mercredi 7 juin 2017
Le maître du haut château de Philip K. Dick
1948, fin de la Seconde Guerre mondiale et capitulation des Alliés ; le Reich et l'Empire du Soleil levant se partagent le monde. Vingt ans plus tard, dans les États-Pacifiques d'Amérique sous domination nippone, la vie a repris son cours. L'occupant a apporté avec lui sa philosophie et son art de vivre. À San Francisco, le Yi King, ou Livre des mutations, est devenu un guide spirituel pour de nombreux Américains, tel Robert Chidan, ce petit négociant en objets de collection made in USA. Certains Japonais, comme M. Tagomi, grand amateur de culture américaine d'avant-guerre, dénichent chez lui d'authentiques merveilles. D'ailleurs, que pourrait-il offrir à M. Baynes, venu spécialement de Suède pour conclure un contrat commercial avec lui ? Seul le Yi King le sait. Tandis qu'un autre livre, qu'on s'échange sous le manteau, fait également beaucoup parler de lui : Le poids de la sauterelle raconte un monde où les Alliés, en 1945, auraient gagné la Seconde Guerre mondiale. (J’ai Lu)
"Le maître du haut château" est une uchronie dont le postulat de départ est que la Seconde Guerre Mondiale a été remportée par l’Allemagne nazie et le Japon et qu’ils se sont partagés le monde : "Nous vivons dans une société où règnent la loi et l’ordre, où les Juifs ne peuvent employer leur esprit subtil à exploiter les innocents. Nous sommes protégés.".
Le récit se déroule aux Etats-Unis, dont l’est est occupé par les Allemands et l’ouest par les Japonais, et met en scène différents personnages.
Tout débute à San Francisco où plusieurs personnages entrent en scène : un officier de l’Abwehr en mission secrète, un entrepreneur Japonais, un antiquaire, un ouvrier décidant de monter son entreprise de joaillerie et qui cache le lourd secret de ses origines juives et enfin l’ex-femme de ce dernier habitant désormais dans les Rocheuses.
Le premier souci de ce roman, c’est qu’il y a plusieurs personnages et qu’à aucun moment ils ne se croisent.
Pour être honnête, j’ai arrêté ma lecture avant la fin mais je peux d’ores et déjà vous annoncer qu’ils ne se rencontreront jamais du début à la fin.
Je n’ai rien contre une narration multiple, mais si elle reste sans lien je n’y trouve aucun intérêt et cela me lasse.
Pourtant, le postulat de départ est intéressant et avait tout pour me plaire, j’ai même apprécié au début l’alternance entre les personnages, d’autant que certains sont du côté des vainqueurs et les autres des vaincus, que l’on ressent bien à travers les échanges qu’il y a une réelle suprématie de l’Allemagne et du Japon qui à la limite méprise le reste de la population mondiale quasi asservie à leur cause : "Vous vous tuez avec votre cynisme. Vos idoles vous sont retirées une par une et à présent vous n’avez plus personne à qui donner votre amour.".
Bien évidemment, la traque des Juifs est toujours d’actualité ainsi que les camps d’extermination, sauf que tout cela n’est que rapidement évoqué et même si l’un des personnages cache sa religion le nœud de l’histoire ne porte clairement pas sur cet aspect de la guerre.
Pourtant, on ne peut qu’imaginer avec horreur les suites qui auraient été données aux exterminations si les nazis avaient dominé le monde.
Le deuxième souci, c’est qu’il y a des choses qui à mes yeux ne servent pas à grand-chose dans ce roman, ainsi le recours au Yi King (Livre des transformations) reste un mystère pour moi et je ne comprends pas ce qu’il vient faire dans l’intrigue.
Et le troisième souci qui m’a poussée à arrêter ma lecture (chose rare), c’est qu’en fait j’en suis arrivée à la conclusion que ce roman a mal vieilli.
Lors de sa publication dans les années 60-70 il avait un sens, aujourd’hui son contenu est dépassé et apparaît vieillot, car il n’avait pas à l’époque le côté moderne que peuvent avoir d’autres uchronies qui ne se démodent pas même aujourd’hui (par exemple "1984" de George Orwell).
Le seul point positif dans ce roman, qui n’a pourtant pas suffi à me faire continuer ma lecture, c’est la mise en abyme d’un roman dans le roman, celui de Hawthorne Abendsen "Le poids de la sauterelle", uchronie dans l’uchronie puisque l’auteur s’intéresse au monde si l’Allemagne nazie et le Japon avaient été vaincus : "Suppose qu’ils aient gagné. A quoi ça ressemblerait ? Tu n’as pas à t’en faire ; cet homme a pensé à tout.".
Comme indiqué, j’ai abandonné cette lecture et je ne regrette pas, car la fin constitue elle-même une énigme, et cela aurait eu le don de m’exaspérer prodigieusement.
"Le maître du haut château" est un classique de la science-fiction qui a malheureusement à mes yeux vieilli et contrairement au bon vin, sans se bonifier avec l’âge.
Néanmoins, libre à chacun de le lire et se faire sa propre opinion.
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