samedi 20 juin 2015

L'invitation à la vie conjugale d'Angela Huth


Frances Farthingoe s'ennuie. Elle se sent délaissée par ce mari qui passe ses journées devant son ordinateur et ses nuits à observer les animaux au fond des bois. Elle décide d'organiser une fête somptueuse dans son manoir d'Oxford et y convie ses amis les plus chers : Rachel et Thomas Arkwright, qui n'ont plus rien à se dire depuis longtemps, Mary et Bill Luchtins, tendrement unis dans leur passion pour la nature, Martin et Ursula Knox, le couple au bonheur insolent, Ralph, l'ami si timide, ancien amant de Frances et amant platonique d'Ursula, Rosie, la mère de Ralph, artiste peintre, dont Thomas vient de tomber follement amoureux... C'est la fête de l'année qui, en quelques heures, bouleverse la vie des couples. Les masques tombent, les sentiments se bousculent, s'enflamment. Que la fête commence ! (Gallimard)

J'ai entendu quelques bons échos concernant Angela Huth, je me suis donc décidée à découvrir cette auteur et à juger par moi-même, mon choix s'est porté par le plus grand des hasards sur "L'invitation à la vie conjugale".
En lisant la quatrième de couverture, je m'attendais à un roman un peu cynique sur le mariage, où des couples tombés dans la routine et l'ennui allaient mettre à profit la grande fête organisée par Frances Farthingoe pour se délasser et faire tomber les masques.
Bref, je m'attendais à quelque chose de mordant et au final je me suis ennuyée pendant ma lecture à peu près autant que les personnages dans leur vie.
Certes, la vision du mariage qui est dépeinte dans ce roman est loin d'être idyllique, mais alors à ce point ... disons que quand on lit ce roman et que l'on est déjà pas forcément partisan(e) de cette institution, on est carrément vacciné(e) en le refermant.
L'un des personnages féminins décrit d'ailleurs ainsi l'amour conjugal : "En fait, l'amour conjugal est quelque chose d'irrégulier, et comme ce serait ennuyeux si ce n'était pas le cas.", je suis bien d'accord que tout n'est pas toujours rose, sauf que c'est plutôt comique de faire penser cela à un personnage dont la vie conjugale n'est pas folichonne et qui pourtant s'ennuie et dans sa vie quotidienne et dans sa vie conjugale.
La plupart des femmes qui sont dépeintes dans ce roman auraient bien besoin de prendre quelques pilules du bonheur, elles ont tout : le mari avec une bonne situation, la maison, l'argent, la réussite sociale; pourtant elles ne sont pas satisfaites de leur vie et passent leur temps à se demander ce qu'elles pourraient bien en faire : reprendre un travail ou continuer à être "l'épouse de" ?
N'ayons pas peur des mots, elles sont dépressives et n'ont plus goût à rien : "En vérité, son ardeur pour tout travail, quel qu'il soit, s'était tarie. Et le conflit empirait : culpabilité devant une vie futile d'un côté, manque d'inspiration à propos de ce qu'elle pouvait faire de l'autre.".
Quant aux hommes, ils ne sont pas forcément mieux puisque soit ils trompent leur femme soit ils envient celle de leur ami, à l'image d'un Thomas qui est un véritable cœur d'artichaut et cherche à conquérir à peu près toutes les femmes qui croisent son chemin.
Heureusement qu'il y a le couple Luchtins, sinon c'était un tableau noir du mariage que dressait Angela Huth.
Les interactions et les liens entre les personnages ne sont pas trop mal, mais il m'a manqué quelque chose tout au long de ma lecture pour que je m'intéresse sincèrement à tous ces personnages.
Je n'ai pas apprécié les deux parties du roman qui sont trop disproportionnées, la première couvre plus des trois-quart du roman tandis que la deuxième tient en une centaine de pages.
Et puis j'aurais bien aimé que les masques tombent un peu plus que ça, car le soufflé redescend très vite au cours de la fête : pas de crêpage de chignons, pas de coups de feu, oui j'ai peut-être attendu un peu trop à lire une version moderne de "Gastby le magnifique", mais au final il n'y a ni faste ni grandeur, juste une fête lambda.
Le tout reste très conventionnel, trop, c'est très British : pas de vague, tout le monde prend les choses avec flegme et retenue.
Quant à l'analyse des relations conjugales entre des couples qui ne se comprennent plus ou n'ont plus rien à se dire, n'est pas Richard Yates qui veut et c'est bien loin de valoir le formidable "La fenêtre panoramique".

Au final, j'ai été peu convaincue par "L'invitation à la vie conjugale" d'Angela Huth, dans tous les sens du terme, et j'en suis arrivée à la conclusion que je n'ai peut-être pas choisi la meilleure oeuvre de cette auteur pour découvrir son univers et son style.

Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2015 pour PAL en danger /Chute de PAL


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