vendredi 29 mars 2013

Les noces rebelles de Sam Mendes




Dans l'Amérique des années 50, Frank et April Wheeler se considèrent comme des êtres à part, des gens spéciaux, différents des autres. Ils ont toujours voulu fonder leur existence sur des idéaux élevés. Lorsqu'ils emménagent dans leur nouvelle maison sur Revolutionary Road, ils proclament fièrement leur indépendance. Jamais ils ne se conformeront à l'inertie banlieusarde qui les entoure, jamais ils ne se feront piéger par les conventions sociales.
Pourtant, malgré leur charme et leur insolence, les Wheeler deviennent exactement ce qu'ils ne voulaient pas : un homme coincé dans un emploi sans intérêt ; une ménagère qui rêve de passion et d'une existence trépidante. Une famille américaine ordinaire ayant perdu ses rêves et ses illusions.
Décidée à changer de vie, April imagine un plan audacieux pour tout recommencer, quitter leur petite routine confortable dans le Connecticut pour aller vivre à Paris... (AlloCiné)

Kate et Leo ne sont pas sur un bateau, les cheveux au vent à la proue d’un vaisseau à hurler qu’ils sont les rois du monde.
Seul point commun avec le film les ayant montrés en couple onze ans auparavant, ils sont à la dérive dans leur vie et coulent à pic.
L’avantage, c’est qu’ils ne mettent pas trois heures à sombrer corps et biens, dès les premières minutes du film l’ambiance est donnée.
Comme dans le livre d’ailleurs.
Il a suffi que je le referme, que je souhaite voir le film qui en avait été tiré pour que je sois exaucée : quinze jours après il était diffusé à la télévision.


Plus qu’un film sur la vie d’un couple qui se déchire, "Les noces rebelles" est un reflet sur la société américaine des années 50, une quête d’idéal difficilement atteignable.
Pour les Wheeler, c’est de repartir de zéro en Europe, avec une April rêvant d’une France offrant liberté, indolence et douceur de vivre, s’imaginant femme au travail tandis que son Frank pourrait se poser et trouver sa voie.
Quant aux enfants … et bien les enfants s’habitueront, ils sont jeunes, ils se feront très vite de nouveaux amis.
Est-ce aussi sombre voire violent physiquement ou moralement que dans le livre ?
Sans hésiter oui, dès les premières minutes le spectateur sent que le couple est à la limite permanente de l’explosion.
Frank hurle, manque de frapper sa femme et à défaut se rabat sur la tôle de la voiture, tandis qu’April fume sa cigarette et si elle le pouvait s’arracherait les oreilles pour ne plus entendre parler de son fiasco théâtral.
Mais ce n’est pas lorsqu’ils se hurlent dessus qu’ils sont les plus dangereux, c’est au contraire lorsqu’ils se parlent calmement, qu’ils laissent planer des sous-entendus qu’ils le sont.
En cela, la fin du film est admirablement orchestrée et mise en scène.


 Le scénario du film est très fidèle au livre, il respecte bien la chronologie des évènements et les personnages sont tels que je pouvais me les représenter au cours de ma lecture.
Le réalisateur Sam Mendes, dont j’avais pu apprécier l’irréprochable esthétique de son premier film "American Beauty", était alors le mari de Kate Winslet et non seulement il lui a offert un très beau rôle mais il ne pouvait pas l’imaginer sans aller de pair avec Leonardo DiCaprio.
Si je n’ai rien à reprocher au jeu de ce dernier, je dois reconnaître qu’il est un cran en-dessous de celui de Kate Winslet et ce, durant tout le film.
Il faut dire que Kate Winslet brille, étincelle, éblouit l’écran par la justesse de son jeu.
Elle est admirable, juste, elle s’est appropriée le personnage d’April Wheeler et le transcende.
C’est une grande actrice, je trouve d’ailleurs que les rôles de femme/épouse/mère comme dans la série "Mildred Pierce" ou ici lui vont à ravir, comme si elle était viscéralement faite pour eux.
La mise en scène est impeccable, l’ambiance de quartier tranquille de banlieue New-Yorkaise transparaît à l’écran, le tout sur fond musical de Thomas Newman.


"Les noces rebelles" de Sam Mendes est une adaptation fidèle du livre de Richard Yates qui permet de faire connaître cette œuvre à un public plus large, servi par de très bons comédiens et par une mise en scène soignée.
Une plongée cinématographique dans les Etats-Unis des années 50 qui mérite le détour et de s’y attarder.

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