lundi 26 mai 2014

La chambre bleue de Mathieu Amalric



- Dis- moi Julien, si je devenais libre, tu te rendrais libre aussi ? 
- Tu dis ?... 
Un homme et une femme s’aiment en secret dans une chambre, se désirent, se veulent, se mordent même. Puis s’échangent quelques mots anodins après l’amour. Du moins l’homme semble le croire. Car aujourd’hui arrêté, face aux questions des gendarmes et du juge d’instruction, Julien cherche les mots. « La vie est différente quand on la vit et quand on l’épluche après-coup. » Que s’est-il passé, de quel crime est-il accusé ?... (AlloCiné)


" - Dis-moi Julien, si je devenais libre, tu te rendrais libre aussi ? "
C'est presque sur cette phrase que s'ouvre ce film, c'est en tout cas le leitmotiv qui anime tous les flash-backs de cette histoire de passion dévorante entre un homme et une femme, chacun marié de son côté et qui se retrouvent dans la chambre bleue d'un hôtel.
Le bleu est d'ailleurs la couleur dominante du film et plutôt que d'être une couleur chaude, c'est celle du crime, peut-être, de l'adultère et de la mort, sûrement.
Ce qui frappe dans ce film, c'est l'atmosphère qui s'en dégage et ce, dès les premières secondes.
Mathieu Amalric a choisi d'adapter un roman de Georges Simenon, encore diront certains, formidable diront d'autres.
Je fais partie de cette deuxième catégorie, il y a une telle richesse dans l'oeuvre de Georges Simenon que ce n'est pas étonnant qu'il ait été aussi souvent adapté, et toujours avec brio.
Car cette adaptation de Mathieu Amalric est tout simplement éblouissante : le scénario est ciselé, la mise en scène éclatante et réglée au millimètre, quel régal pour les yeux !
J'aime les réalisateurs qui osent raconter quelque chose dans leur manière de filmer, ici rien n'a été laissé au hasard : la scène d'ouverture nous montre une porte fermée, idem pour celle de clôture, beaucoup d'effets de mise en scène, une caméra parfois au plus près des corps pour filmer l'amante lassive sur le lit de cette chambre d'hôtel et qui soudain se transforme en tigresse pour mordre la lèvre de son compagnon.
Du style, de la mise en scène, des scènes de flash-backs intervenant toujours au bon moment, un scénario pesé qui dévoile sans tout dévoiler, et un jeu d'acteurs remarquable porté par Mathieu Amalric, Léa Drucker et Stéphanie Cléau.
Et que dire de la musique : puissante, évocatrice, elle clôture en beauté le film, sachant s'être faite discrète au début pour prendre un rôle de plus en plus important tandis que le drame se noue à l'écran.
Et si je suis bien chagrinée par une chose, c'est finalement de ne pas savoir le fin mot de l'histoire : hasard ou coïncidence ? Meurtre ou fâcheux concours de circonstance ? Qui est coupable : elle ? Lui ? Les deux ?
Pourquoi est-ce que je viens d'assister à un drame passionnel et que je suis bien incapable de démêler le vrai du faux ?
Mais inutile de chercher plus loin et d'y passer des heures : c'est une histoire à la Georges Simenon, alors laissons courir l'imagination.


"La chambre bleue" est un film sensuel, charnel, passionnel et forcément dramatique, une mise à nu physique et intellectuelle savamment et intelligemment filmée, signée d'un Mathieu Amalric particulièrement inspiré et dont il serait dommage de passer à côté.

2 commentaires:

  1. J'ai également beaucoup aimé ce film, et depuis j'ai terriblement envie de lire du Simenon... en commençant par La chambre bleue!

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    1. Tu n'avais pas lu "Le train" pour le Club des Lectrices ? J'ai aussi beaucoup envie de le lire, il devrait être facile à trouver en ce moment.

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