dimanche 19 février 2012

Une gourmandise de Muriel Barbery


C'est le plus grand critique culinaire du monde, le Pape de la gastronomie, le Messie des agapes somptueuses. Demain, il va mourir. Il le sait et il n'en a cure : aux portes de la mort, il est en quête d'une saveur qui lui trotte dans le cœur, une saveur d'enfance ou d'adolescence, un mets original et merveilleux dont il pressent qu'il vaut bien plus que tous ses festins de gourmet accompli. Alors il se souvient. Silencieusement, parfois frénétiquement, il vogue au gré des méandres de sa mémoire gustative, il plonge dans les cocottes de son enfance, il en arpente les plages et les potagers, entre campagne et parfums, odeurs et saveurs, fragrances, fumets, gibiers, viandes, poissons et premiers alcools... Il se souvient - et il ne trouve pas. Pas encore. (Folio)

"Meurs, vieil homme. Il n'y a ni paix ni place pour toi dans cette vie."
Effectivement, il n'y a ni paix ni place pour un homme tel que cet éminent critique gastronome qui n'a sans doute jamais rien aimé d'autre de sa vie que goûter des plats et écrire ses critiques, qui n'a jamais aimé sa femme Anna pourtant toute dévouée à lui, et qui n'a pas plus aimé ses enfants.
Cet homme pour moi n'est un palais à goûter et découvrir de nouvelles saveurs sans coeur.

Il va mourir dans quarante huit heures, c'est son coeur qui le lâche, ce coeur qui lui a toujours fait défaut.
Et au moment de sa mort, il cherche désespérément une saveur, une dernière chose qu'il aurait envie de manger, et se remémore les éléments clés de sa vie et ses découvertes culinaires.
Ainsi, un chapitre est consacré à ses souvenirs et un autre est consacré soit à un membre de sa famille qui donne son ressenti envers ce personnage, soit à un objet de son entourage (par exemple une statue).

A la lecture de ce livre, j'ai bien senti qu'il s'agissait d'un premier roman.
Je l'ai trouvé moins maîtrisé que "L'élégance du hérisson", j'ai senti que l'auteur se cherchait et tâtonnait pour trouver le fond de son récit malgré la pirouette finale.
De plus, je ne me suis jamais vraiment attachée au personnage principal.
Il faut dire qu'il n'a absolument rien pour lui et pour attirer la sympathie du lecteur.
Par contre, j'ai réellement apprécié le style narratif de l'auteur, avec certains moments d'ironie, d'autres de lucidité venant de la part d'enfants : "On croit que les enfants ne savent rien. C'est à se demander si les grandes personnes ont été des enfants un jour." ou encore "Je sais qu'ils sont tous malheureux parce que personne n'aime la bonne personne comme il faudrait et qu'ils ne comprennent pas que c'est surtout à eux-mêmes qu'ils en veulent."
D'un côté l'auteur utilise un vocabulaire assez riche et a presque réussi à me faire partager toutes ces saveurs culinaires et ces plats plus alléchants les uns que les autres, d'un autre le personnage principal plutôt infect est trop présent à mon goût tandis que les autres personnages qui gravitent autour ne sont que des ombres à peine esquissées ce qui m'a laissé une sensation d'inachevé, un léger goût d'amertume.

Ce premier roman de Muriel Barbery est bien un coup d'essai mais pas un coup de maître, il n'a pas l'éclat, la grandeur et la subtilité de "L'élégance du hérisson".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire