mercredi 7 septembre 2016

La planète des singes de Pierre Boulle


En l'an 2500, le professeur Antelle, Arthur Levain et Ulysse Mérou quittent la Terre. Ils s'embarquent sur leur vaisseau cosmique, direction la supergéante Bételgeuse. En la survolant, ils ont la surprise de découvrir des villes, des maisons, des forêts... Une planète jumelle de la Terre ? À une différence près : ici, les singes règnent en maîtres et les hommes vivent à l'état sauvage, quand ils ne sont pas en cage. Qu'est-il donc advenu de l'espèce humaine ? (Pocket)

"Jinn et Phyllis passaient des vacances merveilleuses, dans l'espace, le plus loin possible des astres habités.".

*Générique musical : "Love, exciting and new / Come aboard, we're expecting you"*

Jinn et Phyllis sont donc sur un bateau (volant), profitent de leurs vacances quand ils aperçoivent un OFNI - Objet Flottant Non Identifié qu’ils récupèrent.
Il s’agit d’une bouteille, et dans celle-ci un long manuscrit racontant une étrange expédition, celle en l’an 2500 du professeur Antelle pour l’exploration de l’étoile supergéante Bételgeuse.
Se trouvent à bord avec lui le jeune physicien Arthur Levain, le journaliste Ulysse Mérou, c’est d’ailleurs ce dernier qui a rédigé le texte, et le chimpanzé Hector.
Le voyage dans l’espace (et pour des raisons scientifiques dans le temps) s’est bien passé, arrivés à proximité de Bételgeuse ils décident d’explorer l’une des quatre planètes gravitant autour de cette étoile pour une simple et bonne raison : "La planète ressemblait étrangement à la Terre.".
C’est là que l’histoire se corse, non seulement ils découvrent une charmante jeune fille baptisée Nova qui se promène nue sans aucune gêne, mais celle-ci ne parle pas.
Pire que cela, elle craint le chimpanzé et le tue.
Et puis deux jours après leur arrivée et leur rencontre avec Nova et d’autres hommes de sa tribu qui, comme elle, ne parlent pas mais hululent ils se trouvent pris dans une chasse des plus particulières : ils sont le gibier et les chasseurs des singes : "J'assistais à une battue - j'y participais aussi, hélas ! - une battue fantastique où les chasseurs, postés à intervalles réguliers, étaient des singes et où le gibier traqué était constitué par des hommes, des femmes comme moi, des hommes et des femmes dont les cadavres nus, troués, tordus en des postures ridicules, ensanglantaient le sol.".

Evidemment, l’histoire de "La planète des singes" ne m’était pas inconnue, tout simplement parce que j’avais vu l’adaptation cinématographique de 1968 avec Charlton Heston dans le rôle principal.
Pourtant je n’avais pas encore lu le roman originel, sans doute parce que je craignais un mauvais vieillissement de celui-ci.
En fait pas du tout, c’est même un roman de science-fiction comme je les aime et le fait de connaître le renversement final ne m’a pas gênée (si vous êtes attentif au cours de la lecture du passage concernant Jinn et Phyllis vous devinerez de quoi il s’agit).
Déjà parce que le scénario du film a pris des libertés avec le roman, tout en conservant son essence et c’est sans doute pour cela que cette adaptation est réussie, mais aussi parce que la construction du roman est bien pensée.
La première partie est consacrée à la mise en place de l’histoire, des personnages, et la chasse aux humains puis leur capture et leur détention dans des cages pour expérimentation.
Dans la deuxième Ulysse Mérou apprend le langage simien et noue une relation avec Zira, la scientifique chimpanzé qui s’occupe des captifs, en lui démontrant qu’il est non seulement pourvu d’intelligence mais aussi de la parole.
Zira avec son fiancé Cornélius, lui aussi scientifique, prennent d’énormes risques en révélant lors d’un congrès scientifique cet étrange humain si différent des autres (et surtout représentant une menace).
Dans la troisième partie, Ulysse devient un collaborateur de Cornélius et fait d’étranges découvertes dans un centre de recherche où par le biais de stimulations électriques on fait remonter la mémoire de l’espèce à des cobayes humains.
Zira comprenant qu’Ulysse est en danger, d’autant que sa compagne Nova est enceinte, et Cornélius par peur qu’Ulysse le détrône dans le cœur de Zira, finissent par œuvrer pour le faire quitter sa planète avec sa compagne et l’enfant qu’elle porte.
Mais cela ne s’arrête pas là … .
Le personnage d’Ulysse, nom prédestiné pour un tel voyage, est intéressant à suivre dans son récit car de journaliste il va devenir le seul témoin de cette étrange aventure et de héros bien malgré lui il va redevenir une proie de choix.
Dans ce roman l’homme est redevenu à l’état sauvage et dépourvu de toute intelligence ou presque, contrairement aux singes qui de cobayes sont devenus les maîtres du monde.
Mais cela ne les empêche pas de reproduire les mêmes erreurs que les humains et d’adopter les mêmes travers qu’eux, il y a une hiérarchie entre les chimpanzés, les gorilles et les orangs-outangs, il y a de la rivalité, de l’envie, des jalousies, des coups bas, le même goût du sang, du machisme, cette nouvelle forme d’évolution n’a donc rien à envier à la précédente.
Les sentiments sont aussi les mêmes, que dire de la relation qui se noue entre Zira et Ulysse, mais les préjugés ont la vie dure et l’acceptation des différences de l’autre n’est pas plus facile.
Il est possible de dire qu’Ulysse a une conception quelque peu vieillotte de l’attitude d’un homme vis-à-vis d’une femme, ceci est vrai par rapport à Nova qu’il rabroue parfois durement mais pour sa défense elle apprend à raisonner, tandis qu’il est courtois avec Zira, mais ceci est peut-être lié à l’époque où ce roman a été écrit.
La troisième partie se révèle anxiogène dans le sens où elle permet au lecteur de découvrir par bribes ce qui s’est passé, comment les singes ont fini par dominer les humains, les traquer jusqu’à les asservir.
Elle m’a aussi permis de voir différemment les nouveaux films de cette franchise qui s’attachent à retracer l’évolution des singes et finalement après cette lecture je les trouve respectueux de l’esprit du roman.

"La planète des singes" de Pierre Boulle est un excellent roman de science-fiction qui mérite d’être redécouvert car il a sans doute été trop souvent éclipsé par les adaptations cinématographiques qui en ont découlé.


2 commentaires:

  1. La dernière adaptation ciné, avec Mark Walbherg, est totalement dispensable !
    Je note de dire ce livre. :)

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    1. Ah c'est celle de Tim Burton ... ça ne m'étonne pas !

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