lundi 11 décembre 2017

A Beautiful Day (You Were Never Really Here) de Lynne Ramsay

       
     

La fille d’un sénateur disparaît. Joe, un vétéran brutal et torturé, se lance à sa recherche. Confronté à un déferlement de vengeance et de corruption, il est entraîné malgré lui dans une spirale de violence. (AlloCiné)


Ce film a un peu fait la surprise à Cannes en remportant deux prix, avec un Joaquin Phoenix venant chercher son prix en basket.
Autant dire que j’ai eu très envie de le voir, la bande annonce montrant un film noir tout comme l’affiche, qui proclame même que ce film est le "Taxi Driver du 21ème siècle".
La comparaison est un peu forte, disons qu’il y a des similitudes entre le personnage de ce film et celui de Martin Scorcese mais je n’irai pas jusqu’à les comparer ni même dire que l’un est dans le prolongement de l’autre.
A chaque film son histoire, ses interprètes et son époque.


Joe (Joaquin Phoenix) est un vétéran de la guerre, il en est revenu traumatisé, tout comme son enfance lui a laissé des marques, et aujourd’hui il vit comme homme de main (comprendre : il va buter des gens quand on le lui demande).
Sa mission est de récupérer Nina (Ekaterina Samsonov), fille d’un sénateur, prise dans un réseau de prostitution de mineurs.
Sauf que la vérité est autre et que Joe va se retrouver confronté à un milieu corrompu, où la morale n’est qu’un vain mot, et va être aspiré dans une spirale de violence.
On ne va pas se voiler la face, ce film a eu un Prix du Scénario à Cannes et je me demande bien pourquoi car l’histoire n’est pas fofolle, elle tient facilement sur une moitié de feuille A4.
En prime elle n’est même pas originale puisque c’est une adaptation d’un roman de Jonathan Ames.
Mystère et boule de gomme !
 L’autre chose qui me fait grincer des dents, c’est le titre : pourquoi traduire un titre en Anglais par un autre titre en Anglais ?
Cette pratique me dépasse complètement, j’ai même cru pendant un temps que le film avait changé de nom entre Cannes et sa sortie.
Mais non, je trouve ça crétin et ça n’a aucun sens, mais bon passons, fort heureusement je ne m’arrête pas à ces détails lorsque je vais au cinéma.


Le premier détail qui frappe, c’est le son, et son importance.
Il n’y a pas encore d’images à l’écran mais la bande son est déjà présente et plonge le spectateur dans un univers qu’il sait sombre, glauque et dont il devine la violence.
L’ambiance se crée dès les premières secondes et ne lâchera plus le spectateur.
C’est l’un des points forts de ce film, qui en fait toute sa force et sa puissance à l’écran.
Je crois d’ailleurs que le rendu ne sera pas le même sur un écran de télévision dans un salon, pour l’apprécier pleinement il faut le voir dans une salle obscure.
Il y a beaucoup de violence dans le film, c’est une violence sèche, directe, glaciale, à l’image du personnage de Joe que le spectateur pourrait penser sans cœur alors que la vérité est autre.
La réalisatrice a choisi de montrer la psychologie du personnage de Joe en ayant recours aux ellipses, une technique savamment utilisée qui permet de bien saisir ce personnage.
Et alors, l’autre atout indéniable de ce film, c’est la prestation de Joaquin Phoenix, qui pour le coup n’a pas volé son Prix d’Interprétation à Cannes.
Je savais quel grand acteur il pouvait être mais dernièrement il avait, je trouve, légèrement baissé.
Là il revient à haut niveau avec une prestation éblouissante, rappelant, si jamais certaines personnes l’avaient oublié, à quel point il est un acteur doué et talentueux.
A ceux qui voulaient l’enterrer, le phœnix renaît de ses cendres.
Et sans lui, ce film n’aurait pas eu la même portée.
A noter que le reste du casting est lui aussi de très bonne facture, particulièrement la jeune interprète de Nina qui lui confère un côté Lolita, à la fois mutine et provocatrice, mais aussi jeune et que l’on espère encore un peu naïve.


"A Beautiful Day" est un film d’une violence à chaque instant servi par un comédien exceptionnel qui justifie à lui seul le déplacement dans une salle obscure.


       
     

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