samedi 20 avril 2013

Le roman du mariage de Jeffrey Eugenides


Le Roman du mariage est l'histoire de trois étudiants américains, une fille et deux garçons, qui se rencontrent à l'université de Brown, au début des années 80. Ensemble, ils découvrent avec exaltation la littérature, le sexe, Roland Barthes et les Talking Heads. Madeleine tombe sous le charme de Leonard, Mitchell tombe sous le charme de Madeleine. Tel un personnage de Jane Austen, la jeune femme se retrouve au coeur d'un dilemme, entre l'amant maniaco-dépressif et le gendre idéal attiré par la spiritualité. Mais l'Amérique de Reagan n'est pas l'Angleterre victorienne, et l'amour n'a plus le même sens. 
Le vrai sujet de ce livre est peut-être celui du passage à l'âge adulte. Madeleine, Leonard et Mitchell sont les héros d'une nation d'adolescents hypersexués et idéalistes. Comme les soeurs Lisbon de Virgin Suicides ou l'hermaphrodite de Middlesex, Madeleine fait l'apprentissage de la féminité en perdant son innocence, sans renoncer pour autant à toutes ses illusions. 
 Acclamé dans le monde entier, ce nouveau livre de Jeffrey Eugenides, dix ans après Middlesex, réinvente l'idée même d'intrigue conjugale. D'un classique triangle amoureux, Eugenides tire un roman magistral, une comédie dramatique étincelante qui est aussi le portrait d'une génération. (Editions de l'Olivier)

J'étais curieuse de lire ce livre, à la fois parce que Jeffrey Eugenides est un auteur qui se fait très rare et dont j'avais énormément apprécié le très beau "Virgin Suicides", mais aussi parce que j'avais lu une présentation de ce roman comme une histoire à la Jules et Jim.

Déjà, pour le côté trio amoureux à la Jules et Jim, je ne peux que vous inviter à revoir le magnifique film de François Truffaut car ici il n'en est point question.
Ce n'en est même pas une sous-version, le tourbillon de la vie est totalement absent de cette histoire.
Je n'ai pas franchement apprécié les personnages, notamment celui de Madeleine qui a plutôt eu tendance à m'agacer tout au long du roman, à la fois par son côté naïf et découverte du sentiment amoureux et de ses paradoxes : "La solitude était extrême parce qu'elle n'était pas physique. Elle était extrême parce qu'on la ressentait alors qu'on était en compagnie de l'être aimé. Elle était extrême parce qu'elle était dans votre tête, le lieu le plus solitaire qu'il soit.", mais aussi par son aveuglement et son manque total de reconnaissance.
Je reconnais pourtant que le caractère amoureux est bien traité par l'auteur, il rend bien le fait que Madeleine amoureuse ne jure plus que par Leonard, qu'elle se croit plus forte que tout et tout le monde et que, bien entendu, ce qui arrive aux autres ne lui arrivera pas car son couple est différent : "Mais, comme toute personne amoureuse, Madeleine était convaincue que son couple à elle était différent de tous les autres, immunisé contre les problèmes ordinaires.".
Le problème, c'est que Madeleine manque de charisme à mes yeux, et même si cet aspect est bien traité par l'auteur je n'y ai pas pris de plaisir à la lecture.
Passons à Leonard, alors là, il cumule tout : le manque absolu de charisme, sa maladie : la maniaco-dépression, le manque total de gentillesse, de tendresse, ce qui en fait un personnage énervant au plus haut point et dont au final le lecteur ne sait pas tant de choses sur lui.
Il est à mon avis trop peu décrit pour que le lecteur puisse bien le cerner et il n'est là que pour ôter toute raison à Madeleine et l'entraîner avec lui dans une spirale quasi destructrice.
Mais là aussi, le côté dramatique n'est pas exploité, l'auteur préférant faire une pirouette à la fin du livre alors qu'à mon sens le drame aurait été plus logique dans la construction de son histoire et de ses personnages.
Vient enfin le personnage de Mitchell, c'est de loin celui que j'ai préféré mais qui est à mon goût peu utilisé.
Il disparaît pendant une partie de l'histoire alors qu'il aurait pu en être véritablement le troisième maillon et redonner une dynamique à l'ensemble.
Il a des aspects très intéressants mais qui sont peu mis en valeur par l'auteur, dommage car c'est bien le seul qui a su un tantinet me toucher et a fait que j'ai terminé cette lecture pourtant laborieuse.
J'ai également trouvé que de placer l'histoire dans le début des années 80 avec des relations sexuelles libérées ôtait presque toute pudeur à l'histoire, alors que j'en aurais préféré plus dans ce trio amoureux.
Et puis les autres personnages sont mal ou peu exploités, ils ne servent à l'auteur qu'à synthétiser les points essentiels sur les lesquel il a bâti son histoire.
Ainsi Alwyn, la soeur de Madeleine, est très peu présente et n'est là que pour balancer quelques phrases bien pensées sur le féminisme et la non-égalité entre femmes et hommes : "Tu crois que les choses ont changé, qu'on est arrivé à une sorte d'égalité des sexes, que les hommes ne sont plus les mêmes, mais j'ai une mauvaise nouvelle pour toi : c'est faux. Les hommes sont toujours aussi salauds et égoïstes que l'était papa. Que l'est papa.".
A mon sens ce n'est pas le portrait d'une génération mais plus un supermarché où le lecteur vient piocher les grandes idées des années 80.
Il est beaucoup question de littérature et de grands auteurs dans ce roman, c'est bien l'un des seuls aspects qui a trouvé grâce à mes yeux bien que par moment l'auteur se perde dans des dissertations philosophiques sur certaines oeuvres.
Quant à la construction de l'histoire, je n'ai pas du tout aimé le choix de l'auteur de partir sur une situation présente pour systématiquement revenir pendant des pages et des pages sur des situations passées pour revenir au présent.
C'est une construction chronologique désorganisée qui plaît sans doute à des personnes, ce n'est absolument pas mon cas.

"Le roman du mariage" de Jeffrey Eugenides n'a ni la grâce ni la beauté de "Virgin Suicides", les personnages manquent pour beaucoup de charisme et le trio amoureux n'a ni la saveur ni la complexité de celui de Jules et Jim.
En somme, un tourbillon de la vie ennuyeux au possible et dans lequel je n'ai surtout pas envie de retrouver les personnages mais juste les perdre de vue.
Une déception littéraire.

2 commentaires:

  1. Et beh, ton avis me permet de mettre en bas de ma liste ce livre qui m'intriguait...

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    1. Certains avis sont bons, d'autres beaucoup moins. J'attendais beaucoup de ce roman, une belle déception au final.

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