Lee Gates est une personnalité influente de la télévision et un gourou de la finance à Wall Street. Les choses se gâtent lorsque Kyle, un spectateur ayant perdu tout son argent en suivant les conseils de Gates, décide de le prendre en otage pendant son émission, devant des millions de téléspectateurs… (AlloCiné)
Lee Gates (George Clooney) est non seulement une star du petit écran, mais aussi une personnalité influente et un gourou de la finance grâce à l'émission qu'il présente : Money Monster, et dont le but est de filer de bons tuyaux pour les investisseurs lambda comme vous et moi.
C'est aussi une personne qui n'en fait qu'à sa tête et selon son bon vouloir, et cela a fini par lasser la réalisatrice/productrice de l'émission, Patty Fenn (Julia Roberts), dont c'est d'ailleurs la dernière avant de changer de travail.
Sauf que quelques minutes après le début de l'émission, en direct, un homme fait irruption sur le plateau et prend Lee Gates en otage, devant des millions de téléspectateurs.
Cet homme, c'est Kyle Budwell (Jack O'Connell), un jeune homme pauvre qui vient de perdre 60 000 $ suite à un placement sur un fond de la société de Walt Camby (Dominic West), étrangement absent du plateau alors qu'il aurait dû être présent et dont la représentation est assurée par sa Directrice de la Communication Diane Lester (Caitriona Balfe) par caméras interposées, sur les conseils de Lee Gates.
Jodie Foster a commencé ses débuts derrière la caméra (en tant que réalisatrice) avec le très beau "Le petit homme", mais cela remonte aux débuts des années 90, tout comme son deuxième film.
Il faut ensuite attendre 2011 et "Le complexe du castor" pour qu'elle se décide à repasser derrière la caméra, "Money Monster" aura suivi de peu et heureusement, car Jodie Foster derrière la caméra c'est aussi bien que lorsqu'elle est devant.
Dès le pitch, Jodie Foster surprend : elle nous avait habitué à des films calmes, là elle signe un film en colère qui s'attaque de plein front aux conséquences de la crise financière de 2008.
D'ailleurs, le scénario de "Money Monster" faisait partie de ceux blacklistés en 2014, comme quoi tout le monde n'avait peut-être pas envie de voir une telle histoire portée à l'écran.
Fort heureusement, Jodie Foster est passée par là et non seulement elle prouve toute l'étendue de son talent et les multiples flèches qu'elle a son arc, mais elle a su s'entourer d'une bonne équipe, aussi bien en termes de comédiens que technique.
Julia Roberts et George Clooney n'en sont pas à leur coup d'essai, c'est la quatrième fois qu'ils tournent ensemble, ils se connaissent et j'ai envie de dire que cela se voit car le résultat est impeccable.
Les deux comédiens ont su s'entendre, cerner leurs personnages, et le duo fonctionne très bien : elle en tant que productrice et lui en tant que présentateur vedette et fantasque, bref un vrai cauchemar pour elle car c'est un électron libre.
Face à eux, le jeune Jack O'Connell joue un Kyle aussi perturbé qu'attachant, car il faut être clair, même s'il a un flingue dans la main il est difficile de ne pas ressentir de l'empathie pour ce jeune homme qui a tout perdu ou presque et qui veut juste une réponse : pourquoi un bug a-t-il pu se produire dans l'algorithme du fond entraînant une chute du cours et une perte sans précédent pour tous les quidams qui comme lui ont placé leurs économies sur ce fond soit-disant sûr et rentable.
Il serait facile de se dire dès le début du film que Kyle est le méchant, après tout il a le flingue, il prend en otage une vedette de la télévision, mais voilà, le film creuse et le méchant n'est finalement pas celui que l'on croyait.
Et puis Lee Gates est cynique, tout comme l'émission qu'il présente, car il est facile de donner des conseils financiers tranquillement assis dans un fauteuil avec un compte en banque bien garni, et quand il y a un problème répondre que la bourse n'est pas une science exacte.
J'avoue que je trouve que c'est le genre de personnage qui colle bien à George Clooney, acteur que je ne porte pas particulièrement dans mon cœur, mais je reconnais qu'il sait les interpréter à merveille.
Comme l'a chanté il y a quelques années Shania Twain : "We live in a greedy little world / That teaches every little boy and girl / To earn as much as they can possibily / Then turn around and spend it foolishly / We've created us a creditcard mess / We spend the money that we don't possess", et je vous laisse méditer là-dessus, car les "Money Monsters" c'est un peu tout le monde, à commencer par vous et moi.
J'ai beaucoup aimé la mise en abîme : filmé par des caméras qui filment elles-mêmes des caméras filmant une émission de télévision.
Le travail était périlleux mais Jodie Foster, et son équipe technique, s'en sortent bien et le résultat à l'écran est parfait, alternant entre les passages filmés par la réalisatrice et ceux pour l'émission.
La grande force de ce film réside sans doute dans son scénario qui prend le temps de décortiquer et d'expliquer les mécanismes par lesquels la crise financière de 2008 a pu intervenir, plutôt que de s'arrêter simplement au méchant qui vient prendre en otage un plateau de télévision pour avoir une simple réponse.
Si vous croyez que cette histoire peut bien se finir, c'est que vous êtes très naïf, mais là aussi la fin est belle et somme toute très représentative de notre époque, le moment d'émotion passé la vie reprend son cours normalement, comme si rien ne s'était passé ou alors il y a longtemps.
Dans son quatrième long-métrage Jodie Foster n'y va pas par quatre chemins et son "Money Monster" est à la fois émouvant et percutant, un film comme je les aime et que je vous recommande.