mercredi 29 mai 2013

Alias Caracalla d'AlainTasma




Daniel a 20 ans. C’est un jeune homme fougueux, "royaliste, maurrassien et antisémite". Il est révulsé par l’Armistice. La trahison de Pétain – en qui il croyait tant- est un choc pour lui! Il veut partir se battre et, avec quelques copains, arrive en Angleterre presque par hasard. Là, il s’enrôle vite auprès d’un Général inconnu : De Gaulle. L’armée du chef ne compte alors que quelques centaines de gamins… C’est la naissance d’une incroyable épopée : la "France libre", et le début de l’évolution intellectuelle et républicaine de ce jeune fanatique. De retour dans une France occupée, la " vraie " Résistance va enfin pouvoir commencer. Le hasard (et le désordre qui règne dans la Résistance) vont faire du jeune Daniel un témoin incroyablement privilégié de l’Histoire. A Lyon, il rencontre un dénommé Rex dont il devient le secrétaire. Ce n’est qu’à la fin de la guerre qu’il découvrira que Rex n’était autre que… Jean Moulin. (AlloCiné)

Date de commémoration approchant, vous avez sans doute remarqué que les unes et les articles dédiés à Jean Moulin fleurissaient depuis la semaine dernière.
Il aurait été surprenant que la télévision, le service public en tête, n’en fasse pas autant.
Il aurait également été surprenant que cela ne soit qu’une énième version de la vie de Jean Moulin.
C’est pourquoi France Télévision a décidé d’adapter le récit de Daniel Cordier, secrétaire de Rex alias Jean Moulin de 1942 à son arrestation en juin 1943.
Point de vue original pour raconter ce grand homme et surtout la Résistance, enfin ses balbutiements, puisque la Résistance est à unifier et que le travail pour y parvenir est colossal.
Daniel Cordier a un parcours extrêmement intéressant : il soutient Maurras, est antisémite, milite à Action française tout en refusant l’armistice et jugeant la décision de Pétain comme une trahison.
C’est pourquoi, voulant se battre, il finit par s’engager en Angleterre dans une armée de l’ombre, celle qu’est en train de constituer le Général de Gaulle.
Comme quoi, malgré des opinions politiques divergentes, le patriotisme avait encore un sens pour certaines personnes à cette époque qui voulaient se battre pour une France libre.
Parachuté en France en 1942, il était destiné par le BCRA à travailler pour Georges Bidault.
C’est finalement Jean Moulin, enfin Rex puisque Daniel Cordier alias Alain ne connaîtra l’identité de son patron qu’après la Guerre, qui lui propose d’être son secrétaire, ce qu’il accepte.
Il sera ainsi le témoin du travail acharné de Jean Moulin pour unifier la Résistance, participera en tant que veilleur au premier Conseil National de la Résistance le 27 mai 1943, et assistera Jean Moulin jusqu’à son arrestation et sa mort, environ un mois après.


Louons les scénaristes pour ne pas avoir fait la traditionnelle bêtise de ne pas travailler avec l’auteur du récit dont est tiré ce téléfilm.
Daniel Cordier est l’un des trois scénaristes de celui-ci et cela garantit au moins une adaptation fidèle et sérieuse de son récit, sans digression historique à me faire hurler dans mon canapé.
Je m’attache peut-être aux détails, mais au moins ici, contrairement au néanmoins très bon "Un village français", Alain prend soin de son vélo, ne le balance pas le long de la route pour taper la discute avec son rendez-vous et est très embêté lorsqu’il se le fait voler malgré la chaîne qu’il avait pris soin de mettre.
Car oui, à cette époque un vélo était sacré et cher, il n’était pas question de le laisser comme un vulgaire panier sur le bord de la route sans surveillance et sans chaîne. C’était un moyen de locomotion très pratique, notamment utilisé par les résistants (je dis ça parce que dans "Un village français", Marie Germain a la fâcheuse manie de jeter son vélo dans le fossé).
Pour interpréter Daniel Cordier, c’est Jules Sadoughi un jeune acteur dont l’âge colle parfaitement au personnage et à qui je reprocherai la sans doute trop belle gueule de l’emploi (toute la nuance est dans le trop).
Pour Jean Moulin, sortons des sentiers battus avec Eric Caravaca, acteur très talentueux ayant une tendance cinématographique à se retrouver en mauvaise posture dans les deux Guerres Mondiales.
Il est de loin le meilleur acteur qu’il m’ait été donné de voir dans l’interprétation de Jean Moulin et réussissant à faire ressortir toute la complexité du personnage (car oui, Jean Moulin n’est pas que l’homme au chapeau melon et à l’écharpe le long d’un mur, grand résistant. C’était un homme avant tout).
Il m’est difficile d’énumérer tous les comédiens, mais le casting est solide et cohérent avec les personnages, de plus, ça passe bien à l’image avec le fond historique.
Petites touches féminines avec Julie Gayet et la jeune Lou de Laâge dont j’avais apprécié la prestation dans "La nouvelle Blanche Neige".
Je n’ai vraiment rien à redire sur cet excellent téléfilm qui reconstitue fidèlement toute cette période de l’histoire, arrive à mettre en valeur les divisions au sein de la Résistance et le travail mené par Jean Moulin pour unifier les différents réseaux (et les différents egos) via notamment le Conseil National de la Résistance, la naissance du maquis du Vercors ; tout cela à travers le regard du jeune Alain Cordier qui apprendra énormément aux côtés de Rex, que ce soit sur le plan politico-stratégique que sur le côté humain et artistique, Jean Moulin lui offrant de nouveaux horizons en l’initiant à l’art moderne.


Depuis, je suis bien décidée à lire "Alias Caracalla" de Daniel Cordier, ce qui ne va pas forcément être évident car le livre ne semble pas vraiment disponible (et puis ce n’est pas comme si c’était utile de le ré-éditer, n’est-ce pas …), mais j’ai surmonté bien pire et quand on veut lire on trouve toujours un moyen d’obtenir le livre !
Donc une visite à ma librairie s’impose.
Sinon, et si vous avez raté ce téléfilm en deux parties lors de sa diffusion, ce qui serait une grossière erreur si vous avez pris le temps de lire tout ce qu’il y au-dessus, la sortie en DVD est prévue en juin 2013.




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