jeudi 23 mai 2013

Looper de Rian Johnson



Dans un futur proche, la Mafia a mis au point un système infaillible pour faire disparaître tous les témoins gênants. Elle expédie ses victimes dans le passé, à notre époque, où des tueurs d’un genre nouveau (les "Loopers") les éliminent. Un jour, l’un d’entre eux, Joe, découvre que la victime qu’il doit exécuter n’est autre que… lui-même, avec 20 ans de plus. La machine si bien huilée déraille… (AlloCiné)


Il va falloir m’expliquer pourquoi Looper est un film qui n’a pas plus fait parler de lui que ça à sa sortie dans les salles obscures il y a quelques mois.


Vol transatlantique (souvenez-vous, à l’aller je comblais ma lacune sur le film Argo), au retour j’ai décidé de regarder ce film de science-fiction dont j’avais entendu parler à sa sortie mais peu vu sur les écrans (ou alors dans les complexes mais je n’y mets pas les pieds).

L’histoire est simple tout en ne l’étant pas (prenez un cachet d’aspirine, ça vaut mieux pour me suivre ainsi que le déroulé de l’intrigue), il faut dire que la mise en scène plutôt audacieuse de Rian Johnson en est l’une des raisons.
Nous sommes en 2044, Joe, outre qu’il soit le narrateur de l’histoire, est un looper, c’est-à-dire un tueur à gages chargé d’exécuter des cibles envoyées du futur par une organisation criminelle qui les choisit car ces personnes sont devenues gênantes.
Et oui, il est plus facile d’éliminer le futur dans le présent, ou dit autrement de tuer le présent dans le passé.
Bref, on voyage dans le temps, comme ça le corps est éliminé dans le présent (ou le passé, tout dépend du point de vue que l’on adopte) car dans le futur (ou le présent, idem) la police retrouve facilement les corps.
Joe est un jeune homme sans illusion, vivant uniquement de ses cachets de tueur, je le soupçonne d’y prendre même du plaisir, mais alors il est stylé, toujours bien sapé, au volant de voitures rutilantes à fréquenter des créatures sublimes dans des boîtes, ajouter à tout cela qu’il est junkie et qu’en 2044 la drogue ne s’injecte plus par piqûre ou par sniff mais par des gouttes dans les yeux (je regarde différemment mon traitement contre la conjonctivite depuis).


Et comble du luxe, il apprend le français et aime à en dire quelques phrases car son rêve est de partir pour la France (expliquez-moi l’attrait de la France et du français exercés sur les américains ?).
Quand on sait que l’acteur qui interprète Joe jeune est francophile, j’ai bien souri au début du film, un joli pied-de-nez comme je les aime (par contre, je ne comprends pas pourquoi il ne se double pas lui-même en ce cas).
Pour en revenir à nos cachetons, il se trouve qu’un jour Joe se trouve à devoir exécuter son lui-même âgé, sauf son lui-même du futur s’échappe, en quête d’un enfant afin de le tuer car il le soupçonne d’être devenu 30 ans plus tard l’ennemi public numéro 1 qui contrôle le voyage dans le temps à des fins criminelles.
Sauf que Joe-jeune va s’enticher de la mère de l’enfant et le défendre, s’opposant donc à lui-même.


Allez, on respire un grand coup !
Comme je le disais plus haut, la mise en scène du réalisateur est audacieuse et j’ai franchement apprécié.
Il aime jouer et rejouer certaines scènes, comme s’il remontait une montre pour repartir 10 minutes avant.
La première fois ça surprend, et la deuxième fois on trouve ça carrément génial.
Mais il a aussi d’autres éclairs de génie, ainsi j’ai trouvé formidable son avancée dans le temps sur le personnage de Joe : quelques mois, un an, dix ans, vingt ans, trente ans; tout ça en quelques images.
C’est soigné au niveau de la mise en scène, toutefois je reconnais que par moment c’est à la limite du cafouillage sans jamais tomber dedans.


Il y a du contraste dans les images, entre la noirceur de la nuit, le désert, la Chine, j’aime ces décors différents qui offrent autant d’atmosphères et d’ambiances.
L’histoire n’est pas forcément très innovante, dans le sens où elle emprunte des petits bouts à d’autres monuments de la science-fiction : "Terminator" pour l’aspect "je viens du futur éliminer une personne qui deviendra une menace", "Blade Runner" avec le côté décadent, violent et les tueurs à gages, "Soleil Vert" aussi pour l’aspect très pauvre de la population qui vit dans des situations dégradées ; mais elle se suit avec plaisir.
Côté casting, Joe-jeune est interprété par Joseph Gordon-Levitt, je ne redirai pas comme cela a déjà été dit tant de fois (et aussi sur mon blog) que ce jeune acteur est très talentueux et a largement dépassé le stade de l’espoir mais plutôt confirme à chaque film (ah si, je l’ai dit), Emily Blunt campe une Sara sauvage, mère farouchement décidée à protéger son fils à n’importe quel prix et puis il y a l’erreur de casting, ou alors l’erreur d’interprétation : Bruce Willis en Joe-âgé.
Pourquoi a-t-il joué avec son côté flingueur à toute berzingue, gros bras costaud qui veut sauver le monde ?
Sérieusement, il a prouvé avec Sixième sens qu’il était capable de jouer autre chose que cet archétype de personnage mais voilà qu’ici il retombe dans ses travers et n’a pas trouvé grâce à mes yeux.


Pourtant, un travail numérique a été fait pour que les deux acteurs se ressemblent (ils sont censés être le même personnage), c’est réussi et les scènes de confrontation sont intéressantes, mais dès qu’il est seul à l’écran il n’a plus de présence.
Quant à la bande son, elle est soignée, rétro, elle colle bien avec les images du film et s’intègre parfaitement à l’ambiance générale qui s’en dégage.


Pour son troisième film, Rian Johnson signe un film de science-fiction réussi même s’il emprunte à beaucoup de ses prédécesseurs, et laisse présager de beaux lendemains à ce jeune réalisateur talentueux.


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