dimanche 4 mars 2018

La forme de l'eau (The Shape of Water) de Guillermo del Toro

       
     

Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultra-secret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres. (AlloCiné)


Dire que j'attendais avec impatience la sortie de ce film est un doux euphémisme, j'ai passé la semaine à trépigner en attendant que la journée du samedi arrive pour pouvoir y aller.
J'ai repéré ce film il y a plusieurs semaines, l'affiche m'a séduite, tout comme la bande annonce.
Et le résultat à l'écran ne m'a lui non plus pas déçu, il y a beaucoup à dire sur ce très beau film.
Commençons tout d'abord par l'histoire, assez belle et tout à fait dans l'esprit des films de Guillermo del Toro.
Elisa est une jeune femme muette, elle aime les chaussures, son voisin et a très bon cœur, à tel point que lorsqu'elle découvre avec sa collègue Zelda l'existence d'une créature aquatique sur laquelle sont pratiquées des expériences elle décide de la sauver.
Et sa vie va basculer à jamais grâce à cette émouvante rencontre forte en émotions.
Il n'est pas étonnant d'y trouver une créature aquatique, Guillermo del Toro aime mettre en scène des créatures et c'est clairement un hommage à de vieux films ("L'étrange créature du lac noir" pour citer la référence la plus appuyée).
Là où j'ai apprécié la touche de Guillermo del Toro, c'est qu'il ne montre pas une jeune femme naïve mais qui aime la vie et ses plaisir charnels, et surtout il permet à la créature et à cette jeune femme de vivre une histoire d'amour.
Honnêtement, j'ai été un peu surprise par la fin (mais dans le bon sens du terme) car j'étais partie dans quelque chose de plus sombre.
Il faut dire que l'histoire se situe dans les années 60, en pleine guerre froide, autant dire que le contexte ne se prête pas à quelque chose de joyeux.
Le film montre aussi que le monstre n'est pas celui auquel on croit, le personnage de Richard Strickland (bien humain) campé par Michael Shannon est à n'en point douter le plus cruel et le plus monstrueux et le véritable monstre de l'histoire.
A ce propos, je trouve très forte de sens la scène où l'amphibien s'enfuit et découvre sa condition (et sa différence par la même occasion) dans une salle de cinéma déserte face à un film d'époque.


Non seulement l'histoire est belle mais il y a beaucoup de poésie dans ce film, qui au passage cumule les clins d’œil et les hommages au cinéma de genre, avec des films en noir et blanc et une très belle scène de pas de danse effectués par Elisa et son voisin Giles.
On ne pourra pas reprocher à Guillermo del Toro de ne pas avoir son cœur dans l'ouvrage, d'ailleurs on ne peut rien lui reprocher tant ce film est une réussite, sans doute l'un de ses plus personnels et un auquel il tient particulièrement, quitte à jouer l'avenir de sa carrière avec.
J'ai souvent entendu parler de ce réalisateur sans vraiment franchir le pas, je le regrette mais de le découvrir tardivement me permettra de savourer ses autres films.
J'ai en tout cas été très sensible à tout le côté personnel qu'il a mis dedans, c'est une belle déclaration d'amour au cinéma, aux comédiens, difficile de rester de marbre face à ce film.
On pourrait aisément parler de toutes les références au cinéma de genre contenu dans ce film, j'en ai vu certaines, d'autres m'ont échappé, j'étais plus absorbée par l'histoire lors de ce premier visionnage que par le reste.
J'ai été particulièrement sensible au travail développé pour le film : la création du monstre évidemment, mais aussi celui pour les décors et plus particulièrement l'attention portée à la photographie et à l'ambiance d'ensemble.
Les nuances sont plutôt sombres, dans des déclinaisons de vert, mais la lumière est particulièrement travaillée et donne un bel aspect à l'ensemble.
Visuellement, ce film est donc magnifique, musicalement aussi puisque c'est un compositeur Français bien connu qui en signe la bande originale : Alexandre Desplat.


Mais une histoire originale, une belle mise en scène et une atmosphère ne suffisent pas à faire un bon film, et là Guillermo del Toro a sans doute trouvé sa pépite en choisissant Sally Hawkins pour interpréter Elisa.
Cette actrice est d'une justesse et d'une sensibilité pour incarner cette jeune femme somme toute banale en apparence qui va pourtant vivre une aventure extraordinaire et faire une rencontre qui va changer le cours de son existence.
J'ai découvert une Sally Hawkins différente, très mâture, et dont la nomination à l'Oscar de la meilleure actrice ne surprend pas.
J'ai aussi une tendresse toute particulière pour Octavia Spencer incarnant Zelda, la fidèle amie d'Elisa, voilà un personnage secondaire qui apporte du cœur et de l'humour à l'ensemble.
Et que dire de la prestation de Michael Shannon ... voilà un acteur qui se remarque dans chacun de ses rôles et que l'on adore, même si on déteste son personnage comme c'est le cas ici.
Le casting est donc parfait et m'a permis de découvrir quelques bons acteurs, notamment Michael Sthulbarg campant un scientifique communiste qui va connaître une belle rédemption ou encore Doug Jones méconnaissable sous les traits de l'amphibien.


Si vous ne le savez pas, Guillermo del Toro s'est aussi diversifié vers la littérature avec la trilogie "La lignée" ("The Strain" en VO), réinventant le mythe du vampire sous forme de fléau aux origines bibliques, et a participé à l’adaptation de cette trilogie en une série télévisée de quatre saisons qui est tout aussi bonne et flippante que les romans.
A vous de découvrir Guillermo del Toro en auteur et à moi de découvrir ses films, un moment que je n'ai que trop retardé depuis le temps.


Guillermo del Toro signe avec "La forme de l'eau" un beau conte devenant réalité et sans doute son plus beau film à ce jour, pas étonnant qu'il soit reparti auréolé du Lion d'or à la Mostra de Venise 2017.


       
     

       
     

       
     

       
     

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