samedi 24 mai 2014

Mon chien Stupide de John Fante


Un énorme chien à tête d'ours, obsédé et très mal élevé, débarque un soir dans la famille en crise d'Henry J. Molise, auteur quinquagénaire raté et désabusé. Dans leur coquette banlieue californienne de Point Dume, ce monstre attachant s'apprête à semer un innommable chaos. Un joyau d'humour loufoque et de provocation ravageuse. (10/18)

Henry Molise, quinquagénaire, exerce la profession d'écrivain, enfin, lorsqu'il a de l'inspiration et depuis quelques temps ce n'est plus vraiment le cas.
Il vit et fait vivre sa famille avec son allocation de chômeur touché toutes les semaines et écrit de temps à autre des scénarios pour la télévision.
Henry Molise n'est pas heureux dans sa vie : il rêve d'Italie et de retourner à Rome, que ses enfants quittent enfin le domicile familial et qu'il puisse enfin réaliser son rêve : Rome, avec ou sans sa femme, c'est un sujet quelque peu accessoire pour lui.
Mais tout bascule lorsque que par une nuit pluvieuse un monstre débarque dans le jardin des Molise : un énorme chien tenant de l'ours pour son apparence et d'un obsédé sexuel pour son comportement.
Ce chien baptisé Stupide va jouer le rôle de catalyseur : il va aider Henry à voir une partie de ses vœux exaucés puisque par plusieurs concours de circonstances les enfants vont quitter un à un le nid familial tandis que lui-même va retrouver l'inspiration et se lancer dans l'écriture d'un roman.
Le personnage de Henry qui est également le narrateur va n'avoir de cesse à s'identifier à ce chien, à se trouver des points communs avec lui à tel point que cela en devient parfois effrayant : "Il était un chien, pas un homme, un simple animal qui en temps voulu deviendrait mon ami, emplirait mon esprit de fierté, de drôlerie et d'absurdités. Il était plus proche de Dieu que je ne me serais jamais, il ne savait ni lire ni écrire, et cela aussi était une bonne chose. C'était un misfit et j'étais un misfit. J'allais me battre et perdre; lui se battrait et gagnerait."; mais c'est aussi grâce à lui qu'il va réaliser à la fin que l'essentiel était juste ses yeux, l'importance de sa famille et se questionner pour se remettre une bonne fois pour toute en question alors qu'il était prêt à tout bazarder pour un rêve de dolce vita : "Pas étonnant que je comprenne mes chiens et pas mes enfants. Pas étonnant que je sois désormais incapable d'achever un roman. Pour écrire, il faut aimer, et pour aimer il faut comprendre.".
Si certaines scènes de ce roman ont pu prêter à sourire, j'attendais toutefois plus de mordant et d'ironie de ce récit qui est finalement un peu trop sage et moins percutant que ce à quoi je m'attendais.
Si j'ai pu apprécier la mise en abîme faite par l'auteur sur la création artistique et les difficultés rencontrées par un écrivain, cette réflexion, comme toutes celles développées dans ce roman, n'est qu'abordée mais jamais poussée jusqu'au bout.
Les personnages sont caricaturaux à l'extrême, cette famille Molise véhicule à elle seule bon nombre de clichés mais une fois encore, si cela est drôle les premiers instants cela le devient moins par la suite puisqu'il n'y a pas de réel traitement fait de cette situation.
Pour preuve, les personnages disparaissent même les uns à la suite des autres, un peu trop facile à mon goût, même si je reconnais que la fin n'est pas inintéressante.
Quant au style de John Fante, difficile d'en dire quelque chose à l'issue de cette lecture.
Il a tendance à enfoncer des portes déjà ouvertes et je suis incapable de juger de la fidélité de la traduction par rapport à l'écriture originale du roman, sans doute faudra-t-il que je lise un autre roman de cet auteur pour me forger une opinion un peu plus précise.

"Mon chien Stupide" était un livre pleins de promesses : de l'ironie, du mordant, de l'humour, du drame; au final tous ces ingrédients sont bien là mais ne sont pas utilisés au maximum de leur potentiel, ce qui a pour résultat une lecture en demi-teinte.

Livre lu dans le cadre du Club des Lectrices

2 commentaires:

  1. Pour ma part j'ai beaucoup aimé ce petit livre (petit seulement pour le volume) C'est par lui d'ailleurs que j'ai découvert et aimé l'auteur . J'y ai vu surtout une sorte de farce au moment du départ crucial des enfants et bien que le fond du récit soit triste, j'ai beaucoup souri en le lisant. Tu me donnes envie de le relire, tiens!

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    1. Bonne nouvelle alors ! Je lirai quand même au moins un autre livre de cet auteur, j'attendais peut-être trop aussi.

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