samedi 14 mai 2016
Gracie Lindsay d'Archibald Joseph Cronin
Une petite ville écossaise, Levenford, dans les années 1910. Les demeures hostiles des notables, la boutique de l'apothicaire, la petite maison du pasteur et les commérages de ses ouailles, la haine et les rivalités, servent de cadre à Gracie Lindsay, l'attachante figure de femme que nous présente A. J. Cronin dans son nouveau roman.
Gracie, on ne la connaît que trop bien à Levenford où son récent veuvage l'oblige à revenir. Elle est celle que l'on montre du doigt, mais que toutes les femmes - au fond - envient. Sa beauté, sa grâce, sa fragilité, lui attirent, irrésistiblement, les suffrages masculins auxquels on lui reproche de ne pas savoir suffisamment résister. Jusqu'au jour où viendra l'instant terrible qui l'arrachera à elle-même pour la transfigurer. (Le Livre de Poche)
Gracie Lindsay revient à Levenford suite à son veuvage, et aussitôt les commérages vont bon train, car pour son oncle Gracie est une charmante et attachante personne : "Mais elle était si douce, si belle ! Elle vous prenait le cœur.", tandis que pour tous les autres elle n'est qu'une femme aux moeurs légères qui aurait mieux fait de ne jamais remettre les pieds à Levenford : "Gracie Lindsay, vous ne l'ignorez pas, n'a jamais été qu'une dévergondée. Aujourd'hui, elle est pire.".
Alors qui est réellement Gracie Lindsay, une jeune femme victime de sa grande beauté et de la jalousie qu'elle fait naître dans le cœur des autres femmes ou bien une véritable croqueuse d'hommes au cœur et à la jambe légère ?
J'ai découvert il y a plusieurs années de cela Archibald Joseph Cronin à travers "Deux sœurs", pas forcément le plus connu de ses romans, puis bien évidemment par "Les années d'illusions", "Le jardinier espagnol" pour n'en citer que quelques-uns.
Et puis j'ai mis de côté cet auteur, qui il faut bien le reconnaître a connu un certain succès en son temps et est quelque peu tombé dans l'oubli littéraire.
Et c'est là une regrettable erreur, car non seulement A.J Cronin avait une belle plume mais il traitait aussi de problèmes de son époque et savait toujours bâtir des histoires très humaines avec des personnages attachants.
C'est donc avec grand plaisir que j'ai relu cet auteur avec "Gracie Lindsay", l'un de ses derniers romans publiés.
J'ai été touchée par le personnage de Gracie, c'est une jeune femme dont la beauté fait son malheur, mais également son bon cœur.
Elle a tendance à s'amouracher facilement, et quand elle aime disons qu'elle ne fait pas les choses à moitié et elle donne tout son cœur à son bien-aimé.
Elle a ce côté légèrement naïf qui la rend attachante, et que finalement peu de personnes connaissent, à l'exception de son oncle qui l'aime aveuglément et la croit sincèrement.
Mais voilà, nous sommes dans les années 1910 et une jeune fille comme Gracie Lindsay passait mal dans l'opinion générale, son attitude la faisait qualifier de traînée alors que dans le fond je crois surtout que c'est une grande romantique.
Son retour à Levenford ne va pas être facile pour elle : "A mon retour à Levenford, mon cœur débordait de joie. J'aimais cette ville; c'était la mienne et je rentrais chez moi. Que m'est-il arrivé depuis !", mais comme d'ordinaire dans les romans d'A. J. Cronin, un événement va survenir et va permettre à cette héroïne de se dépasser et se sublimer.
C'est un texte plutôt court mais dans lequel je reconnais toute la patte de l'auteur, bien que j'ai été souvent habituée à un aspect médical dans ses récits.
Ici il n'est point question de médecin ou d'infirmière, mais il est tout à fait possible de dire que l'oncle de Gracie joue en quelque sorte ce rôle en essayant d'aider sa nièce et de cicatriser les blessures du passé.
Tout comme Lindsay, l'oncle a également un côté naïf qui le rend touchant, d'autant qu'il exerce le métier de photographe et qu'il passe donc son temps à capter sur un instant la vérité émanant des personnes qu'il photographie.
Le parallèle est intéressant par rapport à la relation qu'il entretient avec sa nièce car il reste obstinément aveugle vis-à-vis de sa conduite.
Au final, "Gracie Lindsay" est un roman court par son nombre de pages mais intense par les émotions qu'il dégage, comme bien souvent dans l'oeuvre d'Archibald Joseph Cronin.
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C'est beau ce que tu dis sur l'oncle et son métier de photographe.
RépondreSupprimerMerci (x2 pour le livre également).
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