trois premiers sont désormais connus, l'identité du quatrième demeure inconnue et ne sera dévoilée que dans ce tome.
Le scénario de Stephen Desberg aurait pu s'arrêter là, mais il a prévu des rebondissements qui commencent dès à présent, à tel point que le tome se conclut ainsi : "J'ai bien peur que vous ne connaissiez pas encore toute l'histoire de Cassio.", invitant le lecteur à connaître la suite.
L'intrigue se complexifie, il n'est plus seulement question de démasquer l'identité des quatre assassins mais également de connaître l'origine du don dont Cassio bénéficie : "Que signifie ce pouvoir qui me permet de pénétrer dans ta blessure ... de te faire souffrir ? Et quel rapport avec ce mystérieux ... dieu des sables ?".
Entre en scène le troublant personnage de Reptah, un Egyptien qui semble lié à la mère de Cassio qui ici passe du statut de fantôme muet à une puissante magicienne/guerrière : "Tout ce que j'ai fait dans ma vie a toujours été par amour.".
Chaque personnage a son importance, ce n'est ici que trop vrai et je trouve même qu'ils deviennent de plus en plus attachants et complexes, à l'image de Cassio qui prend de l'envergure.
Seule Antinoé reste insaisissable pour moi et je n'arrive pas à comprendre ses motivations : "Je n'ai jamais prêté foi aux petits mystères de ces innombrables religions, les nouvelles comme les anciennes.", elle reste trop mystérieuse, trop complexe, je n'arrive pas à la cerner et à finalement m'y attacher.
L'alternance entre passé et présent fonctionne toujours aussi bien, le scénario est vraiment dense, je me demande même si les années écoulées entre le premier et le quatrième tomes n'ont pas servi à le faire mûrir dans l'esprit des créateurs.
Quant aux dessins, je les trouve très beaux : les personnages se distinguent les uns des autres, la Rome ou l'Egypte Antique sont reconstituées de façon fidèle, tout comme la Rome actuelle qui dégage une atmosphère de mystère.

"Le dernier sang" n'est pas la fin mais bien le commencement d'un nouveau cycle pour la série "Cassio" qui, comme le bon vin, se bonifie avec l'âge et au fil des tomes.

Livre lu dans le cadre du Challenge Il Viaggio


Le mystère du sarcophage d'Elizabeth Peters


« Je réalisai soudain qu'il me serait bien difficile d'amener Kalenischeff à se couper. Il possédait l'art du mensonge à la perfection. Aussi cessai-je de suivre attentivement la conversation. Je compris bientôt pourquoi. Une fois encore, mon instinct de détective luttait avec ma passion pour l'archéologie. Je n'avais pas grand mal à maintenir cette dernière à distance lorsqu'il s'agissait de momies d'époque romaine tardive ou de fragments de poterie. Mais à l'ombre d'une des plus majestueuses pyramides de l'Egypte, tout autre curiosité s'évanouissait, comme la lumière d'une lampe face à l'éclat du soleil. Ma respiration s'accélérait, le sang me montait au visage. Lorsque finalement Morgan nous offrit du café, je dis aussi naturellement que possible : 
- Merci Monsieur, mais je crois que je vais plutôt faire un tour dans la pyramide. 
- Dans la pyramide... rétorqua Morgan, les yeux écarquillés, Madame, vous n'y pensez pas... 
- Mrs Emerson ne plaisante jamais lorsqu'il s'agit de pyramides, conclut son mari. » (Le livre de poche)

Suite des aventures de la famille Emerson qui s'est désormais agrandie et compte, outre des chats au nom de dieux et déesses égyptien(ne)s, un garçon connu uniquement par son surnom de Ramsès.
A à peine dix ans, c'est déjà un petit prodige, curieux de tout, qui s'intéresse à beaucoup trop de choses au goût de ses parents et qui a la fâcheuse habitude d'avoir un avis sur tout, de tenir de longs discours et surtout, de se mettre dans le pétrin et de s'attirer des ennuis, enfin plutôt à ses parents : "Je n'ose imaginer tout ce que Ramsès est capable de faire à cette pauvre ville en l'espace de quelques heures. Nous allons certainement recevoir bientôt des délégations de citoyens offensés qui nous présenteront leurs demandes de dommages-intérêts.".
En quelques mots, Ramsès est donc à lui seul la onzième plaie d'Egypte.
A propos d'Egypte, cela tombe très bien car ses parents ont décidé pour la première fois de l'emmener lors de leur campagne de fouilles, fouilles qui commencent mal puisque Radcliffe Emerson n'a pas obtenu la concession qu'il voulait et ne pourra donc pas faire plaisir à sa femme en lui offrant la pyramide qu'elle désire tant.
Qu'a cela ne tienne, ils vont être très occupés par leurs fouilles mais surtout par les événements bizarres qu'ils ne vont pas manquer de s'attirer, notamment concernant la disparition et apparition de cercueils : "J'ai besoin de réfléchir. Avec ces cercueils qui entrent et sortent de ma vie comme des trains dans une gare ... .".

Dans ce troisième tome de la série Amelia Peabody, j'ai retrouvé la patte d'Elizabeth Peters avec ses personnages égaux à eux-mêmes, un humour très présent et qui permet de dédramatiser toutes les situations auxquelles les personnages peuvent être confrontés, voire même leur permettre de s'exprimer par rapport à ceux-ci, notamment lorsqu'ils se retrouvent convoqués à des heures pas possible : "Pourquoi choisissent-ils tous minuit ? C'est une heure très peu commode ... .".
Il y a toujours l'Egypte, pays haut en couleurs, la trame historique est toujours aussi intéressante, notamment en ce qui concerne les premières fouilles et la mise à jour de trésors de l'antiquité, bien que ce point soit un peu relégué en arrière-plan dans ce livre-ci, mais j'ai trouvé que l'intrigue policière manquait sacrément de panache, outre le fait qu'elle soit totalement prévisible et aussi visible qu'un éléphant dans un couloir de métro.
Il n'y a aucun suspens, je dis bien aucun, c'est d'une banalité affligeante et je n'ai frémi à aucun moment, ce qui est bien regrettable.
Au bout de vingt pages j'avais déjà compris de quoi il en retournait, ce qui allait arriver aux personnages et comment cela allait se dénouer.
Il faut ajouter à cela que le personnage de Ramsès en enfant savant est quelque peu irritant, surtout lorsque comme moi on a eu l'occasion de lire d'autres livres de cette série où le personnage est plus âgé et à mille lieux de ce qu'il était enfant.
C'est donc majoritairement déçue que j'ai achevé la lecture de ce livre.

"Le mystère du sarcophage" porte bien mal son titre car pour tout lecteur un tant soit peu averti il n'y aura aucun mystère, ce n'est pas le meilleur cru de la série Amélia Peabody et bien qu'il y ait des touches d'humour cela ne suffit pas pour relever l'ensemble.
J'ai connu Elizabeth Peters plus inspirée et je préfère penser qu'il s'agit d'un faux-pas dans cette série que je prends pourtant toujours autant de plaisir à lire et à découvrir.

Livre lu dans le cadre du Challenge Romancières américaines

Petite descente en librairie en ce samedi 20 septembre 2014


Qui dit Journée européenne du patrimoine dit descente chez les bouquinistes !
(Inutile de chercher le lien, il n'y en a pas !)

Comme je trouve que j'ai été très sage, très raisonnable en faisant descendre ma PAL, j'ai décidé de m'accorder quelques achats pour la re-gonfler.
Il faut dire que j'avais 2 objectifs en partant :
1) Trouver "Long week-end" de Joyce Maynard, j'ai été bouleversée par son adaptation en film, j'étais curieuse de le découvrir en roman;
2) Trouver les 2 autres séries faisant suite au "Livre de Dina", l'un de mes coups de cœur de cet été.

J'annonce tout de suite que l'objectif numéro 1 n'a pas été tenu, j'ai bien trouvé un Joyce Maynard en occasion mais pas celui que je cherchais.
Quant à l'objectif numéro 2, il est quasiment rempli !

Voici le bilan des achats :

Boulinier

- "La chambre silencieuse" de Herbjørg Wassmo
- "L'invitation à la vie conjugale" d'Angela Huth

Ce n'était pas la série que je cherchais pour cette auteur (Herbjørg Wassmo), mais à 2,50 euros j'ai pris, me disant que je trouverai bien les 2 autres tomes au cours de l'après-midi.
Merci à Marjolaine d'avoir parlé d'Angela Huth qui s'est donc ajoutée à ma liste avec succès !
J'ai été sérieuse à Boulinier, il y a des jours avec et des jours sans, hier c'était plutôt une journée moyenne et j'ai en prime reposé 2 livres, jugeant que je les trouverai facilement en bibliothèque ("Le signal" de Ron Carlson et "Last exit to Brooklyn" de Hubert Selby Junior.

J'en profite pour signaler aux lectrices du Club que j'ai vu hier à Boulinier dans les bacs grand format un exemplaire de "Pauvre Miss Ficnh" de Wilkie Collins et "Pour seul cortège" de Laurent Gaudé.
A noter que "Rue des voleurs" de Mathias Enard est désormais disponible chez Babel !


Gibert Joseph

Je vais séparer mes achats en 2 parties : les livres de voyage et les romans.

Je ne sais pas encore où je vais voyager l'année prochaine, j'ai beaucoup d'envies mais rien de précis encore pour l'instant, j'en ai profité pour regarder si je trouvais des guides récents en occasion, histoire de pouvoir les feuilleter, me faire une idée, et les avoir sous la main au besoin (de toute façon si ce n'est pas en 2015 ça sera une autre année).
Grand bien m'en a pris, ce fut le cas !

- Routard Venise 2015
- Lonely Planet Venise- Lonely Planet Les lacs italiens
- Routard Nord-Est Etats-Unis 2014/2015
- Lonely Planet Amsterdam



Je suis ensuite passée aux romans.

-"Ciel cruel" de Herbjørg Wassmo
- "La véranda aveugle" de Herbjørg Wassmo
- "Fils de la providence Tome 2" de Herbjørg Wassmo
- "L'héritage de Karna Tome 1" de Herbjørg Wassmo
- "L'héritage de Karna Tome 2" de Herbjørg Wassmo
- "Baby love" de Joyce Maynard

J'ai bien fait de prendre le tome 2 à Boulinier, j'ai trouvé les tomes 1 et 3 d'une série de Herbjørg Wassmo que je ne visais pas forcément au début.
J'ai choisi de repartir avec un Joyce Maynard, même si ce n'est pas celui que j'espérais au début, il s'agit de son premier roman publié en 1981.



Gibert Jeune

J'ai fini à Gibert Jeune pour essayer de compléter les trous de gruyère pour Herbjørg Wassmo.
Plutôt une bonne pioche au final, d'autant plus que j'ai jeté un coup d'oeil pour le Carole Zalberg sans espoir et qu'au final j'ai mis la main sur son dernier roman en occasion (il n'est pas très gros et a été commencé dans le trajet retour).

- "Fils de la providence Tome 1" de Herbjørg Wassmo
- "Feu pour feu" de Carole Zalberg
- "Le laquais et la putain" de Nina Berberova

C'était très pauvre en Joyce Maynard, je n'arrive toujours pas à trouver un Eudora Welty en occasion (auteur américaine dont il n'y a plus qu'un seul livre actuellement édité en France, pour le reste, c'est de l'occasion), et il ne me manque que le tome 3 de "L'héritage de Karna" pour compléter la série de Dina.
J'ai pris au passage un Nina Berberova, il y en avait beaucoup en occasion et comme j'avais beaucoup aimé "L'accompagnatrice" je me suis laissée tenter par celui-ci.


Si la précédente descente en librairie avait mis à l'honneur les éditions Phébus/Libretto, celle-ci a consacré Actes Sud et 10/18 ! 
J'ai comme objectif de les lire assez rapidement pour continuer à faire diminuer ma PAL, d'autant plus qu'à ces achats il faut ajouter 3 livres pris (gratuitement) à la bibliothèque le matin même : 
- "Nouvelles du paradis" de David Lodge
- "Le diable et le bon dieu" de Jean-Paul Sartre
- Un livre sur Pise des éditions Atlas
Et je ne parle pas des bandes dessinées empruntées à cette même bibliothèque (pour fêter sa ré-ouverture après travaux va-t'on dire) le matin même.
Et sans compter qu'en magnifique cruche j'ai oublié mes livres de lecture vendredi soir sur mon bureau en partant du travail (j'avais donc fini "Une femme vertueuse" de Kaye Gibbons et j'allais commencer "Des souris et des hommes" de John Steinbeck).

Voilà, voilà, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter un dimanche littéraire, dans la joie, la bonne humeur, et on l'espère le soleil ! 

samedi 20 septembre 2014

La planète des singes : L'affrontement de Matt Reeves



Une nation de plus en plus nombreuse de singes évolués, dirigée par César, est menacée par un groupe d’humains qui a survécu au virus dévastateur qui s'est répandu dix ans plus tôt. Ils parviennent à une trêve fragile, mais de courte durée : les deux camps sont sur le point de se livrer une guerre qui décidera de l’espèce dominante sur Terre. (AlloCiné)


J'ai vu ce film en avant-première pendant mes vacances et j'ai bien cru que je n'allais pas le voir ! (vous apprécierez ma chance avec le cinéma ces derniers temps)
L'hypothèse expliquant que la caisse n'était toujours pas ouverte et le réceptionniste/caissier/projectionniste (Monsieur Cinéma donc) pas présent la plus couramment avancée était celle que les singes s'étaient échappés du film.
En fait non, le retard d'une heure a juste été la faute à pas de chance : des problèmes avec le système de projection et surtout une copie défectueuse obligeant le gérant à aller chercher une copie dans un autre cinéma qu'il gère.
Très beau geste commercial : tarif réduit pour tout le monde ! (comme quoi, quand on aime et que l'on va dans les cinémas de quartier la proximité avec le public est toujours là).
Bref, pendant que je piaffais d'impatience sur le trottoir comme des dizaines d'autres personnes, j'ai eu le temps de m'imaginer le film, de revoir des scènes du premier et d'attendre cette projection qui s'annonçait prometteuse.
En un mot et pour résumer, j'ai été globalement déçue.


Autant le premier film était réussi, avec une belle histoire puissante mettant en scène des personnages charismatiques et soulevant de nombreuses questions, alors que le pari était loin d'être gagné pour les adeptes de "La planète des singes"; autant celui-ci repose sur des ficelles simplistes et sur des situations téléphonées et tombe dans des lieux communs.
César vit donc paisiblement dans la forêt avec les siens, ils se sont créés leur monde avec leurs codes, leurs lois ("Singe pas tuer singe"), ils vivent loin des humains et ne s'en portent pas plus mal, d'ailleurs pendant un certain temps ils se foutent bien comme d'une guigne de ce qui a pu leur arriver (mais apparemment ils sont quand même au courant qu'un virus dévastateur a réduit la population humaine à peau de chagrin).
Le problème, c'est qu'un beau jour des humains débarquent dans la forêt.
Mais comme César est un leader charismatique il arrange tout très vite et les humains promettent la main sur le cœur de ne pas y revenir.
Mais c'est qu'ils ont un gros problème : ils ont besoin d'électricité (il paraît qu'ils ont presque fini d'épuiser leurs stocks de pétrole), et pour cela ils ont décidé de remettre en fonctionnement une vieille centrale hydroélectrique qui justement se situe pile poil dans le territoire des singes.
Là encore, comme César est magnanime, il leur accorde sa protection et leur laisse un délai pour remettre en état la centrale.
Le hic, c'est que dans le camp de César, il y a Koba, un singe rebelle qui cherche à renverser César et à exterminer les humains.


J'attendais de ce film des scènes de combat, d'affrontement comme le titre l'indique.
Au final, j'ai assisté à un simili de bataille vite réglée, dommage car j'aurais aimé plus de bagarre, d'autant plus que j'ai espéré pendant un moment que le film allait prendre la tournure que j'attendais.
Le personnage de Koba est intéressant à plus d'un titre, il vient mettre la pagaille dans le monde bien organisé de César et y sème les graines de la révolte des singes qui aboutira à l'esclavage de l'espèce humaine, partie d'ailleurs abordée dans le film.
Malheureusement, l'histoire ne va pas assez loin à mon sens et je n'ai pas franchement apprécié cette espèce de happy end, uniquement faite pour créer une suite à ce film.
Je regrette d'avoir à la dire, mais ce film-ci suffisait, inutile de prolonger la franchise.
J'y ai déjà trouvé des invraisemblances, à commencer dans le scénario : comment les réserves de pétrole ont-elles pu tenir pendant 10 ans ? Et comment cette centrale hydroélectrique re-fonctionne quasi miraculeusement ?
Ce qui est bien, c'est de constater que les hommes ont toujours les mêmes préoccupations matérielles sur leur petit confort : si les singes ont évolué il n'en est rien de l'espèce humaine.
C'est là tout le paradoxe du film : il y a de très bonnes choses dedans et d'autres beaucoup moins bonnes.
Les personnages humains sont tous à peu près effacés et à la limite de l'inutile, ils servent d'éléments du décors, tandis que les personnalités des singes sont bien plus intéressantes.
Ce sont d'ailleurs ces derniers qui offrent les plus belles scènes du film, je pense notamment à la scène de chasse en ouverture du film.
Le fonctionnement de ce clan est très intéressant et à mettre en parallèle par rapport à la semi-désorganisation des humains : il y a un paradoxe entre ces deux espèces et le fossé ne fait que se creuser.
Mais l'affrontement n'est finalement peut-être pas celui auquel on pense : hommes/singes est trop évident, je crois que le vrai affrontement est entre singes et singes, et c'est de là que découlera toute la suite.
Quant à Andy Serkis, c'est sans doute l'acteur qui sera le moins apparu dans des films sous son physique réel, mais il faut lui reconnaître qu'il a su donner vie avec justesse et brio au personnage de César.
Dommage tout de même que je sois ressortie de là avec la sensation que cela aurait pu être un très bon film et qu'au final c'est plus une déception qu'autre chose.


"La planète des singes : L'affrontement" est un film purement commercial uniquement fait dans le but de réaliser une suite, et sans doute encore une autre, et ainsi de suite.
Ceci est fort regrettable car il y avait dedans tous les éléments pour expliquer la genèse de "La planète des singes" et, naïvement, pendant un temps j'y ai cru.
Je suis ressortie de là avec la sensation de m'être fait berner, autant dire que je ne suis pas sûre de me laisser prendre au piège de nouveau.











vendredi 19 septembre 2014

L'arrière-saison de Philippe Besson


« Au commencement, il y a cette peinture d'Edward Hopper qu'on peut voir à Chicago. J'ai dû l'apercevoir à plusieurs reprises avant de m'en procurer une reproduction, un dimanche d'ennui. Un soir, sans intention particulière, j'ai observé la femme en robe rouge de la peinture, assise au comptoir d'un café nommé Phillies, entourée de trois hommes. Alors, çà s'est imposé à moi, sans que j'aie rien cherché. J'ai eu l'envie impérieuse de raconter l'histoire de cette femme et des trois hommes autour d'elle, et d'un café de Cape Cod. »
Philippe Besson (10/18)


Les Rôdeurs de la nuit d'Edward Hopper

"Les arrière-saisons ont parfois quelque chose de déchirant.", ou encore de troublant lorsqu'un fantôme du passé resurgit dans un café, un amour que l'on a tout fait pour oublier après la trahison et qui revient, pour implorer ou pour se rassurer en constatant que les choses n'ont pas changé : "Leurs visages pourraient se frôler mais c'est comme s'ils s'ignoraient. Leurs mains pourraient se rejoindre mais ils optent, inconsciemment ou pas, pour l'immobilité, les peaux pourraient entrer en contact mais ils prennent garde de ne pas faire, surtout pas, un faux mouvement. Et, au fond, lorsqu'ils vivaient ensemble, ils se comportaient déjà ainsi, toujours au bord de s'enlacer et toujours jaloux de leur indépendance. C'est vrai qu'ils n'ont pas changé, qu'ils ressemblent à ceux qu'ils ont été.".
Parti du tableau d'Edward Hopper "Les rôdeurs de la nuit", Philippe Besson s'est intéressé à la femme à la robe rouge en imaginant son histoire.
Elle, c'est Louise, une actrice ratée mais une auteur à succès de pièces de théâtre.
Lui, c'est Stephen, l'homme qui l'a quittée il y a cinq ans pour en épouser une autre dont il a divorcé aujourd'hui.
Et enfin lui, derrière le comptoir, c'est Ben, l'éternel serveur de ce café à Cape Cod, le spectateur de l'histoire passée qui renaît aujourd'hui de ses cendres : "Il essaie de comprendre comment deux jeunes gens flamboyants et amoureux, dans l'appétit de leurs vingt ans et un peu plus, sont devenus ces trentenaires peut-être aigris, en tout cas amers, et qui, sans l'avouer, se consument dans le douloureux regret de ce qu'ils ont été.".
Louise a réussi professionnellement, d'actrice sans talent ses pièces sont aujourd'hui jouées tous les ans au théâtre : "Elle n'a pas le sentiment d'avoir pris une revanche, simplement d'avoir réussi à entrer dans l'ascenseur juste à l'instant où la porte se refermait.", mais sa vie sentimentale est un fiasco.
Stephen relève du type à qui l'on collerait des baffes, parce qu'ils ont tout : l'argent, le métier, la reconnaissance, une belle femme, et aussi parce qu'ils gâchent tout ce qu'ils ont : ici Stephen a abandonné une femme simple et indépendante pour une qui correspondait plus à son milieu.
A la réflexion, à Louise aussi je collerai une baffe, pour retomber aussi facilement dans les bras de Stephen.
Quant à Ben, il observe, il parle, il attend quoi on ne le sait trop, mais il est le témoin des retrouvailles entre deux personnes qui cinq ans après n'ont pas changé : "Tout à coup, ils ne sont plus uniquement leur passé ou leur passif, leurs amnésies criantes ou leurs remontrances muettes, ils ont des corps, des formes qu'ils connaissent bien, des peaux qu'ils ont souvent caressées, des bras qui leur ont servi à s'étreindre, des bouches qui se sont touchées chaque jour pendant cinq ans. Le désir, il est palpable. La violence qu'ils ressentent, qui les heurte tous deux ensemble, elle est physique. Ils s'en retournent aux origines.".
J'ai du mal à qualifier ce livre de roman, il tient plus de la nouvelle voire de la pièce de théâtre.
L'action se passe dans un lieu unique, sur quelques heures, il s'agit d'un huis-clos qui est le prétexte pour revisiter les vestiges d'une histoire.
Le style n'est pas extraordinaire, c'est du Philippe Besson ai-je envie de dire en ce sens qu'il n'y a pas de prise de risque, c'est entre le simpliste et l'élaboré. Les thèmes abordés ont tendance à toujours aller dans le même sens avec au moins un des personnages qui écrit, mais ça se lit tout de même bien et facilement.
Je n'ai pas été transportée par l'histoire et les personnages, j'ai lu ça avec curiosité et sans me faire de nœuds au cerveau mais je regrette la fin trop facile et trop prévisible, ainsi que des personnages qui n'évoluent pas et qui restent les mêmes des années plus tard.
Un peu du "tout ça pour ça" alors que j'attendais autre chose.
De plus, l'exercice littéraire de partir d'une image pour créer un texte est intéressante mais la beauté du tableau choisi méritait du pus flamboyant à l'image de la robe de la femme.

Ni drame ni romance, "L'arrière-saison" de Philippe Besson fleure bon la mélancolie d'un été qui s'achève et d'un automne qui s'esquisse, à l'image de cette histoire d'amour phénix.

jeudi 18 septembre 2014

On a failli être amies d'Anne Le Ny



Marithé travaille dans un centre de formation pour adultes. Sa mission : aider les autres à changer de métier et à trouver leur vocation. Se présente alors Carole, qui vit et travaille dans l’ombre de Sam, son mari, énergique et talentueux chef étoilé. Ce n’est cependant pas tant de métier, dont Carole semble avoir besoin de changer, mais de mari. Marithé se donnera à fond pour aider Carole à se projeter dans une nouvelle vie. Mais quelle est la nature profonde de ce dévouement, quand Marithé ne semble pas insensible au charme de Sam, ni à sa cuisine ? (AlloCiné)


Si vous vous souvenez bien, je devais à la base aller voir ce film et je m'étais retrouvée à voir celui-ci (le problème quand on regarde le programme du mauvais cinéma).
Cette fois-ci je n'ai pas failli, j'ai bel et bien réussi à voir "On a failli être amies" !
Loin d'être le film du siècle, il n'en reste pas moins une comédie sympathique qui repose essentiellement sur son trio d'acteurs et particulièrement sur Karin Viard et Emmanuelle Devos.
La première travaille dans un centre de formation pour adultes, la deuxième cherche à se reconvertir et à fuir son étouffant travail auprès de son mari, cuisinier de renom; c'est ainsi que les deux femmes se rencontrent.
Elles sympathisent, l'une entre dans le jeu de l'autre pour faire croire au mari qu'elles sont amies et font de la gym ensemble, le problème c'est que cette même femme est loin d'être insensible au charme du mari de l'autre et à sa cuisine !
C'est drôle, il y a des rebondissements, les deux actrices sont employées dans des rôles à contre-courant : je n'avais jamais vraiment eu l'occasion de voir Karin Viard dans un rôle comique, c'est désormais chose faite, quant à Emmanuelle Devos elle campe une femme en apparence innocente, là aussi je n'avais pas l'habitude de la voir dans un tel personnage.
Et au milieu, j'ai envie de dire qu'il y a le mari un peu comme un chien dans un jeu de quilles.
Le scénario est très fouillé sur les relations humaines, plus particulièrement sur celle entre les deux femmes et sur le jeu de domination qui finit par régner entre elles : l'une prend l'ascendant sur l'autre et celle que l'on croyait forte finit par partir littéralement à la dérive.
Ça finit par sombrer dans une forme de folie qui fait froid dans le dos et montre qu'au final on est vite capable de perdre les pédales et de faire n'importe quoi pour une chose qui n'en vaut pas forcément la peine.
J'insiste sur le côté très féminin de ce film, les deux femmes sont vraiment mises à l'honneur et sans elles le film n'aurait aucun intérêt, j'ai d'ailleurs clairement senti que les rôles avaient été écrits pour ces deux actrices (ayant joué dans les précédents films de la réalisatrice).


Avec "On a failli être amies", Anne Le Ny signe un film drôle qui amène à réfléchir sur jusqu'à où chacun de nous est prêt à aller par amour, servi par un duo d'actrices épatantes dans des rôles à contre-courant de leur registre habituel.
Il aurait été dommage que je me contente de rester à avoir failli aller voir ce film.

mercredi 17 septembre 2014

Namibia Episode 4 de Rodolphe - Léo - Marchal


Dans ce 4e épisode de Namibia, le MI5 commence à prendre au sérieux l'hypothèse selon laquelle une civilisation extraterrestre serait à l'origine des phénomènes inquiétants survenus en Namibie : l'invasion d'insectes géants, la découverte de mines gigantesques, le développement de maladies inexplicables et l'apparition d'un messie, tous ces événements auraient donc un lien ! Les Anglais auraient également trouvé des documents prouvant que les Allemands, durant la guerre, avaient imaginé un V7 ressemblant à s'y méprendre à une soucoupe volante. Au même moment, l'avion de miss Austin est attaqué par un engin volant non identifié... La menace extraterrestre se précise ! (Dargaud)

Dans ce quatrième volume, le mystère s'épaissit et quelques clés de la solution commencent à être distillées.
Kathy Austin n'a désormais plus de doute sur le fait que les phénomènes viennent de l'espace : "C'est juste une hypothèse, bien sûr ! Mais quelle explication apporter à cet ensemble de phénomènes qui ont brusquement surgi ? Les insectes géants, les maladies inexplicables qui vieillissent la population, cette mine abritant des installations de haute technologie !", mais il reste difficile de convaincre son supérieur de cela.
Elle retrouve Robert ainsi qu'une autre connaissance rencontrée lors de "Kenya", ils lui révèlent une partie de l'identité du responsable de ces phénomènes : "Voyez-vous, à l'autre bout de la galaxie, se trouve une petite planète habitée par une race conquérante. Peu importe leur nom, il est de toute façon imprononçable pour votre palais. Leur natalité est terriblement élevée et sans cesse, ils cherchent des lieux nouveaux où essaimer. Le dernier qu'ils ont découvert, c'est ici, votre planète, la Terre.".
Il n'y a pas de surprise dans le scénario, cela faisait un moment que je m'en doutais, il n'empêche qu'il est toujours aussi plaisant et prenant, d'autant plus que les auteurs n'ont pas hésité à faire revenir d'anciens personnages afin de créer une liaison entre les deux saisons de cette série.
Le caractère de science-fiction de cette bande dessinée est bien exploitée, toutes les ficelles du genre sont présentes et j'aime toujours autant le traitement qu'il en est fait ainsi que la collaboration entre les trois auteurs.
Le scénario à quatre mains est construit de façon intelligente et il serait trop facile de croire que les auteurs ne réservent pas encore quelques surprises pour la suite, quant aux dessins je les trouve bien faits tout comme la mise en couleurs.
Il est très difficile de s'arrêter à ce quatrième tome tant je suis impatiente de connaître la suite, c'est le problème quand on se lance dans une série inachevée, d'autant plus que la fin est ouverte avec l'arrivée en scène d'un personnage historique prêt à repartir en guerre contre le nouvel ennemi : "Pauvre Angleterre ! En espérant que cette fois, je puisse lui offrir autre chose que du sang, de la sueur et des larmes !", je parle bien entendu de Sir Winston Churchill.

A quand la fin de cette série passionnante ?
"Namibia Episode 4" n'a fait que piquer encore plus ma curiosité et j'ai hâte de connaître le dénouement de cette série qui connaîtra peut-être, et c'est à l'espérer, une troisième saison.