Nouvelle saisons d’ "Un village
français", nouvelle année de l’Occupation.
Cette saison-ci porte sur l’année
1942, comporte 12 épisodes et deux périodes réalisées par deux réalisateurs
différents : la première avec les six premiers épisodes couvre la période de
juillet, la deuxième celle de novembre.
Le fil conducteur de cette nouvelle
saison est une devinette : « Je suis invisible mais sans moi on ne
peut pas vivre. Qui suis-je ? »
Cette première partie est ambitieuse
et pourrait s’intituler « Penser l’impensable ».
Les scénaristes ont décidé de montrer
les rafles de juifs qui ont eu lieu pendant l’été 1942, en insistant bien sur
l’aspect novateur de ces rafles, les premières ayant déjà eu lieu en 1941, à
savoir que les femmes aussi sont arrêtées ainsi que les enfants, et pour aller
encore plus loin dans l’indescriptible les enfants sont même séparés de leurs
parents.
Pour cela, l’histoire commence avec
l’arrivée d’un train en gare de Villeneuve.
Il comporte des familles juives ayant
été arrêtées et devant être conduites en région parisienne, suite à un problème
technique le train ne peut pas repartir, le maire Daniel Larcher propose alors
de loger ces familles à l’école.
Elles vont ainsi se retrouver
parquées dans la cour de l’école et la salle principale et gardées par les
gendarmes français.
Très vite, les conditions de vie se
dégradent : les toilettes sont bouchées et n’ont pas été conçues pour être
utilisées par autant de personnes, il n’y a pas à manger pour ces personnes
(souvenez-vous, c’est en pleine période de rationnement) et l’eau se fait rare.
Voilà que même le sous-préfet demande
à Jean Marchetti d’organiser des rafles de juifs étrangers sur la ville de
Villeneuve pour satisfaire une demande des allemands afin que ces personnes
soient elle aussi amenées à l’école et partent lorsque le train arrivera.
Tout cela ne vous rappellerait pas
quelque chose ?
Et oui, les scénaristes ont transposé
à l’échelle de Villeneuve la grande rafle de juillet 1942 connue sous le nom de
"Rafle du Vel d’Hiv’".
Une bonne partie de l’intrigue de ces
épisodes se passe en huis-clos, l’ambiance et l’atmosphère sont oppressantes,
l’Occupant n’est pas trop présent mais le téléspectateur ressent à chaque
instant sa présence, le durcissement de sa politique d’occupation et le climat
de terreur qui peu à peu va s’installer.
Le sujet principal de cette première
partie était hautement intéressant et difficile à traiter et à retranscrire à
l’écran, pourtant j’ai été quelque peu agacée par des invraisemblances lors des
premiers épisodes.
Déjà Sarah, l’ancienne bonne des
Larcher fait son grand retour ! Elle avait juste été arrêtée en 1942 et
envoyée au camp de Pithiviers or il est impossible qu’elle en soit libérée
ainsi puisque tous les détenus des camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande
(d’ailleurs il me semble qu’il n’y avait que des hommes) de 1941 ont été
déménagés de ces camps en juin/juillet 1942 et déportés pour laisser la place aux
futurs raflés de l’été.
Certes, les scénaristes la font
revenir pour mettre en place un triangle amoureux quelque peu pervers chez les
Larcher : Daniel ne pardonne pas à Hortense, nie en bloc ses soi-disant
sentiments pour Sarah puis se jette dans les bras de Sarah au passage plus que
ravie de récupérer ainsi ce cher docteur (l’oie blanche n’était pas si blanche
que ça pour moi, elle en avait bien envie depuis longtemps) avec la bénédiction
de Hortense, qui lui fera comme un don biblique en se sacrifiant pour lui
ramener Sarah arrêtée une deuxième fois.
Parmi les détenus il est vite
question de partir en Pologne, là encore ce n’est pas crédible, à ce moment-là
il n’était pas possible que les détenus soient au courant de leur destination
finale. Pour preuve, à Drancy c’est à partir de cette période que le mot de
Pitchipoï a circulé parmi les détenus, plus particulièrement les enfants, pour
désigner la destination inconnue vers laquelle ils allaient.
Lucienne l’institutrice est en
gestation d’un éléphant, cela fait juste plus de 9 mois qu’elle est enceinte et
elle n’a toujours pas accouché (d’où l’éléphant).
Les protagonistes ont une tendance
quelque peu agaçante à balancer leur bicyclette sans ménagement dans les
fourrés, à cette époque, vu le prix d’un tel engin, les gens en prenaient
surtout grand soin.
Hortense fera libérer Sarah en
échangeant ses papiers avec les siens et en lui donnant son laissez-passer.
Elles restent cachées trop longtemps et Hortense est extrêmement bien
équipée : elle a toujours sur elle son vernis à ongle qui sert en même
temps de colle !
Décidément, les scénaristes ne savent
pas trop ce qu’ils veulent faire avec le personnage de Sarah !
Et puis, les scénaristes ont aussi
décidé d’offrir une histoire d’amour à Jean Marchetti, en le faisant tomber
amoureux d’une juive étrangère qu’il allait arrêter en compagnie de sa mère.
Ce coup de foudre n’est pas trop
crédible et je trouve que ce couple vient un peu trop polluer la première
partie de la saison.
Hormis ces quelques éléments, cette
première partie est très bonne, avec une forte intensité dramatique, des scènes
très difficiles qui restent dans l’esprit des téléspectateurs.
Le point de vue vient essentiellement
de Madame Morhange, revenue à Villeneuve et arrêtée par Marchetti.
Ce dernier avec cette saison prend
une dimension de salaud inégalée jusqu’à présent !
Ce qui est sans doute pire, c’est
qu’il est extrêmement tordu et retors et pas franc du collier pour deux sous
contrairement à Heinrich Müller qui est pervers mais direct, difficile de
s’attacher à un tel personnage, pour moi il n’a pas grand-chose d’humain et
c’est une "belle crevure" comme le dit la mère de Rita.
Le personnage de Hortense accomplit
des actes éblouissants, elle cherche à se faire pardonner, elle est en dépression
complète (elle traîne en robe de chambre à midi elle d’ordinaire si élégante),
elle n’a plus envie de rien et pourtant, pour faire plaisir à son mari, elle
ira jusqu’à échanger sa place avec Sarah. Elle sera reconnue par Servier juste
avant de monter dans le train.
C’est là qu’une nouvelle facette de
Daniel apparaît : il est un peu salaud sur les bords lui aussi, dans le
sens où lorsqu’elle revient, il ne lui dit pas merci, il la dispute même parce
qu’elle a agi sans réfléchir et la plante aussitôt pour filer rejoindre Sarah.
Hortense a un passif lourd, certes, mais elle se retrouve reléguée à occuper la
chambre de l’ancienne bonne, en bref elle n’est que tolérée dans la maison et
vit une sorte de "collaboration" avec Daniel.
Marie Germain reprend du service avec
un réseau de résistance et l’un des personnages qui prend son envol est sans
nul doute Bériot. A la fois sur un plan personnel : groupe de résistance …
mais aussi affectif : sa relation avec Lucienne commence à prendre une
tournure un peu plus sentimentale, enfin, cela reste difficile d’éveiller
l’intérêt de Lucienne.
Albert Crémieux n’est pas non plus en
reste et son personnage prend une importance considérable dans cette saison,
c’est presque celui qui subira le plus de transformation et qui sera le plus
marqué.
D’une façon générale, il est souvent
question de devinette, des contes des Mille et une nuits, de comptines pour
enfant, comme si cet arrière plan tentait de dédramatiser quelque peu le côté
sombre dans lequel l’histoire vient de plonger.
La deuxième partie se situe en
novembre et s’intéresse aux agents de Londres par le biais d’un radio
parachuté, seul rescapé de son groupe et qui sera recueilli par le réseau
gaulliste de Villeneuve.
Il cherchera à rentrer en contact
avec "Dominique" et aura quelques surprises quant à l’identité de
celui-ci (ou celle-ci, en l’occurrence il s’agit de Marie Germain).
Globalement, la deuxième partie voit
le retour de nombreux personnages pour le plus grand plaisir des
téléspectateurs.
Et, en tête de liste celui que
j’attendais de pied ferme : Heinrich Müller !
Non seulement il est de retour à
Villeneuve, auréolé de gloire pour son action dans l’Est (ça il le racontera à
Hortense au cours d’un repas, elle en quittera la table complètement
abasourdie), bien décidé à en découdre avec Daniel Larcher (c’est un peu à
cause de lui qu’il avait été muté), plus puissant que jamais car chef du
renseignement pour tout l’Est de la France et les SS viennent de prendre
l’ascendant et surtout fermement décidé à reconquérir Hortense.
Mais voilà, problème, et pas des
moindres : elle lui résiste !
Pour ceux qui avaient encore des
doutes sur son attachement à Hortense, là il n’y en a plus aucun. Il demande
dès son arrivée de ses nouvelles à son ordonnance, il apprend à demi-mot qu’elle
a voulu se suicider, il lui fait porter un magnifique bouquet de fleurs
(qu’elle lui réexpédie sans un mot) et là il se met à la suivre, mais même
emmenée de force dans sa voiture elle refuse, il lui faudra donc user de
subterfuges pour l’amener à avoir un dîner avec lui (je m’interroge d’ailleurs
comment Hortense a pu croire à l’histoire de l’italien lui achetant toutes ses
toiles et lui promettant une exposition à Florence).
Oui c’est une relation bizarre, je
vous l’accorde, mais qui a tenu tout le monde en haleine lors de la troisième
saison et récidive lors de celle-ci (et pour ceux me connaissant, vous savez ma
propension exceptionnelle à m’attacher aux couples les plus improbables, ceci
ne vous étonnera donc point).
C’est aussi le retour de Suzanne, de
Marcel, de Madame Morhange et même un passage éclair de De Kervern (tout le
village ou presque avait donc rendez-vous dans cette deuxième partie).
Cette deuxième partie tranche avec la
première par une action omniprésente, les personnages ne sont plus enfermés ils
sont au contraire souvent en plein air, il y a beaucoup de mouvements et la
part belle est faite au réseau gaulliste, le personnage central étant celui de
Marie Germain.
L’un des points d’orgue de cette
deuxième partie, outre le parachutage d’un radio, est l’unification des
mouvements de résistance avec le rapprochement des communistes et des
gaullistes.
Le romanesque se mêle sans problème à
l’historique et la petite histoire rejoint la grande.
Si la relation Rita/Jean était
globalement ratée, celle de Marie/Vincent (le radio, interprété par Jérôme
Robart, mais si, ce petit sourire vous rappelle quelqu’un : Nicolas Le
Floch !) est réussie.
L’un des personnages qui m’a le plus
marquée est Albert Crémieux.
Il sombre doucement dans la folie après
la disparition de sa femme et de sa fille, il trahit en partie le réseau
pensant ainsi sauver sa femme et sa fille (Marchetti ayant pris soin de
falsifier la lettre pour lui faire croire qu’il pouvait les sortir de là) et se
sacrifiera pour aider leur évasion lorsque la ferme de Marie sera encerclée.
J’ai trouvé son traitement
remarquable, voilà un personnage particulièrement bien abouti dans sa
construction et bien révélateur des sentiments qui pouvaient habiter les
résistants, notamment sous la torture (physique et psychologique).
Il y a aussi l’introduction d’un
nouveau personnage redoutable car ayant des entrée partout : Chassagne.
Non seulement il est l’amant de
Jeannine, mais en prime il est un collabo à fond et a des entrée partout y
compris au gouvernement de Pétain, bref, une véritable pieuvre redoutable et
dangereuse.
La fin de cette saison est encore
plus troublante que la précédente et sur bien des aspects.
Déjà, pour la première fois depuis le
début de la série, des personnages meurent et pas forcément des secondaires
(Madame Morhange par exemple).
Il était temps de nous montrer des
morts, tout n’était pas rose à cette époque, loin de là.
Jean Marchetti conduit Rita en
Suisse, enceinte, mais celle-ci ne veut plus rien avoir à faire avec lui depuis
qu’elle a appris que c’est lui qui a arrêté sa mère volontairement pour
l’éloigner d’elle (charmant garçon, comme je vous disais précédemment), il est
désespéré, abat un soldat allemand pour la laisser partir mais il est difficile
de savoir comment il va basculer et ce qu’il va advenir de lui.
Quant à Daniel, il n’est plus maire
de Villeneuve mais (comme à son habitude) il n’a pas réagi, il a cru naïvement
qu’il pourrait renouer avec Hortense après une simple nuit et tandis que
celle-ci le quitte pour rejoindre Heinrich il se retourne vers Sarah, en
goujat. Il apparaît un peu bête, et que fait-il au final ? Et bien il
s’enfuit !
Le revirement de Hortense est là
aussi très surprenant et déstabilisant. Je suis incapable d’expliquer son
geste, a-t-elle une idée bien précise en tête ? Le fait-elle pour protéger
Daniel et leur enfant ? Ou plus généralement pour protéger
Villeneuve ? Ou elle-même ? (Elle a quand même constaté jusqu’à où
Heinrich était prêt à aller pour la reconquérir) Sait-elle qu’elle sera
incapable de résister et finira immanquablement par retomber dans les bras de
Heinrich ?
Elle rejette presque Tequiero, Daniel
ne cherche pas non plus à la retenir, pourtant le récit des atrocités
auxquelles a participé Heinrich Müller dans l’Est l’a remuée et elle va vers
lui, décidément, c’est un mystère.
J’ai tendance à croire qu’elle a,
contrairement à son impulsivité habituelle, une idée en tête et qu’elle cherche
à se protéger et à protéger les siens.
Et si elle basculait dans la
résistance en fournissant des informations ?
Cette quatrième saison est plus
sombre, elle est dense en thèmes traités et les personnages, très riches, sont
définitivement établis tandis que le jeu des acteurs est comme toujours
parfait.
En somme, elle est encore plus addictive
et place la barre haut pour la cinquième saison.
Détail des épisodes
1) Le
train (20 juillet 1942)
2) Un
jour sans pain (21 juillet 1942)
3) Mille
et une nuits (22 juillet 1942)
4) Une
évasion (23 juillet 1942)
5) La
mission (24 juillet 1942)
6) La
libération (25 juillet 1942)
7) Le
visiteur (8 novembre 1942)
8) Tel
est pris qui croyait prendre (9 novembre 1942)
9) Baisers
volés (11 novembre 1942)
10) Des
nouvelles d'Anna (12 novembre 1942)
11) La
souricière (1942)
12) La
frontière (1942)
Interview Robin
Renucci
Interview Audrey Fleurot
Interview Nade Dieu
Making-of
gwen je vais acheter les dvd je ne veux pas que tu te pendes aprés un bonzaie pitiée pour la plante !!!
RépondreSupprimerbisous
J'aime le "pitié pour la plante" lol
RépondreSupprimerc'est vrai quoi pauvre plante lol non mais sérieusement je regarderais en dvd et merci ces vidéos
RépondreSupprimerbisous