lundi 27 novembre 2017

Le Caire Confidentiel (The Nile Hilton Incident) de Tarik Saleh

       
     

Le Caire, janvier 2011, quelques jours avant le début de la révolution. Une jeune chanteuse est assassinée dans une chambre d’un des grands hôtels de la ville. Noureddine, inspecteur revêche chargé de l’enquête, réalise au fil de ses investigations que les coupables pourraient bien être liés à la garde rapprochée du président Moubarak. (AlloCiné)


Inutile de chercher midi à quatorze heures, le titre Français du film est clairement un hommage à "L.A Confidential", et l’hommage ne s’arrête pas là, car ce film a tout d’un grand polar. D’ailleurs, les festivals ne s’y sont pas trompés car ce film a été récompensé au Festival Sundance et à celui du film policier à Beaune.
Et dire que ce film n’a pas pu être tourné au Caire … trois jours avant le début du tournage les services de sécurité Egyptiens ont fermé le plateau, résultat il a été filmé au Maroc (j’avais lu en Algérie … quelle source est la bonne ?).
Pourtant, c’est cela qui est fou, on a totalement l’impression d’être au Caire.
La couleur, l’ambiance, les petites rues, les immeubles où s’entassent la population, il ne manque que l’odeur pour s’y croire véritablement.
"Le Caire Confidentiel", c’est un film d’ambiance, et comme tout bon polar qui se respecte c’est dans la fumée des cigarettes que se déroule l’intrigue.
Parce que qu’est-ce que ça fume … à tel point que l’on finit par avoir la sensation de la fumée nous arrivant sur le visage et imprégnant les cheveux.


Très vite le spectateur a aussi la nette impression d’être plongé dans ce Caire de misère, où tout le monde est corrompu, à commencer par les flics, où les chanteuses sont aussi des prostituées prenant dans les mailles de leur filet des hommes crédules pour leur extorquer de l’argent.
Qu’elle est loin l’image de rêve du Caire, ses pyramides, son musée d’égyptologie.
Si le scénario est tiré d’une histoire vraie, le contexte est lui aussi bien réel, l’intrigue se déroulant quelques jours avant le Printemps Arabe.
D’ailleurs, l’image finale du film est tout simplement fabuleuse et hautement symbolique.
L’atmosphère est évidemment très présente dans ce film, mais sa qualité doit aussi beaucoup au scénario et à l’interprétation des acteurs.
Ainsi Fares Fares campe un Nourredine criant de vérité, énorme révélation du film tant ce comédien dégage quelque chose dans son attitude et dans son jeu.
Mention spéciale aussi pour Hania Amar dans le rôle de Gina.
Très vite une tension s’installe, elle ne se relâchera pas jusqu’à la fin, et même en sortant de la salle le spectateur est encore sous tension.
C’est à cela que l’on reconnaît un bon film bien monté, on a l’impression de passer de l’autre côté de la toile pour suivre le personnage dans ses déambulations.
Et ses désillusions sur la fin d’une époque et une autre qui s’ouvre dans le chaos sans forcément s’annoncer meilleure.


"Le Caire Confidentiel" est un polar d’une redoutable efficacité et l’un des films forts de cette année 2017, à voir et à revoir tant cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un aussi bon film de ce genre.

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