Gabrielle a grandi dans la petite bourgeoisie agricole où son rêve d’une passion absolue fait scandale. A une époque où l’on destine d’abord les femmes au mariage, elle dérange, on la croit folle. Ses parents la donnent à José, un ouvrier saisonnier, chargé de faire d’elle une femme respectable. Gabrielle dit ne pas l’aimer, se voit enterrée vivante.
Lorsqu’on l’envoie en cure thermale pour soigner ses calculs rénaux, son mal de pierres, un lieutenant blessé dans la guerre d’Indochine, André Sauvage, fait renaître en elle cette urgence d’aimer. Ils fuiront ensemble, elle se le jure, et il semble répondre à son désir. Cette fois on ne lui prendra pas ce qu’elle nomme « la chose principale ». Gabrielle veut aller au bout de son rêve. (AlloCiné)
Le film
s’ouvre sur une femme, Gabrielle (Marion Cotillard), accompagnant avec son mari
José (Alex Brendemühl) leur fils à un concours musical à Lyon.
Ma plus
proche voisine se retourne et demande si elle n’est pas trompée de salle, le
doute est juste car difficile de voir dans cette femme rangée la Gabrielle
sauvage à la limite de la folie que promet le synopsis du film.
La voiture
est prise dans un bouchon, Gabrielle voit le nom de la rue adjacente et sort
précipitamment de la voiture, laissant son mari et son fils qu’elle décide de
rejoindre plus tard, pour se diriger vers une adresse de cette rue.
La voilà
cette Gabrielle dévorée par la passion qui agit par instinct et non par raison.
Et puis
c’est un retour en arrière d’un peu plus de 15 ans, Gabrielle est issue de la
bourgeoisie agricole, elle rêve de Passion, celle avec un grand P, celle qui
empêche de dormir la nuit et éveille les sens et les désirs.
Gabrielle a
jeté son dévolu sur l’instituteur qui lui prête "Les hauts de Hurlevent",
celui-ci la rejette mais Gabrielle n’est pas fille à se laisser raisonner.
Sa mère
Adèle (Brigitte Roüan) s’inquiète de cette fille folle dont le ventre se tord
parfois de douleur, alors elle décide de la marier à José, un ouvrier agricole
ayant fui l’Espagne franquiste.
Gabrielle
dit d’entrée à José qu’elle ne l’aimera pas, lui non plus, pourtant il va
s’attacher à faire d’elle une femme respectable et va la soigner, l’envoyant en
cure thermale pour soigner ses calculs rénaux, son mal de pierres.
Dans cette
cure, Gabrielle se lie avec Agostine (Aloïse Sauvage), employée, et fait la
rencontre du lieutenant André Sauvage (Louis Garrel), blessé en Indochine.
Pour cet
homme elle s’enflamme, la voilà la passion charnelle qu’elle attendait tant, et
cette fois-ci pas question de le laisser filer, elle partira avec lui et
peut-être vivra-t-elle enfin cette passion qui la fait tant rêver.
Gabrielle,
elle a le côté aride et sec du sud, elle est à l’image de cette terre agricole
qu’elle arpente, mais elle est aussi sensuelle et animale.
Quel
personnage fort, à l’image des femmes dans les romans de Milena Agus (en tout
cas c’était le cas dans "Quand le requin dort"), elle n’est pas folle
elle est juste follement amoureuse de la passion, elle ne rêve que de cela,
d’amour plus fort que tout mais aussi destructeur.
Forcément,
Gabrielle n’est comprise de personne, peut-être José est-il le plus proche de
la cerner, il se révèle en tout cas un mari plein d’attention pour cette femme
à qui l’on n’a jamais appris à aimer ou à faire preuve de gestes tendres.
Marion
Cotillard excelle dans le rôle de Gabrielle, je retrouve la grande Marion Cotillard,
celle d’avant ses escapades dans le cinéma Américain où elle s’est un peu
perdue, celle avec qui j’ai renoué grâce au film des frères Dardenne "Deux
jours, une nuit".
Marion
Cotillard irradie dans ce rôle taillé pour elle, je ne peux même pas imaginer
une autre actrice qu’elle dans ce rôle (ce qui fut aussi le cas pour Nicole
Garcia).
A ses côtés
j’ai découvert un brillant acteur Espagnol, Alex Brendemühl, tout en retenue
face à une Gabrielle sauvage et qui contrebalance merveilleusement le personnage.
Quant à
l’homme déchaînant la passion de Gabrielle, c’est Louis Garrel qui
l’interprète, brillamment il faut bien le dire car Nicole Garcia a su canaliser
cet acteur qui a tendance à partir au quart de tour.
Ici les
chevaux sauvages ne sont pas lâchés, hormis pour Gabrielle.
Quant au
reste du casting, c’est un sans faute.
Rien dans la
mise en scène ne laisse à désirer, tout est pensé au plus juste et tout cadre
parfaitement avec l’histoire et les personnages.
Il y a
quelques scènes très fortes, une m’a particulièrement marquée lorsque Gabrielle
remonte un chemin de terre bordant un champ de lavande, elle avance dans un
sens tandis que tout le monde, y compris les ouvriers agricoles, vont dans
l’autre.
Je crois que
cette scène résume à elle seule le personnage de Gabrielle, seule contre tous,
seule dans sa quête de la Passion, au sens charnel mais également religieux.
Nicole
Garcia maîtrise non seulement ses acteurs mais aussi sa mise en scène, tout est
finement pensé et il n’y a pas de superflu.
C’est un
film très charnel, je dirai presque à la limite de l’érotique par moment, avec
une Gabrielle léchant la page du livre contenant le nom de l’instituteur qui le
lui a prêté et à qui elle finit par écrire une lettre des plus explicites.
Le choix de
la mise en scène est à l’image du personnage de Gabrielle, sans que cela ne
tombe jamais dans le vulgaire ou le racoleur.
Plus qu’un
mal de pierres, je dirai que l’héroïne souffre d’un mal de vivre difficilement
guérissable, ce film m’a en tout cas donné grandement envie de lire le roman de
Milena Agus dont il est tiré.
"Mal de pierres" est un film brûlant et charnel, une fresque romanesque servie par des acteurs au sommet de leur art, de quoi prolonger un peu les derniers feux de l’automne avant d’entrer dans l’hiver.
"Mal de pierres" est un film brûlant et charnel, une fresque romanesque servie par des acteurs au sommet de leur art, de quoi prolonger un peu les derniers feux de l’automne avant d’entrer dans l’hiver.
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