dimanche 4 octobre 2015

Des lendemains sans nuage de Fabien Velhmann, Ralph Meyer et Bruno Gazzotti


Vous voulez savoir ce que nous réserve l'avenir ? Demandez donc à Nolan Ska ce qu'il en pense. il vient justement du futur. Et il sait de quoi demain sera fait. Il vous annoncera une humanité tombée sous la domination d'une seule et unique firme : TechnoLab. Mais il vous dira aussi qu'il est encore possible de changer tout cela. et que c'est précisément pour cette raison qu'il a remonté le temps : pour retrouver l'homme par qui tout va commencer. F. G. Wilson. le futur patron de TechnoLab... et pour modifier à jamais le cours de son destin. (Le Lombard)

Non seulement Le Lombard est une excellente maison d'édition pour la bande dessinée, mais leur collection Signé regroupant des auteurs de talent autour d'un projet est tout simplement une pure merveille.
Il se trouve que je venais de finir de lire "22/11/63" de Stephen King et que j'étais encore curieuse de découvrir la façon dont le thème du voyage dans le temps pour changer le passé était traité ailleurs.
Le hasard a voulu que je tombe sur ce titre plutôt méconnu et faisant partie des premiers titres publiés dans la collection Signé.
Il est clair que le futur n'est pas joyeux, le monde est désormais dominé par une firme : TechnoLab, dirigée par le mégalomane F.G. Wilson : "La manière dont F.G. Wilson a asservi le monde a été des plus insidieuses. Il ne s'est pas imposé par un coup d'état. Il n'a pas non plus été élu. A vrai dire, Wilson n'est même pas un homme politique. C'est un marchand. Et c'est librement que nous avons choisi d'adhérer au confort technologique qu'il proposait : prothèses bio-mécaniques, organes synthétiques.".
Nolan Ska décide donc de fabriquer une machine à voyager dans le temps pour aller dans le passé et ne pas contrarier le souhait premier de F.G. Wilson d'être un écrivain reconnu.
Mais le passé ne se laisse pas modifier si facilement, c'est d'ailleurs l'un des points communs entre cette bande dessinée et le livre de Stephen King puisque les deux héros se heurtent à de nombreuses difficultés, se posent les mêmes questions, et aboutissent à la même conclusion : changer le passé ne se fait pas en claquant des doigts : "Il semblerait donc que toute modification du passé se heurte à un phénomène de résilience. L'histoire tend à rester la même, quoi qu'on y fasse. Mais cela signifie-t-il pour autant que toute tentative de changement soit forcément vouée à l'échec ? Peut-être faut-il juste faire preuve d'énormément de détermination.", d'ailleurs celui-ci est récalcitrant et n'hésite pas à mettre de nombreux bâtons dans les roues.

Il y a de l'humour dans cette bande dessinée, en surface car si l'on gratte le vernis des propos plus graves y sont évoqués.
Et si j'ai trouvé des similitudes dans la façon de traiter le voyage dans le temps dans la littérature entre ce récit et celui de Stephen King, cette bande dessinée fait preuve de nombreuses originalités sur le sujet qui ne m'ont pas laissée indifférente.
Le scénario, signé Fabien Velhmann, est bien plus profond qu'il n'y paraît et se plaît à répondre à quelques-unes de nos questions lorsque nous cherchons à imaginer l'avenir.
Il est d'une originalité formidable et je l'ai énormément apprécié et savouré.
F.G. Wilson s'imagine un auteur de science-fiction de génie, alors qu'il est plutôt pitoyable, et se sert de Nolan Ska comme nègre qui lui-même manipule F.G. Wilson afin de l'empêcher de devenir le maître du monde tel qu'il le connaît.
Ce qui est de la science-fiction pour l'un n'est que le futur pour l'autre, un antagonisme entre les deux personnages qui est extrêmement bien développé dans le récit.
La mise en abîme entre le récit des auteurs et ceux de Nolan Ska est aussi un point du récit qui m'a intéressée.
Tout comme l'analyse faite de la relation entre un (pseudo) écrivain et son nègre, ce dernier ayant plus d'une fois envie de jeter l'éponge : "Je ne sais pas si j'ai la force de continuer ça plus longtemps.", mais il se retient t à chaque fois car son but est justement d'éviter que TechnoLab n'asservisse le monde.
Le scénario est très bien ficelé et la chute m'a surprise, elle revêt d'ailleurs une certaine forme de cruauté et de lâcher prise : "L'Humanité n'aura que ce qu'elle mérite.".
Quant aux dessins, ils sont réalisés par Ralph Meyer et Bruno Gazzotti et bien malin qui pourrait deviner qu'ils ont été faits par deux personnes différentes tant il y a de la continuité entre eux.
Le graphisme est aussi un point fort de cette bande dessinée et a su me séduire, le tout dans une univers assez sombre où le soleil réchauffe rarement les personnes de ses rayons.
Je ne connaissais aucun des trois auteurs avant de lire cette bande dessinée et je suis désormais curieuse de découvrir leurs œuvres respectives.

"Des lendemains sans nuage" est une bande dessinée méconnue qui gagnerait à l'être, elle fait en tout cas partie de mes belles découvertes littéraires de ces derniers temps et j'espère vous avoir donné envie de la découvrir.

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