mercredi 3 août 2016

Simple de Marie-Aude Murail


Simple dit "oh, oh, vilain mot" quand Kléber, son frère, jure et peste. Il dit « j'aime personne, ici » quand il n'aime personne, ici. Il sait compter à toute vitesse : 7, 9, 12, B, mille, cent. Il joue avec des Playmobil, et les beaud'hommes cachés dans les téphélones, les réveils et les feux rouges. Il a trois ans et vingt-deux ans. Vingt-deux d'âge civil. Trois d'âge mental. Kléber, lui, est en terminale, il est très très courageux et très très fatigué de s'occuper de Simple. Simple a un autre ami que son frère. C'est Monsieur Pinpin, un lapin en peluche. Monsieur Pinpin est son allié, à la vie, à la mort. Il va tuer Malicroix, l'institution pour débiles où le père de Simple a voulu l'enfermer, où Simple a failli mourir de chagrin. Monsieur Pinpin, dans ces cas-là, il pète la gueule. Rien n'est simple, non, dans la vie de Simple et Kléber. Mais le jour où Kléber a l'idée d'habiter en colocation avec des étudiants, trois garçons et une fille, pour sauver Simple de Malicroix, alors là, tout devient compliqué. (L'école des loisirs)

"Il avait dix-sept ans, il venait de s'inscrire en terminale à Henri IV. Il ambitionnait les classes préparatoires, puis une grande école. Et il traînait après lui une espèce de monstre. Son frère Simple -de son vrai nom Barnabé -, qui croyait que les lapins en peluche sont vivants.", lui c'est Kléber, qui refuse que son frère aîné retourne à Malicroix, l'institution dans laquelle son père l'a placé après la mort de leur mère.
Alors pour rester avec Simple il est prêt à tout, y compris devenir son tuteur légal, y compris cohabiter avec trois garçons et une fille.
Rien d'autre ne compte que d'être avec Simple, ce frère de vingt-deux ans d'âge civil et trois d'âge mental qui ne se sépare jamais de Monsieur Pinpin, son lapin en peluche qui prend vie et le pousse à faire des bêtises : "Simple sans monsieur Pinpin, c'était comme monsieur Pinpin sans Simple : la fin de tout.".

Dans la famille Murail je demande Marie-Aude, que je n'avais jamais lu jusqu'à présent contrairement à sa sœur Elvire dite Moka.
J'aimais déjà beaucoup les œuvres à destination de la jeunesse de Moka, il en a été de même avec ce roman qui a été un gros coup de cœur.
Si ce roman s'adresse prioritairement à un public adolescent il n'est en rien niais et traite au contraire de thèmes difficiles de façon sérieuse.
Il y a beaucoup d'amour dans ce roman, il n'y a même que ça, d'abord entre Kléber et son frère Simple, mais aussi des autres personnes de la colocation vis-à-vis de Kléber et de Simple.
D'ailleurs Simple va aussi aider à sa façon Enzo à avouer ses sentiments à la belle Aria.
Il n'y a que des bons sentiments, ou presque si l'on fait exception de l'attitude du père de Kléber et Simple, que des personnes prêtes à tout les unes pour les autres, et c'est très réconfortant de lire une si belle histoire.
Le sujet aurait pu être casse-gueule, il fallait déjà rendre crédible le fait qu'un adolescent de dix-sept ans soit prêt à assumer la garde de son frère handicapé mental, mais l'auteur s'en sort bien et n'hésite pas à mettre en avant les difficultés de ce choix, d'autant que parfois Kléber en a assez et serait prêt à jeter l'éponge.
Car dix-sept ans pour Kléber c'est aussi l'âge des premiers émois amoureux, de la découverte des filles, difficile de concilier sa vie de garçon souhaitant s'amuser et découvrir le monde avec celle d'adulte qu'il a choisi pour lui et son frère.
J'ai également beaucoup aimé les interactions entre les jeunes cohabitant ensemble, si au début ils sont méfiants ils finissent vite par adopter Kléber et se prennent d'affection pour lui.
Tout comme Monsieur Villedieu, le vieux voisin méfiant de tous ces jeunes vivant ensemble (surtout qu'il n'y a qu'une fille parmi tous les garçons).
Difficile de rester de marbre face à Kléber, car il est attachant le garçon, même si souvent c'est Monsieur Pinpin, son lapin en peluche, qui prend le pouvoir et le pousse à faire des bêtises.
J'ai trouvé cette histoire très émouvante, j'ai eu parfois la larme au coin de l’œil en la lisant mais quel bonheur de lire cette si belle histoire qui ne tombe à aucun moment dans les clichés et qui célèbre la vie et l'amour inconditionnel de son prochain.

"Simple" de Marie-Aude Murail est un très beau roman jeunesse qui se lit à tout âge et donne envie d'aller se pelotonner avec son lapin en peluche dans son lit.


Mon lapin en peluche a lui aussi beaucoup aimé ce livre

Livre lu dans le cadre du Prix des Lectrices 2016



6 commentaires:

  1. Tu te doutes que je suis trèèèès heureuse de lire ta chronique ?! :)

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  2. Peut-être une phrase "difficile" dans votre commentaire sur un livre destiné à la jeunesse : "Si ce roman s'adresse prioritairement à un public adolescent il n'est en rien niais", qui sous-entendrait que la littérature pour adolescents est le plus souvent un tissu de niaiseries... :-)

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    1. Ce n'est pas ce que je voulais dire ou sous-entendre, mais le dernier roman adolescent que j'ai lu avant celui-ci était effectivement un peu niais et traitait son sujet de façon légère et superficielle. C'est plus dans ce sens qu'il faut comprendre l'utilisation de niais.

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  3. Bonjour,
    Et bravo pour ce super blog. Des articles très sympas, des infos pertinentes et une personnalité bien marquée… J’adore !
    http://blog.la-pigiste.com/

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