samedi 2 janvier 2016

Le pont des espions de Steven Spielberg



James Donovan, un avocat de Brooklyn se retrouve plongé au cœur de la guerre froide lorsque la CIA l’envoie accomplir une mission presque impossible : négocier la libération du pilote d’un avion espion américain U-2 qui a été capturé. (AlloCiné)


Après un prologue assez long et quasi silencieux, hormis le bruit du quartier de Brooklyn, un homme est arrêté.
Désigné comme Rudolf Abel (Mark Rylance), il est arrêté et jugé comme espion pour le compte de l'URSS.
Nous sommes en pleine période de guerre froide et les russes comme les Américains envoient des taupes de chaque côté de l'Atlantique pour s'espionner mutuellement, se piquer des secrets et savoir où chacun en est dans la maîtrise d'armes de plus en plus puissantes et perfectionnées.
La défense de Rudolf Abel est confiée à un avocat de Brooklyn spécialisé en assurance, James Donovan (Tom Hanks), qui va y mettre tout son cœur et toute sa force de persuasion, mettant ainsi sa famille en péril ainsi que sa carrière.
Ça, c'est la première partie du film.
Une partie assez longue, dans laquelle l'action se passe uniquement au tribunal, et même si les scènes de plaidoirie sont bonnes, j'avoue que j'ai trouvé le temps un peu long.
Mais il fallait bien cela pour mettre en place l'histoire et les personnages et ainsi arriver à la deuxième partie du film, nettement plus vivante et intéressante à mes yeux.


Pendant que James Donovan évite la peine de mort à son client, un pilote espion Américain, Francis Gary Powers (Austin Stowell) est capturé par les Russes.
Et là, la CIA n'a qu'une seule envie : récupérer cet homme qui a contrevenu aux ordres qui lui avaient été donnés - à savoir se tuer avec une capsule de cyanure en cas de capture par l'ennemi - avant qu'il ne se mette à parler.
Pour cela, la CIA fait appel à James Donovan, c'est lui qui va aller négocier Powers contre Abel.
Car il faut dire qu'en faisant emprisonner à vie son client, James Donovan a eu une riche idée, il a gardé sous le coude une monnaie d'échange en cas de pépin avec les Russes.
Et pendant ce temps à Berlin, un mur est en train d'être érigé pour séparer définitivement la partie occidentale de la ville de celle dirigée par les Russes.
Un étudiant Américain, Frederic Pryor (Will Rogers), se fait bêtement arrêté par la police et se retrouve emprisonné.
Qu'à cela ne tienne, James Donovan se met alors en tête, contre l'avis de la CIA pour qui seule la vie de Powers importe, de négocier Powers et Pryor contre Abel.
Et c'est direction Berlin pour James Donovan, pour une négociation qui doit rester secrète.


En principe, Steven Spielberg et Tom Hanks c'est une recette qui fonctionne, et là, le film n'y déroge pas.
J'ai beaucoup aimé Steven Spielberg comme réalisateur pendant un moment, un peu moins par la suite mais ici il se rattrape et me donne de nouveau envie de regarder ses films.
Quant à Tom Hanks, cela faisait un petit moment que je ne l'avais pas vu dans un film, au passage je trouve qu'il vieillit bien et que son jeu d'acteur reste percutant.
"Le pont des espions" est un excellent film d'espionnage qui sait tenir le spectateur en haleine.
Pour ma pat, j'ai nettement plus apprécié la deuxième partie que la première, non seulement parce qu'elle est plus vivante mais aussi plus riche visuellement et d'un point de vue caractère des personnages.
C'est dans la deuxième partie que James Donovan prend toute son ampleur et déploie ses talents de négociateur, la première n'était qu'un échauffement, une mise en jambe en quelque sorte.
J'ai énormément apprécié les échanges entre James Donovan et ses interlocuteurs à l'ambassade de Russie à Berlin, il y a une forme de jeu, chacun jauge l'autre, et au final c'est une forme de respect qui s'instaure.
Il en va d'ailleurs de même avec la relation entre James Donovan et Rudolf Abel, les deux hommes s'apprécient et éprouvent l'un envers l'autre un respect mutuel.
Le scénario est signé par les frères Coen et ils sortent plutôt très bien leur épingle du jeu, démontrant ainsi qu'ils peuvent écrire aussi en dehors de leurs propres films.
L'autre aspect que j'ai beaucoup aimé dans ce film, c'est de voir Berlin à l'époque de la construction du mur et tout ce que cela engendre de déchirements et de drames.
C'est une période et une ville assez peu représentées que ce soit au cinéma ou dans la littérature et c'est fort regrettable.
Le film reconstitue parfaitement l'ambiance qui régnait à cette époque, visuellement il est très réussi et donne même lieu à quelques très belles scènes, notamment celle de l'échange de prisonniers sur le pont.
Cette fois-ci Steven Spielberg n'a pas fait appel à John Williams pour la musique et peut-être que ce n'était pas un choix judicieux, je ne garde pas de souvenirs de la bande originale, c'est un peu dommage.
Mais avec une première partie un tantinet longuette c'est bien tout ce que je reproche à ce film qui est maîtrisé du début à la fin.
Là où j'en veux un peu plus à Steven Spielberg, c'est qu'il aime faire des films s'inspirant de faits réels, avant celui-ci je pense particulièrement à "La liste de Schindler", et qu'ici il présente en quelques phrases ce que sont devenus James Donovan et Rudolf Abel.
Jusque là rien à redire, sauf que je suis curieuse, j'ai donc fait des recherches sur internet, pour découvrir que Steven Spielberg a fait le choix de ne présenter qu'une partie de la réalité, et pour ça je lui en veux.
Quand on s'attache à raconter des faits historiques, on le fait jusqu'au bout ou alors on s'abstient (pour rappel, "La liste de Schindler" suscite plusieurs polémiques depuis sa sortie, notamment une certaine idéalisation d'Oskar Schindler).
Mon propos peut sembler un peu dur mais je n'aime pas voir des faits historiques arrangés à la sauce Américaine pour faire plus joli, et surtout que l'on prenne limite le spectateur pour un imbécile incapable de faire des recherches par soi-même.
Sachez donc que Rudolf Abel n'est en fait pas Rudolf Abel (et ça, Steven Spielberg s'est bien gardé de le dire), le véritable Rudolf Abel était déjà mort à l'époque des faits et c'est son collègue et ami du KGB William Fischer qui a été arrêté aux Etats-Unis et échangé, il a volontairement usurpé cette identité et l'a conservé jusqu'à sa mort.


"Le pont des espions" est un très bon film d'espionnage, à voir d'autant plus car il retranscrit d'une belle façon la peur qui régnait à cette époque et qui agite aujourd'hui malheureusement notre quotidien.









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