mardi 21 mai 2013

Argo de Ben Affleck



Le 4 novembre 1979, au summum de la révolution iranienne, des militants envahissent l’ambassade américaine de Téhéran, et prennent 52 Américains en otage. Mais au milieu du chaos, six Américains réussissent à s’échapper et à se réfugier au domicile de l’ambassadeur canadien. Sachant qu’ils seront inévitablement découverts et probablement tués, un spécialiste de "l’exfiltration" de la CIA du nom de Tony Mendez monte un plan risqué visant à les faire sortir du pays. Un plan si incroyable qu’il ne pourrait exister qu’au cinéma. (AlloCiné)

Voilà une histoire que je ne connaissais pas, et pour cause : je n'étais pas née quand elle a eu lieu, et un film que je n'avais pas eu l'occasion de voir au moment de sa sortie dans les salles obscures.
Grâce à un vol transatlantique, c'est chose faite.



Petit retour sur les faits : en novembre 1979, au summum de la révolution iranienne qui a renversé le Shah et transformé l'Iran en république islamique, des étudiants rassemblés près de l'ambassade américaine prennent le bâtiment d'assaut et ses occupants en otage.
Cette haine des Etats-Unis a commencé lorsque ce pays a accepté d'accueillir le Shah pour qu'il y soigne son cancer en octobre 1979.
La prise d'otages durera 444 jours.
Le film ne porte pas essentiellement sur cette prise d'otages, mais plutôt sur les six diplomates américains qui réussissent à s'échapper de l'ambassade et finissent par trouver refuge auprès de l'ambassadeur du Canada et sur l'opération mise en place par la CIA pour les récupérer et les faire sortir du pays.
Une opération que je qualifierai de gonflée, outre le fait qu'elle était extrêmement risquée : deux agents de la CIA vont en effet se faire passer pour des cinéastes canadiens désirant tourner en Iran et en profiter pour évacuer les six diplomates sous couvert de passeports canadiens.



Ce film a été critiqué par certains pour ses inexactitudes, il m'est difficile de me prononcer sur le sujet, je ne connaissais pas les faits avant de voir le film.
Certes, Ben Affleck a fait quelques raccourcis, il a occulté le fait qu'il n'y avait pas uniquement l'ambassade canadienne qui avait aidé les six diplomates mais d'autres auparavant, mais entre nous, ceux qui ont pris le plus de risques, ce sont bien les canadiens.
D'ailleurs l'ambassadeur canadien partira très vite d'Iran après cela, accompagné de sa femme iranienne, et quant à leur gouvernante elle fuira en Iraq, ayant délibérément menti aux révolutionnaires afin de protéger les américains qu'elle savait cachés à l'ambassade.
Il a aussi certainement un peu romancé certaines parties, je pense notamment à la fin à l'aéroport où il a créé un suspens et une angoisse quant au dénouement, mais personnellement j'ai trouvé cela bienvenu et logique en quelque sorte.

J'ai beaucoup aimé la construction du film.
Au début, ce sont des images d'archives qui sont montrées au spectateur tandis qu'une voix énonce les faits et rappelle le contexte politique en Iran à cette époque.
J'ai trouvé que c'était une excellente entrée en matière et au moins, pour les personnes qui n'y connaissaient pas grand chose, elles partaient avec des bases et pouvaient tout de suite entrer dans l'histoire.
Le reste est certes d'une mise en scène classique, mais c'est sobre et dans des images sépia, cela donne un côté un peu vieillot au récit et là encore, je trouve ça intelligent car les faits se sont déroulés il y a un peu plus de trente ans.
A côté du récit d'extraction des diplomates, il y a le suivi de la prise d'otages, avec des images dures montrant ce qu'étaient, pour une infime partie, les conditions de détention : entre la promiscuité, la crasse, les pseudo exécutions où certains otages se retrouvent face à un peloton d'exécution avec un sac sur la tête pour finir par rester en vie.
Et à mon avis, ceci n'est qu'une infime partie du calvaire qu'on vécut les otages, dont la plupart je le rappelle sont restés dans ces conditions pendant 444 jours.



Derrière l'histoire, Ben Affleck a choisi de traiter le côté humain de l'affaire et cela donne une forte dimension émotive au récit.
Il s'attache tout d'abord à Tony Mendez, loin d'être un super héros, souvent rongé de doutes, vivant loin de sa famille et qui va se battre et prendre d'énormes risques pour mener à bien sa mission.
Il est intéressant de voir tout le travail qu'il a réalisé en amont avant de se rendre en Iran et de procéder à la sortie du pays des six diplomates.
Rien n'était facile ni joué d'avance, le film a le mérite de montrer cet aspect des choses.
Ce qui m'a sans doute le plus marquée, c'est le travail réalisé sur les six diplomates. Ils sont montrés dans leurs faiblesses, dans leurs moments de doute et d'espoir.
Ils vivent dans le danger permanent, ils ne peuvent pas sortir dehors sous peine d'être reconnus, évidemment ça finit par les travailler et les plonger dans une forme de folie dont ils arrivent à sortir parce qu'ils sont unis et qu'à aucun moment ils ne vont se désunir ou se déchirer.
Ils savent qu'au moindre faux pas c'est la mort pour eux, ils ne sont qu'en sursis et ils ont aussi conscience du danger qu'ils font courir à leur hôte.
Là aussi, cet aspect est humainement traité, l'ambassadeur canadien les garde chez lui et essaie avec sa femme et sa gouvernante de leur rendre la vie plus facile.
La gouvernante fait une chose étonnante de courage : elle va mentir aux révolutionnaires, s'ils le découvrent c'est la mort assurée pour elle car elle serait considérée comme une traître.
Et dire que tout cela n'est pas de la fiction mais la réalité, cela fait froid dans le dos à plus d'un moment.
Il y a une tension qui va crescendo tout au long du film pour atteindre son paroxysme à la fin, j'ai fini par serrer d'angoisse l'accoudoir du fauteuil tant la scène à l'aéroport s'éternisait et prenait un tour des plus inquiétants.


"Argo" de Ben Affleck reste un film classique dans sa mise en scène et son réalisateur n'a pas pris énormément de risques dans sa façon de filmer et de bâtir son film.
Il n'en demeure pas moins qu'il a aussi réussi à créer et à maintenir un suspens et une tension qui balaient ce classicisme et à mettre en lumière un événement historique qui aujourd'hui encore reste peu médiatisé et source de discussions.

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