lundi 21 novembre 2011
Sommeil de Haruki Murakami
Envoûtante et onirique, une des nouvelles les plus énigmatiques de Haruki Murakami, superbement illustrée aux couleurs de nuit, par Kat Menschik. Dans un style pur et cristallin, une plongée obsédante dans les dix-sept nuits sans sommeil d’une femme, pour pénétrer tout le mystère et la magie de l'univers du maître. (10/18)
"Voilà dix-sept nuits que je ne dors plus".
Ainsi commence cette étrange et fascinante nouvelle de Haruki Murakami, auteur que je ne connaissais pas jusqu'à présent.
Cette nouvelle, sous couvert d'une histoire assez simple d'une femme ne dormant plus depuis dix-sept jours, est intrigante du début à la fin et soulève de nombreuses questions.
Est-ce un cauchemar éveillé ou une nuit sans fin que vit l'héroïne ? Quelle est la symbolique de ce non-sommeil : trouver un sens à sa vie ou bien annoncer une mort prochaine ? Est-cela traduction d'une lassitude, d'un ennui de sa vie quotidienne ou bien une démonstration de son égoïsme ?
Beaucoup de questions et au final pas vraiment de réponses.
Je me demande même si l'état de cette femme ne correspond pas à l'état de plénitude, de bien-être, de sérénité, que peuvent ressentir les personnes juste avant de mourir.
Cette femme s'ennuie, sa vie est routinière et ne lui apporte rien sur le plan personnel, ou alors si peu, et puis survient ce non-sommeil qui lui ouvre les portes d'un univers insoupçonné. Elle a du temps pour elle, se remet à lire des livres, à réfléchir, mais se détache de plus en plus de son entourage.
J'ai beaucoup aimé le parallèle avec sa lecture d'"Anna Karénine", au fond j'ai eu l'impression que c'est ce que vit l'héroïne du livre que cette femme voudrait vivre : une folle passion qui fait tout oublier, qui donne un sens à sa vie, même si c'est pour la perdre au final : "Je ne pouvais plus penser à rien, à cause des scènes du roman qui me restaient dans la tête et d'une faim violente qui venait de m'assaillir. Ma conscience vivait une chose, quelque part, et mon corps une autre, ailleurs".
Finalement je cherche et je m'interroge encore sur le sens de cette nouvelle, mais elle ne peut que soulever beaucoup de questions et amène donc à réfléchir, à s'interroger sur sa vie, mais aussi sur sa relation avec les livres, car il est beaucoup question de littérature dans ce récit.
L'auteur flirte en permanence entre le réel et l'irréel.
Il détient les clés du mystère et a choisi de laisser son lecteur s'interroger et interpréter l'histoire à sa manière.
J'ai été moi-même hypnotisée par la lecture de ce livre que j'ai d'ailleurs lu d'une seule traite.
C'était ma première lecture de Haruki Murakami et j'avoue avoir aimé le style de l'auteur.
C'est à mon avis une bonne façon d'aborder son style littéraire.
De plus, le livre est illustré par Kat Menschik.
Ses dessins sont très beaux, dans des tons de gris argent qui illustrent bien le thème dominant de la nuit (ils se reflètent d'ailleurs selon l'orientation de la lumière), ainsi qu'une forme de folie sous-jacente dans cette oeuvre.
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