jeudi 30 novembre 2017
La femme du gardien de zoo de Diane Ackerman
Jan et Antonina Zabinski dirigent le zoo de Varsovie quand éclate la Seconde Guerre mondiale. La Pologne est envahie et bientôt règne la barbarie. Les animaux ont été tués sous les bombardements, envoyés à Berlin ou ont servi de gibier aux officiers allemands. Jan et Antonina se mettent alors à élever des porcs – officiellement pour les troupes, officieusement pour nourrir les habitants du ghetto. Surtout, ils profitent d’un réseau de souterrains reliant les cages pour y cacher des juifs et les faire quitter le pays… Grâce au courage de ce couple, trois cents d’entre eux seront sauvés. (Editions L'Archipel)
Inspiré du journal d'Antonina Zabinski, dont des extraits sont cités à plusieurs reprises, cet ouvrage est consacré à un couple, les Zabinski, gardiens du zoo de Varsovie avant-guerre qui vont mettre ce lieu au service de la protection des Juifs, soit en les cachant soit en les aidant à fuir.
Lorsque la guerre se déclare, Antonina n'est pas à Varsovie, elle est en vacances avec leur fils mais elle sent le monde se dérober sous ses pieds : "Antonina avait l'impression "de s'éveiller d'un long rêve, ou d'entrer dans un cauchemar", quoi qu'il en soit de vivre un séisme mental. En vacances loin du fracas politique de Varsovie, protégée par "l'ordre calme et serein de la vie paysanne, l'harmonie des dunes de sable blanc et des saules pleureurs", des animaux excentriques et les aventures d'un petit garçon égayant chaque journée, il lui avait été presque possible d'ignorer les événements du monde, ou du moins de rester optimiste à leur sujet, et même d'une naïveté obstinée.".
Lorsqu'elle revient, la réalité la heurte de plein fouet et plutôt que de tergiverser, elle se lance, avec son mari, dans la résistance et la protection, d'abord des animaux du zoo lorsque cela est encore possible, puis dans celle des humains, particulièrement les Juifs qui se retrouveront prisonniers du ghetto de Varsovie avant d'être déportés.
Qui se souvient des Zabinski, malheureusement pas grand monde et pourtant ils ont été honorés par Yad Vashem en 1968.
Qui sait aussi qu'une majorité de la population Polonaise a résisté, là encore pas grand monde, et pourtant l'état a su rester soudé pour lutter à sa manière contre l'occupant : "Aussi déroutante que devait être la vie sous l'Occupation, l'état polonais clandestin, uni par la langue plus que par le territoire lutterait sans discontinuer pendant six années.".
Cette lecture est un peu déroutante, tout d'abord par sa forme, car je m'attendais à un roman mais pas à cette forme de récit au plus près de la réalité, avec une retranscription que l'on pourrait qualifier (à tort) de froide émaillée d'extraits du journal d'Antonina Zabinski.
Passée cette surprise, je suis rentrée dans le récit dont j'ai apprécié les détails de la vie quotidienne, notamment avec les animaux du zoo.
Mais aussi par son histoire plutôt méconnue, et qui au final mériterait de l'être beaucoup plus car, à leur échelle, les Zabinski ont fait beaucoup pour aider les Juifs, Jan prenant même le risque d'en faire sortir du ghetto pour les cacher au zoo.
Les Zabinski vont croiser d'autres personnes bien réelles, j'ai eu grand plaisir à trouver sur ce chemin une autre résistante Polonaise, elle aussi Juste parmi les Nations, Irina Sendlerowa, qui a contribué à sauver des centaines d'enfants Juifs et qui a malheureusement été oubliée depuis.
C'est fort regrettable ces oublis, car on a finalement une vision noire de l'histoire de Pologne durant cette période, de telles personnes contribuent à l'éclaircir quelque peu et surtout à éviter les raccourcis en mettant tous les Polonais dans le même panier.
J'ai aussi découvert le rôle du zoo de Varsovie avant-guerre dans la préservation de certaines espèces, mais aussi l'importance, et la richesse aujourd'hui, de la forêt de Bialowieza : "Il y a de nombreuses formes d'obsessions, les unes diaboliques, les autres fortuites. Quand on se promène à travers la richesse de Bialowieza, on ne devinerait jamais l'influence qu'elle a eue sur les ambitions de Lutz Heck, le sort du zoo de Varsovie et l'opportunisme altruiste de Jan et Antonina, qui ont exploité l'intérêt obsessionnel des nazis pour les animaux préhistoriques et une forêt primitive afin de sauver une foule de voisins et d'amis en danger de mort.".
Je compte bien retourner en Pologne et désormais cette forêt revêt un intérêt particulier pour moi, de plus les Zabinski ont été assez malins pour utiliser à bon escient le fanatisme écologique des nazis, là aussi un aspect que l'on a tendance à occulter (il fallait libérer les animaux servant de cobayes, dans le même temps on tuait sans sourciller des êtres humains et on en utilisait d'autres comme cobayes).
Ce récit permet aussi de saisir sur le vif les conditions de vie dans la Pologne de la Seconde Guerre Mondiale, un témoignage intéressant qui permet d'élargir ses horizons.
Je regrette que le film qui en ait été tiré ne sorte pas sur nos écrans, j'aurai sans doute été le voir.
"La femme du gardien de zoo" est un récit émouvant mettant en lumière un couple tombé dans l'oubli, et tout particulièrement le caractère et la volonté de fer d'une femme, Antonina Zabinski, à préserver la vie coûte que coûte, au péril de sa propre vie et de celle de sa famille.
Belle leçon d'abnégation !
mercredi 29 novembre 2017
Dunkerque (Dunkirk) de Christopher Nolan
Le récit de la fameuse évacuation des troupes alliées de Dunkerque en mai 1940. (AlloCiné)
Christopher Nolan se lance dans un film historique, une première pour ce réalisateur, en s’attachant au récit de l’évacuation des troupes alliées de Dunkerque en mai 1940, un épisode de la Seconde Guerre Mondiale dont on ne parle que peu souvent et connue sous le nom d’Opération Dynamo.
Pour la faire courte, les troupes alliées sont coincées dans la poche de Dunkerque, le seul moyen de les évacuer est par voie maritime mais cela est très compliqué par les incessants bombardements aériens.
Pour avoir une chance de rebondir et modifier le cours de la guerre, la Grande-Bretagne décide d’évacuer les troupes en ciblant un nombre de personnes jugé suffisant pour préparer une contre-offensive et fait pour cela appel à toutes les ressources maritimes possibles, particulièrement les voiliers appartenant à des civils.
L’appel sera entendu, les bateaux viennent nombreux et l’opération est un succès, le nombre d’évacués étant plus important que celui escompté, ce qui a permis de reconstituer une armée pour l’issue que l’on connaît quelques années après.
Même dans un film historique Christopher Nolan garde sa marque de fabrique en ayant recours à trois espaces temps différents : sur terre avec les soldats attendant d’être évacués sur la plage, sur mer avec l’armée Anglaise et les civils pour l’évacuation, et dans les airs avec l’aviation Anglaise faisant le tout pour le tout afin de faciliter l’évacuation par voie maritime.
Evidemment le laps de temps n’est pas le même pour ces trois classes, c’est nettement moins retors que dans ses autres films mais cela nécessite tout de même un minimum d’attention pour ne pas se perdre.
La qualité de l’image est particulièrement belle, Christopher Nolan a soigné sa mise en scène et a tourné en 70 mm Imax et Super Panavision 65 mm, comme Quentin Tarentino pour "Les huit salopards" à titre d’exemple. Sur le papier, et techniquement, c’est merveilleux, le hic c’est que les copies sont réduites à du 35 mm ce qui conduit à un appauvrissement de la qualité.
Et si comme moi vous l’avez vu sur un écran de cinéma, certes, mais de taille modeste, et bien j’ai trouvé le résultat final trop écrasé et je n’ai pas pu l’apprécier à sa juste valeur.
C’est un peu dommage car les scènes de batailles sont impressionnantes, qu’elles prennent place dans les airs ou sur mer, à tel point que j’ai presque eu la sensation d’être prisonnière du bateau qui coule et de me retrouver à me débattre pour l’extraire des flots.
Je dis bien presque car à mon avis si j’avais vu le film en condition réelle cela aurait été effectivement le cas.
Si les batailles sont impressionnantes, elles ne sont pas sanglantes, elles gardent toutefois un caractère de violence et permettent de saisir toute l’horreur de la situation pour les soldats à ce moment-là, qui se sont vus mourir plusieurs fois et qui ont assisté, impuissants, à la mort de centaines d’autres.
L’aspect surprenant de ce film, c’est qu’il est complètement déshumanisé car aucun personnage n’est connu ni présenté sous un nom, hormis de rares exceptions comme le Commander Bolton.
La volonté du réalisateur en agissant ainsi est bien évidemment de faire primer les événements sur l’individu, il fait ici un film historique et pas l’histoire d’un soldat en particulier.
Quelques habitués de Christopher Nolan sont présents à l’écran, comme Tom Hardy (décidément plus je vois cet acteur plus j’apprécie son jeu) ou Cillian Murphy.
Quelques grandes têtes d’affiche sont présentes, à l’image d’un Mark Rylance ou d’un Kenneth Brannagh particulièrement inspiré, pour une bonne partie du casting Christopher Nolan a fait appel à la jeune génération, dont certains ne sont pas connus voire même dont il s’agissait de la première fois à l’écran (Harry Styles, il paraît qu’il est connu, pas de moi en tout cas).
J’en citerai deux, Fionn Whitehead et Barry Kheogan, je les ai trouvés juste et ils collaient bien avec leur personnage.
Le casting est en tout cas de qualité, mais là aussi c’est habituel chez ce réalisateur.
Pour sa première incursion dans ce genre, Christopher Nolan a visé juste avec "Dunkerque", un film plutôt bien construit et méticuleux dans sa reconstitution historique.
mardi 28 novembre 2017
Valérian et la cité des mille planètes (Valerian and the City of a Thousand Planets) de Luc Besson
Au 28ème siècle, Valérian et Laureline forment une équipe d'agents spatio-temporels chargés de maintenir l'ordre dans les territoires humains. Mandaté par le Ministre de la Défense, le duo part en mission sur l’extraordinaire cité intergalactique Alpha - une métropole en constante expansion où des espèces venues de l'univers tout entier ont convergé au fil des siècles pour partager leurs connaissances, leur savoir-faire et leur culture. Un mystère se cache au cœur d'Alpha, une force obscure qui menace l'existence paisible de la Cité des Mille Planètes. Valérian et Laureline vont devoir engager une course contre la montre pour identifier la terrible menace et sauvegarder non seulement Alpha, mais l'avenir de l'univers. (AlloCiné)
Dire que j’attendais avec impatience cette adaptation est un doux euphémisme.
Le souci, c’est que Luc Besson est capable du meilleur comme du pire.
Et puis il y a toutes ces discussions autour du film et de son réalisateur, ceux qui contestent sa cité du cinéma et les autres qui applaudissent son initiative.
Je fais partie de la deuxième catégorie, mais il faut reconnaître que Luc Besson a tout de la mentalité Américaine et que cela passe mal en France.
Le Français n’aime pas être bousculé dans ses certitudes, ses habitudes, et sa haute opinion qu’il se fait sur le septième art. Le but ici n’est pas de polémiquer mais bien de parler du film, entrons donc dans le vif du sujet.
Ce film, Luc Besson en rêvait depuis des années.
Nous aussi, lecteurs inconditionnels de la bande dessinée signée Pierre Christin et Jean-Luc Mézières.
Heureusement que Luc Besson a su être patient, ce film n’aurait pas pu être réalisé par le passé, il fallait laisser le temps à la technologie d’évoluer pour rendre justice au merveilleux univers créé dans la bande dessinée.
Et je crois bien qu’en dehors d’un réalisateur Américain aucun cinéaste Européen n’aurait été en mesure de le faire, hormis Luc Besson.
Visuellement, ce film est une pure merveille et un concentré de technologie, de ce qui se fait de meilleur dans ce domaine. Je l’ai pour ma part vu en 3D, cette technologie apporte un réel plus et est complètement justifié tant l’univers est riche de détails.
D’un autre côté, visuellement le film envoie tellement du lourd que cela frôle la fatigue visuelle tant l’attention doit être constante du début à la fin. Certes, Luc Besson avait déjà su innover avec "Le cinquième élément", ici il repart sur cette base et utilise les améliorations de la technologie. N’empêche, il fallait avoir le culot et les moyens de le faire.
Les mauvaises langues critiqueront en disant que l’histoire n’est qu’une pale resucée de celle du "Cinquième élément", avec la lutte entre le bien et le mal, que les effets visuels n’ont rien à envier à ce précédent film, et que Luc Besson s’est contenté de plagier "Avatar" de James Cameron, notamment avec la peuplade pacifique aux douces teintes bleues lors de la scène d’ouverture.
Personnellement je préfère le style de Luc Besson, je n’aime ni James Cameron ni ses réalisations, et je ne m’en cache pas.
L’histoire est en grande partie issue de "L’ambassadeur des ombres", l’un de mes tomes préférés, mais elle mêle aussi d’autres thèmes repris dans la série.
Pour l’avoir lue en grande partie, je trouve que le scénario respecte bien l’esprit de la bande dessinée et que certaines innovations sont bienvenues.
Je craignais que l’esprit ne soit pas respecté, l’honneur est sauf et le film a su garder les bons ingrédients de cette série.
Dans la bande dessinée, il est souvent question d’oppression, de liberté, de disparition de peuplades, la lutte universelle entre le bien et le mal (Dieu fait même une apparition), pour ceux qui reprochaient ce thème trop facile désolée mais c’est aussi le cas dans la bande dessinée.
La scène d’ouverture du film est très belle et bien conçue, sur fond de Space Oddity, hommage à David Bowie, le réalisateur retrace en quelques images la conquête spatiale jusqu’à la création de Point Central, la station regroupant toutes les créatures de l’univers.
A ce stade, il faut que j’avoue que j’allais aussi voir le film pour y découvrir mes chouchous d’amour, j’ai nommé les Shingouz.
Au cas où vous ne le sauriez pas, je voue une passion pour ces êtres sympathiques et roublards qui me font toujours rire.
Ils ne sont pas dénaturés à l’écran, ouf !
Le personnage de Laureline est assez proche de celui de la bande dessinée, c’est une jeune femme forte avec du caractère, qui sait ce qu’elle veut, et qui n’hésite pas à remettre à sa place le parfois balourd Valérian.
Laureline, c’est le personnage féminin typique que l’on retrouve dans le cinéma de Luc Besson, à l’instar d’une Nikita ou d’une Mathilda.
Luc Besson aime ce genre de personnage, cela se ressent dans le scénario et la place accordée à cette touche féminine qui n’en est d’ailleurs plus une tant elle est présente dans tous les plans.
Grosse déception quant au personnage de Valérian, il n’a jamais été hyper fute-fute et il a un cœur d’artichaut, mais là il est un sombre crétin doublé d’un coureur de jupon et harceleur d’une pauvre Laureline qui le repousse à plusieurs reprises (mais en bon relou il insiste. Après le harcèlement de rue, voici le harcèlement de navette).
Là où le bât blesse sérieusement, c’est le casting.
Certains rôles secondaires sont plaisants, comme Alain Chabat, par contre d’autres ne servent pas à grand-chose, juste à faire plaisir aux amis invités pour quelques jours de tournage, à l’image de Rihanna et son personnage de Bubble.
C’est très Américain les caméos, si cela apporte quelque chose au film ou ne le dégrade pas, pourquoi pas, mais si c’est juste histoire d’attirer les foules parce qu’il y a untel c’est juste se faire plaisir.
Cara Delevingne n’est pas vraiment une actrice, cela se voit à l’écran qu’elle a quelques lacunes en interprétation, et encore qu’elle arrive à ne pas s’en sortir trop mal, il faut dire que son personnage est bien construit et lui permet de se glisser dedans aisément et de camoufler ses faiblesses.
Par contre Dane DeHann n’est pas non plus un véritable acteur et il joue comme un pied.
Non seulement il ne cadre pas physiquement avec le personnage de Valérian, mais il ne dégage rien : aucune émotion, aucune présence, aucune prestance.
Quelle monumentale erreur de casting qui vient gâcher le film. Je lui conseille vivement de changer de métier, franchement il transpire la nullité, ce qui est encore pire que la médiocrité car cela ne peut s’arranger avec le temps.
Eric Serra n’a pas signé la musique, et bien cela s’entend car la bande musicale est nettement en-dessous et Luc Besson avait habitué à plus soigner cet aspect de ses films.
"Valérian et la cité des mille planètes" est un bon film d’effets spéciaux et une adaptation correcte de la bande dessinée, dommage que le casting soit si inégal et gâche l’ensemble.
lundi 27 novembre 2017
Le Caire Confidentiel (The Nile Hilton Incident) de Tarik Saleh
Le Caire, janvier 2011, quelques jours avant le début de la révolution. Une jeune chanteuse est assassinée dans une chambre d’un des grands hôtels de la ville. Noureddine, inspecteur revêche chargé de l’enquête, réalise au fil de ses investigations que les coupables pourraient bien être liés à la garde rapprochée du président Moubarak. (AlloCiné)
Inutile de chercher midi à quatorze heures, le titre Français du film est clairement un hommage à "L.A Confidential", et l’hommage ne s’arrête pas là, car ce film a tout d’un grand polar. D’ailleurs, les festivals ne s’y sont pas trompés car ce film a été récompensé au Festival Sundance et à celui du film policier à Beaune.
Et dire que ce film n’a pas pu être tourné au Caire … trois jours avant le début du tournage les services de sécurité Egyptiens ont fermé le plateau, résultat il a été filmé au Maroc (j’avais lu en Algérie … quelle source est la bonne ?).
Pourtant, c’est cela qui est fou, on a totalement l’impression d’être au Caire.
La couleur, l’ambiance, les petites rues, les immeubles où s’entassent la population, il ne manque que l’odeur pour s’y croire véritablement.
"Le Caire Confidentiel", c’est un film d’ambiance, et comme tout bon polar qui se respecte c’est dans la fumée des cigarettes que se déroule l’intrigue.
Parce que qu’est-ce que ça fume … à tel point que l’on finit par avoir la sensation de la fumée nous arrivant sur le visage et imprégnant les cheveux.
Très vite le spectateur a aussi la nette impression d’être plongé dans ce Caire de misère, où tout le monde est corrompu, à commencer par les flics, où les chanteuses sont aussi des prostituées prenant dans les mailles de leur filet des hommes crédules pour leur extorquer de l’argent.
Qu’elle est loin l’image de rêve du Caire, ses pyramides, son musée d’égyptologie.
Si le scénario est tiré d’une histoire vraie, le contexte est lui aussi bien réel, l’intrigue se déroulant quelques jours avant le Printemps Arabe.
D’ailleurs, l’image finale du film est tout simplement fabuleuse et hautement symbolique.
L’atmosphère est évidemment très présente dans ce film, mais sa qualité doit aussi beaucoup au scénario et à l’interprétation des acteurs.
Ainsi Fares Fares campe un Nourredine criant de vérité, énorme révélation du film tant ce comédien dégage quelque chose dans son attitude et dans son jeu.
Mention spéciale aussi pour Hania Amar dans le rôle de Gina.
Très vite une tension s’installe, elle ne se relâchera pas jusqu’à la fin, et même en sortant de la salle le spectateur est encore sous tension.
C’est à cela que l’on reconnaît un bon film bien monté, on a l’impression de passer de l’autre côté de la toile pour suivre le personnage dans ses déambulations.
Et ses désillusions sur la fin d’une époque et une autre qui s’ouvre dans le chaos sans forcément s’annoncer meilleure.
"Le Caire Confidentiel" est un polar d’une redoutable efficacité et l’un des films forts de cette année 2017, à voir et à revoir tant cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un aussi bon film de ce genre.
dimanche 26 novembre 2017
Winter de Rick Bass
Winter est le récit de l’installation de Rick Bass et de sa femme dans un coin reculé du Montana en plein hiver. Pas d’électricité, pas de téléphone, juste un saloon à une demi-heure de route. Mais une vallée comme au début du monde, une nature splendide et cruelle. Par moins trente-neuf degrés, le rêve se fait parfois souffrance. Dans une prose lumineuse, le défenseur de l’environnement Rick Bass redécouvre, au terme d’un progressif dépouillement, l’essentiel. (Folio)
Rick Bass et sa compagne ont décidé d'aller s'installer dans un coin reculé du Montana pour y passer l'hiver, une volonté de leur part pour vivre dans un décors de rêve, sans téléphone, sans électricité, où le moindre pépin peut se transformer en catastrophe lorsque les routes sont enneigées et la ville la plus proche à plus d'une heure de route.
C'est cette expérience que l'auteur raconte dans ce livre, le temps d'adaptation, les petits tracas, mais surtout le plaisir de retrouver un style de vie ancien, où les bonheurs sont simples et à portée de main de tous.
J'aime beaucoup ce principe de retour aux sources, partir loin pour vivre plus simplement, redécouvrir le plaisir d'un feu de cheminée, de soirées passées à lire sans télévision ou radio, dans une nature encore à peu près sauvage et relativement bien conservée.
Dit ainsi cela paraît idyllique, mais la réalité l'est moins et c'est aussi ce que vont découvrir Rick Bass et sa compagne, notamment avec le mal du pays : "Bien sûr, nous avons le mal du pays. Et si tout ça ne coûtait rien - notre bonheur et notre liberté - , ça ne vaudrait pas la peine de l'avoir.", ou encore quelques accidents domestiques qui auraient pu devenir graves comme un début d'incendie.
Il faut aussi se préparer pour un hiver qui est forcément rude et qui arrive un peu sans prévenir : "Le problème immédiat, pressant, j'en avais conscience, c'était que l'hiver n'était plus éloigné que d'un mois peut-être. Or, je ne savais rien de l'hiver. Je ne l'avais jamais vu auparavant, et j'éprouvais, dans cette attente, un véritable vertige de terreur, une transe d'émerveillement.".
L'auteur parle souvent de ses coupes de bois, qu'il n'en a jamais assez, tout de suite j'ai pensé à Charles Ingalls dans "La petite maison dans la prairie" mais la comparaison s'arrête-là, car même s'il y a peu de ressources dans ce coin du Montana c'est toujours mieux qu'au XIXème siècle dans le Minnesota.
Ce choix de vie est une forme de fantasme, en tout cas de mon côté, je ne suis pas sûre de franchir le pas mais j'ai apprécié la démarche de l'auteur et c'est la raison principale qui m'a poussée à lire ce roman.
C'était ma première lecture de Rick Bass, j'ai apprécié sa franchise dans son récit, ses aventures m'ont intéressée, d'autant que le roman se lit rapidement, mais j'ai été un peu déçue qu'il s'arrête ainsi, l'hiver ayant tout juste commencé.
Je m'attendais à ce que le récit couvre cette saison jusqu'au printemps, la majorité du roman s'intéresse plutôt à l'avant hiver et aux préparatifs que son arrivée engendre.
Je voulais du froid, de la neige, deux personnes coupées de tout, fort heureusement ce n'est pas le cas et il y a une solidarité qui s'installe rapidement entre les habitants et les nouveaux venus, dont certains ne passeront pas une saison supplémentaire.
C'est bien le seul petit regret que cette lecture a engendré, pour le reste elle tient toutes ses promesses et je vais sans tarder découvrir d'autres œuvres de cet auteur dont le style m'a particulièrement plu.
"Winter" est un témoignage intéressant d'un retour aux ressources et à la simplicité dont Rick Bass a fait le choix en 1987, un classique du genre littéraire Nature Writing à lire en toute saison.
Ça (It) - 1ère partie d’Andreas Muschietti
À Derry, dans le Maine, sept gamins ayant du mal à s'intégrer se sont regroupés au sein du "Club des Ratés". Rejetés par leurs camarades, ils sont les cibles favorites des gros durs de l'école. Ils ont aussi en commun d'avoir éprouvé leur plus grande terreur face à un terrible prédateur métamorphe qu'ils appellent "Ça"… Car depuis toujours, Derry est en proie à une créature qui émerge des égouts tous les 27 ans pour se nourrir des terreurs de ses victimes de choix : les enfants. Bien décidés à rester soudés, les Ratés tentent de surmonter leurs peurs pour enrayer un nouveau cycle meurtrier. Un cycle qui a commencé un jour de pluie lorsqu'un petit garçon poursuivant son bateau en papier s'est retrouvé face-à-face avec le Clown Grippe-Sou. (AlloCiné)
Avec cette chronique, nous allons flotter.
Je me souviens de la série en deux épisodes de 1990, j’étais jeune lorsque je l’ai vue et elle m’avait bien foutu les jetons (depuis, je ne regarde plus de la même façon les bouches d’égout et d’écoulement des eaux pluviales).
(Avouez-le, rien qu’à la lecture de ces mots vous commencez à flotter)
J’ai depuis revu cette série, étrangement je n’ai plus eu peur (j’ai grandi, certes) et il faut reconnaître qu’elle a un côté un peu kitsch.
Quand j’ai appris qu’une nouvelle adaptation cinématographique du roman de Stephen King était prévue, j’ai pensé "Mouais, pourquoi pas".
Je n’étais pas forcément partante pour aller la voir, et puis il y a eu quelques séances dans le cadre de Halloween, donc je me suis dit pourquoi pas aller à Derry flotter.
(Viens nous rejoindre en bas, nous flottons tous)
Le film est coupé en deux parties, plutôt que de conserver les allers-retours comme dans le roman, le cinéaste (qui n’était pas le premier pressenti, il y a eu changement de réalisateur) a choisi de consacrer cette première partie aux enfants, la deuxième concernera donc les adultes et leur retour à Derry.
Le scénario a aussi déplacé l’action, elle commence dans les années 80 et se finira à notre époque.
J’attends de voir ce que donnera le deuxième volet mais je suis mitigée à cette pensée, cela fait perdre une partie de la tension de l’histoire, il est à mon avis plus facile de s’aventurer dans les égouts avec un moyen de communication avec l’extérieur comme un téléphone portable alors que cela n’existait pas à l’époque où le roman se déroule.
Avec l’arrivée de la technologie, cette histoire pourrait donc perdre une partie de son côté horrifique.
A propos d’horreur, il est temps de parler maintenant de celui qui propose si gentiment de le rejoindre pour flotter.
(Vous êtes légers, vous flottez, vous flottez)
Pour succéder à l’immense Tim Curry, c’est le jeune acteur Bill Skarsgard qui se colle dans le costume de l’affreux clown Grippe-Sou.
Ce n’était pas lui qui était supposé endosser le costume, le rôle était prévu à l’origine pour le jeune Will Poulter, dont on parlera de la prestation dans Detroit d’ici peu.
Ce clown est plus élaboré que le précédent, il fait peur mais pas tant que ça au final.
C’est un peu la surprise de ce film, il ne fait pas si peur que cela au final, d’autant que la bande annonce dévoile plusieurs scènes susceptibles de faire sursauter le spectateur.
(Toi aussi, tu flotteras)
La scène d’ouverture se déroule sous la pluie, le jeune George demande à son frère Bill de mettre de la paraffine sur son bateau en papier pour qu’il aille l’essayer, il sort tout content, son bateau flotte (et vous aussi, ne l’oubliez pas) et finit dans une bouche d’égout.
Où se trouve un clown.
Qui dévore le bras de George, après lui avoir fait la causette, et le tire à lui pour qu’il vienne flotter là-dessous.
C’est le début du réveil de Ça après une phase de sommeil, le cauchemar des enfants de Derry est de retour.
Normalement cette scène devrait faire hurler, sauf que la pire scène est épargnée, le spectateur n’assiste pas à l’arrachage du bras, il le devine par la mare de sang.
A ce stade, j’ai compris que je n’allais pas flipper ma race dans la salle obscure.
J’étais limite un peu déçue, je venais pour ça (et pour flotter).
(D’ailleurs, tout se passe bien, vous flottez ?)
Bill et six autres adolescents se font martyriser par des camarades de classe, ils finissent par se regrouper et se désignent sous le nom de Club des ratés, et décident durant cet été de chasser Ça, cette entité maléfique qui leur est apparue à chacun d’eux sous une forme différente.
Au revoir le loup-garou, adieu la momie, bonjour le lépreux et la joueuse de flûte du tableau de Modigliani.
Sauf qu’un lépreux, cela fait nettement moins peur qu’une momie, ou un loup-garou. Surtout quand il apparaît en plein jour. Tout le temps.
J’arrive donc à l’endroit où le bât blesse, pour qu’il y ait horreur il faut qu’il y ait une tension, or il n’y en a pas dans ce film.
Je ne parle pas d’hémoglobine mais d’une ombre, d’un bruit, de petits détails qui surgissent à l’improviste et font sursauter le spectateur (comme dans The Jane Doe Identity par exemple).
Là Grippe-Sou est très présent à l’écran, souvent en plein jour, il ne fait pas peur, et puis on devine facilement ses tours de magie ainsi que les effets spéciaux.
Il semblerait que le réalisateur ait choisi de retirer une scène particulièrement horrifique sur le passé de Grippe-Sou, à l’époque où il sévissait déjà à Derry mais où sa forme n’était pas complète. Voilà ce que j’aurai souhaité voir à l’écran !
Espérons que le deuxième volet comblera la lacune du manque de tension, car ce premier opus n’est pas un film d’horreur, mais un bon drame.
J’ai apprécié que le scénario se focalise sur les enfants, sur leurs interactions.
Beverly est une jeune fille forte, le personnage diffère en cela de celui du roman, limite elle n’a pas besoin des garçons, elle n’a pas peur.
Beverly est le liant entre les membres du Club des Ratés, c’est tout à fait vrai dans le livre et c’est la façon choisie par la réalisateur pour l’illustrer, pourquoi pas, cela en fait une héroïne moderne éloignée de la princesse en détresse.
Je profite pour faire un aparté, lors d’une discussion sur la suite de ce film, attention je vais spolier un évènement majeur donc si vous ne souhaitez pas être informé sautez quelques lignes, une lumière (non morte) m’est apparue sur la raison du suicide de Stan (qui ne reviendra donc pas à Derry) : c’est le seul croyant du groupe, ce qui laisserait penser qu’il y a une dimension religieuse à cette histoire et que lorsque l’on est croyant on garde des souvenirs de Ça qui normalement s’estompent lors des phases de sommeil de l’entité.
Pour en revenir au drame, il est question de harcèlement scolaire, de différences, et c’est de façon très agréable que l’humour vient prendre le dessus sur toute cette violence, cette noirceur.
(You will float, you will float)
Car ce premier opus est drôle, particulièrement dans les échanges entre les enfants, et ça je ne m’y attendais vraiment pas, et c’est la bonne surprise de ce film.
Je suis un peu plus partagée sur d’autres points du scénario, notamment des circonstances, comme les lumières mortes, qui ne devaient apparaître que dans l’histoire des adultes.
D’autres éléments ont été vite expédiés, comme le vélo Silver.
Je me demande ce qui fera la matière du prochain film si cela a déjà été montré ici.
"Ça" est une adaptation tout à fait honnête du roman de Stephen King, ne vous attendez pas forcément à frissonner et à hurler mais c’est un film solide dont j’espère que le deuxième volet sera plus horrifique que celui-ci.
(Vous pouvez arrêter de flotter et reprendre une activité normale.
Ou pas)
samedi 25 novembre 2017
Solange te parle de Solange
De l’art d’accueillir une bonne nouvelle à la nécessité de savoir dire « Je t’aime », d’un éloge hilarant du pénis à une réflexion sur la société narcissique, Solange, fausse neurasthénique et vraie timide, mi-ingénue mi-démon, parle du droit à la différence, du corps et du désir, de l’inadaptation, de la pornographie, de la solitude, de la génération des digital natives. (Payot)
Je connais évidemment les vidéos Solange te parle, l'un des intérêts de cette lecture était donc de découvrir ce qu'elle valait à l'écrit après l'oral : "Ce que j'ai à communiquer est proprement incommunicable.".
Il se trouve que ce court livre est une suite de réflexions de Solange (Ina Mihalache de son vrai nom) jetées sur le papier, avec certaines questions qui trouvent un écho en nous : "Parce que si tu n'aimes pas ton travail, et que tu te lèves tôt et couches à l'heure que tu peux en n'ayant pas vraiment fait ce que ton cœur et ton ventre sont programmés pour désirer, alors quelle est ta vie ? De quoi rêves-tu ?", et d'autres complètement barrées : "De nos jours, quel est le destin des animaux empaillés ?" (j'espère surtout que l'on arrête d'empailler les animaux).
Si cela passe bien en vidéo j'ai trouvé cela moins vrai à l'écrit, ça a l'avantage de se lire très rapidement mais au final je la trouve moins percutante à l'écrit qu'à l'entendre et à la voir.
Pourtant certains thèmes abordés sont intéressants, comme le droit à la différence, le rapport que l'on a à son corps et au désir, mais d'autres ne font pas mouche.
J'aime son regard de Canadienne sur nous Français, mais je prends plus de plaisir à l'écouter qu'à la lire.
"Situation très puérile : le mot, qui n'a pas de définition claire, porte malgré tout un sens puisque chacun l'utilise et qu'il est de toute évidence connoté péjorativement. C'est celui qui l'dit qui l'est.", c'est sans doute cela Solange, peut-être aurais-tu rester au stade de la vidéo sur Youtube plutôt que de te lancer dans l'écriture, ou bien peut-être aurai-je dû me contenter des vidéos et de ne pas chercher plus loin, ainsi ce "Solange te parle" ne m'aurait pas laissé ce goût mi-figue mi-raison.
La belle et la meute (Aala Kaf Ifrit) de Kaouther Ben Hania
Lors d'une fête étudiante, Mariam, jeune Tunisienne, croise le regard de Youssef. Quelques heures plus tard, Mariam erre dans la rue en état de choc. Commence pour elle une longue nuit durant laquelle elle va devoir lutter pour le respect de ses droits et de sa dignité. Mais comment peut-on obtenir justice quand celle-ci se trouve du côté des bourreaux ? (AlloCiné)
Ce film ne dure qu’une heure quarante et pourtant le spectateur a l’impression que cette descente aux enfers dure plus longtemps, voire même est interminable.
L’histoire est adaptée d’un fait divers mais la réalisatrice a pris beaucoup de libertés avec les personnages et les faits réels. Mariam (excellente Mariam Al Ferjani), jeune Tunisienne, croise Youssef (Ghanem Zrelli) lors d’une soirée.
Quelques heures plus tard elle erre dans la rue en état de choc, elle vient de se faire violer par des policiers tandis qu’un autre obligeait Youssef à retirer de l’argent au distributeur.
Youssef ne l’abandonne pas et Mariam décide porter plainte, le cauchemar ne fait que continuer pour elle au cours de cette nuit qui n’en finit pas.
J’avais été ébranlée par "Much Loved" de Nabil Ayouch, ce film de Kaouther Ben Hania m’a encore plus remuée.
Outre l’histoire de Mariam, tout simplement horrible, et le calvaire que celle-ci va vivre pour faire reconnaître ses droits et sa dignité alors que la justice se trouve du côté de ses bourreaux, cela tient à la mise en scène de la réalisatrice.
Celle-ci a bâti son film avec des plans-séquences, ce qui a pour résultat de plonger le spectateur dans le réel de manière très forte, et très convaincante.
Le déroulé de la nuit et des violences, tant physiques que verbales, à l’égard de Mariam n’en finissent pas, à tel point que j’ai fini par étouffer dans ce film.
J’avais la sensation d’être en apnée, de retenir mon souffle jusqu’à la délivrance.
Si la réalisatrice a voulu placer le spectateur dans la tête de Mariam, c’est réussi. L’autre atout de ce film, c’est que le personnage de Mariam n’est pas une militante, juste une femme qui cherche à lutter contre la banalisation du mal. Militante, elle le devient de fait après ce qu’elle a subi, au contraire de Youssef qui lui est nettement plus politisé qu’elle.
Et il me faut souligner le jeu impeccable de Mariam Al Ferjani, la révélation de ce film, qui offre au personnage une beauté, un côté innocent ainsi qu’une volonté de fer pour faire reconnaître ses droits et le préjudice dont elle a été victime.
J’ai été favorablement impressionnée par la maîtrise de Kaouther Ben Hania et tout le travail que ce film a dû lui demander, le résultat est percutant et pousse chacun à réfléchir.
"La belle et la meute" est l’une des claques cinématographiques de cet automne, un film puissant et engagé qu’il est nécessaire de voir.
vendredi 24 novembre 2017
Quatre sœurs - Tome 4 Geneviève de Malika Ferdjoukh
L'été a vidé la Vill'Hervé. Hortense et Enid sont à Paris, pour voir leurs cousins, Désirée et Harry. Bettina est partie camper avec les DBB. Charlie se demande toujours comment faire pour nourrir, loger et blanchir tout son monde. Geneviève passe ses journées à la plage à vendre des chichis et des churros en regardant passer les bateaux, les pédalos, les glaces à l'eau et surtout le ténébreux Vigo. Il la promène en barque, la mène en bateau, lui donne rendez-vous et disparaît. Geneviève est toute tourneboulée. Et la Vill'Hervé, quoique vide, est sens dessus dessous, vu qu'avant, c'est elle qui rangeait tout. D'ailleurs, vide, la maison ne l'est plus tellement. Hortense et Enid ont ramené leur tante Jupitère. Les DBB ont ramené leur voisin de camping pour le remercier de leur avoir sauvé la vie. Geneviève est revenue de la plage et de quelques illusions. Alors, cette maison soudain pleine d'hôtes, forcément, ça donne des idées à Charlie... (L'école des Loisirs)
Ce dernier tome, déjà, est consacré à Geneviève, la plus discrète de la fratrie et celle qui, après Charlie, est la plus mûre et la plus posée.
Bien entendu, hors de question qu'elle soit laissée de côté, elle mérite aussi qu'un tome lui soit consacré d'autant qu'elle n'était que présente jusque-là, pas assez à mon goût dans tous les cas.
Pour autant, ce n'est pas qu'il ne se passe rien dans sa vie, car la voilà aux affres de l'amour face à un mystérieux garçon qui est tout son opposé et qui la pousse à se remettre en question, à devenir coquette et à passer des heures dans la salle de bain : "Dans la salle de bains, ce soir-là, Geneviève se lança dans une série d'essais de coiffure. Elle releva ses cheveux, les abaissa, tortillona, tire-bouchonna, ébourrifa, les roula, les déroula, les tressa, les détressa, les stressa, les cajola, les malmena, les câlina, les persécuta, les tendit, les détendit, les brossa à rebours, en l'air, en bas, en vrille, en soufflé, en raplapla, en chou, à la Rita, à la Mylène, à la Joconde, à la Greta, à la Mikey, Minnie, Carla, Laetitia... Elle finit par se les brosser comme tous les jours. Normal, queue-de-cheval.".
Hortense et Enid sont quant à elles parties à Paris pour passer une partie de l'été chez les cousins, mais là aussi les vacances ne seront pas de tout repos et le drame n'est jamais loin de la famille Verdelaine.
Ce quatrième tome est tout aussi savoureux que les précédents, avec des passages particulièrement touchants, l'auteur offrant une vision d'un Paris pauvre, de personnes trimant pour essayer de faire vivre leur famille tout en habitants dans des conditions pas toujours très salubres.
Malika Ferdjoukh aurait pu tomber dans le grotesque ou le pathos, mais sa plume fait toujours mouche, un peu à l'image d'une Marie-Aude Murail.
Tout au long de cette série, les parents, décédés, apparaissent à chacune des filles pour leur prodiguer des conseils, j'ai beaucoup aimé ce point de vue car cela permet de nuancer la tristesse de leur disparition et puis cela offre quelques situations comiques.
Ils jouent le rôle d'anges gardiens et même s'ils ne sont plus physiquement présents ils le seront toujours spirituellement et dans le cœur de leurs enfants.
C'est une belle façon de traiter du deuil, surtout lorsque les romans s'adressent à un public jeune.
J'ai regretté qu'il s'agisse du dernier tome des aventures de la famille Verdelaine, voilà une fratrie que j'ai quitté à regret tant je me suis attachée aux personnages.
Je n'avais franchement pas envie de leur dire au revoir et j'aurai bien continué pendant quelques tomes à suivre leurs péripéties.
Mais toutes les bonnes choses ont une fin.
Je comprends pourquoi cette série a eu autant de succès et comment elle a fait connaître Malika Ferdjoukh.
C'est une auteur que j'apprécie beaucoup, notamment son style, je recommande donc chaudement la lecture de ses romans, à commencer par cette tétralogie.
"Geneviève" conclut avec brio cette attachante série consacrée à la famille Verdelaine, une lecture que je recommande et je vais bien entendu m'attacher à lire d'autres romans de Malika Ferdjoukh, une auteur que j'apprécie toujours plus au fil du temps.
Barbara de Mathieu Amalric
Une actrice va jouer Barbara, le tournage va commencer bientôt. Elle travaille son personnage, la voix, les chansons, les partitions, les gestes, le tricot, les scènes à apprendre, ça va, ça avance, ça grandit, ça l'envahit même. Le réalisateur aussi travaille, par ses rencontres, par les archives, la musique, il se laisse submerger, envahir comme elle, par elle. (AlloCiné)
J’étais enthousiaste à l’idée de ce film sur Barbara, un peu moins lorsque j’ai découvert qu’il ne s’agissait pas d’un biopic mais d’un film racontant les déboires d’un metteur en scène faisant un film sur Barbara et confondant son actrice (Jeanne Balibar) avec Barbara.
Après tout pourquoi pas, autant tenter l’aventure pour ce film qui a été primé à Cannes dans la catégorie Un certain regard.
J’aurai dû être plus méfiante et me souvenir de ma tiédeur virant au froid pour le précédent film de Mathieu Amalric : Tournée.
Ce n’est que Jeanne Balibar joue mal, le rôle lui va même assez bien et elle campe une Barbara assez vraie, elle se dépense au piano, en chantant, allant jusqu’à travailler la gestuelle de l’artiste pour le produire face à la caméra de son réalisateur, mais qu’est-ce que ce film est nombriliste.
D’ordinaire j’apprécie les mises en abîme, mais ici cela pue le film intello, égocentré sur son réalisateur Mathieu Amalric ainsi que sur le personnage de metteur en scène qu’il campe.
J’ai l’impression que Mathieu Amalric s’est fait plaisir à mettre en scène cette histoire et à faire évoluer devant sa caméra son ancienne compagne Jeanne Balibar et que Barbara n’était qu’un prétexte.
Limite cela aurait pu porter sur une personne inconnue.
J’ai été déçue par le scénario, par la lenteur du déroulement de cette histoire, le seul point positif ce sont les chansons de Barbara qui illustrent le film dont certaines sont peu connues et de véritables bijoux.
En somme j’ai vécu un calvaire pendant la projection, cela faisait bien longtemps que cela ne m’était pas arrivée de me demander ce que je faisais là, ou alors c’était nettement trop intellectuel pour moi.
Au lieu d’aller voir "Barbara" dans une salle obscure j’aurai mieux fait de me contenter d’écouter un disque de cette si grande artiste tant ce film m’a laissée de glace.
Au revoir Mathieu Amalric, c’était la dernière fois pour moi et vos prochains films se passeront de ma petite personne dans les salles obscures.
jeudi 23 novembre 2017
Une femme fantastique (Une Mujer Fantastica) de Sebastian Lelio
Marina et Orlando, de vingt ans son aîné, s'aiment loin des regards et se projettent vers l'avenir. Lorsqu'il meurt soudainement, Marina subit l’hostilité des proches d'Orlando : une "sainte famille" qui rejette tout ce qu'elle représente. Marina va se battre, avec la même énergie que celle dépensée depuis toujours pour devenir la femme qu'elle est : une femme forte, courageuse, digne ... une femme fantastique ! (AlloCiné)
J’avais entendu du bien sur ce film, j’y allais sans aucune idée préconçue et au final je suis ressortie déçue.
Déçue parce que je m’attendais peut-être à une autre histoire et surtout, je ne l’aurai pas raconté ainsi. Marina (troublante Daniela Vega) cache un secret, sauf qu’il est très vite dévoilé au spectateur.
Et que même s’il n’était pas dévoilé tout est fait pour que le spectateur comprenne très vite, trop vite, de quoi il s’agit.
Il y a quelques belles scènes, comme celle d’ouverture sur une chute d’eau, mais elles n’aboutissent à rien.
Il y a des symboliques mais qui ne sont pas développées, l’accent est mis sur d’autres choses qui indiffèrent le spectateur plus qu’elles ne l’intéressent.
Pourtant le sujet traité me tient à cœur, mais je trouve cela mal exploité, sans doute parce que je ne l’aurai pas abordé de la même façon.
Je ne peux pas dire que Daniela Vega joue mal, au contraire, c’est une actrice troublante et qui fait ce qu’elle peut pour incarner son personnage, les faiblesses du film sont dans tout le reste.
Pour que cette femme soit fantastique sans doute aurait-il fallu que la mise en scène ne soit pas aussi classique et se permette l’intrusion du fantastique, un genre coutumier dans la littérature Sud-américaine.
C’est long alors que paradoxalement le film ne dure pas si longtemps que ça.
C’est à mon sens trop sage et trop épuré pour aborder ce sujet, résultat cela m’a laissée de marbre.
Un Pedro Almodovar réussit nettement mieux à aborder le sujet principal du film, il l’a prouvé dans certaines de ses réalisations et sa mise en scène me convient mieux que celle de Sebastien Lelio.
"Une femme fantastique" n’est pas franchement un film fantastique, il ne marquera pas mon année 2017 ou alors dans le classement du pire vu au cinéma.
Dommage, ce film aurait pu être si bien si le réalisateur avait choisi des options différentes.
mercredi 22 novembre 2017
Quatre sœurs - Tome 3 Bettina de Malika Ferdjoukh
Le printemps, saison du renouveau, des amours et des primeurs, éclate dans toute sa splendeur à tous les étages de la Vill'Hervé. Renouveau ? Oui. Harry et Désirée, les petits cousins, viennent passer des vacances au grand air. Charlie, à sec, s'est résignée à louer la chambre des parents. Le locataire s'appelle Tancrède, il est jeune, célibataire, drôle, fabricant d'odeurs bizarres. Et beau. Primeurs ? Trop. On retrouve des poireaux nouveaux partout, dans la soupe, coincés dans un cadre de tableau et même dans le pot d'échappement de la voiture de Tancrède. Toujours lui. Amours ? Hélas. Tancrède sème le trouble et récolte la tempête dans le coeur de Charlie. Bettina se languit du très très moche et si splendide Merlin. Hortense découvre que les règles peuvent être autre chose que « l'ovule non fécondé et les structures endométriales se font la malle, Chantal ». Enid fait des confidences. Geneviève se tait. Et Mycroft, le rat, qui tombe amoureux à son tour... (L'école des Loisirs)
On continue avec la famille Verdelaine où dans ce troisième volet c'est Bettina qui est mise à l'honneur.
Bettina, c'est sans doute la soeur la plus dure, celle qui a un fort caractère et qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, mais aussi celle qui est trop sûre d'elle, de sa beauté, qui fait souffrir les autres et particulièrement les garçons jusqu'au jour où elle finit par se prendre à son propre jeu et souffrir d'un chagrin d'amour.
Car si Merlin n'est pas beau selon Bettina, à force de le rejeter il a fini par aller voir ailleurs, et qu'importe si entre temps Bettina avait compris que ce garçon lui plaisait.
C'est cruel, mais Bettina l'est aussi.
D'ailleurs Bettina, elle aurait préféré avoir des frères plutôt que des soeurs, ou une jumelle :
"Parfois, Bettina pensait que si elle n'avait pas eu de sœurs, elle ne s'en serait pas portée plus mal. Elle eût préféré l'équivalent en... frères. Ou mieux : une jumelle. Deux elle-même.".Et Bettina, c'est sans doute la sœur Verdelaine que j'apprécie le moins, justement à cause de son arrogance et de sa méchanceté.
Paradoxalement, c'est aussi celle qui va recevoir la plus cruelle leçon de vie et qui va connaître la plus grande évolution dans la fratrie.
Malika Ferdjoukh sait se renouveler, c'est pourquoi de nouveaux personnages entrent en scène : les cousins de Paris, et cela met du piment à l'histoire et offre de belles scènes très drôles.
Et puis la pauvre Charlie est perdue avec l'arrivée du beau Tancrède, le locataire de la Vill'Hervé, elle n'est pas insensible à ses charmes et il se pourrait bien que son gentil fiancé médecin vole au passage.
Le lecteur avance avec cette famille et j'ai pris toujours autant de plaisir à suivre leurs aventures, qu'elles soient drôles ou tristes.
Car c'est vraiment ce que j'apprécie chez cette auteur, elle n'hésite pas à avoir recours au drame et je peux vous dire qu'au moins un passage dans ce livre fait monter les larmes aux yeux.
En tout cas je trouve cette série particulièrement rafraîchissante et je comprends pourquoi j'en avais entendu parler en bien, c'est un régal à lire et même à l'âge adulte.
"Bettina" est un troisième tome d'aussi bonne qualité que les précédents, c'est en tout cas une série que je conseille vivement.
Le grand méchant renard et autres contes de Benjamin Renner et Patrick Imbert
Ceux qui pensent que la campagne est un lieu calme et paisible se trompent, on y trouve des animaux particulièrement agités, un Renard qui se prend pour une poule, un Lapin qui fait la cigogne et un Canard qui veut remplacer le Père Noël. Si vous voulez prendre des vacances, passez votre chemin. (AlloCiné)
A chaque fois que je cherche à emprunter ce livre à la bibliothèque il est déjà sorti, autant dire que cela fait un moment que je cherche à faire main basse sur lui, tel le renard sur les poussins.
(Depuis j’ai résolu mon problème, je l’ai acheté.)
J’ai été sauvée par sa sortie sur les écrans, voilà qu’il m’est enfin possible de découvrir cette histoire et ce fameux grand méchant renard.
Bon, autant le dire, pour aller voir ce film seule, sans enfant, il faut assumer un tantinet (et faire fi des remarques plus ou moins agréables que les personnes peuvent faire).
J’avais envie de le voir, je n’ai encore vu nulle part écrit Réservé aux enfants et/ou adultes avec enfants, pourquoi me priver ?
J’ai adoré les trois dessins animés composant ce film, le plus long étant bien entendu consacré au grand méchant renard.
La qualité des dessins m’a plu, c’est coloré et vif, les animaux sont très vivants dans le sens où ils portent beaucoup d’expressions dans leurs attitudes.
Je suis fan du renard, il est pitoyable, ressemble à une loque, ou à tout sauf à un renard, mais qu’est-ce qu’il est attachant et drôle !
Une vraie mère poule, sans vilain jeu de mots.
C’est évidemment très drôle, le format est particulièrement bien adapté pour un jeune public : l’ensemble est court et les histoires sont sans temps mort afin de ne pas perdre l’attention des plus jeunes. Le tout est présenté sous forme d’un spectacle où les animaux ont la vedette.
Outre le renard je me suis aussi attachée au lapin ou encore au canard.
Tout cela pour dire que la vie à la ferme est loin d’être calme et un long fleuve tranquille.
Cela fait partie des meilleurs dessins animés que j’ai pu voir cette année, j’ai passé un très bon moment au cinéma et il me tarde de découvrir le livre.
"Le grand méchant renard et autres contes" est un dessin animé très réussi qui ravira petits et grands pour passer un bon moment de détente.
mardi 21 novembre 2017
Quatre sœurs - Tome 2 Hortense de Malika Ferdjoukh
Hortense, sur SA falaise, tient SON journal intime. Elle y raconte combien c'est dur d'être 1 sur 5, une parmi la multitude, surtout quand cette multitude est composée de : - Charlie qui veut tout réparer à la Vill'Hervé et regarder à la dépense au lieu d'épouser Basile le docteur, de vivre à ses crochets et de fêter Noël au foie gras. - Geneviève qui ment alors qu'elle ne ment jamais. - Bettina qui est odieuse avec les êtres les plus sensibles de l'univers, à savoir : elle, Hortense, et Merlin Gillespie, le livreur magicien de Nanouk Surgelés, très, très laid à l'extérieur, mais si, si beau à l'intérieur. - Et Enid qui a des conversations à bâtons rompus avec son ami Gnome de la Chasse d'eau. Hortense se demande ce qu'elle va devenir. Architecte de monuments éternels ? Zuleika Lester, du feuilleton Cooper Lane ? Chirurgienne de maladies incurables ? Et si c'était comédienne ? Une idée folle, complètement Saint-Pierre-et-Miquelon, comme dirait Muguette, la locataire malade de la maison voisine. Hortense sait que, pour devenir comédienne, il faut une présence, une voix, de la mémoire, mais surtout de l'entraînement. Alors elle referme SON journal, elle quitte SA falaise, et elle fonce. (L'école des Loisirs)
Hortense, c'est un peu le loup solitaire de la famille, c'est celle qui aurait bien aimé être enfant unique : "Etre fille unique, j'aurais adoré. Puis je me rends compte que ça signifie cette chose affreuse : je me serais retrouvée orpheline à la mort de maman et papa, et alors j'ai un frisson. Pourtant c'est difficile d'être 1 parmi 5, une dans la multitude.".
Comprenons bien, ce n'est pas qu'elle n'aime pas ses sœurs, mais elle a un caractère plus solitaire.
Ce deuxième tome lui est donc partiellement consacré, car comme c'était le cas dans le premier toute la famille est présente.
Une nouvelle fois l'histoire de la famille Verdelaine m'a séduite, j'ai adoré la drôlerie de certaines situations, Enid est vraiment un personnage truculent et je raffole de son Gnome de la Chasse d'eau.
Inutile de craindre de ne pas tout se remémorer, quand vous commencez à lire c'est comme si vous n'aviez jamais quitté la famille Verdelaine.
Dans ce tome, c'est Hortense qui grandit en découvrant le théâtre, un art qui va lui permettre de vaincre ses peurs.
J'aime énormément ce type d'histoire qui présente des personnages ordinaires, comme nous, qui les fait progresser et les porte au meilleur d'eux-mêmes, je trouve cela réconfortant, et dans un certain sens rassurant.
Il faut dire que n'importe quel lecteur finit par s'identifier plus ou moins à l'une des filles de la famille, voire à plusieurs, tant elles concentrent à peu près tous les caractères possibles.
C'est typiquement le genre d'histoire qui permet de se sentir mieux et qui véhicule des messages positifs malgré des situations difficiles, comme la mort et la maladie.
C'est aussi quelque chose que j'apprécie chez Malika Ferdjoukh, elle n'hésite pas à noircir ses histoires en y introduisant comme ici la maladie ou la mort, particulièrement à travers le personnage de Muguette, la nouvelle petite voisine des Verdelaine particulièrement touchante et cachant un lourd secret.
Décidément, avec son "Quatre sœurs" Malika Ferdjoukh fait mouche et ce deuxième volume est d'aussi bonne facture que le premier.
Get Out de Jordan Peele
Ami(e)s de la flippe, bonjour !
Voici le premier film projeté lors de la soirée épouvante au Méliès le 8 juillet.
(Et oui, j’ai déjà publié mon avis sur le deuxième film.)
Premier film indépendant de l’époque post-Obama, j’avais beaucoup entendu parler de ce film, en bien. Je m’interroge quelque peu sur son classement en épouvante, disons que c’est plus un thriller qu’un film d’épouvante, encore moins d’horreur.
Tout commence bien, Chris (Daniel Kaluuya) est heureux avec sa petite amie Rose (Allison Williams), mais il commence à flipper à l’idée d’aller passer un week-end chez les parents de sa dulcinée, car cette dernière a omis de leur préciser un petit (?) détail : il est noir, elle vient d’une famille bourgeoise et bien blanche.
Son meilleur ami le met en garde : il ferait mieux de rester où il est car ce week-end pue, il a tout un tas de théories sur ce qui pourrait lui arriver (et s’il savait !).
Les choses commencent à se gâter sur la route (ma voisine a bien sursauté. C’était avant de perdre un morceau de son âme lors de la projection de The Jane Doe Identity).
Et soyons clairs, les choses s’améliorent dès l’arrivée de Chris dans sa belle-famille.
Ou pas.
Il y a beaucoup de bonnes choses dans ce film, durant un peu plus de la moitié. Je suis plus partagée sur le dénouement et les scènes finales, des ficelles trop grosses à mon goût et absolument pas crédibles. Alors qu’il était possible de faire un thriller de ce type en restant crédible.
Et puis la fin … elle aurait pu être un peu mieux chiadée, tant qu’à faire dans le retournement de situation j’aurai bien vu le bouchon poussé un peu plus loin.
Mais il faut bien reconnaître que la belle-famille fout les jetons, et que dire du sourire jusqu’aux oreilles vissé du matin au soir sur le visage d’une domestique.
A part ça, tout va très bien (madame la marquise), c’est juste Chris qui flippe un peu (beaucoup) et qui devrait se détendre au cours de ce week-end car non, vraiment, il n’y a aucun problème dans cette famille, j’insiste bien sur aucun.
D’autant que le cadre campagnard est absolument charmant.
Ce film a l’avantage de permettre au spectateur de se mettre dans la peau d’un noir dans une Amérique qui reste en partie, il faut bien le dire, raciste.
La mise en scène est efficace et une tension s’instaure avec le huis-clos.
Au passage cela m’a permis de découvrir quelques bons acteurs.
"Get Out" est un bon thriller sur les relations raciales et porte on ne peut mieux son nom tant il est urgent de quitter cet endroit, l’idéal étant de ne jamais y aller.
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