lundi 4 décembre 2017

Bakhita de Véronique Olmi


Elle a été enlevée à sept ans dans son village du Darfour et a connu toutes les horreurs et les souffrances de l’esclavage. Rachetée à l’adolescence par le consul d’Italie, elle découvre un pays d’inégalités, de pauvreté et d’exclusion. 
Affranchie à la suite d’un procès retentissant à Venise, elle entre dans les ordres et traverse le tumulte des deux guerres mondiales et du fascisme en vouant sa vie aux enfants pauvres. (Albin Michel)

Avec cette lecture, c'est une nouvelle lacune de comblée.
Je le reconnais, je ne connaissais pas Joséphine Bakhita, née au Soudan près du Darfour, kidnappée à l'âge de 9 ans par des négriers musulmans qui la vendent et la revendent plusieurs fois sur les marchés d'El Obeid et de Khartoum, acquise par le consul d'Italie Calisto Legnani et arrivée en Italie, où elle sera confiée aux religieuses canossiennes à Venise puis fera le choix d'être baptisée, de devenir religieuse et finira canonisée par Jean-Paul II en 2000.
Pour le dire plus simplement, la première esclave noire devenue affranchie, religieuse et canonisée.

Véronique Olmi retrace le parcours de cette femme, de sa vie heureuse avec sa famille jusqu'à l'enlèvement de sa sœur par des négriers puis le sien, le traumatisme face aux violences subies est tellement fort qu'elle en oubliera son nom et gardera alors celui qui lui a été donné par des négriers : "Elle ne sait pas que Bakhita, son nouveau nom, signifie "la Chanceuse". Elle ne sait pas qu'elle est prise par des négriers musulmans. A la vérité, elle ne sait rien de tout ce que cela signifie.".
Joséphine Bakhita écrivit son histoire en 1910, ce qui a permis à Véronique Olmi de bâtir son roman, mais ce ne fut pas sans difficultés : "Comment raconter ce qu'elle voudrait n'avoir jamais vécu ?".
Et à lire tout ce qu'elle a vécu il n'est pas étonnant qu'elle n'ait pas voulu revivre tout cela, entre les violences, les scarifications et les tatouages subis, Bakhita fut une miraculée, à plusieurs reprises, et a développé une véritable force qui fit l'admiration de tous : "Cette façon qu'elle a d'aller au bout de sa douleur et d'en revenir infaillible.".
Véronique Olmi retrace avec justesse les violences subies par cette femme, bine souvent au-delà de l'imaginable et de l'horreur, mais aussi la surprise, voire le choc, qu'elle provoque à son arrivée et à chacun de ses passages en Italie : "Au-dessus de la tunique blanche ne ressortait que le noir de son visage, comme sculpté à la lumière, et miraculeusement non scarifié. Toutes les marques d'infamie étaient cachées, la tunique était comme un voile de pudeur et pour la première fois depuis son enlèvement, elle a ressenti qu'il y avait quelque chose d'elle qui n'appartenait qu'à elle. Son corps, objet de profit et de tant de violences, lui était rendu, dissimulé aux autres il devenait un secret. Son secret.".
L'auteur décrit également le bien-être qui envahit Bakhita et l'a poussée à rester chez les religieuses, à ressentir la foi et à le devenir.
Au final, pas si étonnant que cela lorsque l'on découvre tout ce par quoi elle est passée.
Le rythme de narration est parfois lent parfois plus rapide, malgré l'intérêt que j'ai porté à cette lecture je ne peux pas dire que j'ai lu ce livre rapidement, en tout cas par rapport à mes standards habituels.
En cela j'ai du mal à me prononcer sur le style de l'auteur, je suis bien en peine de dire s'il me plaît ou non et je vais devoir lire autre chose d'elle pour me forger mon opinion.
Si l'histoire racontée a un intérêt, celui de faire découvrir la vie de cette femme, je peux comprendre qu'il n'ait au final reçu que peu de prix littéraire : Joséphine Bakhita a écrit (ou fait écrire) son histoire, Véronique Olmi n'a donc rien inventé, au mieux elle s'est inspirée de ses écrits, voire en cite des passages; au pire elle a brodé les blancs, mais l'histoire en soit n'est complètement originale.
Attention, ce n'est pas pour autant que ce roman n'a aucun intérêt, bien au contraire.

"Bakhita" est un roman intéressant pour découvrir la vie de Joséphine Bakhita si comme moi vous n'aviez jamais entendu parler de cette personne auparavant; ou alors pour la découvrir sous un autre angle si vous la connaissiez déjà.

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