mercredi 6 juin 2012

Le Festival de Cannes et moi


Qui a eu cette idée folle un jour d’inventer le Festival de Cannes ?
C’est … c’est … ce sacré Jean Zay en 1946 alors qu’il était ministre de l’Education Nationale et des Beaux-Arts (au passage, elle est facile, mais à quand un ministère du redressement de l’Education, de la Culture et de l’Art en France ?).

Cannes, ses rues, la mer, son festival, son Palais des Festivals et des Congrès (qui m’a valu de me manger un poteau car je regardais ledit Palais et non plus où je mettais les pieds), son tapis rouge, sa montée des marches et surtout son tapis de stars internationales se donnant systématiquement rendez-vous tous les ans pendant douze jours.
Cannes en mai, c’est THE place to be, le rendez-vous international du cinéma et c’est sans nul doute le festival le plus relayé médiatiquement et connu dans le monde.
Et qui dit festival dit sélection, et là, le credo de Cannes c’est de refléter la production cinématographique mondiale et donc de mettre en avant le cinéma d’auteur ou de recherche.


Voilà où je voulais en venir, à la sélection et surtout aux films primés.
Parce que sur ce festival, il y a du très bon et il y a du moins bon, et, en règle générale, il y a du moins bon primé, qu’il m’arrive d’aller voir comme d’autres cinéphiles et amateurs de cinéma/crédules (rayez la mention inutile) et de regretter amèrement.
Ou alors il m’arrive de hurler (intérieurement) lors du Palmarès car des petits bijoux n’ont pas été récompensés à leur juste valeur, parce que là aussi, comme partout ailleurs, il y a du copinage et des us et coutumes difficiles à supprimer.
Ainsi, certains grands réalisateurs, voire monstres sacrés du cinéma, n’ont jamais reçu la Palme d’Or, pour n’en citer quelques uns : Ingmar Bergman, Alfred Hitchcock, Stanley Kubrick, André Téchiné, François Truffaut, Alain Resnais, Claude Sautet, Douglas Sirk, Pedro Almodóvar, Jean-Luc Godard, Clint Eastwood (pour mieux réaliser la chose, relisez la liste une seconde fois).
Après on aime ou on n’aime pas, il n’empêche que toutes ces personnes ont marqué le cinéma.
Là il est facile de me rétorquer : "Et bien le palmarès c’est pareil, on aime ou on n’aime pas", mais quel est l’intérêt de récompenser un film aussitôt primé aussitôt oublié ? Ou qui n’apporte rien au cinéma ? Ou simplement parce que le réalisateur est un ami ? (Je ne parle pas d’Isabelle Huppert … oups) Et qui ne va pas rencontrer un public à sa sortie ? Voire même sera aussitôt retiré des salles ?
Pour certains films ayant reçu la Palme, je comprends l’attribution de ce prix, notamment pour Apichatpong Weerasethakul, mais dans d’autres cas, cela reste un mystère complet.
Et quel besoin de faire une allergie à des films "grand public" ? Ou de laisser de côté certains genres ? (qui a déjà vu un film d’horreur à Cannes ?)
Un film de Cannes doit donc forcément être torturé, noir, sombre, morbide, pénible ?
Vu le contexte actuel, ce n’est pas franchement le genre de films que les gens ont envie d’aller voir.
Certains réalisateurs refusant la concurrence n’acceptent pas que leur film soit projeté en compétition, c’est le cas de Woody Allen.
Et si c’était ça une partie de la solution ? Refuser la sélection officielle puisque de toute façon au final le film ne recevra rien ? Ou tout du moins pas la Palme ?
Remarquez que je ne m’étends même pas sur le fait qu’à ce jour une seule femme a obtenu la Palme : Jane Campion pour sa magistrale "Leçon de piano".
Et puis le jury est loin d’être neutre en opinion, preuves en sont les diverses polémiques depuis la création de ce Festival.

Et si ces dernières années j’étais plutôt satisfaite du palmarès, le jury ayant réussi à faire un savant équilibre entre films d’auteur et films grand public, je suis sincèrement déçue par le palmarès de cette année.
Une deuxième Palme à Michael Haneke !
Sérieusement, il n’y avait pas plus méritant et mieux ?
Voici un dialogue que j’ai eu avec une personne à ce sujet :
- Il doit être bien le film qui a eu la Palme !
- Pourquoi, parce qu’il a eu la Palme ? Tu sais dans les Palmes il y en a prendre et à laisser.
- Ca doit valoir le coup de le voir.
- Tu as déjà vu un film de Michael Haneke ?
- Non.
- Moi si, et c’est fini, définitivement fini. Je ne verrai plus aucun de ses films.
Et oui, cette personne aurait vu un film de Michael Haneke elle aurait compris ma réaction épidermique à cette Palme et à ce réalisateur.
Dans le genre film tordu où on ne comprend pas tout (voire rien), morbide, donnant envie de se pendre ou de se jeter sous le train à la sortie de la projection, il n’y a pas mieux ! (ou sans doute que si mais je n’ai pas encore vu)
De Michael Haneke, j’ai vu "La pianiste", film où Isabelle Huppert campe un professeur de piano vieille fille vivant avec une mère étouffante, aux pulsions sexuelles quelque peu déroutantes (elle veut du SM et aucun sentiment) et s’infligeant des mutilations, notamment sexuelles.
Apparemment ça ne m’avait pas suffi, je suis donc allée voir "Caché", histoire d’un couple qui découvre un beau jour par l’envoi d’une cassette vidéo qu’ils sont surveillés et épiés en permanence par quelqu’un. Là je n’ai rien compris au film, mais alors rien de rien ! A la fin on ne sait pas qui, ni comment, ni pourquoi, retour à la case départ.
Pourtant j’adore Juliette Binoche comme actrice, même si elle passait l’aspirateur et repassait le linge j’irai voir le film, mais là je n’ai pas trop compris ce qu’elle est allée faire dans ce film, la voir errer en quête d’un hypothétique voyeur m’a ennuyée, exécuter des tâches ménagères aurait été plus mouvementé (l’aspirateur va-t-il démarrer ?), c’est dire.
Voilà pourquoi je ne verrai plus de films de Michael Haneke.
Ensuite, Prix du scénario à Cristian Mungiu duquel j’avais vu l’assez bon "4 mois, 3 semaines, 2 jours".
Pourquoi n’irai-je pas voir "Au-delà des collines" ?
Parce qu’aller voir un film racontant l’histoire de lesbiennes dans un couvent roumain ça ne m’intéresse pas plus que ça, pour tout dire ça ne m’intéresse pas du tout (et pour utiliser une expression imagée : je m’en bats les paupières avec une pelle à tarte).
Il en va de même pour le restant de la sélection, sauf le film italien "Reality" qui tire peut-être son épingle du jeu.
Aucun film français primé, même pas Leos Carax qui dérange certes mais apporte une touche inédite au cinéma français, rien pour "Sur la route" alors que le livre était jugé inadaptable, rien pour Nicole Kidman qui, semble-t-il, renouait enfin avec un vrai rôle lui permettant de nous rappeler qu’elle est avant tout une actrice et non une people ex-adepte de la scientologie, et douée.


 Cette année, le Festival de Cannes et moi serons donc un peu fâchés, avec un résultat qui ne fait pas souffler un vent de jeunesse, au contraire, et une sélection plus cloisonnée que ces précédentes années.
Il me reste un peu moins de 12 mois pour digérer le Palmarès et espérer que la sélection l’année prochaine sera plus intéressante et que le Palmarès sera, dans une certaine mesure, plus ouvert.

3 commentaires:

  1. entièrement d'accord avec toi : le palmarés de cette année est une catastrophe et quand je vois la liste des acteurs ou des réalisateurs qui n'ont jamais rien eu je suis rassurée : au final il vaut mieux ne rien avoir à Cannes !

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  2. @ Marie : il arrive que des très bons films soient primés (par exemple "La leçon de piano"), mais cette année j'ai été déçue, je m'attendais à autre chose de la part de Nanni Moretti.
    Et encore, si tu n'as pas vu un film de Michael Haneke ... bah n'en regarde surtout pas un, en fait tu es chanceuse !

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  3. je suis d'accord avec toi il y a eu des bons films primés à cannes comme "underground " d'emir kusturica ou le "8ème jour " avec daniel auteil qui était un film magnifique mais là depuis quelques années je suis déçue .
    ah non non je ne verrais pas le film de Mickael Haneke j'ai conscience de ma chance .

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