dimanche 19 avril 2015

Le transperceneige Tome 1 L'échappé de Jean-Marc Rochette et Jacques Lob


Un jour, la bombe a fini par éclater. Et toute la Terre s’est brutalement retrouvée plongée dans un éternel hiver gelé, hostile à toute forme de vie. Toute ? Pas tout à fait. Miraculeusement, une toute petite portion d’humanité a trouvé refuge in extremis dans un train révolutionnaire, le Transperceneige, mu par une fantastique machine à mouvement perpétuel que les miraculés de la catastrophe ont vite surnommé Sainte Loco. Mais à bord du convoi, désormais dépositaire de l’ultime échantillon de l’espèce humaine sur cette planète morte, il a vite fallu apprendre à survivre. Et les hommes, comme de bien entendu, n’ont rien eu de plus pressé que d’y reproduire les bons vieux mécanismes de la stratification sociale, de l’oppression politique et du mensonge religieux… (Casterman)

"Parcourant la blanche immensité d'un hiver éternel et glacé d'un bout à l'autre de la planète roule un train qui jamais ne s'arrête. C'est le transperceneige aux mille et un wagons.", ainsi débute cette bande dessinée d'anticipation post-apocalyptique.
Une nouvelle guerre a eu lieu, la bombe climatique a été inventée et surtout utilisée, les derniers survivants de l'Humanité ont trouvé refuge dans un immense train au moteur à mouvement perpétuel qui depuis ne cesse de parcourir la Terre : "C'est le transperceneige aux mille et un wagons, c'est le dernier bastion d'la civilisation. Il abrite et transporte en ses flancs, de ce monde, ses derniers survivants : ceux que la mort blanche a condamnés au voyage à perpétuité.".
Mais bien entendu, dans ce train immense voyageant à l'infini il y a les nantis, ceux des premières classes qui vivent dans le luxe et la luxure, puis il y a les wagons de seconde classe où les personnes vivent dans un relatif confort, il y a les militaires, chargés de la sécurité du train, les cuisiniers, les maraîchers, et pour finir les wagons de queue, ceux dans lesquels sont entassés les plus pauvres ou ceux qui sont montés dans le train au dernier moment, ils vivent entassés dans des wagons sans fenêtre, à mourir de faim ou de maladie.
Proloff est l'un de ceux-là, mû par un mouvement de révolte il a réussi à accéder aux wagons suivants, arrêté par les militaires il attend que son sort soit décidé, rejoint par Adeline, une membre d'un groupement d'aide au tiers-convoi.
Et voilà qu'on le réclame à l'autre bout de la machine, car les personnes sont curieuses de savoir comment cela se passe là-bas au fond : "Comment c'est là-bas ? Êtes-vous encore nombreux ? On dit qu'vous êtes des milliers à être entassés dans des fourgons à bestiaux à crever d'faim et d'froid ... est-ce vrai ?", à moins que cela ne cache une autre intention.

J'ai découvert cette histoire à travers le film de Bong Joon Ho "Snowpiercer", j'ai profité de la réédition en version intégrale de cette bande dessinée pour l'acquérir et la découvrir.
J'ai été littéralement emballée par celle-ci, l'histoire est tout simplement formidable, c'est de la science-fiction comme je l'aime avec tous les ingrédients nécessaires à ce genre littéraire.
Il y a eu le cataclysme : une brusque modification du climat qui a plongé la Terre dans une nouvelle ère glaciaire, des survivants qui ce sont regroupés dans un univers clos : un train, et qui vivent ainsi depuis, dans une pseudo normalité : "Nous essayons de vivre hors du temps, nous faisons comme si.".
C'est l'intégralité d'une société qui est enfermée dans ce train, tout y est forcément exacerbé : la richesse comme la pauvreté, la luxure, la recherche du plaisir ainsi que la violence et la répression.
En suivant le périple de Proloff, le lecteur découvre ce microcosme qui est un condensé de l'Humanité telle que nous la connaissons.
Il y a eu restructuration des classes sociales, mais cela n'empêche pas la lutte, comme quoi ce qui se passe à l'air libre se passerait tout autant en vase clos.
Le Transperceneige n'est pas qu'un train, c'est une arche de Noé moderne.
D'ailleurs, qui dit science-fiction dit dimension religieuse, ici c'est la machine en elle-même qui est la nouvelle religion de bien des occupants de ce train.
Surnommée "Sainte Loco" elle est l'objet de prières et de remerciements mais aussi de grands égards et est dernièrement source d'inquiétude, car son rythme a légèrement ralenti : "La machine a peut-être un moteur à mouvement perpétuel, ça veut pas dire qu'elle est éternelle ! Faudra bien qu'elle s'arrête un jour.".
Ce n'est plus une machine, elle est personnalisée au même titre que Proloff, mais c'est une dame qui se révèle fragile et dont la solitude commencerait à lui peser : "Elle est un peu comme les humains, vois-tu ... même si elle se suffit à elle-même, comme eux, elle a besoin d'autre chose pour s'épanouir : une présence ... quelques paroles ... elle a besoin de ... de se sentir habitée !".
Le scénario créé par Jacques Lob reprend les thèmes principaux de la science-fiction post-apocalyptique pour donner vie à un univers dur et étouffant, car à l'image de Proloff le lecteur finit aussi par en avoir assez de ces wagons étroits.
Et c'est doute dans les non-dits que le scénario se révèle le plus choquant, dans la part d'imagination qui est laissée aux lecteurs.
Pour les dessins, Jean-Marc Rochette a fait le choix du noir et blanc, rien à redire car cela se révèle judicieux et porte parfaitement l'histoire.
J'ai énormément apprécié la calligraphie et le style de cette bande dessinée, c'est un pur bonheur de la lire.

"Le Transperceneige" est une bande dessinée qui a l'esthétisme des années 80 et qui après avoir sombré dans l'oubli a été remise au goût du jour grâce à l'adaptation cinématographique qui en a été faite.
Plus qu'un classique de la science-fiction post-apocalyptique c'est un incontournable, et pour ma part un véritable coup de cœur.

Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2015 pour PAL en danger / Chute de PAL



Livre lu dans le cadre du Club des Lectrices

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