mercredi 10 septembre 2014

Les mains nues de Simonetta Greggio


Emma, 43 ans, est vétérinaire de campagne. Giovanni, un jeune fugeur de 14 ans, débarque dans sa vie rude, autarcique et solitaire. Il est le fils de Micol et Raphaël, qu'elle a connus autrefois, et avec qui s'est joué quelque chose qu'elle a voulu oublier. Mais Emma et Giovanni se lient, et lorsque Micol revient chercher son fils... (Le Livre de Poche)

Après guérir l'anorexie avec des herbes (i.e. "Etoiles" du même auteur), voilà un simili du "Diable au corps" de Raymond Radiguet transposé à notre époque.
Emma a la quarantaine, elle est vétérinaire de campagne et voit débarquer chez elle Giovanni, 14 ans, ayant fugué de chez ses parents, d'anciennes connaissances d'Emma.
Il faut dire que le père de Gio était avec Emma avant de la quitter pour Micol, aujourd'hui sa femme et la mère de Gio, et qu'Emma s'est embourbée pendant quelques années dans une relation proche de ce couple avant de couper les ponts.
Racontée du point de vue d'Emma, cette histoire mêle passé et présent de façon tortueuse, à tel point que je ne suis pas bien sûre d'avoir tout compris à ce très court roman.
Dirai-je qu'Emma vit dans le regret ?
Je n'en suis pas sûre, pas plus d'ailleurs que de la nature exacte de sa relation avec Gio : proximité intellectuelle entre eux deux ou bien ont-ils vraiment eu une relation charnelle ?
Emma s'est accrochée pendant un temps à garder une distance avec Gio, finalement ces deux-là se sont rapprochés : "Pourtant, si j'avais été moins sourde, moins aveugle, je me serais aperçue que la réalité est bien différente de cette espèce de neutralité que j'invoquais, et que nous étions toujours enchaînés par des liens dicibles et indicibles, comme ces grosses cordes tordues composées de cordelettes plus petites qui, restées trop longtemps sous l'eau, pourrissent plutôt que se défaire.".
Emma a-t-elle été inconsciente ? N'a-t-elle vu que ce qu'elle a bien voulu voir en fermant les yeux sur le reste : "Nous étions, à ce moment-là, en sursis, mais déjà on ne pouvait plus rien changer à ce qu'il s'était passé, et rien non plus à ce qui allait arriver." ?
Elle reconnaît pourtant une proximité avec Gio, le partage de mêmes idées, une forme de fusion intellectuelle : "Il y a des corps sans tête, des têtes sans cœur, des corps sans cœur, des cœurs sans tête et sans corps. Nous avions tout.".
Dans le fond, je n'ai pas de réelles réponses à ces questions, juste des suppositions.
La nature exacte de la relation entre Emma et Gio reste un mystère que la fin vient troubler.
On a tendance à dire qu'il n'y a pas de fumée sans feu, je me demande si le réel message de ce roman n'est pas une vengeance, celle de la mère de Gio envers Emma, qui vient faire voler en éclats la vie de cette dernière.
Et tant pis si au passage elle égratigne son propre fils, dommage collatéral sans doute.
Il reste que l'intégralité de ce texte transpire la mélancolie et les regrets, c'est là à mon sens le cœur du récit et le réel objectif de celui-ci.

"Les mains nues" de Simonetta Greggio est un court roman où les regrets dominent et donnent lieu à une histoire qui n'a pas réussi à me toucher, tout comme le style de l'auteur qui ne se distingue pas par une signature particulière.
Quant à cette réécriture de l'oeuvre de Raymond Radiguet, j'irai sans aucun doute lire celle-ci qui a sans doute plus d'éclat et de portée.

Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2014 pour PAL en danger / Chute de PAL



Livre lu dans le cadre du Challenge Destination PAL

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