jeudi 7 juin 2012

Polina de Bastien Vivès


Très douée pour la danse, la petite Polina Oulinov est sélectionnée pour suivre les cours de Nikita Bojinski, un maître d’une exigence absolue, à la fois redouté et admiré. Au fil de son enseignement, qu’elle suit des années durant, Polina devenue jeune fille développe avec son mentor une relation complexe, entre antagonisme et soumission – et finit par le quitter pour explorer de nouvelles expériences artistiques, en toute indépendance. (Casterman)


Polina est une petite fille très douée pour la danse, qui va se retrouver à suivre les cours de Bojinski, un grand maître de la danse, puis partira dans une institution qu’elle finira par quitter pour mieux s’épanouir dans des troupes de danse et atteindre le sommet de son art.

Avec cette histoire sur fond de danse, Bastien Vivès nous propose de suivre l’itinéraire de Polina, de l’enfance à l’âge adulte.
Polina n’est pas forcément très jolie, elle est plutôt ingrate petite et osseuse et tout en muscle adulte, mais voilà, quand elle danse il se dégage d’elle un charme et une grâce qui font tout s’éclipser.
Bojinski, quant à lui, est imposant et puissant et il est facile d’imaginer sa voix, son attitude et son ton dans ses paroles : "La souplesse et la grâce ne s'apprennent pas. C'est un don.".
Il sera tout au long de la carrière de Polina son mentor, son point de repère, et leur relation connaîtra une jolie évolution, passant de celle de maître/élève à une avec un respect mutuel.
Il n’y a pas de repère temporel dans le récit, mais il est facile de se repérer du fait de l’évolution graphique du personnage de Polina.
Pour dérouler son histoire, l’auteur a choisi la sobriété, en utilisant exclusivement du noir et blanc, avec des nuances de gris.
Le coup de crayon est sûr et précis, et il y a beaucoup de vie et de mouvement dans les dessins.
C’est un roman graphique très vivant, qui connaît de belles envolées avec les scènes de danse et où il y a sans cesse du mouvement, que ce soit au niveau des personnages où des lieux où ils se trouvent.
Et puis il y a aussi de très belles subtilités à travers le regard de Polina.
Pour elle, Bojinski reste toujours le même jusqu’à ces images vers la fin de l’histoire où Polina ne le regarde plus et où Bastien Vivès le représente tel qu’il est, âgé.
L’auteur a su jouer avec les nuances de noir et de blanc pour raconter l’histoire du point de vue de Polina, en tout cas d’une certaine façon, pour qui le mentor de son enfance reste toujours le même et ne connaît pas les affres du temps.
L’une des choses qui m’a marquée est la solitude quasi permanente de Polina, il n’est question de sa mère qu’en début de roman et c’est seule qu’elle va se construire et finir l’histoire, même lorsqu’elle est en couple il y a une certaine distance, comme si Polina pour mieux se découvrir et s’épanouir était condamnée à rester seule, comme une sorte de malédiction qui frappe les plus grands artistes dans les domaines de l’art.
C’est donc également un œil critique que Bastien Vivès pose sur le monde de la danse, ou du spectacle de façon plus générale.

Je regrette toutefois quelques fautes d’orthographe repérées à la lecture et également quelques petites erreurs dans les faits ou les noms.
C’est dommage, cela vient un peu gâcher la belle réussite de l’ensemble et laisse croire qu’il n’y a eu aucune relecture.

Si Polina est une danseuse émérite et douée, Bastien Vivès l’est tout autant dans une autre forme de l’art : la bande dessinée.
Avec "Polina", Bastien Vivès a atteint une forme de maturité et signe-là, à mon sens et avec ce que j’ai lu de lui, son album le plus abouti à ce jour.

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