dimanche 5 avril 2015
Une année douce-amère de Pascale Maret
En 1943, sous l'Occupation, l'école du village accueille des têtes nouvelles, venues de loin : des citadins que les parents mettent à l'abri des restrictions et des bombardements, des Juifs aussi. Le village et ses environs sont un de ces lieux où l'on accueille les réfugiés sans poser de questions, et où l'on protège les enfants des rafles successives. La majorité des habitants, protestants, a gardé le souvenir amer des persécutions passées. Parce qu'il est amoureux d'Édith, Émile se lance dans la résistance active et, malgré les dangers, la vie prend les couleurs de l'aventure... (Editions Thierry Magnier)
L'histoire se passe en 1943, dans la région de la Haute-Loire, dans un petit village en apparence tranquille qui accueille pourtant depuis plusieurs mois des personnes réfugiées et des Juifs dont certains, comme Edith, ont vu leur famille arrêtée et partie pour une destination inconnue.
Emile est un jeune garçon pour qui la guerre est quelque chose de loin car ne le touchant pas directement, hormis par le biais de son frère qui appartient à un groupe de résistance, mais qui va changer de position et décider de s'engager lui aussi dans la résistance car le charme et la fragilité d'Edith ne le laissent pas indifférent.
Il commence par effectuer des transmissions de messages : "Va pas croire que tu fais partie du groupe, sous prétexte que tu as donné un coup de main avant-hier.", puis de petites missions : "Tout cela n'était guère héroïque, et semblait n'avoir de rapport que très loin avec le sort d'Edith. Néanmoins, en me couchant ce soir-là, j'ai eu le sentiment d'avoir accompli quelque chose pour elle.", jusqu'à être arrêté.
Mais malgré le danger, la vie prend alors pour lui la couleur de l'aventure et lui permet aussi de grandir et d'apprendre à imposer ses choix : "J'avais décidé de ne plus renoncer à mes rêves, à aucun de mes rêves.".
Ce roman pour la jeunesse est particulièrement intéressant car l'auteur s'est documentée pour la trame de fond sur des faits s'étant passés au Chambon-sur-Lignon durant la Seconde Guerre Mondiale.
Outre l'amourette entre Edith et Emile qui donne naissance à l'histoire, c'est surtout le prétexte pour faire découvrir à un jeune public les conditions de vie durant les années 1939-1945, les implications des engagements dans la résistance, particulièrement pour les jeunes gens, et des répressions faites sur ces mêmes résistants par le IIIè Reich ou la milice.
Ce roman propose un point de vue intéressant et plaira sans doute aux jeunes gens dans la tranche d'âge d'Emile, ils peuvent assez facilement s'identifier à lui et même si ses soucis ne sont plus les mêmes que ceux d'aujourd'hui son acte d'engagement est lui universel et intemporel.
Le personnage d'Emile évolue au cours du récit, il s'engage, à sa façon défend son pays, grandit, arrive à imposer ses envies et non plus subir celles de ses parents.
Il se découvre surtout lui-même, sa période d'emprisonnement l'aidant à mûrir, reste attaché à sa terre d'origine mais a aussi des envies d'ailleurs qui le titillent : "Je sentais que j'appartenais à cet endroit et que toujours, quoi qu'il arrive, j'y reviendrais. Mais je savais aussi que j'avais soif d'autres horizons. Je me suis promis à cet instant, assis au bord du petit ruisseau, de connaître un jour les villes, de faire de grands voyages, de vivre autrement. "Quand la guerre sera finie" avait dit Lucien. Je n'arrivais pas à imaginer l'avenir.".
S'il n'arrive pas à imaginer l'avenir il l'incarne en tout cas très bien, il est à la fois ouvert sur les autres et sans a priori sur les Allemands, dont il va croiser la route de certains; il incarne ainsi la réconciliation et les premières esquisses de l'Europe.
A mon sens, ce livre doit être intéressant à étudier en classe, à partir de 12/13 ans.
Maintenant je l'ai aussi lu avec un regard d'adulte et donc un peu plus critique. Et s'il présente assez bien la résistance et les maquisards, ce récit ne rentre toutefois pas trop dans les détails, par contre l'auteur fait dire un peu trop souvent à mon goût aux personnages que les Juifs sont déportés dans des camps et exterminés.
Si les gouvernements Britannique et Américain savaient, beaucoup d'informations plus ou moins fiables ont circulé pendant la guerre et si des Français le savaient et/ou avaient des doutes, beaucoup se refusaient à y croire, alors j'imagine que dans un coin de France aussi reculé il y avait peu de chance pour que tout le réseau de résistance et le maquis soient aussi bien informés (surtout lorsque l'on sait les difficultés qu'ont eu les maquis pour obtenir des parachutages d'armes de la part des Britanniques notamment).
Dommage que l'auteur n'ait pas pensé en écrivant à se projeter à l'époque et non aujourd'hui avec la connaissance que nous avons désormais de l'Histoire.
C'est le seul bémol qui vient nuancer mon avis sur ce livre, et il passera sans doute inaperçu de la part d'un public jeune, après tout l'important c'est de permettre de leur faire découvrir cette période de l'Histoire de la France et d'en parler avec eux.
"Une année douce-amère" de Pascale Maret est un roman jeunesse assez bien écrit s'intéressant à la résistance, au maquis et à l'engagement de jeunes gens dans la lutte pour la libération de la France durant la Seconde Guerre Mondiale, il prône des valeurs de courage, de solidarité, je le conseille à partir de 12/13 ans.
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