Ce volume inédit se compose de quatre récits, dont trois de format court. Tous ont pour cadre la « ville des villes » qui donne son titre au recueil. Le premier, It’s so hard…, est aussi le plus ancien. Co-signée par Tardi et Dominique Grange, cette histoire noire de quatre pages met en scène le destin pathétique d’un sosie de John Lennon. Elle était initialement parue dans le hors-série qu’avait fait paraître feu le magazine (À Suivre) juste après l’assassinat de l’ex-Beatles, en 1980. Le second récit, Manhattan, est encore plus sombre; huit pages de déveine et de dérive en noir majeur, pour se souvenir que Tardi sait faire vibrer comme personne nihilisme et ultra-moderne solitude. La troisième histoire, Le meurtrier de Hung, est également un récit en huit planches, réalisé par Tardi en collaboration avec Dominique Grange. Une étrange histoire de violence et de vengeance, avec en toile de fond le Vietnam, l’émigration et la solitude… Enfin, le dernier volet du recueil est aussi le plus copieux, puisqu’il s’agit d’une nouvelle édition de Tueur de cafards, initialement publié en 1984. Encore une histoire très noire : cinquante et quelques planches interprétées par Tardi avec un brio inouï, sur un magnifique scénario de Benjamin Legrand. L’occasion de se souvenir que peu d’auteurs de bande dessinée ont mis New York en scène avec un tel talent. (Casterman)
Cette bande dessinée composée de
"Tueurs de cafards" et de trois histoires courtes n’est pas à proprement
parler une déclaration d’amour à la ville de New-York.
Loin du glamour, du chic Upper East
Side, ce sont plutôt les bas-fonds et les quartiers peu reluisants qui sont mis
à l’honneur.
La première – et plus longue –
histoire de ce recueil est "Tueurs de cafards", scénarisée par
Benjamin Legrand et dessinée par Jacques Tardi.
Le lecteur y retrouve
incontestablement la touche de Jacques Tardi, avec des dessins en noir et blanc
uniquement colorisés de rouge pour l’uniforme de Walter et le sang.
Walter est loin d’être un héros, ce
personnage m’a même laissé de marbre, il ne brille ni par sa beauté extérieure
et/ou intérieure ni par son intelligence, il traîne sa carcasse durant toute
l’histoire et tente de sauver sa peau après avoir appuyé par curiosité malsaine
sur le bouton 13 d’un ascenseur : "Quand j'y repense ... jamais je n'aurais dû appuyer sur le bouton du 13ème. Il n'y a pas de 13ème étage à New York !".
J’ai trouvé cette histoire
moyennement intéressante, même si elle est présentée sous forme d’enquête
policière. Tout son intérêt réside à mon avis dans l’ambiance qui s’en
dégage : un New-York glauque, malsain, l’envers total du décor
habituellement mis à l’honneur dans la littérature.
Les trois autres histoires courtes
ponctuant ce recueil ont toutes pour cadre New-York.
Ainsi, avec "It’s so hard",
scénarisée par Dominique Grange la compagne de Jacques Tardi c’est un sosie
bossu de John Lennon qui est à l’honneur.
J’ai aimé l’ironie de l’histoire et
du personnage, particulièrement la fin.
Si comme Walter ce personnage traîne
avec lui son mal être, il apparaît presque comme plus sympathique au lecteur.
"Manhattan" est une
histoire signée 100% par Jacques Tardi et est de loin la plus tragique et la
plus noire.
Ici point d’enquête ou de vengeance,
il y a juste un homme au bout du rouleau et décidé à en finir avec la vie, à
New-York.
Cette histoire prend aux tripes, la
noirceur du personnage est au moins égale à celle de New-York si ce n’est plus.
La ville apparaîtrait même comme plus
belle que dans les autres, du fait que le personnage ne se cache pas qu’il y
est venu pour en finir, même si c’est dans les quartiers peu reluisants qu’il
trouve sa solution : "Cet endroit m'avait fasciné, allez savoir pourquoi ? Un block entier de voitures dans Manhattan, y avait vraiment rien de plus ordinaire et dénué d'intérêt au monde ...".
Le recueil se conclue sur courte
historie scénarisée une nouvelle fois par Dominique Grange : "Le
meurtrier de Hung".
Ici, il est question de la vengeance
d’une rescapée de la guerre du Vietnam qui cherche le soldat américain l’ayant
violée et ayant assassiné son enfant.
Cette histoire m’a le plus émue, elle
est très belle et la fin est une magnifique illustration que la vengeance ne
résout rien, d’ailleurs la plupart du temps la vie s’en charge : "Tu n'as plus besoin de te venger, la vie s'en est chargée pour toi. Viens, on n'a plus rien à foutre ici ...".
Ce n’est pas une histoire drôle, ni
gaie, mais c’est à mes yeux la plus humaine et celle qui m’a interpellée tandis
que j’ai lu les autres en simple lectrice, sans éprouver d’empathie pour les
personnages.
L’autre aspect intéressant de ce
recueil est que chaque histoire est ponctuée de textes de Benjamin Legrand et
Dominique Grange, "Tueurs de cafards" propose même un beau montage de
photographies/dessins qui prolonge cette histoire grinçante et l’ambiance très
New-Yorkaise qui se dégage du récit.
"New York Mi Amor" m’a plus
ou moins touchée selon les histoires mais ce recueil vaut à mon avis d’être lu
pour l’ambiance très particulière de New-York qui s’en dégage et qui y est mise
à l’honneur, avec en prime un petit clin d’oeil fait à Art Spiegelman au
travers des dessins de Jacques Tardi.
Livre lu dans le cadre du challenge New-York en littérature 2013
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