Septembre 1940. Erik Cohen, vieux psychiatre juif, emménage dans le ghetto de Varsovie, chez sa nièce et son petit-neveu, Adam, qu’il adore. Réfugié dans sa propre ville, il tente de lutter contre la hantise des rafles et des camps de travail. De survivre au rationnement, à l’isolement, aux épidémies, et de protéger les siens.
Jusqu’à cette aube où Adam est retrouvé assassiné, mutilé, son petit corps jeté sur les barbelés. Contre la peur et le silence, Erik va s’échapper du ghetto pour mener l’enquête dans un Varsovie spectral, où les plus basses pulsions humaines côtoient l’héroïsme et la grandeur.
Parce que le moins que nous puissions faire pour nos morts est de rendre à chacun sa singularité. (Pocket)
Placer une histoire fictive dans le
ghetto de Varsovie, c’était déjà un pari risqué, mais y adjoindre une enquête
suite à la découverte de cadavres mutilés, c’était encore plus périlleux.
Et bien Richard Zimler s’en est
bien sorti, sans tomber dans le piège de la facilité qui aurait consisté à
balayer purement et simplement l’aspect historique pour se concentrer
uniquement sur l’enquête, et sans non plus sombrer dans le mélodrame ou
l’exagération.
L’histoire est racontée par Erik
Cohen, un vieux psychiatre Juif qui revient dans ce qui est le ghetto de
Varsovie (la guerre n’est donc pas encore finie).
Il revient pour y raconter son
histoire et lever le voile sur les meurtres mystérieux qui y ont eu lieu en
1940/1941, dont son petit-neveu adoré Adam a été l’une des victimes.
Il est nettement plus clairvoyant
qu’à l’époque lorsqu’il a emménagé dans le ghetto chez sa nièce et son
petit-neveu : "Si j'avais pensé à notre exil dans le ghetto comme à
un rêve et que je l'avais correctement interprété, j'aurais été plus prudent,
car j'aurais alors su qu'ils nous avait transportés sur une île pour nous voler
plus facilement notre avenir - et pour empêcher le reste du monde de le
savoir.", et a fini par comprendre que les nazis n’allaient pas se
contenter de les enfermer dans un espace restreint mais allaient les assassiner
purement et simplement, ainsi que les enfants : "Les nazis veulent la mort
de nos enfants car ils veulent nous priver de notre avenir.".
Il est aussi changé mais je n’en
dis pas plus et laisse le lecteur découvrir par lui-même ce qui se cache
derrière mes propos.
Sans faire une leçon d’histoire ou
un descriptif complet des conditions de vie dans le ghetto de Varsovie, pour
cela je vous invite à lire des ouvrages historiques sur le sujet, Richard
Zimler a su en dresser les grands principes et les utiliser comme toile de fond
pour son récit.
Il a créé une ambiance
particulière, assez spectrale et frôlant presque parfois le fantastique, dans
le sens où tout cela était inconcevable pour les personnes qui y vivaient et
qui pourtant sombraient chaque jour un peu plus dans l’horreur, la misère, le
froid, les conditions de vie insalubres, la peur.
Erik adopte alors un comportement
de survie pour lui et sa famille, mais ce fragile équilibre se rompt le jour où
Adam ne rentre pas et où son corps est retrouvé jeté sur les barbelés et
mutilé.
Ce qui restait de lucidité va céder
dans l’esprit de la mère de l’enfant et Erik n’aura plus alors qu’un seul
but : découvrir ce qui est arrivé à Adam, d’autant qu’il apprend que ce
n’est pas un cas isolé mais que les responsables du ghetto se sont bien gardés
d’en informer la population.
Pour cela il va se faire aider de
son vieil ami, il va aussi sortir du ghetto et peut-être miraculeusement finir
par atteindre son but : "Et là, je pris conscience que les miracles
se produisent réellement, même si - malheureusement - ils ne sont pas toujours
les glorieuses manifestations de transcendance auxquelles on a toujours voulu
nous faire croire.".
Car à l’intérieur comme à
l’extérieur du ghetto il y a le bien qui côtoie le mal, si la noirceur de l’âme
de certains est sans fond, d’autres vont au contraire essayer de lui porter
secours et de l’aider dans sa quête insensée.
Au final, c’est un roman très
sombre à l’ambiance bien particulière qui ne couvre même pas la totalité de la
guerre, c’est dire que le paroxysme de l’horreur n’a pas encore été atteint.
L’ensemble est assez pesant, dans
le bon sens du terme, car très sombre, le lecteur partage la violence et la
misère qui règnent dans le ghetto.
Si j’ai pu deviner quelques
ficelles, notamment celle par rapport au personnage d’Erik, par contre la
vérité se cachant derrière les meurtres est difficile à trouver et est en plus
assez crédible par rapport au contexte historique.
"Les anagrammes de Varsovie" est un roman sombre mêlant intelligemment intrigue policière et contexte historique.
"Les anagrammes de Varsovie" est un roman sombre mêlant intelligemment intrigue policière et contexte historique.