lundi 15 février 2016
L'ambulance 13 - Tome 5 : Les plumes de fer de Patrice Ordas et Alain Mounier
En cette année 1917, le jeune médecin de première ligne Louis-Charles Bouteloup est un officier dérangeant, car il refuse de fermer les yeux sur les aberrations de la hiérarchie. Faute de réussir à lui faire plier la nuque, l’état-major l’affecte à un secteur moins sensible, en Alsace, où Bouteloup a pour mission de former les futurs chirurgiens de tranchée américains qui s’apprêtent à entrer dans le conflit. Il a la surprise d’y côtoyer les parias de l’armée, les têtes brûlées des Corps francs, et les Peaux-Rouges, arrachés à leur réserve pour tester les défenses ennemies. Bouteloup, une fois encore, ne manquera pas de sujets de rébellion. (Grand Angle)
En 1917 Louis-Charles Bouteloup est toujours médecin, toujours un lieutenant aussi dérangeant et toujours aussi peu conforme au règlement et surtout aux espérances de son père, un proche de Clémenceau : "Vous voyez, mon colonel, je suis encore trop soumis. Si j'avais désobéi, j'aurais peut-être sauvé une vie !".
Comme il continue de gêner et de lutter contre les aberrations du système militaire en cette période de guerre, certaines personnes décident de l'envoyer en Alsace avec pour mission de former les futurs chirurgiens Américains.
Là, il se retrouve au milieu des Américains mais découvre également des parias, particulièrement des Indiens arrachés à leur terre par les Américains qui, souhaitant se les approprier, n'hésitent pas à envoyer à la boucherie ces hommes, qui d'ailleurs leur serviront pour leur apprentissage de la chirurgie de guerre : "Ce garçon n'a rien compris à la chirurgie de guerre. Quoi de mieux que les indigènes pour expérimenter ?".
Bien évidemment, cela ne va pas laisser de glace Louis-Charles Bouteloup qui, en acte de rébellion, va monter au combat avec eux, et peut-être que ce geste lui coûtera très cher.
Je ne regrette décidément pas le jour où j'ai découvert la série "L'ambulance 13" et j'attendais avec impatience ce nouveau cycle.
Je ne me suis pas encore remise de l'exécution de sœur Isabelle de Ferlon, mais voilà qu'il me faut repartir au front avec Louis-Charles Bouteloup qui est décidément un personnage que j'apprécie énormément.
Il dénonce les erreurs commises par l'état-major, il a toujours aussi soif de justice et ne supporte décidément pas que l'on amène à l'abattoir des hommes qui n'ont rien demandé de tel.
Il est toujours en conflit avec sa famille, tout comme sa sœur Lorraine qui s'est amourachée d'un homme actuellement prisonnier des Allemands ne plaisant pas à leur père et qui vit désormais par ses propres moyens, mais il continue tant bien que mal à pratiquer la médecine, plus particulièrement la chirurgie, au milieu de ce conflit violent et sanglant.
J'aime assez ce personnage de rebelle bien né, il est très humain et particulièrement attachant, et je crains pour lui car les dernières phrases ne lui laissent présager un avenir serein, sans doute est-ce l'acte de rébellion de trop qu'il paye aujourd'hui : "C'est un lieutenant, un médecin. Éclats de grenade. Il a perdu beaucoup de sang.".
C'est également avec plaisir que j'ai retrouvé la truculente Emilie, une jeune dessinatrice Parisienne pauvre au grand cœur et désespérément amoureuse de Louis-Charles Bouteloup qui ne cesse de la recommander auprès de personnes cherchant un asile : "C'est fou ce qu'il m'attire comme monde, cet homme-là !".
La rencontre entre Emilie et Lorraine est d'ailleurs touchante, ces deux femmes n'auraient jamais dû se rencontrer et encore moins vivre ensemble et c'est pourtant bel et bien ce qui se produit.
Comme quoi la guerre redistribue les cartes et fait tomber, partiellement, les barrières entre les différentes classes sociales.
Une nouvelle fois cette histoire de Patrice Ordas est minutieusement documentée, j'y ai appris deux ou trois choses intéressantes et le dossier en fin de volume sur le développement des techniques du service de santé des armées est des plus enrichissants.
Les dessins d'Alain Mounier sont toujours aussi réussis, j'aime beaucoup la mise en couleur, entre les scènes se déroulant à Paris et celles sur le front, qui renforce l'atmosphère se dégageant de l'histoire et j'ai trouvé certaines images très belles, particulièrement celles où une grenade explose près de Louis-Charles et que s'impose devant lui les trois femmes importantes de sa vie : sa sœur Lorraine, Emilie et sœur Isabelle.
Une nouvelle fois j'ai vécu en immersion dans cette guerre de 14/18 particulièrement bien représentée dans cette bande dessinée qui met l'accent sur les techniques médicales qui ont été développées dans le même temps pour soigner les blessés, une réussite à la fois sur le plan historique mais aussi culturel car j'y apprends toujours des choses.
"Les plumes de fer" est un excellent cinquième tome de "L'ambulance 13", une série sur la guerre de 14/18 que je ne peux que vous recommander etqui est une franche réussite sur tous les plans.
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