dimanche 16 décembre 2018

Le pouvoir de Naomi Alderman


Aux quatre coins du monde, les femmes découvrent qu'elles détiennent le "pouvoir". 
Du bout des doigts, elles peuvent infliger une douleur fulgurante - et même la mort. 
Soudain, les hommes comprennent qu'ils deviennent le "sexe faible". 
Mais jusqu'où iront les femmes pour imposer ce nouvel ordre ? (Calmann Lévy)

Et si un beau matin les femmes se réveillaient avec une étrange sensation, comme un grésillement dans le corps suivi d'étincelles et la possibilité de faire jaillir du courant du bout de leurs doigts ?
Et si ces femmes se mettaient à utiliser ce pouvoir, à renverser celui à la tête des états et à imposer leurs règles, leurs lois ?
Et si ces femmes se vengeaient de tout ce qu'elles ont enduré depuis des années par et à cause des hommes et de leur domination ?
Mais si certaines décidaient aussi d'utiliser ce pouvoir à bon escient, de ne pas en abuser ni se faire craindre avec ?
Et si la peur changeait de camp ?

Lorsque l'on est femme on a toutes voulu, à un moment ou à un autre, que la peur change de camp, voire de pouvoir infliger ce que l'on a trop de fois subi : les brimades, les moqueries, les insultes, les places chipées ou refusées, parce que l'on est femme.
Je n'ai aucune honte à avouer que c'est mon cas et qu'il m'arrive encore de le penser parfois, parce que trop c'est trop et que la coupe est pleine; et depuis cette lecture j'en viens aussi parfois à souhaiter me réveiller un beau matin avec cet aiguillon, quitte à envoyer une légère décharge à celui qui me traite de salope parce que j'ai refusé de lui répondre.
Le récit s'ouvre sur un étrange dialogue, soyez vigilant lors de votre lecture pour comprendre le pourquoi du comment.
Quant aux premières manifestations du pouvoir, elles sont discrètes et les hommes sont encore sûrs d'eux et prêts à en découdre avec les premières femmes présentant ce nouveau pouvoir : "Ces salopes ont vraiment besoin que les choses changent. Faut qu'elles apprennent ce que justice veut dire.".
Puis au fil du temps le pouvoir se développe de plus en plus en intensité, mais aussi auprès des femmes du monde entier : "Tunde comprend alors que ce truc va prendre comme une traînée de poudre, embraser la planète tout entière et changer le monde. Plus rien ne sera jamais comme avant et cela le comble d'une telle joie qu'il se met à crier avec les femmes au milieu des flammes.".
Car il suffit qu'une femme en touche une autre pour réveiller son pouvoir et le déclencher : "La forme du pouvoir est toujours la même, c'est la forme d'un arbre : des racines à la cime, un tronc central d'où naissent des branches d'où renaissent d'autres branches, toujours plus longues, toujours plus fines. La forme du pouvoir est semblable au tracé d'une chose vivante qui se démène pour se projeter vers l'extérieur, pour étendre ses vrilles un peu plus loin, toujours un peu plus loin.".
Le récit se découle sur plusieurs années, permettant de saisir les bouleversements qui s'instaurent partout dans le monde, mais suit aussi plusieurs personnages : quasi exclusivement des femmes à l'exception de Tunde, un homme journaliste.
J'ai énormément apprécié la structure du récit ainsi que les personnages, et évidemment le fond.
Le principe de départ est à mes yeux particulièrement alléchant, et l'auteur a eu l'intelligence de ne pas faire un récit tout noir ou tout blanc mais avec du gris, et même si le discours est majoritairement féministe Naomi Alderman n'a aps hésité à montré les effets pervers engendrés par ce pouvoir et le fait que certains femmes se comportent aussi mal que les hommes une fois qu'elles sont à la tête d'un gouvernement ou d'un état.
Il y a également la chute particulièrement surprenante, à moins d'avoir été attentive au début du récit et aux dessins qui émaillent le récit et permettent de se forger sa propre idée sur la réalité et l'espace temporel de l'intrigue.
C'est un récit qui ne m'a pas laissée indifférente et qui engendre beaucoup de discussions à la suite de la lecture, ainsi que de avis divergents, c'est aussi ça la beauté de la lecture.
J'imagine de surcroît ce roman tout à fait transposable à l'écran, le travail serait en tout cas excitant car il y a matière à faire un film fort et marquant, à l'image de ce roman signé Naomi Alderman, dont j'ai fort envie de découvrir les autres récits désormais.

"Le pouvoir" est sans nul doute un livre électrisant qui suscitera des réactions négatives comme positives et qui durera dans le temps, l'une de mes dernières lectures les plus marquantes avec "La servante écarlate" de Margaret Atwood.

2 commentaires:

  1. Beaucoup moins convaincue que toi par ce roman que j'ai trouvé très pessimiste. http://www.desgalipettesentreleslignes.fr/archives/2018/05/08/36336389.html

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    1. Je me souviens de nos échanges à ce sujet.
      Je crois aussi que l'état d'esprit dans lequel on le lit joue pour la perception que l'on en a.

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