samedi 2 février 2013
Les chroniques de Narnia Tome 1 Le neveu du magicien de Clive Staples Lewis
Polly trouve parfois que la vie à Londres n'est guère passionnante... jusqu'au jour où elle rencontre son nouveau voisin, Digory. Il vit avec sa mère malade et un vieil oncle original. Celui-ci force les deux enfants à essayer des bagues magiques qui les transportent dans un monde inconnu. Commence alors la plus extraordinaire des aventures... (Gallimard Jeunesse)
"Narnia, Narnia, Narnia, réveille-toi. Aime. Pense. Parle. Que les arbres marchent. Que les bêtes parlent. Que les eaux divines soient."
Avec ce premier tome des "Chroniques de Narnia" c'est tout un univers qui se crée et qui naît à la vie : celui de Narnia.
Pourtant, il faut attendre la moitié du roman pour enfin découvrir ce monde qui se crée sous les yeux ébahis du lecteur, tout comme sous ceux de Polly, Digory, l'oncle de ce dernier, une sorcière venant d'un autre monde et un cocher malencontreusement parti avec eux.
Avant d'échouer à Narnia, Polly et Digory sont allés dans le monde de Charn où ils sont revenus avec une reine qui se révèle très vite être en réalité une redoutable sorcière qui va manipuler Digory et son oncle pour parvenir à ses fins : "J'imagine que la majorité des sorcières se comporte ainsi, elles ont l'esprit épouvantablement pragmatique. Elles ne s'intéressent aux personnes et aux objets que s'ils peuvent les servir.".
De manipulations, il en est beaucoup question, car c'est l'oncle de Digory qui va lui forcer la main pour le faire voyager dans un autre monde grâce à une de ses bagues après y avoir envoyé Polly volontairement : "Car il savait - et il ne revint jamais là-dessus - qu'il ne pouvait décemment pas faire autrement."; mais Digory va lui aussi se laisser manipuler par la sorcière, dans le sens où sa curiosité l'emportera sur la raison et c'est lui qui la ramènera à la vie, contre l'avis de Polly.
J'ai trouvé de fortes connotations religieuses - au catholicisme - dans cet ouvrage, la tentation d'Eve avec la pomme n'est jamais bien loin.
Elle prend plusieurs formes : Digory se laissant emporter par sa curiosité et faisant sonner une cloche réveillant ainsi la sorcière, l'oncle de Digory fortement tenté de parcourir de nouveaux mondes mais ne souhaitant pas y aller lui-même, pour finir sur le jardin contenant un pommier dans lequel il ne faut prendre qu'une pomme et ne pas l'utiliser pour soi sous peine de châtiment, ce que fait bien Digory car il a grandi et compris ses erreurs mais que ne respecte pas la sorcière qui vole une pomme pour se nourrir faisant fi de la mise en garde.
Alors que pendant une bonne partie du livre Polly se montre plus raisonnable que les garçons, qu'il s'agisse de Digory ou de son oncle, voilà que l'auteur n'a pu s'empêcher d'écrire une version revisitée mais bien proche de l'original sur Eve mangeant le fruit défendu, mettant de surcroît une légère touche sexiste à son récit, le personnage de Polly venant contrebalancer cet effet.
C.S. Lewis était un catholique convaincu, ce livre en est une preuve formelle et cette croyance religieuse l'a fortement inspiré pour son roman.
Mais cela ne s'arrête pas là, car Aslan, le lion, est celui qui crée Narnia et les créatures peuplant ce monde. Certes, il ne met pas sept jours mais juste quelques heures, pourtant ce sont ses chants différents qui créent les paysages et les créatures, plaçant ainsi Aslan dans la position du dieu de Narnia.
Néanmoins, je ne me suis pas arrêtée ni focalisée sur ces considérations religieuses, l'histoire de cette série va au-delà de cet aspect et je n'ai pu manquer de relever le caractère fantastique de cette aventure qui est devenue assez vite passionnante pour la lectrice que je suis.
Malgré une narration un peu trop enfantine au début, le récit décolle assez vite, les aventures de Polly et Digory s'enchaînent rapidement et le style se modifie quelque peu.
Il y a toujours par moment une narration à la première personne du singulier, mais moins présente que dans les premiers chapitres, ce qui rend la lecture agréable.
Les personnages principaux sont des enfants mais ils apparaissent plus sensés que certains adultes, j'ai d'ailleurs noté que les adultes n'étaient pas vraiment glorifiés, comme s'ils avaient perdu une partie de leur âme d'enfant en grandissant, les rendant presque moins dignes que les enfants de connaître Narnia, exception faite du cocher et de sa femme, couronnés roi et reine de Narnia.
Les illustrations de Pauline Baynes sont réussies, ponctuent les moments importants du récit et renforcent le caractère fantastique de l'ensemble du récit, offrant au lecteur une version illustrée des descriptions et lui permettant de mieux s'imprégner de la magie de Narnia.
"Le neveu du magicien", premier tome des "Chroniques de Narnia", est une bonne entrée en matière dans cet univers fantastique qui ne m'a donné qu'une envie : lire la suite.
Il n'y a pas d'âge pour découvrir le monde de Narnia, la magie opère systématiquement, d'autant plus qu'il y a un deuxième niveau de lecture à ce récit le rendant particulièrement intéressant.
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