Le 10 mai 1940, les troupes nazies d’Hitler envahissent les Pays-Bas. Dès février 1941, à la tête du corps expéditionnaire chargé du pillage, le Reichsleiter Rosenberg se rue à Amsterdam et confisque la bibliothèque de Spinoza conservée dans la maison de Rijnsburg. Quelle fascination Spinoza peut-il exercer, trois siècles plus tard, sur l’idéologue nazi Rosenberg ? L’œuvre du philosophe juif met-elle en péril ses convictions antisémites ? Qui était donc cet homme excommunié en 1656 par la communauté juive d’Amsterdam et banni de sa propre famille ? Nourri de son expérience de psychothérapeute, Irvin Yalom explore la vie intérieure de Spinoza, dont on connaît si peu, ce philosophe au destin solitaire qui inventa une éthique de la joie, influençant ainsi des générations de penseurs. Parallèlement, l’écrivain cherche à comprendre quel fut le développement personnel d’Alfred Rosenberg qui joua, aux côtés d’Hitler, un rôle décisif dans l’extermination des juifs d’Europe. (Galaade)
Lire un roman d'Irvin Yalom, c'est s'assurer un retour à l'époque du baccalauréat où l'on découvrait la philosophie, les hommes et les œuvres ayant marqué cette discipline.
C'est donc une lecture exigeante, qui demande de la concentration et de la réflexion, mais qui a surtout le mérite d'offrir un moment de réflexion à un âge plus avancé et avec plus d'expériences de la vie.
Ici, l'auteur décide d'aborder le problème Spinoza à travers le prisme de deux personnages ayant réellement existé : le philosophe Bento Spinoza, homme excommunié de sa communauté ayant vécu en Hollande au dix-septième siècle, et Alfred Rosenberg, un idéologue nazi ayant vécu dans l'ombre de Hitler.
Jusque là aucun lien entre ces deux personnes, et pourtant.
Alfred Rosenberg sera toute sa vie durant profondément antisémite, c'est notamment lui qui façonnera l'idéologie anti-juive de Hitler, et malgré cela il ne cessera de vouer une admiration sans borne au philosophe Spinoza qui pourtant était Juif.
D'où le fameux problème Spinoza.
Après mûres réflexions, Alfred Rosenberg en arrivera à la conclusion suivante, une qui l'arrange : "Les preuves sont accablantes : Bento Spinoza n'est pas un juif, il est un anti-juif.", mais rien ne peut être aussi facile.
Tout comme il serait réducteur de dire "A chaque seconde sur terre un imbécile voit le jour." et qu'Alfred Rosenberg est un fieffé imbécile.
Non, Alfred Rosenberg est un personnage complexe, loin d'être bête il a une solide culture philosophique, mais il souffre aussi d'un besoin permanent de reconnaissance.
Comme un chien cherche la caresse, le regard et l'amour de son maître il ne cessera d'attendre cela de la part de Hitler, quitte à s'en rendre malade et à devenir fou.
Alfred Rosenberg est un homme en quête d'amour et de l'approbation d'autrui, il a souffert d'un vide affectif dans sa jeunesse et cela se ressent à l'âge adulte.
Je ne cherche pas d'excuses à ce personnage, mais c'est avec une certaine curiosité que j'ai suivi son évolution, voir jusqu'où il était prêt à aller et se fourvoyer.
Finalement, grand admirateur de Spinoza il n'aura jamais compris sa philosophie et se sera fourvoyé toute sa vie durant.
Pour Spinoza : "Je ne crois pas que le questionnement soit une maladie. L'obéissance aveugle sans questionnement est la maladie.", c'est la grande maladie dont souffrira toute sa vie Rosenberg sans réussir à mettre le doigt dessus.
Quant à Spinoza, mes souvenirs de ce philosophe et de son idéologie étaient bien lointains, c'est avec plaisir, et là aussi curiosité, que j'ai suivi le parcours atypique de cet homme qui aura révolutionné, à sa manière, la pensée philosophique du dix-septième siècle.
Comme Rosenberg il n'a pas eu une vie facile, d'autant plus qu'il se retrouve excommunié à vie de sa communauté, avec interdiction à quiconque de l'approcher, y compris sa propre famille, mais sa réclusion forcée va lui être bénéfique et lui permettre de coucher sur papier son cheminement intellectuel qui ne cessera d'évoluer sa vie durant.
Isolé, Spinoza ne va pas chercher désespérément l'amour et l'approbation de son prochain, contrairement à Rosenberg, il va au contraire se lancer dans la quête de la vérité, car plus que tout c'est ce terme, liberté, qui l'anime, le motive et le conduit à se transcender : "Comment pourrais-je, en tant que philosophe, ne pas vouloir chercher la vérité ?".
Au-delà des réflexions de psychanalyse de ce roman, j'ai finalement beaucoup apprécié le parallèle entre ces deux hommes, renforcé par la construction du récit avec une alternance des chapitres entre Spinoza et Rosenberg.
Si Spinoza m'a intéressée par ses réflexions et ses questionnements, en somme comment il a mis à profit sa situation de banni pour créer sa propre pensée et se construire; j'ai plus été intéressée par l'aspect monstre ordinaire de Rosenberg, à savoir comment cet homme profondément et irrévocablement antisémite a pu forger les opinions de Hitler (comprendre : les ordonner pour rendre le personnage présentable et attractif aux yeux de tous) tout en restant toujours dans l'ombre en étant considéré comme quantité négligeable, hormis au moment de son procès, le seul moment de "gloire" de sa vie.
La dualité entre ces deux personnages est particulièrement bien traitée et mise en avant.
Evidemment, Irvin Yalom étant, entre autres, psychothérapeute, il est forcément question à un moment donné du récit d'analyse, ici c'est le personnage de Rosenberg qui sera psychanalysé par son seul ami et dernier lien avec son enfance, malheureusement sans succès.
Néanmoins, je souhaite apporter un bémol à l'ensemble car le problème Spinoza n'a été à mon sens qu'effleuré et traité en surface, j'attendais une analyse plus poussée, voire une véritable réponse, finalement je n'ai obtenu que quelques pistes de réflexion, ce qui m'a laissée sur ma faim à ce sujet.
C'est quelque peu dommage étant donné que c'est cet aspect philosophique qui donne son nom au roman.
"Le problème Spinoza" d'Irvin Yalom est un récit intéressant et particulièrement bien documenté qui a le grand mérite de nous faire réfléchir, ou tout du moins nous offre des pistes de réflexion.
A lire toutefois avec attention et concentration, deux qualités que requiert le sujet traité.
Comme Rosenberg il n'a pas eu une vie facile, d'autant plus qu'il se retrouve excommunié à vie de sa communauté, avec interdiction à quiconque de l'approcher, y compris sa propre famille, mais sa réclusion forcée va lui être bénéfique et lui permettre de coucher sur papier son cheminement intellectuel qui ne cessera d'évoluer sa vie durant.
Isolé, Spinoza ne va pas chercher désespérément l'amour et l'approbation de son prochain, contrairement à Rosenberg, il va au contraire se lancer dans la quête de la vérité, car plus que tout c'est ce terme, liberté, qui l'anime, le motive et le conduit à se transcender : "Comment pourrais-je, en tant que philosophe, ne pas vouloir chercher la vérité ?".
Au-delà des réflexions de psychanalyse de ce roman, j'ai finalement beaucoup apprécié le parallèle entre ces deux hommes, renforcé par la construction du récit avec une alternance des chapitres entre Spinoza et Rosenberg.
Si Spinoza m'a intéressée par ses réflexions et ses questionnements, en somme comment il a mis à profit sa situation de banni pour créer sa propre pensée et se construire; j'ai plus été intéressée par l'aspect monstre ordinaire de Rosenberg, à savoir comment cet homme profondément et irrévocablement antisémite a pu forger les opinions de Hitler (comprendre : les ordonner pour rendre le personnage présentable et attractif aux yeux de tous) tout en restant toujours dans l'ombre en étant considéré comme quantité négligeable, hormis au moment de son procès, le seul moment de "gloire" de sa vie.
La dualité entre ces deux personnages est particulièrement bien traitée et mise en avant.
Evidemment, Irvin Yalom étant, entre autres, psychothérapeute, il est forcément question à un moment donné du récit d'analyse, ici c'est le personnage de Rosenberg qui sera psychanalysé par son seul ami et dernier lien avec son enfance, malheureusement sans succès.
Néanmoins, je souhaite apporter un bémol à l'ensemble car le problème Spinoza n'a été à mon sens qu'effleuré et traité en surface, j'attendais une analyse plus poussée, voire une véritable réponse, finalement je n'ai obtenu que quelques pistes de réflexion, ce qui m'a laissée sur ma faim à ce sujet.
C'est quelque peu dommage étant donné que c'est cet aspect philosophique qui donne son nom au roman.
"Le problème Spinoza" d'Irvin Yalom est un récit intéressant et particulièrement bien documenté qui a le grand mérite de nous faire réfléchir, ou tout du moins nous offre des pistes de réflexion.
A lire toutefois avec attention et concentration, deux qualités que requiert le sujet traité.
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