dimanche 31 juillet 2016

La terre qui penche de Carole Martinez


Blanche est morte en 1361 à l’âge de douze ans, mais elle a tant vieilli par-delà la mort! La vieille âme qu’elle est devenue aurait tout oublié de sa courte existence si la petite fille qu’elle a été ne la hantait pas. Vieille âme et petite fille partagent la même tombe et leurs récits alternent. L’enfance se raconte au présent et la vieillesse s’émerveille, s’étonne, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l’y attend. Veut-on l’offrir au diable filou pour que les temps de misère cessent, que les récoltes ne pourrissent plus et que le mal noir qui a emporté sa mère en même temps que la moitié du monde ne revienne jamais ? (Gallimard)

J'ai découvert Carole Martinez avec "Du domaine des murmures", dans lequel j'avais pu apprécier sa belle plume poétique.
Ici Carole Martinez reprend un thème qui lui est cher et qu'elle maîtrise à la perfection : le Moyen-Âge, mais à une époque un peu plus avancée que dans son précédent roman.
Là encore, l'héroïne est féminine et refuse de se faire dicter sa vie par son père, pourtant Blanche n'a rien à voir avec Esclarmonde, hormis qu'elle vient vivre au domaine des Murmures car c'est là que réside son promis.
Blanche a onze ans, elle voudrait apprendre à lire et à écrire mais son père refuse : "Il ne veut pas faire de moi une lettrée, la faute au diable qui entre dans les âmes des filles qui savent lire !", à la place il l'a conduit chez le fiancé qu'il lui a choisi puis l'abandonne à son sort.
Mais Blanche va aimer vivre au domaine des Murmures, elle va y apprendre à lire et à écrire, elle va aimer ce petit fiancé sauvage qui se plaît à grimper aux arbres et à communier avec la nature, elle va parler avec l'esprit de la Loue, et elle va ainsi apprendre qui était sa mère.

Ce roman est raconté par deux voix, celle de Blanche petite fille et celle de la vieille âme, une Blanche morte mais qui a tant vieilli depuis des siècles.
La vieille âme se remémore l'enfance, Blanche crie sa révolte et sa volonté de s'émanciper : "Car je suis BLANCHE et je serai mon domaine, mon château, ma maîtresse, nul ne me pliera plus dès que je serai grande et que mes tétons auront poussé, pas même le diable, agile et filou, et je tuerai mon père pour de bon, un jour, je le tuerai, foi de Comtois !".
Blanche a tellement de colère en elle, la vieille âme tellement de sagesse, à elles deux elles arrivent à reconstituer le fil du passé et l'histoire de Blanche.
Le Moyen-Âge fut une époque cruelle, entre les guerres, les épidémies, une période où les femmes n'avaient que peu de valeur et où les hommes étaient maîtres de tout : "Non, les hommes ne sont pas soumis à leur désir : ils en sont les maîtres et l'éteignent aussitôt !".
C'est cela dont parle Carole Martinez, mais aussi de toute autre chose.
Car Carole Martinez est une poétesse, elle travaille les mots, elle les sculpte pour les rendre les plus beaux et les plus aiguisés possibles.
D'un point de vue stylistique c'est sans doute le roman le plus travaillé que j'ai pu lire ces dernières années, d'autant que l'auteur y développe un véritable univers.
Certes, il y a Blanche l'humaine, mais il y a aussi toute une dimension mystique dans cette histoire, il y est question de fée, d'esprit de l'eau, de petites filles mortes qui reviennent sous forme de fantômes, d'un ogre qui rôde dans la forêt.
Ce n'est pas un conte mais cela en a pourtant tout l'air, ce n'est pas non plus un roman d'apprentissage et pourtant.
Car le lecteur aussi bien que Blanche y apprend tellement de choses et en ressort grandi, et puis le style emporte l'espace de la lecture dans cette période si reculée de l'Histoire.
Carole Martinez a une si belle plume et elle parle si bien de cette période que j'aimerai que son prochain roman s'y déroule également, d'un autre côté j'aimerai aussi la voir se mettre en danger et sortir de son champ de confort pour proposer tout autre chose.
Dans un cas comme dans l'autre il y a fort à parier que je le lirai de toute façon.

Si l'histoire d'Esclarmonde vous avait transporté il en sera de même avec celle de Blanche petite fille et vieille âme dans "La terre qui penche", un très beau roman signé par Carole Martinez.


samedi 30 juillet 2016

L'amie prodigieuse - Enfance, adolescence d'Elena Ferrante


Naples, fin des années cinquante. Deux amies, Elena et Lila, vivent dans un quartier défavorisé de la ville, leurs familles sont pauvres et, bien qu'elles soient douées pour les études, ce n'est pas la voie qui leur est promise. Lila, la surdouée, abandonne rapidement l'école pour travailler avec son père et son frère dans leur échoppe de cordonnier. En revanche, Elena est soutenue par son institutrice, qui pousse ses parents à l'envoyer au collège puis, plus tard, au lycée, comme les enfants des Carracci et des Sarratore, des familles plus aisées qui peuvent se le permettre. Durant cette période, les deux jeunes filles se transforment physiquement et psychologiquement, s'entraident ou s'en prennent l'une à l'autre. Leurs chemins parfois se croisent et d'autres fois s'écartent, avec pour toile de fond une Naples sombre mais en ébullition, violente et dure. Des chemins qui les conduiront, après le passage par l'adolescence, à l'aube de l'âge adulte, non sans ruptures ni souffrances. (Gallimard)

Tout commence par un coup de téléphone du fils de Lila à Elena, parce que sa mère a disparu et qu'elle demeure introuvable.
Mais Elena a vite fait de l'envoyer paître, car elle sait que c'est ce que Lila a toujours voulu : "Cela fait au moins trois décennies qu'elle me répète vouloir disparaître sans laisser de trace, et il n'y a que moi qui sache vraiment ce qu'elle veut dire.".
Puis elle se souvient, de leur enfance dans un quartier défavorisé de Naples à la fin des années cinquante, de leur rencontre, de la rivalité qu'il y a toujours eu entre elles puis des chemins qu'elles ont suivi au sortir de l'enfance et durant l'adolescence.
Lila la surdouée n'a pas continué ses études, elle a rapidement abandonné l'école pour travailler avec son père et son frère dans la cordonnerie.
A contrario, Elena, poussée par son institutrice, a continué à apprendre, à fréquenter le collège, puis le lycée, malgré la pauvreté de ses parents.
Tout le temps le chemin de ces deux filles se croisent, parfois elles s'affrontent, rivalisent entre elles, à d'autres moments elles s'entraident, mais elles grandissent et changent, aussi bien physiquement que mentalement et c'est ensemble qu'elles vont franchir le seuil de l'adolescence à l'âge adulte.

Ce livre m'a été chaudement recommandé par un collègue de travail, je l'en remercie.
J'aime l'Italie, ceci n'est pas un scoop, j'aime également la littérature Italienne, là encore rien de neuf, mais alors comment ai-je pu passer à côté de ce roman qui agite l'Italie et bien d'autres pays depuis sa sortie ?
Fort heureusement j'ai comblé cette lacune et c'est avec grand plaisir que j'ai découvert les personnages attachants d'Elena et de Lila ainsi que la ville de Naples dans les années cinquante/soixante.
Ce roman se focalise sur la vie et le destin de ces deux filles qui s'attirent autant qu'elles se rejettent.
Si l'histoire est racontée par Elena il n'en demeure pas moins que Lila est toujours au centre, elle n'est pas un faire-valoir d'Elena elle est au contraire le personnage qui la pousse dans ses derniers retranchements.
Lila n'a pas froid aux yeux, elle a du caractère et sait ce qu'elle veut, elle n'hésite pas à tout bousculer autour d'elle mais surtout elle se nourrit de la curiosité et de la découverte de nouvelles choses, qu'elle abandonne dès qu'elle en a compris le mécanisme, à l'image du latin qu'elle apprend toute seule très facilement ou du grec.
Lila aime les nouvelles expériences, sa devise est : "Si on n'essaie pas, rien ne change jamais.".
Contrairement à Elena, qui n'aime pas être mise hors de sa zone de sécurité et de confort.
Lila est une jusqu'au-boutiste, elle n'hésite pas à tout broyer autour d'elle pour mieux reconstruire : "Elle était comme ça, elle rompait les équilibres seulement pour voir de quelle autre manière elle pouvait les recomposer.".
Lila et Elena sont les deux facettes d'une même pièce, parfois elles ne se parlent pas, parfois elles se disent tout, parfois elles s’affrontent, parfois elles s'associent.
Mais elles n'arrivent jamais à s'accorder l'une à l'autre : "C'était comme si, par quelque vilain tour de magie, la joie ou la douleur de l'une impliquaient la douleur ou la joie de l'autre.".
Je vois Elena et Lila comme des personnages miroir, l'une est le reflet inversé de l'autre et vice-versa.
Il y a la reine blanche, Elena, et la reine rouge, Lila.
Pourtant elles ne peuvent pas vivre l'une sans l'autre.
Cette forte relation est l'un des atouts majeurs du livre et elle m'a tout simplement fascinée, d'autant que c'est remarquablement écrit.
Et puis il y a aussi l'arrière-fond, la ville de Naples tout d'abord, au début peu présente car limitée au quartier où vivent les jeunes filles, puis qui se découvre au fur et à mesure qu'elles grandissent et sortent hors des frontières de leur monde.
Pour qui connaît Naples, cette ville est à la fois fascinante et rebutante, un peu à l'image des deux personnages féminins.
Mais il y a aussi le contexte historique, le roman commence à la fin des années cinquante, l'Italie se remet de la guerre, il y a beaucoup de pauvreté et l'économie n'est pas florissante, mais ce pays va se redresser en même temps que les deux héroïnes grandissent.
En lisant ce roman je n'ai pu m'empêcher de penser au film "Affreux, sales et méchants" d'Ettore Scola pour les conditions de vie dans les quartiers pauvres dans les années soixante-dix.
L'intrigue se passant à Naples il est bien entendu question de mafia, de clan, de jalousie, "L'amie prodigieuse" est un roman complètement napolitain.
Ce n'est qu'après cette lecture que j'ai découvert l'engouement suscité par ce livre, le premier d'une série de quatre dont seuls les deux premiers ont été traduits en Français pour l'instant, car nul ne sait qui se cache derrière Elena Ferrante, et autant dire que les spéculations vont bon train qui tenter de percer le mystère.
Car oui, Elena Ferrante n'est qu'un pseudonyme, la personne l'utilisant se cache derrière depuis plus de vingt ans, mais alors quelle plume !
C'est brillant, c'est magnifique, c'est beau à en pleurer (la traduction est donc réussie, mon niveau d'Italien ne me permettant pas de découvrir cette série dans sa langue d'origine), c'est hautement féministe, car le "je" est systématiquement une femme chez Elena Ferrante, et selon moi c'est tellement réaliste que l'auteur ne peut qu'être originaire de Naples et y avoir vécu de nombreuses années (voire même y vivre toujours).
Je trouve également que cette histoire ferait une merveilleuse adaptation télévisuelle.
Mais je dois surtout vous dire que ce roman m'a tellement transportée qu'en lisant la dernière phrase je n'ai pu m'empêcher de m'esclaffer haut et fort dans une rame de train un "Oh !" de surprise tant ce premier tome se conclut sur une chute qui donne irrémédiablement envie de se précipiter sur le second.
Et je crois bien que de mémoire de lectrice ceci ne m'était jamais arrivé.

Qui est Elena Ferrante ?
Sincèrement je m'en fiche, mais "L'amie prodigieuse" est un roman tout simplement prodigieux, profondément napolitain et viscéral et une formidable claque littéraire.


vendredi 29 juillet 2016

Annihilation de Jeff VanderMeer


La Zone X, mystérieuse, mortelle. Et en expansion. Onze expéditions soldées par des suicides, meurtres, cancers foudroyants et troubles mentaux. Douzième expédition. Quatre femmes. Quatre scientifiques seules dans une nature sauvage. Leur but : ne pas se laisser contaminer, survivre et cartographier la Zone X. (Au Diable Vauvert)

Sujet raconté à la première personne du singulier par une narratrice faisant partie de l'équipe en charge d'explorer la Zone X : "Notre mission était simple : poursuivre l'enquête gouvernementale sur les mystères de la Zone X en progressant lentement à partir du camp de base.".
La Zone X, c'est une zone étrange, difficilement explicable, devenu ainsi on ne sait trop pourquoi : "La Zone X, avant l'Evénement mal défini qui l'a confinée il y a trente ans derrière la frontière et l'a rendue sujette à tant de phénomènes inexplicables, faisait partie d'une région sauvage juste à côté d'une base militaire.".
Le but de la mission est d'y survivre et de continuer le travail de cartographie et de recherche entamé il y a des années.

Mieux vaut laisser ses pensées rationnelles au placard en commençant ce roman, la Zone X ne ressemble à rien de ce que vous connaissez, la Zone X ne se raconte pas vraiment elle se ressent.
Et c'est ce qu'arrive à faire particulièrement bien Jeff VanderMeer dans ce roman, le premier de la trilogie du "Rempart Sud".
Cette équipe n'est pas la première à partir explorer la Zone X, onze expéditions ont déjà eu lieu, elles se sont soldées par des suicides, des disparitions, des cancers foudroyants, des troubles mentaux.
A part ça, tout va à peu près bien dans la Zone X, il faut juste savoir y résister et ne pas y céder : "La désolation tente de vous coloniser.".
Je n'avais pas lu de science-fiction depuis longtemps, c'est un genre littéraire que je lis à petite dose et dont je choisis les romans avec soin.
Il se trouve que celui-ci fait partie de la sélection du Prix des Lectrices 2016, et bien ce fut une belle surprise.
L'histoire laisse énormément place à l'imagination, chacun est libre d'imaginer la Zone X et les répercussions qu'elle engendre sur les individus.
Comme tout bon roman de science-fiction il y a un arrière fond dénonçant les dérives des régimes totalitaires, ici les membres de l'expédition ne sont jamais désignées par leur prénom mais juste par leur fonction.
C'est la première étape de la déshumanisation, on a retiré à ces personnes une partie de leur identité.
La deuxième étape c'est de les séparer de leur famille, du monde dans lequel elles vivent, de leur faire subir un entrainement, voire un lavage de cerveau, avant de les parachuter dans la Zone X en les équipant d'une même tenue et d'un matériel plus que rudimentaire.
La troisième, c'est de les y faire travailler sans réel but tout en leur faisant croire qu'elles desservent une grande cause et qu'elles sont importantes pour la communauté.
C'est un aspect du roman que j'ai particulièrement apprécié, il ne faut pas s'arrêter à une simple histoire de science-fiction mais voir ce qui se cache dessous.
D'ailleurs, à la fin la narratrice ne sait plus trop où est le monde réel, est-ce là d'où elle vient ou la Zone X ?
Qui cherche à coloniser qui ?
"C'est ainsi que la folie du monde essaie de vous coloniser : de l'extérieur, en vous forçant à vivre dans sa réalité.", oui mais quelle est cette réalité ? Où est la vérité ?
Ailleurs, comme le dit le slogan d'une série télévisée phare des années 90/2000.
L'autre atout c'st le style qui plonge directement le lecteur dans cette Zone X et lui fait vivre tout un tas de sensations plus étranges les unes que les autres, en le privant de repères à l'instar de la narratrice.
J'ai parfois été mal à l'aise, parce que j'étais sortie de ma zone de confort et que je ne savais pas plus que la narratrice où j'étais ni ce que je voyais, et surtout ce que j'entendais.
Comme dit plus haut c'est le premier tome d'une trilogie, et bien j'ai hâte que les deux tomes suivants soient traduits pour peut-être connaître la vérité sur cette Zone X.

"Annihilation" est un très bon roman de science-fiction de Jeff VanderMeer qui transporte l'espace de la lecture dans un univers inconnu et inquiétant, bien loin de sa zone de confort habituel.

Livre lu dans le cadre du Prix des Lectrices 2016



jeudi 28 juillet 2016

Stupeur et tremblements d'Amélie Nothomb


Au début des années 1990, la narratrice est embauchée par Yumimoto, une puissante firme japonaise. Elle va découvrir à ses dépens l’implacable rigueur de l’autorité d’entreprise, en même temps que les codes de conduite, incompréhensibles au profane, qui gouvernent la vie sociale au pays du Soleil levant. D’erreurs en maladresses et en échecs, commence alors pour elle, comme dans un mauvais rêve, la descente inexorable dans les degrés de la hiérarchie, jusqu’au rang de surveillante des toilettes, celui de l’humiliation dernière. (Le Livre de Poche)

Il y a de nombreuses années, j'ai découvert Amélie Nothomb par ce roman.
Un roman étrange dans lequel elle se raconte, ou plutôt raconte une période de sa vie où elle a décidé de retourner au Japon, le pays de son enfance si cher à son cœur, afin d'y travailler pendant un an dans une grande firme Japonaise.
Mais bien vite c'est la chute, le premier poste ne lui convient pas, pas plus que le deuxième, sa responsable, la sublime Fubuki, la colle à la comptabilité et là c'est le désastre, elle finit donc "dame pipi" dans les toilettes.
La narratrice aurait pu très mal le vivre, voire même jeter l'éponge, mais non, elle s'accroche pour vivre son expérience jusqu'au bout, car ce qui la fait tenir c'est de pouvoir admirer Fubuki tous les jours et se défenestrer et voler ainsi au-dessus de la ville : "Aussi longtemps qu'il existerait des fenêtres, le moindre humain de la terre aurait sa part de liberté.".

Quelle est la part de vérité et quelle est celle de fiction, difficile à dire, mais il y a en tout cas des vérités qui ressortent de ce récit, car avec ses yeux d'occidentale la narratrice arrive à retranscrire toute la complexité de la société Japonaise, particulièrement la place de la femme dans celle-ci, à travers la sublime Fubuki, hélas trentenaire et toujours célibataire, qui doit toujours être irréprochable, que ce soit dans son travail ou dans la vie de tous les jours : "Être irréprochable ne t'apportera rien d'autre que d'être irréprochable, ce qui n'est ni une fierté ni encore moins une volupté.".
La narratrice éprouve des sentiments forts vis-à-vis de Fubuki : elle l'admire, elle la trouve belle, à aucun moment elle ne l'envie mais cette femme exerce une fascination sur elle.
Et plus Fubuki l'enfonce plus elle en redemande : "J'ai failli ! Tuez-moi. Accomplissez mon ultime volonté : que ce soit Fubuki qui me donne la mort. Qu'elle me dévisse le crâne comme à un poivrier. Mon sang coulera et se sera du poivre noir. Prenez et mangez, car ceci est mon poivre qui sera versé pour vous et pour la multitude, le poivre de l'alliance nouvelle et éternelle. Vous éternuerez en mémoire de moi.".
Fubuki représente en quelque sorte la quintessence de la femme Japonaise, mais aussi tout son paradoxe.
La narratrice met aussi le doigt sur un point important : la différence entre le Japon fantasmé de son enfance et celui bien réel : "J'avais à présent sous les yeux l'horreur méprisante d'un système qui niait ce que j'avais aimé et cependant je restais fidèle à ces valeurs auxquelles je ne croyais plus.".
Il y a des moments loufoques qui font sourire, voire même rire, d'autres plus graves, comme c'est du Amélie Nothomb autant dire que le style part parfois dans des délires assez haut perchés, mais c'est toujours remarquablement écrit.
Lors de ma première lecture je ne travaillais pas encore, aujourd'hui je l'ai relu avec des yeux différents, je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai pu vivre de telles situations ubuesques mais presque.
Finalement la frontière entre la société occidentale et japonaise n'est pas si épaisse que cela.

Les sujets s'adressaient à l'Empereur avec "Stupeur et tremblements", c'est un peu ce qu'a vécu pendant un an Amélie Nothomb et qu'elle raconte ici à travers un récit satirique oscillant entre le rire et l'angoisse qui lui a permis de se faire connaître au grand public.

Livre lu dans le cadre du Prix des Lectrices 2016



mardi 26 juillet 2016

Top Ten Tuesday #163


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani, puis désormais par Froggy.

Les 10 univers de livres dans lesquels vous aimeriez aller

1) L'Angleterre des sœurs Brontë ou de Jane Austen
2) Poudlard
3) L'univers de Thrusday Next
4) La Terre du Milieu
5) Les mondes d'Aldebaran
6) Le Paris d'Adèle Blanc-Sec
7) Les années folles
8) L'univers post-apocalyptique de "Birdbox" (mais je reviens ensuite, hein !)
9) Les Etats-Unis à l'époque des Indiens
10) Le petit village d'irréductibles gaulois d'Astérix

mardi 19 juillet 2016

Top Ten Tuesday #162


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani, puis désormais par Froggy.

Les 10 meilleurs romans "coup de cœur" de ces deux dernières années

1) "Le livre de Dina" de Herbjørg Wassmo
2) "Bird box" de Josh Malerman
3) "Le fils" de Philipp Meyer
4) "Être sans destin" d'Imre Kertész
5) "La route étroite vers le nord lointain" de Richard Flanagan
6) "Les feux de l'automne" d'Irène Némirovsky
7) "Le livre des nuits" de Sylvie Germain
8) "Libération" de Sándor Márai
9) "Le transperceneige" de Jacques Lob et Jean-Marc Rochette
10) "Carol" de Patricia Highsmith

samedi 16 juillet 2016

Jours d'orage de Katherine Kressmann Taylor


Toscane, 1960. Les blessures de la Seconde Guerre mondiale sont encore vives, surtout à Rocca al Sole, petit village isolé et archaïque où, quinze ans auparavant, les nazis ont massacré femmes et enfants. Lorsque Amanda Lashe, jeune veuve américaine, s'y réfugie avec sa fille pour fuir un violent orage, elle est loin de se douter qu'elle va être précipitée au cœur d'un drame. Car, sous les traits d'un simple commerçant en vacances, les villageois reconnaissent l'un de leurs tortionnaires... (J’ai Lu)

Autant j’ai adoré "Inconnu à cette adresse" par son aspect elliptique et ô combien cruel autant j’ai trouvé niais et sans grand intérêt ce roman sentimental de Katherine Kressmann Taylor.
Sortez les violons, c’est parti : Amanda Lasche est une jeune (et belle !) veuve Américaine qui a décidé de partir vivre à Florence, en Toscane, avec sa petite fille afin d’oublier le drame vécu et permettre à sa fille de grandir dans un univers de beauté et de culture.
A la faveur d’un orage et d’une panne de voiture elle se retrouve isolée avec sa fille dans le village de Rocca al Sole où elle rencontre un ingénieur à la retraite veuf (encore beau et bien conservé, marquis évidemment !), Eduardo Carleone.
Ce village peine à se remettre des blessures de la guerre, d’autant plus que l’un des bourreaux ayant commis des exactions au moment de la retraite de 1944, Herr Grussmann, s’y trouve en vacances avec sa famille.
Les esprits s’échauffent, les villageois veulent se venger, et seul Eduardo arrive à apaiser les tensions : "Il avait compris que la colère altère le jugement et étouffe la pitié.", mais pour combien de temps encore ?

Le synopsis est tout à fait digne d’un téléfilm de l’après-midi diffusé sur certaines chaînes de la télévision, les ficelles sont grosses, très grosses, et le style ma foi n’est pas des plus splendides.
Il n’y a aucune surprise dans cette histoire, ça sent la romance bluette à mille lieues à la ronde entre la jolie veuve et le beau veuf malgré la différence d’âge, de classe sociale et de nationalité.
J’ai connu des histoires d’amour un peu mieux amenées et un peu plus subtiles.
S’il n’y avait que cela … j’ai aussi pris ce livre car il y avait un contexte historique, j’aurai peut-être mieux fait de m’abstenir car si j’espérais une belle histoire comme dans "Le vieux fusil" ça ressemblait plus à une sous-vendetta.
Les personnages sont tous des archétypes, il n'ont aucune originalité et l'ensemble est très manichéen : d'un côté les gentils et de l'autre les méchants.
Et au milieu ?
Rien, à part peut-être une rivière qui y coule.
Les caractères sont donc exagérés : Amanda est une damoiselle en détresse en recherche d'affection, Eduardo est un homme vieillissant qui va de nouveau découvrir l'amour, les villageois sont tous décidés à se venger et Herr Grussmann est une caricature d'un Allemand (outre le fait d'être le vilain nazi).
Quant à la sœur d'Eduardo, vieille fille qui se prend d'affection pour Amanda : "Vous comprenez que je me suis prise d'affection pour vous, n'est-ce-pas ? Vous êtes toute seule ici c'est. Nous serons amies.", elle dégage un côté malsain et met tout le monde mal à l'aise, les personnages mais aussi le lecteur.
Le style est loin d'être flamboyant, tout est cousu de fil blanc, difficile d'imaginer que c'et la même personne qui a écrit ce roman et "Inconnu à cette adresse" tant la différence, y compris de style, est flagrante.
Et même les charmes de la campagne Toscane n'ont pas réussi à sauver l'ensemble, mieux vaut y aller et découvrir par soi-même que les admirer par procuration car ce roman ne leur rend pas non plus hommage.
Fort heureusement, je n'ai pas commencé à découvrir cette auteur avec cette oeuvre, sinon j'aurai arrêté aussitôt (cela me rappelle une certaine Simonetta Greggio, à qui j'ai décidé de laisser une troisième chance mais ceci est une autre histoire).

"Jours d'orage" a été une déception sur toute la ligne, je n'ai été emballée ni par l'histoire, ni par les personnages, ni par le style.
Du même auteur je ne peux que vous recommander "Inconnu à cette adresse" et d'oublier celui-ci.


jeudi 14 juillet 2016

Tout ce qu'on ne s'est jamais dit de Celeste Ng


Lydia Lee, seize ans, est morte. Mais sa famille l’ignore encore… 
Sa mère, Marylin, femme au foyer, rêve que sa fille fasse les études de médecine qu’elle n’a pas pu accomplir. Son père, James, professeur d’université d’origine chinoise, a tant souffert de sa différence qu’il a hâte de la retrouver parfaitement intégrée sur le campus. 
Mais le corps de Lydia gît au fond d’un lac. 
Accident, meurtre ou suicide ? Lorsque l’adolescente est retrouvée, la famille Lee, en apparence si soudée, va devoir affronter ses secrets les mieux gardés. Des secrets si longtemps enfouis qu’au fil du temps ils ont imperceptiblement éloigné ses membres, creusant des failles qui ne pourront sans doute jamais être comblées. (Sonatine Editions)

Tout commence un beau matin lorsque Lydia, seize ans, n’apparaît pas pour le petit déjeuner. Elle n’est pas dans sa chambre, elle n’est pas à l’école, elle a tout simplement disparu, s’est évaporée comme si elle n’avait jamais existé. Sa famille s’inquiète : la mère, Marylin, femme au foyer est rongée par l’inquiétude, le père part travailler comme tous les jours, son frère s’interroge et soupçonne bien vite un voisin d’être lié à cette disparition, quant à la petite sœur elle ne dit rien mais continue d’essayer d’attirer l’attention et l’affection de ses parents. Ce qu’ils ne savent pas encore, c’est que le corps de Lydia gît au fond du lac. Lorsque son cadavre est retrouvé toutes les pistes sont évoquées : accident, suicide, meurtre, et tandis que la police s’oriente bien vite vers la thèse du suicide la mère refuse d’y croire et décide de découvrir ce qui est arrivé à sa fille chérie : "Elle découvrira ce qui est arrivé à Lydia. Elle découvrira qui est responsable. Elle découvrira ce qui est allé de travers.".

L’intrigue de ce roman n’est pas policière, l’important n’est pas de savoir le fin mot de l’histoire sur la mort de Lydia mais de comprendre ce qui a pu se passer et l’amener à se retrouver au fond du lac. En apparence, les Lee sont une famille soudée bien que différente des autres. Le père est d’origine Chinoise, il s’agit donc d’un couple mixte, chose rare dans l’Amérique des années 60 et faisant d’eux une sorte de phénomène de foire. Ils s’aiment tous les uns les autres mais là encore ce ne sont que des apparences, la question "Comment tout était-il autant allé de travers ?" est donc légitime. En grattant le vernis les failles apparaissent : si le père et la mère aimaient Lydia, ils le faisaient de façon exclusive et rejetaient les deux autres enfants, n’ayant de regard et d’aspiration que pour la belle et troublante Lydia, au physique Chinois avec de superbes yeux bleus hérités de sa mère. Et Lydia n’en pouvait plus de tout cet amour porté sur elle, et exclusivement sur elle, de ses parents qui s’imaginaient tant de choses sur elle alors qu’elle était bien différente de cette fille qu’ils avaient idéalisé : "Sauf que tu n'es jamais ce qu'ils croient.". Son frère partageait ce fardeau avec Lydia, mais il était aussi sur le point de partir à l’université et de quitter cette maison dans laquelle les parents ne voyaient et ne juraient que par Lydia, laissant cette dernière toute seule avec une petite sœur qu’elle ne connaissait pas vraiment et qui se confond avec les meubles tant elle tient à rester discrète, tout en quémandant un peu d’amour maternel. La disparition puis la mort de Lydia sont l’événement catalyseur de l’histoire, ils vont entraîner des révélations et déterrer des secrets trop longtemps enfouis. J’ai beaucoup aimé la façon dont cet événement tragique va amener la famille Lee à exploser en plein vol et à révéler leur vrai visage. Marylin la belle et gentille mère au foyer est en réalité une femme rongée par les remords d’avoir arrêté ses brillantes études pour cause de mariage et de grossesse, à tel point que plusieurs années auparavant elle avait fui le domicile et disparu sans crier garde pour reprendre le fil de sa vie suspendu des années plus tôt. Aujourd’hui, elle se retrouve de nouveau seule et désemparée, car en plus de la mort de sa fille c’est aussi celle de son couple, elle qui avait renoncé à tant de choses pour sa famille se retrouve seule et désemparée : "Vous aimiez si fort et espériez tant, et vous finissiez sans rien. Des enfants qui n'avaient plus besoin de vous. Un mari qui ne voulait plus de vous. Rien que vous, seule, et du vide.". Cette histoire est somme toute assez cruelle, en premier lieu pour Lydia, mais aussi pour sa famille, car chacun à tour de rôle va souffrir de cette disparition, mais également se révéler grâce à elle et ouvrir les yeux sur bien des choses. Le contexte est également intéressant, dans une Amérique qui n’accepte pas bien le métissage et reste raciste. Pour un premier roman je l’ai trouvé particulièrement bien réussi, l’histoire est bien amenée et développée de façon intelligente, j’ai aimé comment chacun se dévoile au fur et à mesure et finit par se révéler. La psychologie de tous les personnages est bien travaillée et maîtrisée, particulièrement celle de Lydia et de sa mère Marylin, sans doute les deux personnages les plus poignants de ce roman. Je regrette juste la fin de cette histoire tragique, un peu trop plate et d’un niveau inférieur au reste du roman. Une fin qui personnellement ne m’a pas complètement convaincue car j’attendais à ce qu’elle soit amenée autrement et surtout ne tombe pas aussi lourdement tel un caillou jeté négligemment dans l’eau. Légère déception car tout le reste faisait de beaux ricochets sur une eau limpide, ce qui explique pourquoi je ne qualifierai pas cette lecture de coup de cœur.

"Tout ce qu’on ne s’est jamais dit" est un beau premier roman qui explore les secrets enfouis d’une famille qui vole en éclat après la mort de l’un des enfants, une belle découverte littéraire.

Livre lu dans le cadre du Prix Relay 2016

mardi 12 juillet 2016

Top Ten Tuesday #161


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani, puis désormais par Froggy.

Les 10 livres de votre PAL que vous n'avez finalement plus envie de lire

1) "PS, I love you" de Cecelia Ahern
2) "Royaume magique à vendre" de Terry Brooks
3) "Le chant des sorcières" de Mireille Calmel
4) "La reine de lumière" de Mireille Calmel
5) "Le monde de Sophie" de Jostein Gaarder
6) "Un nid de mensonges" d'Elizabeth George
7) "Théodore Boone enfant et justicier" de John Grisham
8) "La quatrième main" de John Irving
9) "Dernier refuge" de Patricia MacDonald
10) "Le codex" de Douglas Preston

samedi 9 juillet 2016

Camping 3 de Fabien Onteniente

     
     

Comme chaque été, au Camping des Flots Bleus se retrouvent pour leurs vacances nos amis, Les Pic, Jacky et Laurette, Gatineau, tout juste divorcé de Sophie, le 37, et Patrick Chirac fidèle à ses habitudes. Cette année, Patrick a décidé de tester le co-voiturage... Pensant traverser la France avec Vanessa, il se retrouve avec trois jeunes dijonnais : Robert le charmeur, Benji le beau gosse et José la grande gueule. Bien évidemment, après le co-voiturage, Patrick se voit contraint de tester le co-couchage… (AlloCiné)


Patrick is back ! Again !
Et bien Patrick aurait mieux fait de s'abstenir ... .
Si j'avais moyennement aimé le premier opus et un peu plus le deuxième (je ne boude pas mon plaisir de partager avec vous ma chronique de l'époque, époque bénie où en peu de phrases je livrais une chronique. Depuis je parle, j'argumente, je parle ...).
Certes, je savais très bien que je n'allais pas voir un film hautement intellectuel, mais je pensais au moins rire, ou sourire, enfin que mes muscles zygomatiques s'agitent quelque peu.
Que nenni !
Ça n'est pas drôle, mais alors pas du tout.
Patrick est passé de beauf à vieux con, sale dégringolade pour lui.
Gatineau est définitivement étiqueté comme con, sa femme a fini par le quitter (bénie soit Mathilde Seigner d'avoir évité cette daube ! Elle a su se retirer quand il le fallait).
Quant à Jacky ... il n'aurait pas été là le film aurait été pareil.
Ah non, peut-être un soupçon mieux.
Il n'y a pas d'histoire, l'absence de scénario se fait cruellement ressentir alors qu'il y avait matière à faire quelque chose de drôle dans le choc des cultures entre un Patrick qui prend de l'âge et la jeunesse d'aujourd'hui.
A la place ça tombe à l'eau, il n'y a pas une punchline prêtant à rire, encore moins à sourire, pas de phrases cultes, pas de situations comiques.
Il y a juste des personnages qui se regardent dans le blanc des yeux sans trop savoir quoi se dire, des ébauches de pistes qui restent inexplorées.
Et alors je n'ai franchement pas apprécié la tentative d'humour faite par le biais du personnage de Jacky sur les pertes de mémoire et Alzheimer, c'est d'une maladresse sans nom et c'est pathétique plutôt que drôle.


S'il n'y avait que le scénario qui brille par son absence ... mais le jeu des acteurs laisse lui aussi à désirer.
A moins qu'ils se soient contentés de suivre les directives du réalisateur, mais là aussi c'est raté.
Frank Dubosc est ... nul, je cherchais un autre mot mais c'est le qualificatif qui va le mieux à son jeu, enfin son absence de jeu.
Antoine Duléry est venu se perdre là-dedans, dommage pour lui, Claude Brasseur fait pitié, seule Mylène Demongeot est fidèle à son personnage et arrive à tirer son épingle du jeu.
Quant aux personnages de Michèle Laroque et Gérard Jugnot ils sont à mon sens sous-exploités et auraient pu constitué la veine comique du film.
L'ensemble manque d'originalité, aucun renouvellement dans les sketchs.
Quant à la mise en scène elle est d'une banalité à faire peur, j'ai surtout l'impression que Fabien Onteniente a voulu se reposer entre deux films et faire un truc pas trop compliqué qu'il connaissait déjà.
Il faudrait surtout qu'il finisse par comprendre que pour faire une comédie comme il a envie de le faire depuis tant d'années (i.e. avec une dimension sociale) il faut un bon scénario solide à la base, apparemment le métier n'est toujours pas rentré et ce réalisateur continue de s'enfoncer doucement mais sûrement dans l'abîme de la comédie potache à la Française.


Ce "Camping" de Fabien Onteniente tient plus du zéro que du trois : quelle déception, quel ratage, mieux vaut aller à la plage et/ou au camping plutôt que de perdre son temps et son argent à s'enfermer dans une salle obscure pour voir ce nanar.
Au moins, c'est dit.


     
     

vendredi 8 juillet 2016

Retour sur les lectures de juin 2016


Je suis sous le choc.
Si, si.
Sous le choc.
Il y a du soleil.
Depuis 3 jours.
Je répète : il y a du soleil.
Le truc rond jaune là-haut dans le ciel.
A force de ne plus voir que la grisaille on en avait oublié ce qu'était le soleil.
(Perso j'ai eu la chance de le voir à Venise, c'est-à-dire que je me suis déplacée jusqu'en Italie pour le voir et en profiter, donc j'ai un peu plus vu le soleil que si j'étais restée en France tout ce mois de juin).
Et donc ce dernier a décidé de venir nous faire un petit coucou, histoire de se rappeler à notre bon souvenir et nous donner l'illusion que ça y est, c'est l'été, les vacances, la chaise-longue et les heures de lectures à l'ombre d'un arbre ou au bord de la piscine ou de la mer.
Toute chamboulée que je suis j'ai donc décidé de dédier mon temps libre au soleil et au plein air, puis je me suis rappelée qu'il fallait que je vous parle aussi des lectures du mois de juin.
Au passage, je me suis aussi rappelée que ça n'était pas tout à fait encore les vacances, la chaise-longue et les heures à bouquiner.

Donc en juin, qu'ai-je lu ?
Du guide de voyage !
Venise sous toutes ses coutures : Routard, Lonely Planet et j'en passe d'autres.
Des explications de peintures dans quelques musées.
D'ailleurs, je suis tombée en amour avec une série de toiles de Vittore Carpaccio à la Galleria dell'Accademia (salle 21) consacrée aux Storie di sant'Orsola (Histoires de Sainte Ursule en Français).
Enfin, c'est une autre histoire et je vous en parlerai peut-être bientôt (il faudrait aussi que je vous parle de Lisbonne, de Cracovie, bref je suis une bavarde manquant de temps pour coucher sur papier ses jacasseries).
Mais pas que, j'ai réussi à lire autre chose, et même que j'ai sorti un livre de ma PAL (ou plus je ne sais plus, ai-je lu ce livre en juin ou en juillet ? - inutile d'essayer de m'aider, je suis la seule à avoir la réponse - d'ailleurs j'ai peur d'oublier certaines lectures en rédigeant cet article. La fonction "Editer" existant je pourrai corriger mes lacunes).
Ce n'est pas le mois le plus glorieux en termes de lecture, je précise que j'ai aussi commencé un roman graphique conséquent mais non achevé à ce jour, disons qu'en juin j'ai beaucoup travaillé et j'ai profité d'un court voyage pour me changer les esprits.
A vrai dire j'en avais besoin car je commençais à saturer côté lectures et je suis mieux repartie depuis.

PAL

"Stupeur et tremblements" d'Amélie Nothomb (relecture en fait)
"Péchés capitaux" de Jim Harrison

Services de Presse

"Tout ce qu'on ne s'est jamais dit" de Céleste Ng

Emprunté à la bibliothèque

"Les gardiens du Louvre" de Jirô Taniguchi

mardi 5 juillet 2016

Top Ten Tuesday #160


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani, puis désormais par Froggy.

Les 10 livres que vous souhaitiez acheter en 2015, mais qui attendent toujours esseulés à la librairie

Une précision ; soit je n'ai pas acheté ces livres pour diverses raisons soit je me les suis procurés autrement que par l'achat en librairie.

1) "D'après une histoire vraie" de Delphine de Vigan
2) "Tango de Satan" de László Krasznahorkai
3) "Guerre et guerre" de László Krasznahorkai
4) "L'amie prodigieuse" d'Elena Ferrante
5) "Mille femmes blanches" de Jim Fergus
6) "Le problème Spinoza" d'Irvin Yalom
7) "Le fils" de Philipp Meyer
8) "Toute la lumière que nous ne pouvons voir" d'Anthony Doerr
9) "Sonderkommando" de Shlomo Venezia
10) "Freedom" de Jonathan Franzen

dimanche 3 juillet 2016

Le monde de Dory (Finding Dory) d'Andrew Stanton et Angus MacLane

     
     

Dory, le poisson chirurgien bleu amnésique, retrouve ses amis Nemo et Marin. Tous trois se lancent à la recherche du passé de Dory. Pourra-t-elle retrouver ses souvenirs ? Qui sont ses parents ? Et où a-t-elle bien pu apprendre à parler la langue des baleines ? (AlloCiné)


Vous vous souvenez de Dory (Ellen DeGeneres en VO) ?
Mais si, le joli poisson bleu souffrant d’amnésie ?
Mais si, le joli poisson bleu souffrant d’amnésie et amie avec Marin et son fils Nemo ?
Oui ? Non ?
Après tout qu’importe puisque il va être question d’elle dans les lignes qui vont suivre.


S’il aura fallu treize ans après "Le monde de Nemo" pour qu’une suite dérivée d’un des personnages voie le jour, l’histoire se passe un an après les événements du premier dessin animé.
Dory se souvient de ses parents, qu’elle a perdus il y a plusieurs années, et décide donc de retrouver sa famille.
Pas facile quand on est un poisson, surtout un poisson souffrant d’amnésie.
Heureusement, Dory peut compter sur ses amis Nemo et Marin, mais également sur ceux qu’elle se fera tout au long de son incroyable aventure marine.


C’est mignon, c’est gentil, il y a du suspens (enfin jusqu’à dix ans environ, passé cet âge on vit plus sereinement l’histoire de Dory) (pour ma part j’ai vécu très sereinement son aventure), et surtout de très belles images et des personnages (i.e. des poissons) divers et variés intéressants et drôles.
En treize ans l’animation a fait d’énormes progrès et des choses qui n’étaient pas possibles dans "Le monde de Nemo" ont pu être faites ici (le champ d’algues par exemple).
Si je trouvais très beau le premier opus je dois que celui-ci est remarquable, les techniques permettent de reproduire de façon très fidèle les fonds marins, l’animation ici leur rend hommage et est particulièrement réussie et belle, y compris dans la coloration.
C’est avec plaisir sur j’ai retrouvé Nemo, Marin et Dory, et c’est avec tout autant de plaisir que j’ai découvert d’autres personnages comme des requins (Destiny une requin-baleine correspondante de Dory lorsqu’elle était petite), Hank le poulpe, les loutres de mer, les si drôles lions de mer.
Si comme moi vous allez le voir en version originale vous éviterez déjà les hordes d’enfants et vous aurez le droit à la voix de Sigourney Weaver dans son propre rôle (dans la version Française c’est Claire Chazal).
Vous passerez un agréable moment aquatique avec Dory, j’ai peut-être passé l’âge des dessins animés pour certains (gnagnagna) mais j’ai passé un très bon moment de détente avec ce dessin animé qui non seulement véhicule un message écologique mais traite aussi des liens familiaux, de l’amitié, et également des pertes de mémoire.
Si vous avez moins de dix ans disons que le message véhiculé ne sera pas aussi évident, mais il y a une belle morale derrière cette histoire et elle trouvera forcément un écho positif que l’on soit petit ou grand.
Je regrette toutefois que mon cinéma n’ait pas diffusé le court-métrage "Piper" qui accompagne ce Pixar, j’ai un peu l’impression d’avoir eu Dory au rabais pour le coup.
Je suis ressortie de cette séance de cinéma avec des poissons plein les yeux, je n’étais que paix, amour, arc-en-ciel, hippocampe, poisson-clown et autres joyeusetés sous-marines.



A l’image des loutres de mer je vous propose donc un câlin collectif avant de se quitter … et maintenant filez vite voir "Le monde de Dory" !


     
     

     
     

     
     


vendredi 1 juillet 2016

Love & Friendship de Whit Stillman

     
     

Angleterre, fin du XVIIIe siècle : Lady Susan Vernon est une jeune veuve dont la beauté et le pouvoir de séduction font frémir la haute société. Sa réputation et sa situation financière se dégradant, elle se met en quête de riches époux, pour elle et sa fille adolescente.
Épaulée dans ses intrigues par sa meilleure amie Alicia, une Américaine en exil, Lady Susan Vernon devra déployer des trésors d'ingéniosité et de duplicité pour parvenir à ses fins, en ménageant deux prétendants : le charmant Reginald et Sir James Martin, un aristocrate fortuné mais prodigieusement stupide… (AlloCiné)


Lady Susan Vernon (Kate Beckinsale) est une fieffée garce, pardon de parler en ces termes de cette jeune et jolie veuve ce n’est pourtant que la stricte vérité.
C’est la courtisane la plus connue ou presque, elle cherche bien évidemment un parti intéressant pour se remarier (i.e. avec de l’argent) car sa situation personnelle se dégrade quelque peu.
Suite à un scandale (i.e. elle a séduit un homme marié), Lady Susan se retrouve à devoir aller vivre dans la famille de son défunt époux, famille dans laquelle elle n’est évidemment pas la bienvenue.
Elle en profite pour séduire le frère de sa belle-sœur, le beau et jeune (mais beau) Mr. Reginald de Courcy (Xavier Samuel, né le même jour que moi à un an d’écart !), tandis qu’elle cherche à marier sa fille, la douce Frederica (Morfydd Clark), au riche mais benêt Sir James Martin (Tom Bennett).
La seule confidente et amie de Lady Susan est une Américaine, Mrs. Alicia Johnson, dont le mari lui a pourtant formellement interdit d’entretenir toute relation avec cette femme a la réputation plus que douteuse.


Contrairement à ce que le titre pourrait laisser penser, ce film est une libre adaptation de la nouvelle "Lady Susan" de Jane Austen.
Pourquoi ne pas avoir gardé ce titre au lieu de lui donner le nom d’une autre nouvelle de cette auteur ?
Mystère et boule de gomme !
Quant à "LadySusan", j’ai eu le plaisir de lire cette nouvelle épistolaire féroce mais ô combien succulente il y a quelques années, j’avais grandement apprécié l’étude des différents personnages, il est donc tout à fait naturel que je sois allée voir ce film.


Adapter une nouvelle n’est jamais chose aisée, la durée du film est d’ailleurs plutôt courte (1h30), mais adapter une nouvelle constituée uniquement de lettres l’est d’autant plus.
Et bien le scénario s’en sort plutôt bien, j’ai retrouvé dans ce film tout ce qui m’avait plu dans le livre, notamment l’étude des caractères des personnages ainsi que les lieux et les paysages de l’action.
Pourtant, je dois reconnaître que l’histoire met un peu de temps à se mettre en place, cela bavarde beaucoup pendant la première demi-heure mais j’ai fini par accrocher et j’ai été transportée dans l’histoire.
Il faut dire qu’il y a aussi une multitude de personnages à retenir, et même si le réalisateur a pris le parti de les présenter par leur titre et leur rôle dans l’histoire j’ai mis un certain temps à me souvenir d’eux et du rôle qu’ils jouaient dans la nouvelle.
Ensuite, je suis partie dans les intrigues de Lady Susan, ou plutôt je les ai suivies avec un certain plaisir en attendant impatiemment que le piège se referme sur cette femme avec si peu de scrupules et s’occupant si mal de son enfant.
Clairement Lady Susan n’est pas un personnage sympathique, elle n’aime personne d’autre qu’elle-même et ne recherche que son confort et sa satisfaction personnelle, hormis sa fidèle amie qui acquiesce à tout ce qu’elle dit elle ne se rend pas compte à quel point elle est détestable, d’autant qu’elle se pose toujours comme la victime incomprise.
D’un autre côté, Lady Susan est le genre de personnage que l’on adore détester.
Evidemment il est question d’amour, mon cœur de midinette s’est enflammé et j’ai craint que Lady Susan ne prenne à son piège le si beau Reginald de Courcy.
Puis je me suis rappelée de la nouvelle et de sa chute (je me suis aussi dit au passage que ce n’était qu’un film et qu’il fallait que j’arrête un peu de m’emballer sur toutes les histoires sentimentales), j’ai respiré un grand coup et tout s’est bien passé.
Whit Stillman est un réalisateur rare mais il a su adapter finement Jane Austen et il offre au spectateur quelques bons moments de sourire voire même de rire au cours de ce film.
Noter qu’il offre aussi un beau retour en grâce à Kate Beckinsale, une actrice qui n’avait plus connu de succès au cinéma depuis quelques années.
C’est aussi ça la jolie surprise de ce film, le casting qui colle parfaitement aux personnages, ainsi que la reconstitution très fidèle de l’époque.


Après un début quelque peu bavard "Love & Friendship" s’avère être un agréable moment de cinéma et une adaptation plutôt réussie de Jane Austen, de son esprit et de son analyse fine des mœurs et de la société Anglaise du dix-huitième siècle.