vendredi 1 janvier 2016

La veuve de Gil Adamson


Canada, 1903. Mary Boulton, 19 ans, vient de tuer son mari. Poursuivie par ses beaux-frères, des jumeaux géants et roux assoiffés de vengeance, la jeune veuve s'enfuit. En chemin, elle rencontre une série de personnages hauts en couleurs auxquels elle s'attache un temps avant de toujours reprendre la route... Gil Adamson bâtit un grand récit picaresque, à la fois captivant et émouvant, la plongée volontaire d'une jeune femme dans les espaces du grand Nord américain. (Christian Bourgois)

Nous sommes au Canada, en 1903.
Mary Boulton commence très bien dans la vie : "Dix-neuf ans et veuve déjà. Mary Boulton. Veuve par sa faute.", comprendre qu'elle a tué son mari et que désormais elle fuit ses deux beaux-frères bien décidés à lui faire la peau pour ce crime.
Jusqu'à un certain point, Mary Boulton a tout fait comme les autres : apprendre à lire, grandir, se fiancer, se marier, avoir un enfant; et puis tout a commencé à par changer avec la mort de son nourrisson, et là, Mary Boulton n'a plus rien fait comme les autres, lassée de la violence, de l'indifférence et des infidélités de son mari elle a fini par lui tirer une cartouche de sa propre carabine (ô l'ironie).
Contrairement à l'adage : "Le veuvage n'est pas un choix; c'est la vie qui vous l'impose.", Mary Boulton son veuvage elle l'a choisi.
Malgré son geste, Mary Boulton se trouve désemparée : "On lui avait tout enlevé - son père, le lieu où elle était née, le peu d'argent qu'elle avait eu, sa bague de fiançailles, son unique enfant et à présent son mari.", il ne lui reste plus qu'à fuir à travers le Canada, les grands espaces, la nature sauvage, et faire plusieurs rencontres qui changeront le cours de sa vie.

L'auteur n'est pas vraiment tendre avec son héroïne, il ne la désigne quasiment que sous le terme de "la veuve", et il lui fait endurer bien des souffrances avant qu'une éclaircie ne pointe à l'horizon de la vie de la jeune femme.
Grâce à sa fuite et aux rencontres qu'elle va faire, Mary Boulton va apprendre à vivre avec ses démons : "Tout était comme avant et pourtant entièrement différent. Telle une femme qui, après une fièvre, émerge de ses draps moites, la veuve contempla la vie nouvelle qui s'offrait à elle. Ne restait plus que son crime.", elle va peut-être y gagner une nouvelle vie, un nouvel espoir.
Elle va aussi devoir apprendre à ouvrir son cœur à un homme : "Quelle folie d'accueillir un homme dans son cœur, de lui concéder un tel pouvoir.", mais un qu'elle aura choisi cette fois-ci, pas qui lui aura été imposé par le devoir de se marier à tout prix.
Parfois, j'ai eu du mal avec ce livre, particulièrement avec son héroïne.
Parce que j'avais sans cesse à l'image le personnage de Dina, cette femme forte qui elle aussi connaît mille tourments mais qui a un véritable caractère, qui est une dure à cuire comme on dit, pas une gentille Mary Boulton qui ne cesse de ressembler à un oiseau tombé du nid trop tôt.
Je sais que ce n'est pas bien de comparer deux romans, deux personnages, deux univers, deux auteurs, pourtant c'est ce que j'ai fait, parce que cela a été plus fort que moi.
Et c'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai été moyennement prise par l'aventure proposé dans ce récit, je n'ai pas vraiment ressenti d'empathie pour cette femme.
Par moment il y a de très beaux passages, et puis à d'autres cela manquait de souffle, je commençais presque à m'ennuyer.
Ce roman m'a fait penser au film "Jeremiah Johnson" : paysages magnifiques, présence des Indiens, un homme vivant en solitaire, et un scénario bien souvent creux avec peu de dialogue.
Pourtant, cette veuve croise des personnages hauts en couleur au cours de sa fuite (je pense notamment au "Coureur des crêtes"), mais comme je n'ai jamais réussi à m'attacher complètement à ce personnage il en a été de même pour ses aventures.
J'ai par contre beaucoup apprécié le rôle de la religion à travers la Bible dans ce récit, particulièrement sur le personnage de Mary Boulton.
Il y a même une certaine ironie là-dessous, cette femme cherchant à expier un crime qu'elle a commis et ne pouvant se séparer de ce texte dans lequel elle se réfugie.
Je reconnais que la plume de Gil Adamson est assez belle, il s'agit d'un premier roman, cet auteur est donc plutôt prometteur.

Si "La veuve" n'a pas su totalement me transporter dans son univers peut-être en sera-t-il autrement pour vous.

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