samedi 30 mars 2013
Porporino ou les mystères de Naples de Dominique Fernandez
Porporino, le narrateur, élève à l'école des castrats napolitains sous le règne du roi Ferdinand, dans les années 1770, est un personnage inventé mais la plupart des héros qui traversent ses mémoires ont réellement existé : le prince de Sansevero, esprit universel aux frontières du génie et de la démence, Antonio Perocades, franc-maçon rationaliste, la belle Sarah Goudhar et lady Hamilton, aventurières comme seuls en ont produit les anciens régimes, le jeune Mozart, le vieux Casanova et l'illustre Farinelli, plus célèbre en son temps que La Callas au nôtre. On découvrira du même coup, prodigieusement ressuscitée de l'oubli, ce que fut la Naples de ce temps-là, vaste cité aux édifices somptueux, capitale de l'architecture et des arts, rendez-vous de l'Europe éclairée au même titre que Paris, métropole de l'opéra, et Castrapolis unique au monde. Car cette institution des castrats, on le comprendra peu à peu, en suivant les aventures du mémorialiste et de son camarade Feliciano, beauté ravageuse, n'était pas le fruit des seuls caprices d'une aristocratie décadente. Il faut y retrouver, sublimées dans un art du chant malheureusement disparu, certaines des aspirations fondamentales de l'humanité. L'esprit des castrats était un esprit de liberté absolue, un défi à tout ce qui limite, une façon travestie de renouveler les mythes orphiques de la création en échappant à l'obligation d'être un homme. Dominique Fernandez nous donne ici le grand roman qu'on attendait de lui, à la fois éblouissante résurrection d'un passé et méditation sur l'époque contemporaine. Un livre foisonnant de personnages et d'idées, quotidien et singulier à chaque page, mouvementé, divers, lyrique, audacieux, un peu fou, merveilleux palais baroque dont les portes ornées semblent soudain s'ouvrir sur les mystères de l'aujourd'hui. (Grasset)
Composé en trois parties, "Porporino ou les mystères de Naples" s'attache à faire revivre le Naples du 18ème siècle, à l'époque où les castrats régnaient en maître sur l'opéra et où Mozart était un enfant prodige trimbalé par son père dans toutes les plus grandes cours d'Europe.
La quatrième de couverture du livre était alléchante et donnait envie, au final je suis déçue de cette lecture qui ne m'a pas apporté ce que j'y cherchais.
La première partie, "San Donato", revient sur l'enfance tranquille de Vincenzo del Prato, plus tard appelé Porporino, dans une village de campagne loin des fastes de la vie napolitaine.
J'ai trouvé l'entrée en matière intéressante, elle montre les conditions de vie dans les campagnes à cette époque et permet de cadrer l'histoire ainsi que le narrateur, amené à évoluer au cours de l'histoire.
"La sagesse et le bonheur ne commencent que là où finit la conscience de son propre statut.", Vincenzo va ainsi abandonner sa vie de garçon insouciant s'initiant aux émois de l'amour pour découvrir Naples dans une deuxième partie, "Les pauvres de Jésus-Christ", s'attachant à son adolescence et son éducation culturelle et musicale.
De l'opération qu'il a subie, Vincenzo n'en parle pas, quelques mois ou années se sont écoulé(e)s depuis la première partie et sa nouvelle famille est désormais son protecteur et ses camarades, particulièrement un : Feliciano.
Il perd son nom de baptême pour prendre son nom de castrat : Porporino, et emmène le lecteur avec lui dans une Naples riche en personnalités : le prince Sansevero, Lady Hamilton, le jeune Mozart qui se pique de curiosité pour les castrats et se rebelle publiquement face à l'autorité de son père.
Je pensais, peut-être naïvement, que tous ces illustres personnages ayant contribué à l'histoire de Naples auraient une présence dans le texte mais ils ne font finalement que passer et sont à peine esquissés par l'auteur.
Pourtant, je reconnais à ce roman d'être riche d'un point de vue historique, Dominique Fernandez sait de quoi il parle et a fait des recherches avant d'écrire son livre, mais j'ai vainement cherché à retrouver les sensations éprouvées en visitant Naples : une ville faite de ruelles, de quartiers typiques, de couleurs, sans en retrouver aucune.
Pourtant, la troisième partie du livre s'intitule "Naples" et est censée être entièrement dévouée à cette ville, j'ai complètement décroché en ayant hâte de finir ce livre.
Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est une Naples sans saveur mais c'est clairement une Naples qui manque de caractère et n'en impose pas tant que ça au lecteur.
A la place, l'auteur a choisi de se perdre dans une histoire d'amour entre Feliciano et Don Manuele.
L'idée de départ était bonne et par moment ce jeu du chat et de la souris a éveillé mon intérêt, mais comme d'autres idées présentes dans ce roman, l'auteur n'est pas allé jusqu'au bout et finit bien souvent les situations en queue de poisson.
Il en fait de même concernant l'amitié entre Porporino et Feliciano, Porporino se met à éprouver des sentiments qui lui sont étrangers, j'attendais de l'auteur qu'il aille au bout de sa pensée mais finalement non, ça s'arrête brusquement et ça ne revient à aucun moment par la suite.
La seule chose que l'auteur a sans doute le mieux perçu et transcrit dans son oeuvre est l'univers des castrats : "L'esprit castrat, c'était la quintessence de l'esprit napolitain : conscience de sa propre bouffonnerie, autodérision, conscience de cet orgueil, refus de se laisser duper.", c'est le seul élément d'intérêt de ce récit qui offre un éclairage sur ces personnes.
Au final, "l'unique supériorité qui te reste, c'est de te rendre compte de la vanité de tout ce que tu as entrepris.", sauf que je suis bien incapable de dire ce qu'a entrepris Porporino dans sa vie.
Lorsqu'il parlait encore au lecteur de son apprentissage il avait émis le souhait de rester dans les choeurs et ne pas se mettre sur le devant de la scène.
Après il s'est mis à être le spectateur de la tragique histoire entre son ami Feliciano et Don Manuele, je ne vois rien de vaniteux là-dedans et ses mémoires s'avèrent décevantes.
"Porporino ou les mystères de Naples" avait les attraits d'un livre susceptible de rendre l'atmosphère de Naples au 18 ème siècle et de faire partager au lecteur l'une des époques d'or de l'opéra italien au travers des castrats, en évoquant notamment l'un des plus célèbres : Farinelli, et à travers le personnage imaginaire de Porporino.
J'ai eu du mal à achever cette lecture et je n'y ai pas trouvé ce que je cherchais, néanmoins je reconnais des qualités au travail de Dominique Fernandez et je lirai d'autres oeuvres de lui afin d'approfondir ma connaissance sur cet auteur.
Livre lu dans le cadre du challenge Il Viaggio
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J'ai entendu d'autres lecteurs parler de ce livre de la même manière. Du coup, j'hésite beaucouuuuup !
RépondreSupprimerTu peux tenter ta chance et voir, j'ai été déçue et je suis contente qu'il n'ait pas été retenu par le Club des Lectrices.
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