samedi 1 février 2014

Cesare Tome 3 de Fuyumi Soryo


Naïf et studieux, Angelo Da Canossa n’est guère armé pour la vie d’étudiant à l’université de Pise, lieu d’intrigues et de tensions dans l’Italie de la Renaissance. Son innocence résistera-t-elle à sa rencontre avec Cesare Borgia, rejeton d’une famille à la réputation sulfureuse, dont le père est sur le point d’accéder au Saint-Siège ? 
Rivalités entre les différentes factions de l’université, machinations politiques et luttes fratricides, Angelo va partager les années de formation d’un jeune homme en passe de devenir l’un des personnages les plus fascinants de l’Histoire. À ses côtés, il croisera le chemin de certains de ses contemporains les plus célèbres, de Christophe Colomb à Machiavel en passant par Léonard de Vinci… (Ki-oon)

"L'homme est peut-être bien le plus pervers des animaux !"
Si les deux premiers tomes de cette série restaient encore éloignés de l'horreur, de la mort et du sang, ce troisième volume entame une tournure plus violente qui se matérialise par une scène de lutte entre Cesare et un français sous forme de tauromachie.
Angelo est un garçon gentil, intelligent, mais extrêmement naïf qui se fait manipuler par tous et ne s'en rend pas compte ou alors tardivement.
Il est impulsif mais plutôt dans le sens à s'attirer des ennuis, sur ces aspects-là, il n'a pas progressé et ne semble pas prêt de le faire.
Angelo est de plus en plus intrigué par Cesare Borgia, en regardant notamment en cachette la page du registre de l'université qui lui est consacrée, mais ici il va surtout rencontrer un étudiant en théologie qui partage cette fascination, son nom : Niccolo Machiavel.
Celui-ci observe également Cesare Borgia, fasciné qu'il est par cet homme qui lui inspirera plus tard "Le Prince" mais il est aussi lucide vis-à-vis de lui : "Mais à être trop brillant, on finit inévitablement par s'attirer des ennemis.".
Machiavel n'est pas le seul à prodiguer de bons conseils à Angelo, le fidèle Miguel qui, s'il est dévoué corps et âme à Cesare : "Chacun est libre de décider s'il reconnaît son maître et s'il accepte de le servir !", n'en est pas moins lucide sur l'homme et met à ce titre Angelo en garde : "Libre à toi de penser ce que tu veux de Cesare mais ne le juge pas à l'aune des autres noblions que tu pourras croiser ! Il est tel un animal sauvage, opiniâtre et rusé. Ne lui fais pas trop confiance ! Plus tu lui seras dévoué plus il te décevra !".

Ce troisième tome opère un changement de direction avec des complots, des jeux d'alliance et d'entente pour servir les intérêts de chacun ainsi qu'une dimension plus noire et sombre.
Autant Cesare Borgia est un personnage lumineux et flamboyant dans les précédents volumes, autant ici il commence à s'auréoler de noirceur et à devenir inquiétant sur certains aspects : "Quand les espagnols commenceront à parler dans leur langue, tenez-vous sur vos gardes.".
Cesare n'est pas un étudiant ordinaire, il est brillant et il se dessine dans ce tome l'importance du rôle qu'il occupera plus tard de par son intelligence : "L'endroit où nous naissons, notre couleur de peau, la langue que nous parlons, tout nous différence les uns des autres. Rejeter ceux qui ne nous ressemblent pas ou qui pratiquent une autre religion me semble être une erreur. C'est un monde complexe et disparate que Dieu nous a légué.".
L'intrigue se complexifie par la multitude de fronts à gérer pour Cesare, ce dernier passant un marché avec Giovanni Médicis afin que ce dernier tire à lui la couverture d'une oeuvre de charité faite à Pise mais financée par les Borgia, dans l'unique but de modifier les alliances à Rome et permettre à Rodrigo Borgia d'être élu Pape lorsque l'actuel mourra, ce qui ne saurait tarder.
Angelo est un personnage attachant pour le lecteur de par sa naïveté et son innocence, aussi ici il va souffrir à la lecture car Angelo se fait manipuler par les personnes de son entourage sans s'en rendre compte, qu'il s'agisse de Cesare ou de Machiavel qui n'aborde Angelo que dans l'espoir que celui-ci lui permettre de rencontrer et de parler à Cesare Borgia.
Angelo est à l'image de l'agneau : innocent il va finir par être croqué par le grand méchant loup, bien qu'intelligent je vois mal ce personnage s'en tirer indemne, bien que sa joute verbale avec Cesare lui ait procuré l'attention et le respect de certains étudiants, à commencer par Machiavel : "Vous êtes issu d'une république ... le jeune seigneur vient quant à lui d'un royaume ... Vos positions respectives, bien qu'incompatibles, n'en étaient pas moins toutes deux légitimes ... Mais ce qui m'a frappé, c'est que vous avez tous les deux développé la totalité de votre raisonnement du point de vue du peuple !".
Mais le danger n'est pas qu'à Pise, il est aussi à Florence avec l'ombre de Savonarole prêchant en place publique les vertus de la misère et dénonçant la richesse : "Les hommes sont étranges ! Dans le besoin, ils ne rêvent que de richesses ... mais quand plus rien ne leur manque, soudain la misère devient une vertu !".
Une nouvelle fois, le document en fin de volume sur Cesare et l'Europe du Moyen-Âge est très itnéressant, complété par l'histoire des Borgia de l'Espagne à l'Italie, la vie étudiante à Pise et l'évolution de cette ville à travers les époques.
Une notice intéressante pour qui connaît Piss et y a été ou souhaiterait y aller.

Dans ce troisième volume, des alliances se nouent et un jeu d'intrigues se met en place, rendant encore plus captivant cet excellent manga signé par Fuyumi Soryo.
Un joli pied de nez à ceux qui pensent que le manga n'est qu'une littérature de bas étage et qui abêtit plutôt qu'elle ne rend intelligent, la preuve en est : ce manga permet d'en apprendre beaucoup sur l'Italie et la famille Borgia.

Livre lu dans le cadre de Un samedi par mois, c'est manga ! - Février 2014


Livre lu dans le cadre du Challenge Il Viaggio


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