Salie est invitée à dîner chez des amis. Une invitation apparemment anodine mais qui la plonge dans la plus grande angoisse. Pourquoi est-ce si « impossible » pour elle d'aller chez les autres, de répondre aux questions sur sa vie, sur ses parents ? Pour le savoir, Salie doit affronter ses souvenirs. Poussée par la Petite, son double enfant, elle entreprend un voyage intérieur, revisite son passé : la vie à Niodior, les grands-parents maternels, tuteurs tant aimés, mais aussi la difficulté d'être une enfant dite illégitime, le combat pour tenir debout face au jugement des autres et l'impossibilité de faire confiance aux adultes. À partir de souvenirs personnels, intimes, Fatou Diome nous raconte, tantôt avec rage, tantôt avec douceur et humour, l'histoire d'une enfant qui a grandi trop vite et peine à s'ajuster au monde des adultes. Mais n'est-ce pas en apprivoisant ses vieux démons qu'on s'en libère ? « Oser se retourner et faire face aux loups », c'est dompter l'enfance, enfin. (Flammarion)
Salie est en panique : invitée à dîner par Marie-Odile, cette situation la plonge dans une grande angoisse, car elle ne supporte pas d'aller chez les autres et pour connaître la cause de cette phobie, il lui faut replonger dans ses souvenirs d'enfance.
Pour se faire, Salie fait face à la Petite, son double enfant qui la pousse dans ses moindres retranchements pour faire surgir la vérité : "Une petite fille me poursuit, me harcèle, m'assiège; après tant d'années de lutte, je ne peux toujours rien contre ses assauts; parfois, croyant agir à ma guise, je découvre avec stupeur que je ne fais que succomber à ses humeurs : grandir semble impossible !".
Élevée par ses grands-parents, Salie est une enfant illégitime à qui l'on fait payer cette situation : elle est celle qui ne mérite rien, qui doit être sans cesse traînée dans la boue et dont on cherche à se débarrasser telle une disgracieuse verrue plantée sur le nez, en somme celle qui ne mérite pas de vivre.
Entre deux crises d'angoisse, Salie écoute de la musique et se laisse bercer par les mots et la musique : "Yo sólo quiero caminar, tada-tada-tadadan".
Salie est un personnage très complexe : elle a un côté sauvage et aime sa solitude : "Est-ce moi qui suis trop sauvage où ce sont les gens qui se sont habitués à harceler les autres, à les attrouper, afin de ne jamais se retrouver seuls, confrontés à eux-mêmes ?", d'un autre elle ne refuse pas non plus le contact avec tout individu et prend plaisir à entretenir des relations amicales.
Non, ce que n'aime pas Salie, c'est que l'on cherche à lui imposer un désir qui n'est pas le sien : "Agir en adulte, est-ce devenir assez hypocrite pour se plier à toute injonction, surseoir à toute volonté personnelle, pour assouvir les désirs des autres au détriment des siens ?".
Salie est un personnage entre deux eaux : elle est une femme évoluant dans le monde adulte de par son âge mais coincée dans les limbes de l'enfance de par son passé.
Elle porte un regard parfois juste sur les relations avec autrui : "Les êtres les plus coriaces à gérer dans la vie sociale, ce ne sont pas les éventuels ennemis; ceux-là, il est aisé de vivre avec, car il suffit de se soustraire à leur présence pour ne pas souffrir leur vindicte. Le vrai supplice vient de tous ces gens qui, sans être des amis proches, vous affligent du bien qu'ils disent vous souhaiter, un bien défini exactement selon leurs propres critères, parfois si contraires aux vôtres.", mais cela n'a malheureusement pas suffi à me la rendre sympathique.
Je suis restée très détachée de ce personnage et plus généralement de l'histoire, même si j'admets que certains passages, notamment ceux concernant les souvenirs d'enfance, ont une certaine beauté et alternent entre la gravité et l'humour, tout comme la réconciliation finale avec la Petite marque une grande avancée pour la narratrice : "Cette Petite, même si elle m'incommode parfois, je l'aime quand, révoltée et déterminée, elle décide de vivre, de réagir au lieu de seulement subir, c'est ainsi qu'elle a toujours sauvé ma vie.".
L'autre point qui m'a dérangée est celui de cette narration à la première personne du singulier, le roman est clairement une autofiction, dans le cas présent que je ne pense pas que cette forme était la plus appropriée pour raconter cette histoire : ou l'auteur assumait et rédigeait une autobiographie, ou elle partait complètement dans la fiction.
Cette frontière trop mince entre réalité et fiction m'a gênée dans ma lecture, je ne savais jamais sur quel pied danser, me demandant sans cesse si la rancœur sous-jacente et omni-présente venait de Salie ou de Fatou Diome.
La plume de Fatou Diome est belle mais exigeante, c'est à mes yeux ce qui sauve ce livre car l'auteur a un véritable style et donne du rythme à son récit, créant une musicalité mêlant harmonieusement les mots jetés sur papier et les musiques écoutées par Salie.
"Yo sólo quiero caminar, tada-tada-tadadan".
Mon impression sur "Impossible de grandir" est à l'image de cette sempiternelle ritournelle qui vient ponctuer le récit parfois à bon escient souvent comme un cheveu sur la soupe : parfois charmée, souvent détachée, une lecture en demi-teinte donc.
Le style est beau mais la forme ne m'a pas séduite : la psychanalyse par l'écriture n'est pas une recette qui fonctionne à tous les coups et ce livre en est la parfaite illustration.
Livre lu dans le cadre du Challenge Petit Bac 2014 - Catégorie Verbe GRANDIR
Livre lu dans le cadre du Prix OcéansJe suis restée très détachée de ce personnage et plus généralement de l'histoire, même si j'admets que certains passages, notamment ceux concernant les souvenirs d'enfance, ont une certaine beauté et alternent entre la gravité et l'humour, tout comme la réconciliation finale avec la Petite marque une grande avancée pour la narratrice : "Cette Petite, même si elle m'incommode parfois, je l'aime quand, révoltée et déterminée, elle décide de vivre, de réagir au lieu de seulement subir, c'est ainsi qu'elle a toujours sauvé ma vie.".
L'autre point qui m'a dérangée est celui de cette narration à la première personne du singulier, le roman est clairement une autofiction, dans le cas présent que je ne pense pas que cette forme était la plus appropriée pour raconter cette histoire : ou l'auteur assumait et rédigeait une autobiographie, ou elle partait complètement dans la fiction.
Cette frontière trop mince entre réalité et fiction m'a gênée dans ma lecture, je ne savais jamais sur quel pied danser, me demandant sans cesse si la rancœur sous-jacente et omni-présente venait de Salie ou de Fatou Diome.
La plume de Fatou Diome est belle mais exigeante, c'est à mes yeux ce qui sauve ce livre car l'auteur a un véritable style et donne du rythme à son récit, créant une musicalité mêlant harmonieusement les mots jetés sur papier et les musiques écoutées par Salie.
"Yo sólo quiero caminar, tada-tada-tadadan".
Mon impression sur "Impossible de grandir" est à l'image de cette sempiternelle ritournelle qui vient ponctuer le récit parfois à bon escient souvent comme un cheveu sur la soupe : parfois charmée, souvent détachée, une lecture en demi-teinte donc.
Le style est beau mais la forme ne m'a pas séduite : la psychanalyse par l'écriture n'est pas une recette qui fonctionne à tous les coups et ce livre en est la parfaite illustration.
Livre lu dans le cadre du Challenge Petit Bac 2014 - Catégorie Verbe GRANDIR
Tout comme toi, je pense que certains auteurs devraient payer un psychanalyste plutôt que de faire payer à leurs lecteurs les traumatismes de leur histoire...
RépondreSupprimerMerci, je me sens moins seule à le penser après cette lecture ...
SupprimerJ'abonde dans votre sens.
SupprimerFinalement on est pas mal à avoir le même avis.
SupprimerEt je m'ajoute à la liste.
RépondreSupprimerDécidément, ce livre a eu du mal à séduire.
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