Au début des années 1990, la narratrice est embauchée par Yumimoto, une puissante firme japonaise. Elle va découvrir à ses dépens l’implacable rigueur de l’autorité d’entreprise, en même temps que les codes de conduite, incompréhensibles au profane, qui gouvernent la vie sociale au pays du Soleil levant. D’erreurs en maladresses et en échecs, commence alors pour elle, comme dans un mauvais rêve, la descente inexorable dans les degrés de la hiérarchie, jusqu’au rang de surveillante des toilettes, celui de l’humiliation dernière. (Le Livre de Poche)
Il y a de nombreuses années, j'ai découvert Amélie Nothomb par ce roman.
Un roman étrange dans lequel elle se raconte, ou plutôt raconte une période de sa vie où elle a décidé de retourner au Japon, le pays de son enfance si cher à son cœur, afin d'y travailler pendant un an dans une grande firme Japonaise.
Mais bien vite c'est la chute, le premier poste ne lui convient pas, pas plus que le deuxième, sa responsable, la sublime Fubuki, la colle à la comptabilité et là c'est le désastre, elle finit donc "dame pipi" dans les toilettes.
La narratrice aurait pu très mal le vivre, voire même jeter l'éponge, mais non, elle s'accroche pour vivre son expérience jusqu'au bout, car ce qui la fait tenir c'est de pouvoir admirer Fubuki tous les jours et se défenestrer et voler ainsi au-dessus de la ville : "Aussi longtemps qu'il existerait des fenêtres, le moindre humain de la terre aurait sa part de liberté.".
La narratrice éprouve des sentiments forts vis-à-vis de Fubuki : elle l'admire, elle la trouve belle, à aucun moment elle ne l'envie mais cette femme exerce une fascination sur elle.
Et plus Fubuki l'enfonce plus elle en redemande : "J'ai failli ! Tuez-moi. Accomplissez mon ultime volonté : que ce soit Fubuki qui me donne la mort. Qu'elle me dévisse le crâne comme à un poivrier. Mon sang coulera et se sera du poivre noir. Prenez et mangez, car ceci est mon poivre qui sera versé pour vous et pour la multitude, le poivre de l'alliance nouvelle et éternelle. Vous éternuerez en mémoire de moi.".
Fubuki représente en quelque sorte la quintessence de la femme Japonaise, mais aussi tout son paradoxe.
La narratrice met aussi le doigt sur un point important : la différence entre le Japon fantasmé de son enfance et celui bien réel : "J'avais à présent sous les yeux l'horreur méprisante d'un système qui niait ce que j'avais aimé et cependant je restais fidèle à ces valeurs auxquelles je ne croyais plus.".
Il y a des moments loufoques qui font sourire, voire même rire, d'autres plus graves, comme c'est du Amélie Nothomb autant dire que le style part parfois dans des délires assez haut perchés, mais c'est toujours remarquablement écrit.
Lors de ma première lecture je ne travaillais pas encore, aujourd'hui je l'ai relu avec des yeux différents, je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai pu vivre de telles situations ubuesques mais presque.
Finalement la frontière entre la société occidentale et japonaise n'est pas si épaisse que cela.
Les sujets s'adressaient à l'Empereur avec "Stupeur et tremblements", c'est un peu ce qu'a vécu pendant un an Amélie Nothomb et qu'elle raconte ici à travers un récit satirique oscillant entre le rire et l'angoisse qui lui a permis de se faire connaître au grand public.
Lors de ma première lecture je ne travaillais pas encore, aujourd'hui je l'ai relu avec des yeux différents, je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai pu vivre de telles situations ubuesques mais presque.
Finalement la frontière entre la société occidentale et japonaise n'est pas si épaisse que cela.
Les sujets s'adressaient à l'Empereur avec "Stupeur et tremblements", c'est un peu ce qu'a vécu pendant un an Amélie Nothomb et qu'elle raconte ici à travers un récit satirique oscillant entre le rire et l'angoisse qui lui a permis de se faire connaître au grand public.
Lu il y a quelques années, j'en garde un souvenir mitigé.
RépondreSupprimerCette relecture a été nettement plus en demi-teinte que la première fois. Je crois que je me suis lassée du style Amélie Nothomb.
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