jeudi 7 juin 2012
Blade Runner de Philip Kindred Dick
L'androïde Nexus 6 n'est pas un simple robot. Son intelligence est bien supérieure à celle de certains êtres humains. Et parce qu'ils ne supportaient plus l'âpreté de la vie sur Mars, huit d'entre eux ont assassiné leurs gardiens avant de s'enfuir sur Terre. La brigade spéciale des blade runners a mis Rick Deckard, son meilleur chasseur d'androïdes, sur l'affaire. Les renégats seront difficiles à coincer, même avec le test standard... Mais la paie proposée devrait lui permettre de concrétiser son rêve : remplacer son simulacre électrique de mouton par un vrai ! Cependant, quand surgit face à lui la belle Rachel, toutes ses certitudes sont remises en cause... (J'ai Lu)
Originellement appelé "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" le livre a été rebaptisé "Blade runner suite à la sortie du film de Ridley Scott.
Certes, ce titre était certainement moins accrocheur, mais il avait le mérite de refléter le contenu du livre et surtout les questions philosophiques sous-jacentes tout au long du récit.
Avec ce livre, Philip K. Dick offre un formidable roman de science-fiction qui pourrait apparaître comme démodé mais qui finalement ne l'est pas et recèle au contraire des richesses, avec une philosophie et de vrais questionnements derrière l'histoire, notamment à travers les personnages des androïdes.
Dès le début se met en place une ambiance oppressante, avec la quête perpétuelle de posséder un véritable animal domestique et non un robot, puisque cela est symbole de richesse et d'ascension sociale.
Rick Deckard n'y échappe pas, il cache que son mouton est un robot et veut à tout prix posséder un animal, c'est même l'une de ses motivations pour rechercher et éliminer les androïdes venus sur Terre.
Finalement, le lecteur sait peu de choses sur les humains partis dans les colonies de l'espace, il n'y a que trois catégories de personnages : ceux dits sains car non contaminés, les spéciaux et les androïdes, et l'un des aspects dominants est la distinction qui est faite entre ces trois catégories.
Cela n'est pas sans rappeler la quête de l'Homme parfait, du monde idéal, où ceux sortant du rang doivent être éliminés.
D'ailleurs, peut-être que les colonies représentent le monde idéal.
Comme dans d'autres récits de science-fiction, la religion est également très présente et a une forte influence sur les personnages lorsqu'ils y croient ou alors aucune lorsqu'ils la rejettent. Il n'y a pas de demi mesure, soit on croit soit on ne croit pas.
La religion est ainsi un point de repère pour certains, tandis que d'autres s'en affranchissent, ce qui est le cas de Rick Deckard avant un retournement en fin d'histoire. Il sait que ce qu'il fait est mal, mais il doit le faire : "Mercer a dit que c'était mal, mais je devais le faire quand même."
Car la religion développée par Philip K. Dick est le mercerisme qui via des boîtes à empathie permet la fusion de chacun avec Wilbur Mercer, un homme capable d'inverser le temps.
Que ce soit la quête d'avoir un véritable animal ou celle de la religion, de la recherche de la fusion via la boîte à empathie, ce n'est au fond qu'une quête perpétuelle de la non solitude où chacun essaie de ne pas être seul. Paradoxalement, les humains dits normaux ne se tournent pas vers les androïdes, et cette quête apparaît comme désespérée, et si au fond tout cela n'était que le reflet d'une Humanité qui se meurt ?
L'histoire est rythmée et ne s'essouffle jamais, d'autant qu'il y a des scènes très fortes et hautement symboliques.
Deux scènes m'ont particulièrement marquées : lorsque Rick Deckard fait passer le test Voight-Kampff à Rachel, et lorsque Rick Deckard se fait dénoncer par une androïde à la police et que celle-ci lui met alors un doute dans la tête, prétendant n'avoir jamais entendu parler de lui ni de son supérieur, lui affirmant même que le quartier général des Blade runners n'est pas à l'adresse qu'il indique mais à une autre.
Pendant toute cette partie, l'auteur a réussi à semer le doute dans ma tête, et je me suis demandée si Rick Deckard n'était pas en fait lui-même un androïde, un de ces Nexus 6 si performants.
C'est pour moi l'un des moments les plus forts du récit, d'ailleurs cette interrogation est également sous-jacente dans la version cinématographique.
J'ai également trouvé un côté misogyne à ce récit car les femmes n'ont pas le beau rôle.
Elles sont présentées comme pénibles (la femme de Rick Deckard), pour les humaines, et manipulatrices (Rachel, Priss Stratton, Irmgard Baty), pour les androïdes.
Elles ne sont pas franchement dotées de qualité et sont même plutôt dépeintes sous un mauvais jour, d'autant que Rachel est une séductrice, qu'elle le sait, et qu'elle joue de son charme sur les Blade runners pour les court-circuiter et les rendre inaptes à leur fonction.
"Blade runner" est l'un de ces livres incontournables, un des piliers de la science-fiction, et j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire.
Il soulève de vraies questions et propose une dimension philosophique au récit, ce qui le rend riche et extrêmement plaisant à lire.
Je pense même qu'il faut en faire plusieurs lectures pour saisir toutes les subtilités développées par l'auteur.
Un très bon moment de lecture et d'évasion dans un monde futuriste quelque peu angoissant, oppressant mais intrigant et attachant.
Ce livre a été lu dans le cadre du challenge ABC critiques 2011/2012 - Lettre D
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En tant que passionnée de science fiction j'ai lu et relu Blade Runner et j'ai beaucoup aimé : c'est effectivement un livre incourtounable .
RépondreSupprimerJ'ai aussi vu le film de Ridley Scott avec Harrison Ford qui reste pour moi la meilleure adaptation du livre à ce jour .
@ Marie : Si je ne m'abuse c'est la seule adaptation à ce jour ^^ D'ailleurs j'ai bien envie de le revoir ! (j'ai l'embarras du choix j'ai l'édition ultime avec le Final cut de 2007, la version US de 1982, la version internationale de 1982, le Director's cut de 1992 + des bonus)
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