samedi 29 septembre 2018

La saison des feux de Céleste Ng


À Shaker Heights, banlieue riche et tranquille de Cleveland, tout est soigneusement planifié pour le bonheur des résidents. Rien ne dépasse, rien ne déborde, à l’image de l’existence parfaitement réglée d’Elena Richardson, femme au foyer exemplaire. Lorsque Mia Warren, une mère célibataire et bohème, vient s’installer dans cette bulle idyllique avec sa fille Pearl, les relations avec la famille Richardson sont d’abord chaleureuses. Mais peu à peu, leur présence commence à mettre en péril l’entente qui règne entre les voisins. Et la tension monte dangereusement à Shaker Heights. (Sonatine)

J'avais eu l'occasion de lire le premier roman de Céleste Ng, "Tout ce qu'on ne s'est jamais dit" lors du Prix Relay en 2016.
C'est donc tout naturellement que mes pas m'ont guidée vers son second roman publié en France au mois de mai.
Si j'avais beaucoup aimé son premier roman et avait qualifié cette auteur de prometteuse que dire de son second qui est encore plus merveilleux que le premier.
Disséquer une famille et explorer ses secrets sont des thèmes chers à l'auteur, il en est de nouveau question dans ce roman mais le prisme est différent.
Cette fois-ci pas de disparition d'une fille, mais l'arrivée d'une mère célibataire et de sa fille Pearl pour faire voler en éclat le vernis de la banlieue de Shaker Heights, et tout particulièrement la famille Richardson.
Elena Richardson est l'archétype de la femme Américaine : mère dévouée à ses enfants et à son mari, gardant un travail mais ne faisant jamais passer sa carrière avant sa famille; et pourtant, même si cette image est connue il n'y a pas de redite ou de cliché dans ce roman.

Une nouvelle fois Céleste Ng a su me toucher, à la fois par son histoire qui se déroule doucement et qui ne cesse de mettre à jour les secrets des uns et des autres, mais aussi par la justesse de ses personnages et l'analyse qu'elle en fait.
Tous sont extrêmement travaillés, ce livre est une galerie de portraits mais aucun n'est délaissé au profit d'un autre, chacun a son rôle à jouer dans cette intrigue et tous sont bien écrits par l'auteur, qui les aime, forcément, sinon comment aurait-elle pu écrire une histoire qui sonne si vraie.
Evidemment, j'ai apprécié le secret entourant Mia Warren, sa vie de bohême, toujours dans la fuite en avant avec sa fille qui elle rêve de stabilité.
Face à elle il y a Elena Richardson, une femme que j'ai comprise même si je ne suis pas dans le même mode de vie qu'elle.
Il faut dire que les relations difficiles qu'elle entretient avec sa dernière fille sont crispantes, on sent bien cette femme déchirée qui ne sait que rabrouer sa fille alors qu'elle est sans doute celle lui ressemblant le plus.
Elena Richardson a fait fi de sa liberté en se mariant et en se consacrant à sa famille, tout l'inverse de Mia Warren.
Mais l'intrigue ne repose pas uniquement sur l'opposition entre ces deux femmes, ou les liens qui se tissent entre les enfants des deux familles, c'est aussi le reflet d'une certaine époque, d'une certaine Amérique, et c'est un véritable film qui se déroule devant les yeux du lecteur.

"La saison des feux" est un très beau roman signé par une auteur qui constate avec acuité les rapports sociaux et familiaux de l'époque, à découvrir sans tarder.

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