vendredi 25 février 2011

Double faute de Lionel Shriver


Un soir, à New York, lors d'un match de tennis improvisé, Willy rencontre Eric.
Elle est joueuse professionnelle, battante et accrocheuse, il est tennisman dilettante mais étonnamment doué.
Entre eux, c'est le coup de foudre. Ils se marient. Et les difficultés commencent.

Car la douceur des débuts dans l'Upper West Side fait bientôt place à la compétition. Une rivalité professionnelle et amoureuse acharnée, jusqu'à l'ultime balle de match, ce moment décisif où aucune faute n'est plus permise et où Willy aura à faire un choix crucial. (Belfond)


Ce livre m'a, dans l'ensemble, plutôt agacée que séduite.

Tout d'abord l'histoire.
Le principe était bon : un portrait au vitriol d'une relation amoureuse et d'une vie de couple sur fond de rivalité sportive.
Le problème c'est que le sport occupe beaucoup trop de place, du début à la fin.
Il y a des descriptions de matchs longues et qui n'apportent rien à l'histoire, de longues narrations sur des joueurs célèbres, les techniques de jeu, tout cela est une ode au tennis et sert uniquement à démontrer que l'auteur s'est bien documentée sur le sujet et donc qu'elle peut étaler son savoir tout au long des 400 et quelques pages du livre.
Ce qui devait être une base de rivalité est en fait le pivot central du livre et de la vie des personnages.
De plus, ce n'est pas vraiment un portrait au vitriol sur la vie de couple, c'est presque pire que cela tant le tableau qu'en dresse l'auteur est déprimant et se révèle presque être un remède au mariage !
La moralité sous-jacente est qu'il ne faut pas se marier, qu'il n'y a rien de pire ni de plus destructeur que la vie de couple. C'est en tout cas l'impression que j'ai eue et comme message littéraire (venant d'une auteur mariée et heureuse en ménage) je pense qu'il y a mieux.

Ensuite les personnages.
Que ce soit Willy ou Eric ils sont tout aussi détestables l'un et l'autre et cumulent à eux deux la quasi totalité des défauts du genre humain, ce qui fait qu'à aucun moment je n'ai pu m'attacher à eux ni ressentir de la compassion pour les situations vécues.
J'ai lu ce livre en étant détaché des personnages, comme si j'assistais à leurs scènes et à leurs dialogues alors qu'aucun deux n'est charismatique ni susceptible d'attirer l'empathie du lecteur.
Willy est égoïste, dure, très carriériste, trop perfectionniste, méchante voire même sournoise, et même si j'aurai pu comprendre certaines de ses réactions (les difficultés de s'imposer en tant que femme dans certains milieux) tous ses défauts font que je n'ai même pas cherché à comprendre pourquoi elle agissait ainsi tant elle est détestable et inintéressante dans le sens où elle n'apporte absolument rien aux autres à part du malheur.
Quant à Eric, j'ai longtemps cru que l'auteur cherchait à le présenter comme un modèle de vertu, de sagesse, de gentillesse, et autant dire que cela m'a énervée car il est tout sauf ça ! Heureusement à la fin l'auteur choisit de le faire apparaître aux yeux de Willy tel qu'il doit réellement être.
Je ne m'attarderai pas sur la liste de ses défauts, elle est à peu près aussi longue que celle de Willy et je n'ai jamais éprouvé la moindre sympathie pour ce personnage.
Le seul personnage lucide du début à la fin est l'entraîneur de Willy, et pourtant lui aussi a plus de défauts que de qualité.
C'est sans doute le seul qui prodigue à Willy des conseils avisés mais qu'elle n'écoute plus.

Concernant l'écriture je pense que cela aurait pu être mieux écrit.
C'est déjà long, plus de 400 pages et ça n'en méritait pas autant.
Je trouve que l'auteur aurait dû faire des ellipses à de nombreux passages. En effet, il était inutile d'entrer dans les détails, le lecteur ayant bien compris de quoi il en retournait et étant capable de trouver de lui-même l'histoire.
Par exemple lorsque Willy raconte sa relation amoureuse avec son entraîneur, cela se comprend dès la première discussion qu'elle a avec Eric, il était inutile de tout raconter dans le détail car on imaginait très bien ce qui s'était passé, dans quelles circonstances et pourquoi.
Et puis cela n'apportait pas un réel plus à l'histoire.
Idem par rapport à la relation entre Willy et sa famille, pas besoin de raconter son enfance et sa jeunesse dans le menu détail, il suffisait de la scène où elle leur présente Eric pour comprendre ce qu'elle avait vécu étant jeune.

En conclusion je suis mitigée sur ce livre.
Le fond de l'histoire est bon, parfois j'ai failli me reconnaître dans certaines situations mais jamais je n'irai aussi loin que les personnages dans leur auto-destruction personnelle et de vie de couple.
C'est de plus un livre au ton plutôt triste voire déprimant avec un tennis beaucoup trop présent qui n'aide pas le lecteur à entrer complètement dans l'histoire.

Je remercie Babelio et les éditions Belfond pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une opération spéciale de Masse critique.

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