dimanche 1 mai 2016

Freedom de Jonathan Franzen


Patty Berglund est-elle la femme idéale ? Pour Walter, son mari, la réponse ne fait aucun doute : c’est oui. Épouse aimante, mère parfaite, Patty a tout bon. Mais qu’en pense-t-elle ? En renonçant à Richard, ce « bad boy » dont elle était amoureuse – et qui se trouve être le meilleur ami de Walter –, Patty a peut-être commis l’erreur de sa vie. Freedom raconte l’histoire de ce trio et capture le climat émotionnel, moral et politique des États-Unis entre 1970 et 2010 avec une incroyable virtuosité. (Editions de l'Olivier)

Jonathan Franzen fait partie de ces auteurs que j'entends beaucoup parler, qui sont considérés comme des auteurs majeurs de la littérature des 20ème et 21ème siècles, et que pourtant j'hésite à lire par peur de ne pas être à la hauteur de leur oeuvre en tant que lectrice, ou parce que je me méfie de trop d'éloges.
J'ai finalement franchi le pas et j'ai donc découvert Jonathan Franzen.
Un peu comme avec "Le chardonneret" de Donna Tartt, je pense ne pas avoir lu le meilleur roman de cet auteur, et même si j'y ai trouvé quelques points intéressants ce fut aussi une lecture laborieuse et en dent de scie.

Dans "Freedom" Jonathan Franzen dissèque un couple d'Américains moyens démocrates et leurs enfants sur une période allant de 1970 à 2010.
En somme, l'auteur utilise un point de vue micro pour parler d'une vision macro des Etats-Unis, c'est un aspect intéressant et que j'ai apprécié mais qui néanmoins aurait pu être mieux exploité de mon point de vue, ou tout du moins dans une direction différente que celle où l'auteur choisit d'aller.
Ça commence plutôt bien, pour tout dire j'ai même apprécié ce côté "desperate housewife" de Patty Berglund dans son joli petit quartier de St Paul, Minnesota, où elle est une femme au foyer comblée avec deux enfants et un mari gagnant assez bien sa vie, sauf que tout cela commence à voler en éclat lorsque le fils, Joey, décide de se rebeller contre sa famille, devient républicain et finit par aller vivre chez la voisine : "Ce n'est pas à ça que sert la liberté ? Le droit de penser ce que vous voulez ?".
La seconde partie prend la forme du journal autobiographique de Patty dans lequel elle se raconte.
Là encore, cette partie est intéressante et prendra tout son sens par la suite, mais il va falloir patienter plusieurs centaines de pages pour cela.
Le personnage de Patty est sans doute celui qui m'a le plus touchée, elle se livre ici de façon très intime, revient sur sa position d'exclue dans sa propre famille car elle a fait le choix du sport et des études pour s'assurer une vie confortable plutôt que de partir dans des milieux artistiques comme ses sœurs : "Il vaut bien mieux, après tout, avoir été considéré comme stupide et terne plutôt que brillante et extraordinaire.".
Patty se dévalorise beaucoup tout au long du récit, elle a une mauvaise image d'elle qui finit par la plonger dans une dépression et contribue en partie à faire voler son mariage en éclat.
Elle va aussi tromper son mari avec son meilleur ami Richard, un musicien ayant connu la gloire pour tomber dans l'oubli avant de renaître de ses cendres tel le phœnix.
Patty est une femme en souffrance, elle va lutter contre ses démons pendant plusieurs années et c'est à mon sens le personnage qui connaît l'évolution la plus intéressante du récit.
Derrière elle je dirai que c'est Joey qui va lui aussi connaître une évolution certaine, mais ce personnage m'a donné envie de lui filer des claques du début à la fin, donc je n'ai pas complètement apprécié son histoire.
Un autre personnage qui m'a donné envie de lui filer des claques, c'est Walter Berglund, le mari.
Il va carrément nous faire une petite crise de la quarantaine/cinquantaine, va virer sa femme en apprenant son infidélité d'il y a plusieurs années (après avoir lu le journal intime de Patty tout de même), va décider de changer radicalement de vie en défendant des espèces d'oiseaux en voie de disparition, et va finir par se taper son assistante Lalitha (et là sincèrement il a tellement tourné autour du pot que j'avais envie de lui dire "conclut et on passe à autre chose").
Alors là je n'ai pas du tout accroché à ce personnage et à son évolution, même si c'est, il faut bien le reconnaître, assez véridique et que cela se passe ainsi parfois.
Le personnage de Richard joue quant à lui un rôle de catalyseur dans le couple Berglund, il est également leur anti-thèse et c'est un personnage qui contribue à donner une certaine dimension à l'ensemble.
J'ai donc apprécié certaines parties, j'ai souffert à la lecture pendant d'autres, je me suis intéressée à certains personnages tandis qu'à d'autres je leur aurai collé des baffes, c'est un texte très exigeant qui nécessite une grande disposition au moment où on le lit car c'est une lecture que je qualifierai de ardue et sans doute que je n'étais pas non plus assez disponible pour l'apprécier complètement.
C'est certes construit assez intelligemment mais ça n'est pas non plus la révolution à laquelle je m'attendais.
C'est pourquoi je crois sincèrement que "Les corrections" sont un niveau au-dessus de "Freedom", je le lirai donc mais pas tout de suite.

"Freedom" n'est pas à proprement parler un cri de liberté mais plutôt une guerre familiale sur plus de trente ans qui finit par aboutir pour ses membres à une certaine forme de liberté.
Voilà une lecture exigeante où j'ai pour ma part poussé un soupir de libération une fois la dernière page refermée.

Livre lu dans le cadre du Prix des Lectrices 2015

4 commentaires:

  1. J'avais lu "Les corrections" à l'époque où "Freedom" était sorti en France, mais j'avais rapidement abandonné l'idée de poursuivre la lecture de cet auteur. Si certains éléments étaient intéressants, j'avoue m'être passablement ennuyée...

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    1. Oups, ton avis va m'y faire (sérieusement) réfléchir à deux fois alors !
      Pareil, dans "Freedom" aussi il y a des passages ennuyeux.

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  2. Réponses
    1. Je crois que le moment auquel on le lit compte beaucoup pour l'apprécier ou non (dans le sens être disponible pour cette lecture).

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