lundi 10 décembre 2018

L'annulaire de Yôko Ogawa


Dans un ancien foyer de jeunes filles transformé en laboratoire, M. Deshimaru, taxidermiste du souvenir, prépare et surveille des “spécimens”, tandis que la narratrice de ce récit, assistante et réceptionniste, accueille les clients venus confier au mystérieux spécialiste d’insolites bribes de leur histoire : des ossements d’oiseau, quelques champignons microscopiques, une mélodie, une cicatrice… Amputée d’une infime partie d’elle-même depuis un accident du travail, la jeune assistante tombe peu à peu sous le charme du maître de ce lieu de mémoire malsain et fascinant. (Actes Sud)

Lire du Yôko Ogawa c'est s'assurer de basculer dans l'étrange, c'est se sentir à la fois mal à l'aise et transporté dans un autre lieu, voire un autre temps, bref c'est une lecture qui ne laisse jamais indifférent.
Que dire de roman, court par le nombre de pages mais fort en émotion.
Juste deux personnages : Monsieur Deshimaru le taxidermiste et la narratrice, son assistante et réceptionniste.
Et de temps à autre quelques personnages traversent fugacement le récit.
La narratrice se livre, elle parle de son passé, de son présent, mais étrangement jamais de son futur, et de la fascination qu'elle ressent pour son employeur, l'énigmatique Monsieur Deshimaru.
Voilà le personnage du récit que j'ai le moins cerné, mais tout ceci est volontaire et permet de se poser mille questions et d'inventer les réponses.
J'ai eu l'impression tout au long de ma lecture que le récit se passait dans un Japon surréaliste, pas tout à fait réel mais pas complètement irréel, quant aux personnages ils semblent flotter entre deux-mondes : celui des vivants et celui des morts, c'est en tout cas comme cela que j'ai perçu le taxidermiste, cet homme qui ne sort jamais de son cabinet et semble y vivre, ne pas s'y nourrir et ne pas dormir.
Quant à son travail, il est des plus mystérieux, pourrait s'apparenter à de la fumisterie pourtant il n'en est rien et les personnes ont une énorme croyance et confiance en ce qu'il fait.
Finalement, Mr Deshimaru ne serait-il pas une sorte d'embaumeur permettant aux gens de repartir soulager pour continuer leur vie ?
Ou un pont entre les vivants et les morts ?
Comme bien souvent chez Yôko Ogawa l'atmosphère est angoissante, l'intrigue énigmatique et forte en sens caché tandis que l'ensemble se teinte d'une touche d'érotisme particulièrement présente dans ce roman.

"L'annulaire" fait partie de ces romans envoûtants qui ne laissent pas indifférent même une fois la lecture achevée.

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