dimanche 3 janvier 2016

Au-delà des montagnes de Zhang-ke Jia




Chine, fin 1999. Tao, une jeune fille de Fenyang est courtisée par ses deux amis d’enfance, Zang et Lianzi. Zang, propriétaire d'une station-service, se destine à un avenir prometteur tandis que Liang travaille dans une mine de charbon. Le cœur entre les deux hommes, Tao va devoir faire un choix qui scellera le reste de sa vie et de celle de son futur fils, Dollar. Sur un quart de siècle, entre une Chine en profonde mutation et l’Australie comme promesse d’une vie meilleure, les espoirs, les amours et les désillusions de ces personnages face à leur destin. (AlloCiné)


Le film s'ouvre avec la chanson "Go West" des Pet Shop Boys, des jeunes gens qui dansent dessus, emmenés par une jeune fille souriante, heureuse de vivre.
Elle, c'est Tao (Zhao Tao), derrière il y a Liangzi (Jing Dong Liang) son ami, amoureux d'elle.
Mais dehors, il y a aussi Zhang Jinsheng (Zhang Yi), lui aussi amoureux d'elle.
Nous sommes en 1999, à l'aube d'un nouveau siècle, et Tao va devoir faire un choix entre ses deux amis d'enfance : Liangzi travaille dans une mine de charbon, Zhang est propriétaire d'une station-service et envisage de racheter des mines de charbon.
Tao va faire un choix qui va sceller son destin, et la vie de son fils à venir, un garçon que son père prénommera Dollar, c'st dire toute l'ambition de fortune de celui-ci.
Tao s'est-elle trompée ou non ?
Le film n'est pas là pour répondre à cette question, il est là pour s'intéresser à l'évolution de ces trois personnages à travers les époques et une Chine qui évolue, c'est d'ailleurs un point que j'ai beaucoup apprécié dans ce film, comment le traditionnel se heurte au moderne.
Après une ouverture assez longue qui prend le temps de poser le contexte et les personnages, c'est un bond de quinze ans en avant qui est fait.
Le spectateur retrouve Tao, Liangzi et Zhang dans leur nouvel univers, celui qu'ils se sont créés en fonction de leur choix.
Et puis il y a un troisième bond en avant, en 2025. Cette fois-ci l'action se passe en Australie, l'eldorado de la classe Chinoise riche, et s'intéresse à Dollar devenu jeune adulte et ayant quasiment oublié ses racines Chinoises.
Retracer le destin de trois personnages sur un quart de siècle était une idée à la fois originale et ambitieuse et le réalisateur s'en sort plutôt bien.
Il joue avec la taille de l'écran, passant du carré au scope, pour souligner l'évolution des personnages mais aussi des époques.
J'ai également beaucoup apprécié tous les petits détails qui se voient à l'écran (l'évolution de la ville de Fenyang par exemple), ainsi que l'utilisation qu'il fait de l'ellipse.
Si j'ai beaucoup apprécié le jeu de Zhao Tao, formidable aux trois époques de la vie de son personnage, je suis un peu plus partagée quant au jeu des deux acteurs campant ses amis d'enfance.
Ils font presque ternes par rapport à l'actrice principale qui arrive à communiquer sa joie de vivre, son sourire.
Face à elle, ils ressemblent bien trop souvent à des clowns tristes rongés par leur rivalité sur le soleil que représente Tao.
Au final, je retiens surtout que cette histoire montre à quel point les relations humaines sont en train de se détériorer : le modernisme pousse les gens à s'éloigner les uns des autres et à oublier tous les sentiments que l'on peut éprouver les uns envers les autres.
Il n'y a qu'à voir ce jeune Dollar assailli par les bouffées de nostalgie d'un passé dont il ne se souvient que par bribes et qui pour le combler prend pour maîtresse sa professeur de Chinois, une femme-maîtresse-maman, elle-même Chinoise, qui va le guider et le remettre, sans doute, sur les rails de son passé qu'il a complètement oublié.
C'est en tout cas à espérer.
Tao elle ne baisse jamais les bras et à su marier le moderne avec le traditionnel, mais elle se retrouve bien seule, et pourtant elle garde espoir.
Belle leçon de vie de la part de cette femme qui s'est endurcie au fil des années.
Le film se referme avec la chanson "Go West" des Pet Shop Boys et une Tao plus âgée qui danse toujours sur cette musique, mais seule cette fois-ci, et pourtant toujours souriante et heureuse de vivre.
La boucle est bouclée, la suite appartient à l'imagination du spectateur.


"Au-delà des montagnes" est une fresque ambitieuse plutôt bien réussie dans son ensemble, une oeuvre visuelle qui donne à la fois le tournis et le frisson, un beau spectacle cinématographique en cette fin d'année/début de la nouvelle.



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