dimanche 10 mars 2013

Des milliards de tapis de cheveux d'Andreas Eschbach


Quelque part aux confins de l'Empire, sur un monde oublié de tous... une petite planète apparemment anodine. Sauf que, depuis des temps immémoriaux, les hommes s'y livrent à une étrange occupation : tisseurs de père en fils, ils fabriquent des tapis de cheveux destinés à orner le Palais des Étoiles de l'Empereur. Pourtant, une étrange rumeur circule. On raconte çà et là que l'Empereur n'est plus. Qu'il serait mort, abattu par des rebelles. Mais dans ce cas, à quoi peuvent donc servir ces tapis ? Et qui est cet homme si étrange qui prétend venir d'une lointaine planète ? Lui aussi affirme que l'Empereur est mort... (J'ai Lu)

Premier roman d'Andreas Eschbach, "Des milliards de tapis de cheveux" marque le renouveau de la science-fiction allemande.
Je ne qualifierai pas ce livre de roman, il ressemble plus dans sa forme à un recueil de nouvelles finissant par former une cohérence entre elles.
Composé de dix-sept chapitres et d'un épilogue, le livre s'intéresse au quotidien d'une planète située aux confins de l'Empire dont l'activité principale est exercée par une caste de tisseurs de tapis de cheveux au profit du palais de l'Empereur : "Il importe davantage de présenter ce que sont ces tapis et ce qu'ils signifient. Ce sont de très grands ouvrages, tissés extrêmement serrés à partir de cheveux humains. Ceux qui les produisent se font appeler des tisseurs de tapis en cheveux. Ils utilisent exclusivement les cheveux de leurs femmes et de leurs filles, et l'ensemble du processus est si extraordinairement complexe qu'un tisseur  pour achever un seul tapis, doit y consacrer toute sa vie.".
De l'Empire et de l'Empereur, il en est beaucoup question : "Jamais le puissant Empire n'aurait pu subsister aussi longtemps sans cet homme, sans le onzième empereur, qui avait atteint l'immortalité.", mais voilà, la rumeur court que l'Empereur serait mort, que l'armée des Rebelles l'aurait destituée de son pouvoir et l'aurait tué.
Pour les habitants de Gheera, de tels propos sont une hérésie car l'Empereur est immortel : "Le malheur s'empare de quiconque commence à douter de l'Empereur.", et surtout cela remettrait entièrement en cause leur mode de vie, leur travail, leur vie maritale, leur raison d'être et le fonctionnement étatique de leur planète tout simplement.
Que l'Empereur soit mort ou pas, cela ne change pas grand chose à l'histoire, cela n'apporte pas vraiment de réponses mais soulève surtout de nouvelles questions : "Nulle part, dans cette galaxie abandonnée de Dieu, il ne paraissait y avoir de réponses; seules les questions étaient infinies.".

Il y a dans ce livre de bonnes choses et d'autres moins bonnes.
Ainsi, j'ai particulièrement apprécié la chute finale révélant la raison d'être de ces tapis de cheveux.
C'est une vengeance à la hauteur de la mégalomanie de l'Empereur, partie d'une simple agression verbale et qui a des répercussions sur plusieurs planètes et plusieurs générations de leurs habitants qui se trouveront à obéir aveuglément et en tout pour satisfaire un caprice de l'Empereur sans jamais le remettre en question ni même son existence.
C'est un propos développé par l'auteur assez intéressant : celui des régimes totalitaires et de leurs répercussions sur les populations.
Il est question d'un Empereur-Dieu mais au final j'ai trouvé que sa vénération était mesurée, sans doute trop, tout comme je m'attendais, comme dans toute oeuvre ou presque de science-fiction, à avoir un forte symbolique religieuse.
Finalement c'est un peu trop discret et si le propos de base de l'auteur est intéressant il manque sur certains aspects de développement.
Quant aux repères spatio-temporels, il faut rester vigilant dans sa lecture car l'auteur n'hésite pas à étaler son histoire sur plusieurs dizaines d'années et les sauts dans le temps entre chapitres sont courants.
Je m'interroge également dans quelle mesure ce livre n'est pas inspiré de l'univers de Star Wars.
Cette comparaison peut paraître exagérée, mais après tout l'écriture de ce livre est postérieure à cette saga, et il est question d'un empire dirigé par un Empereur tout puissant et d'une armée de rebelles qui cherche à le renverser, l'histoire se passe essentiellement sur une planète reculée de la galaxie, et le mode de vie et de déplacement des habitants de Gheera ainsi que les caravanes des marchands n'ont pas été sans me rappeler la planète Tatooine.
Ou alors est-ce moi qui ait l'esprit trop rempli de ce space opéra cinématographique, mais par moment je l'ai eu à l'esprit à la lecture de certaines scènes.
J'ai également trouvé ce livre irrégulier dans sa construction, certains chapitres sont cohérents les uns avec les autres et esquissent une partie de l'histoire, ce qui m'a plu, mais d'autres sont un peu sans rapport et n'apportent qu'un intérêt moyen à la trame globale ou alors sont mal insérés, notamment celui s'intitulant "Le Palais des Larmes" qui est placé trop tôt par rapport à son explication, si bien que je me suis demandée pendant un temps ce qu'il faisait là et pourquoi.
Les deux derniers chapitres : "Le retour" et "La vengeance éternelle" sont sans doute les plus forts de tout le livre et sont ceux qui m'ont le plus marquée, aussi m'attendais-je à un épilogue grandiose, quelle déception !
Il conclut bien mal le livre et m'a laissée dubitative.

Je ne suis pas vraiment portée sur la science-fiction et je n'aurai sans doute pas de moi-même lu ce livre.
"Des milliards de tapis de cheveux" est intéressant sur certains aspects mais sa construction peut déstabiliser et tend à le classer de mon point de vue comme recueil de nouvelles plutôt que roman.
C'est en tout cas un livre à découvrir, ne serait-ce que pour avoir un aperçu de ce qui se fait du côté de la science-fiction en Europe.

Livre lu dans le cadre du Club des Lectrices

Livre lu dans le cadre du challenge ABC Critiques 2012/2013 - Lettre E


2 commentaires:

  1. Je n'avais pas fait le rapprochement avec Star Wars. Tu as raison, il y a sûrement un rapport, mais je pense que ça tient plus de clin d'oeil que du plagiat. Et finalement, le renversement de l'Empereur est bien anecdotique, tu ne trouves pas ? :)

    RépondreSupprimer
  2. @ Lili : je pense aussi que ça relève du clin d'oeil. Oui, c'est anecdotique, simpliste et balayé très vite, un peu comme l'épilogue finalement.

    RépondreSupprimer