En épousant Merrill par amour, le jeune avocat Paul Ross est entré dans le clan Darling avec son cortège de privilèges : un appartement sur Park Avenue, un job en or, des week-ends dans les Hampton et des soirées avec le tout Manhattan. Mais bientôt Wall Street plonge et les grandes banques menacent de s'effondrer. Un scandale vient éclabousser la famille Darling, la propulsant sous les feux des médias et Paul doit choisir son camp. Sauver sa peau en trahissant sa femme et les siens ou les protéger, coûte que coûte. Issue elle-même d'une grande famille de financiers, ancienne avocate et analyste chez Goldmann Sachs, la jeune Cristina Alger connaît parfaitement le monde qu'elle décrit, cette haute société new-yorkaise, prisonnière de ses succès et de ses richesses. Dans ce Bûcher des Vanités du XXIe siècle, elle pose un regard subtil et implacable sur ces privilégiés dont la crise financière de 2008 va faire voler en éclat les certitudes. Un roman étincelant, drôle et féroce, aussi tendu qu'un thriller, sur lequel plane l'ombre de Madoff. (Albin Michel)
"Plonger, ça n'est pas drôle, mais c'est mille fois mieux que de se noyer.".
Avec "Park Avenue", Cristina Alger propose au lecteur de plonger dans le monde de la finance aux Etats-Unis, en pleine crise financière de 2008, où l'affaire Madoff est encore présente dans tous les esprits et où les scandales financiers ne cessent de s'additionner, entraînant la fermeture d'entreprises financières et laissant des centaines de personnes sans emploi avec peu de perspective pour retrouver un travail dans un milieu si entaché et décrié par la presse du monde entier.
Cristina Alger connaît parfaitement bien la haute société new-yorkaise qu'elle décrit dans son récit, ne serait-ce que parce qu'elle-même en est issue, tout comme du monde des avocats d'affaires spécialisés dans la finance, métier qu'elle a exercé avant de devenir écrivain.
Son roman colle parfaitement à la réalité, c'est l'une de ses caractéristiques qui m'a le plus frappée au cours de ma lecture.
J'y ai trouvé une ville de New-York exerçant une forte attraction sur une partie de la population américaine, notamment chez les plus jeunes qui souhaitent à tout prix y percer mais finissent par se brûler les ailes dans un univers avec ses codes qu'ils ne maîtrisent pas et qu'ils ne maîtriseront jamais, car l'élite new-yorkaise ne voit pas d'un très bon oeil ces jeunes loups et n'aura de cesse de leur rappeler leurs modestes origines.
Un monde à part avec ses lois et ses codes où tous les coups sont permis pour arriver à ses fins, une monde que j'ai déjà effleuré du doigt dans les romans "Gossip Girl" de Cecily von Ziegesar.
New-York serait donc une ville impitoyable ?
C'est ce qui ressort du roman de Cristina Alger, un roman multi-voix offrant la perspective de Paul Ross, jeune avocat entré dans le clan Darling par son mariage avec Merrill et dans l'entreprise familiale suite à son licenciement d'une société financière venant de faire faillite : "Il avait cru que les choses iraient mieux une fois qu'il commencerait à travailler à Delphic. Il avait cru que rien ne pourrait être plus stressant que ce qu'il avait vécu à Howary, surtout après la mise en cause de la boîte.", mais également celle d'Yvonne, la secrétaire de Penzell et Rubicam, les avocats protégeant les intérêts de la société de Carter Darling : Delphic, et du fonds incriminé RCM : "Il y avait tellement de choses qu'elle savait - des choses qu'elle ne devrait pas savoir, des choses qu'elle était censée avoir oubliées, des choses qu'elle n'était, croyait-on, pas suffisamment intelligente pour deviner toute seule. Cela faisait d'elle une menace.", de Marina, une jeune femme qui finit par réaliser que son rêve new-yorkais n'est pas celui auquel elle croyait et que le plus important dans sa vie c'est sa famille, en somme de toute une galerie de personnages qui vont se croiser, échanger, parfois se rencontrer et oeuvrer à un but commun : pour certains préserver Delphic, pour d'autres faire chuter cette société et sauver leur peau.
Ce roman est construit intelligemment, avec une introduction mystérieuse et un épilogue inattendu qui prendra par surprise le lecteur, à tel point qu'il est difficile, voire quasi impossible, de se rendre compte qu'il s'agit du premier roman de l'auteur.
Toutefois, ce livre pourrait sembler ardu à la lecture pour une personne novice à la finance et aux termes parfois barbares employés par l'auteur.
Ce n'était pas mon cas si bien que je comprenais ce dont il était question, néanmoins je me demande quelle en serait la perception par une personne ne connaissant pas grand chose au fonctionnement de la bourse ou aux opérations financières.
Je regrette également la fin, expédiée un peu trop vite et qui laisse certains personnages sur le carreau et le lecteur dans l'incertitude concernant leur avenir.
Il ne manque par grand chose à Cristina Alger pour tenir ses personnages du début à la fin et c'est un peu dommage qu'elle se soit en quelque sorte relâchée sur les dernières pages alors qu'elle les maîtrisait jusque là, mais c'est à mon avis un défaut de débutante qui peut se corriger par la suite.
Je regrette aussi l'absence d'un côté mordant, elle reste finalement gentille avec ses personnages, là où elle aurait sans doute pu se permettre plus de mordant, de coups bas et de méchanceté.
C'est aussi en cela que je trouve la fin moyenne, finalement l'auteur fait le choix de baisser le rideau au moment des mises en accusation et des procès, un peu trop facile et convenue comme façon de terminer le récit de cette famille qui chute de son piédestal pour être traînée dans la boue.
Là où par contre j'ai été déçue voire agacée, c'est par les nombreuses coquilles présentes dans le roman.
Des fautes de frappe, principalement des inversions de lettres, voire même des mots carrément zappés comme dans cette phrase : "Sans doute cela avait-il à voir avec le fait qu'elle se sentait.", fatiguée ? épuisée ? Car la phrase précédente n'a rien à voir avec son odeur corporelle mais plus par rapport à son état physique voire mental.
Il n'y a donc plus de relecture avant impression et publication ?
Voilà ce qui dégrade quelque peu l'image d'une maison d'édition comme Albin Michel, alors que la présentation du livre et la couverture sont réussies.
"Park Avenue" ou l'univers impitoyable de Wall Street, là où l'argent ne dort jamais, est un premier roman marquant avec une bonne maîtrise du sujet et une narration tendue qui ne se relâche qu'aux derniers mots écrits sur le papier.
Une belle découverte et une auteur à suivre qui travaille déjà à son second roman.
Je remercie les éditions Albin Michel et Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse critique.
Livre lu dans le cadre du challenge ABC Critiques 2012/2013 - Lettre A
Livre lu dans le cadre du challenge New-York en littérature 2013